Les Manuscrits de l'Apocalypse (saison 2)

Chapitre 9 : Les Manuscrits de l'Apocalypse (1/2)

Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/12/2009 03:12

Episode 31.1 : L’exposé
 
Nathalie sourit en contemplant la mine ravie de son fils. Cette discussion, il en avait souvent rêvé. Sakura arriva en trombe dans les escaliers, les contourna et les salua finalement en quittant la cuisine.
- Je reste chez Tiffany, ce soir ! Salut !
Thomas secoua la tête et Mathieu entra avec le courrier.
- J’ai croisé Sakura, sourit-il.
Il se figea en apercevant la silhouette translucide.
- Mon dieu... C’est...
- C’est Maman, expliqua Thomas.
- Ne crains rien, mon garçon, souffla-t-elle.
Elle rejoignit ses mains devant elle et le salua avant de disparaître.
- Je la vois ?! s’émerveilla Mathieu. Comment cela se fait-il ?
Kero apparut, attiré par l’odeur alléchante des beignets de Dominique. Ce dernier l’accueillit avec une assiette remplie et le gardien s’assit à table. Yue reprit son apparence et chercha le regard de son ami.
- Je sais, Yue... je sais, souffla Kero en lui lançant un regard de travers. Mais il ne faut rien dire...
Il avait un court instant cessé de mâcher sa pâtisserie et le gardien juge ne comprit pas la fermeté dont venait de faire preuve Kerobero.
- Bien, souffla finalement Yue en redevenant Mathieu. Ca devient agaçant, soupira ce dernier. Il pourrait prévenir au moins.
- De quoi parliez-vous ? le coupa Thomas, en fixant la peluche... Qu’est-ce qu’il ne faut pas dire ?!
Dominique soupira profondément et replaça calmement la photo de Nathalie sur la table.
- Si tu vois Nathalie, Mathieu, c’est parce que cet être, Yue, a retrouvé sa forme originelle et tous ses pouvoirs.
Mathieu posa machinalement une main sur son cœur.
- Il a...
- Papa... grogna Thomas, en se levant. Tu sais quelque chose ?
Dominique ne rentra pas dans son jeu et ôta simplement le tablier.
- Je dois y aller, fit-il simplement.
- Papa... Dis-moi...
Kerobero leva les yeux vers le professeur et celui-ci baissa les siens.
- A ce soir.
 
- Encore en retard, mademoiselle Gauthier, remarqua le directeur en la voyant courir dans le couloir.
- Pas encore, monsieur Léfan. Mais je suis désolééée !
Sakura courait vers sa classe. Elle ne souhaitait pas se morfondre en ce jour. Pas comme toutes ces années où cette date n’éveillait en elle que tristesse et douleur. Elle était la CardCaptor et par ce choix, elle avait pu retrouver celle qui lui manquait tant. Elle l’avait vue, et l’espoir grandissait en elle de la revoir encore. Et peut-être même de la serrer contre elle. Comme dans ses rêves.
Le cours commença très vite. Elle regagna sa place juste à temps.
- Que s’est-il passé ? lui chuchota Tiffany.
- Un sommeil trop lourd... Je t’expliquerai.
- En tout cas, ça fait plaisir de te voir si heureuse.
- Oui, sourit-elle, aux anges.
Une magnifique journée commençait assurément.
 
Anthony se tenait debout, dans le jardin, une main sur la corde de la balançoire pendue à la plus grosse branche de l’arbre centenaire qui ombrageait un côté de la bâtisse. Gothar, sur son épaule, passa une patte sur sa joue.
- Tu es triste.
- Je sais que j’ai mal agi. Tellement de fois...
- Pas par rapport à nous, en tout cas.
Samantha sortit à ce moment-là de la maison et aperçut le soleil, déjà haut sur l’horizon.
- Non, Gothar... J’ai fait bien du mal à la personne qui me tient le plus à cœur. Et ce parce que je n’avais pas su prévoir les sentiments. Pourquoi donc la part de Clow qui était en moi n’avait-il pas prévu les sentiments ?
- Parce que c’est Dominique qui en a hérité. Tu le sais bien.
- Oui. Mais j’aurais pu éviter ce qui va se produire...
- De quoi parles-tu ?
- De la douleur que je cause à Katya. Elle n’en parle pas, mais elle souffre.
- Je vois. Je crois comprendre. L’Affrontement, c’est ça ? Mais qu’y pouvais-tu, toi, Anthony ? Tu n’es pas Clow. Ce grand sorcier avait surestimé la force de sa descendance. Et Dominique a reçu les sentiments de Clow. C’est ainsi que ton cœur fut libéré. Et libre d’aimer...
- Et par devoir, j’ai fait souffrir cette personne. Par devoir... uniquement. Sans me préoccuper de ces sentiments qui naissaient en moi. Simplement parce que je le devais...
Samantha approcha doucement et s’assit sur la balançoire.
- Je peux vous aider ?
- Ca va passer, murmura Anthony. Vous êtes gentils, tous les deux, mais votre rôle auprès de moi est terminé, à présent.
- Tu ne réussiras pas à te défaire de nous ainsi, sourit-elle en se balançant légèrement. Lui a le pouvoir, tu as bien vu. A quoi lui serviraient deux gardiens ?
Gothar acquiesça et Anthony esquissa un sourire.
- Protégez surtout Katya. Elle en aura besoin...
 
Le soir, les six amies se dirigèrent d’un pas résolu vers la bibliothèque. Selon Sandrine, c’était l’endroit que fréquentait le plus Yvan depuis quelques jours.
- Mais qu’y fait-il ? demanda Sonya.
- Il travaille sur l’exposé qu’on doit rendre dans un mois.
- Il sait déjà de quoi il va parler ? s’étonna Nadine.
- Il ne veut pas en parler... soupira Sandrine en poussant la porte du bâtiment. Mais il manque tous ses cours de soutien d’anglais pour travailler !
Quand elles approchèrent, il ouvrit grand les yeux et referma un à un tous les livres qui encombraient la table qu’il monopolisait. Il les tira vers lui et se posta entre la table et les filles :
- Qu’est-ce que tu veux, Sandrine ?
- Tu travailles sur ton exposé, lança Sonya. Déjà ?
- Oui... oui, oui, oui... fit-il, gêné.
- Sur quoi ?
Tiffany sourit.
- Evidemment, nous sommes bêtes ! Sur Sakura !
Alison fronça une nouvelle fois les sourcils :
- Pourquoi sur Sakura ?! réfléchit-elle.
- Euh... pour rien, répondirent Yvan et Sakura en même temps. Non, pour rien...
Sakura se retourna vers lui, surprise :
- C’est ce que tu fais ?
- Je fais quoi ? Hein ? noooon... enfin, mais non.
- C’est pas vrai !
- Ben noon, je te dis...
Tiffany éclata de rire et les autres ne comprirent pas l’agitation soudaine qui animait les deux lycéens.
- Excusez-moi, mais j’ai encore beaucoup de travail, leur siffla-t-il bientôt, en retournant à ses vieux livres. Vous savez ce qu’il advenait des écrivains que l’on dérangeait en pleine inspiration ? Il restaient piégés de leur propre imagination...
- Oh là là... s’emporta Sandrine. On s’en va ! Si tu nous préfères tes bêtises et tes livres...
Elle fit volte-face et s’éloigna. Il leva le nez et avança timidement une main vers elle mais retint finalement son élan. Cela ne servait à rien de la retenir... Il se rassit et les autres le quittèrent à leur tour, un peu gênés par l’ambiance électrique qui s’était installée. Tiffany, pourtant, lui adressa un clin d’œil :
- Je lui parlerai. Continue donc... Quand quelque chose nous tient à cœur, il faut toujours en venir à bout.
- Merci, Tiffany.
 
- Il m’éneeeerve !!! enragea Sandrine.
Ses amies ne l’avaient jamais vue ainsi. Sonya tenta de la calmer et Nadine de la raisonner. En vain. Alison ne comprenait toujours pas l’intérêt de la discussion.
- Jamais il ne m’avait délaissée à ce point, soupira Sandrine en faisant quelques pas sur le chemin qui bordait l’entrée... Je ne comprends pas...
Tiffany les rejoignit et prit Sakura par la main.
- Il ne faut pas t’inquiéter. Au moins, il ne t’agace pas avec ses histoires ! Nous, on rentre ! lança-t-elle. Bonne soirée !
Elle entraîna son amie dans sa course folle et au détour d’une rue, elles firent une  halte, à bout de souffle.
- Que t’arrive-t-il ? Voyons...
- C’est Yvan... Si tu voyais ce qu’il a trouvé...
- De quoi parles-tu... un objet ?
- Non, simplement les livres qu’il parcourait... Tu connais un certain « Reading Clow Book » ?
- Non, ça ne me dit rien...
- « The Celtic Circle » ou encore « Legends of French Three-Circle »
- Attends, tu veux dire qu’il travaille sur des livres anglais ?
- Et très vieux. Je ne pense pas qu’ils étaient dans les rayons de la bibliothèque... 
- Mais que cherche-t-il ?
- Nous le saurons ce soir. Il a dit qu’il passerait à la maison !
- Ah ? d’accord. Alors attendons.
- Mère, elle, n’attendra pas plus longtemps avant d’envoyer toute sa garde à notre rencontre, si on tarde trop... Elle trouve que c’est un honneur que tu lui fais de passer cette soirée avec elle. Ca la touche énormément.
- Ca aurait fait plaisir à Maman, je le sens.
- Dépêchons-nous !
 
Episode 31.2 : Les Elémentaria
 
Pendant que la nuit tombait sur la ville, dans une villa éloignée en banlieue de Tokyo, un homme se préparait. Au centre d’une salle simplement décorée de symboles mystérieux, les bras le long du corps, il murmurait des incantations. Il ouvrit les mains et commença à écarter les bras. Au sol, une étincelle jaillit de nulle part et s’intensifia, avant de filer dans la pièce, traçant autour de lui, de nombreux signes inconnus.
Brice fit un pas dans la salle et l’homme se retourna en projetant deux doigts dans sa direction. L’étincelle se figea dans l’air et fut propulsée vers le magicien qui l’arrêta d’un geste de la main.
- Je n’en reviens pas... sourit-il. Ils n’ont rien trouvé de mieux qu’un tueur à gage ?!
L’homme balaya d’un souffla la mèche qui encombrait sa vue et sourit cyniquement :
- Le Cercle trouve que tu es lent. Le travail devrait déjà être fini...
- Je fais les choses en douceur, c’est pour ça qu’ils m’ont envoyé... Que veulent-ils désormais... ?
- Que la fin de l’enfant survienne dans les jours qui arrivent.
- Je vois...
Brice descendit vers le tueur et balaya le visage noirci et tatoué de sa main.
- Un mort... Ils utilisent un mort. Le monde des sorciers ne leur suffit donc plus.
- Je ne suis pas un mort ordinaire... Tu dois le savoir.
- Tu me fais pitié !
- Et toi donc... ! A ce qu’on raconte, tu aurais des sentiments pour la gamine ?!
- Tu parles de l’élue des gardiens...
- Pff... Une élue... Ses gardiens ne sont rien sans leur Elementaria...
Brice sourit, la victoire aux lèvres.
- Voilà donc ta mission... les Elementaria ! Le Cercle a donc si peur qu’ils pensent que leur sort céleste ne suffit plus. Mais c’est d’un... ridicule ! éclata-t-il de rire en s’éloignant.
- Tu peux rire, Yaln Erod, lui lança l’homme. Tu as trahi ta parole, tu as trahi tes maîtres. Tu as trahi tout ce pour quoi tu servais !
Brice prit une profonde inspiration, son sourire se crispa et il jeta une force vers le tueur. La lumière douce et reposante qui se dégagea de sa main enveloppa l’homme qui s’agita de terreur. Les particules de lumières flottèrent autour de lui et Brice resserra le poing en serrant les mâchoires. Les grains se colorèrent de noir, disparaissant dans l’obscurité de la pièce et la silhouette disparut peu à peu grignotée par le pouvoir de Brice.
- J’ai perdu presque tous mes pouvoirs à cause de Sakura, mais celui-ci, elle ne l’a pas encore, sourit-il. Que le Cercle aille en enfer. Qu’ils tremblent de leur propre peur. Ils n’ont pas compris qu’ils n’y pourront rien. Si Sakura est l’élue c’est qu’elle seule pourra faire pencher la balance.
 
- Yvan n’est toujours pas là... bizarre !
Sakura posa le petit objet en plastique et tout sauta.
- Perdu, Sakura, se mit à rire Kero la patte pointée vers la jeune femme.
Elle regarda s’écrouler le cheval de plastique ainsi que tous les accessoires qu’un par un ils avaient réussi à faire tenir sur son dos. Le canasson venait de ruer et Sakura perdait son tour !
- T’es nuuule!
- Grrrr...
Tiffany éclata de rire et Suzanne revint avec le thé, alors que Kero se cachait sous la table.
- Tu sais, Sakura, dit-elle en prenant un air plus sérieux, pour l’anniversaire de ta maman, je tiens à te rendre les cassettes vidéo que tu as tenu à m’offrir...
- Mais c’était un cadeau, Suzanne, je ne peux pas accepter !
Suzanne baissa les yeux et lui glissa la photo de Nathalie qu’elle avait amené sur le plateau.
- Voici aussi la dernière photographie de ta maman. Elle me l’a donnée avant de disparaître.
- Elle était jolie...
- Sakura. Je ne peux accepter ton cadeau... Il est à toi, elle... elle... bafouilla-t-elle, la gorge nouée par les larmes. Elles étaient pour toi toutes ses cassettes...
Tiffany posa une main sur celle de sa mère et Sakura ne sut quoi dire.
- Ton regard m’indique que tu ne les as pas toutes regardées...
Un souffle au cœur étouffa Sakura l’espace d’une seconde.
- P... p... pardon... ?
- Eh bien... Viens, lança-t-elle alors en la prenant par la main.
Suzanne l’entraîna dans de longs et interminables couloirs et finit par s’arrêter en face d’une porte où un écriteau représentait un petit lapin qui fronçait les sourcils en demandant au lecteur de ne pas entrer. Tiffany les suivait, Kero en poche, sans savoir ce qui se passait. Elle se tourna vers le gardien et l’aperçut, songeur.
- Un problème ?
- Ma mémoire, murmura-t-il. J’aurais tant voulu ne pas la retrouver.
- Pourquoi ça ? demanda-t-elle en rejoignant sa mère et Sakura.
Suzanne ouvrit la porte et demanda à Sakura de s’asseoir sur les sièges de la salle de projection pendant qu’elle s’approchait du lecteur encastré dans le mur. Elle prit la cassette et hésita un instant. Puis elle inspira, avala sa salive et poussa la cassette dans le lecteur.
 
Une ombre se faufila en silence vers le centre du musée. Il tourna sa lampe vers le plan qu’il avait dessiné plus tôt dans la journée. Des pas passèrent dans le couloir perpendiculaire, il se colla au mur et éteignit tout, retenant même sa respiration. Le faisceau du garde parcourut la salle et se faufila entre les statues. Les pas approchaient lentement, claquant d’un écho interminable sur le parquet de la salle toute en longueur. La masse sombre passa devant la cachette et fit une pause en pivotant sur elle-même, balayant d’un trait de sa lampe le visage crispé du garçon.
- Ouais, j’arrive, lança-t-il à son collègue.
Yvan se laissa glisser au sol et souffla. En face de lui, la cour.
« Le musée repose sur les bases d’un ancien temple qui fut détruit, car trop menaçant pour être conservé, indiquait la coupure de journal qu’il passa dans la lumière de sa torche. Tout indique que la réputation de maison hantée habitera ce lieu durant des années. Gageons que le public n’y prêtera qu’une oreille distraite. »
Il se leva.
Il s’approcha de la porte fenêtre.
« Est-ce que ce sera le Jade, cette fois ? »
Il apposa ses mains sur la vitre et ferma les yeux...
« Allons, Yvan, du courage... Pierre qui possède le pouvoir, éveille ton esprit et appelles-en à la clémence du Trois-cercle... Par le Feu, l’Eau, l’Air et la Terre. Eveille-toiiiii ! » hurla-t-il dans le couloir silencieux.
 
- C’est un peu plus loin, signala Suzanne.
Sakura s’était peu à peu relevée et accrochée au siège qui la précédait d’une place. De quoi parlait donc Suzanne ?
- C’est bientôt... là ! regarde, le film se coupe. Je me souviens, très souvent je tombais en panne de batterie. C’est bête, sourit-elle, replongée dans ses souvenirs. Et... en avançant, revint-elle à la réalité, il y a quelques jours, voilà ce que j’y ai découvert...
 
Un rayon immense jaillit du centre du musée et une vague de pouvoir fut libéré tout autour, brisant d’un souffle tous les carreaux qui cernaient l’espace à ciel ouvert. La colonne de lumière grandit encore et le sol se fissura, plongeant tous les couloirs du musées dans une lumière éclatante. Les gardes qui accouraient furent éblouis et tombèrent à genoux, en protégeant leurs yeux du mieux qu’ils le pouvaient.
Yvan ouvrit simplement la porte fenêtre en morceaux et se laissa bercer par la puissante luminosité qui le persuadait d’approcher.
 
- Bonjour, mon enfant, sourit Nathalie en gros plan sur l’écran. Je suis heureuse de pouvoir enregistrer ce message pour toi. Dominique, tu me promets de ne pas lui montrer tout de suite ?
- Evidemment, répondit une voix...
- Je n’ai pas regardé la suite, avoua Suzanne... C’est pour toi...
Elle appuya sur le bouton de pause et Sakura sentit une grande force s’éveiller en elle.
- Ca recommence... se tourna-t-elle vers Tiffany.
Son cœur n’en finissait plus de battre. Un peu cette nouvelle ahurissante, un peu cette puissance extrême qu’elle avait déjà ressenti deux fois ces derniers jours.
- Sakura, ça va ? lui demanda Suzanne.
- Oui... je... hésita-t-elle. Je dois m’absenter. Je reviens... Je... je reviens...
Elle se mit à courir dans les couloirs et à peine arrivée dehors, elle bondit dans les airs et s’envola vers la colonne de lumière qui disparaissait peu à peu.
 
Yvan venait de poser les doigts sur la pierre surgie des entrailles de la terre qui flottait dans la lumière éblouissante et reposante. Le morceau de roc luisant réchauffait sa main et quand les gardes arrivèrent, Yvan disparut.
Sakura se posa sur le toit et constata les dégâts et les quelques forces qui émanaient encore de ce lieu. Une puissance gigantesque venait de surgir d’ici... Quelque chose d’effrayant qui avait pris le pas sur ses émotions. Comme si son instinct lui avait dicté ses agissements. Kerobero la rejoignit, sous sa vraie forme ; Yue ne tarda pas :
- C’était toi Sakura ?
- Non... C’était quelqu’un d’autre ! Est-ce que vous savez qui peut avoir ce pouvoir... ?
- Un gardien, supposa Kero en lançant un regard vers Yue.
- Non. Impossible. C’était trop puissant... mais si familier à la fois ! Les quatre gardiens ne propagent pas le même pouvoir. 
- C’est ce que j’ai ressenti... Un de vos pouvoirs, avoua-t-elle.
- Yolis, se rembrunit Kero. Ce doit être lui...
 
- Raté, chuchota Yolis en reprenant son apparence humaine, à quelques dizaines de mètres du bâtiment, alors que des gens sortaient de chez eux. Mais ce qui vient d’arriver est plus qu’étrange...
 
Lionel secoua la tête en ne sentant plus la grande puissance qui venait de se manifester. L’agacement s’empara de lui. Pourquoi ne pouvait-il donc rien faire ? Pourquoi donc devait-il rester le spectateur de cette fin de monde ? Pourquoi Clow avait-il pris cette décision ?! Anthony semblait bien dire qu’il n’avait pas tout prévu... Mais quelles pourraient être les répercutions s’il lui prenait l’envie d’agir... Quel choix lui avait laissé cet ancêtre qu’il avait tant chéri... ?
- Je te déteste, Clow !!! se mit-il à crier en frappant sa fenêtre. Je te déteste...
Coréane entra en catastrophe.
- Que se passe-t-il ? J’ai entendu un bruit...
- Je le déteeeeste, hurla Lionel à plein poumons. Il n’en avait rien à faire de nos sentiments... Rien...
Il glissa contre le carreau et s’agenouilla, les yeux clos, les poings serrés...
- Il... murmura-t-il en mêlant haine et chagrin... Il s’en fichait... Sakura... Prends garde...
- Lionel...
 
Episode 31.3 : Secret de famille
 
Yvan réapparut au centre d’une salle qu’il ne connaissait pas. Des pas le firent sursauter dans l’obscurité d’un coin.
- Je suis surpris... 
- Qui êtes-vous ? demanda-t-il en rangeant machinalement les trois pierres dans sa poche.
- Un ami...
Yvan avait du mal a le croire. Il fit un pas dans la direction opposée.
- C’est moi qui t’ai fait venir à moi. Tu possèdes trois petits talismans qui m’appartiennent, expliqua la voix masculine plutôt aiguë.
- Elles ne sont à personne.
- Allons, s’avança progressivement l’homme dont la stature se devinait malgré le peu de lumière.
- Laissez-moi partir. Je ne vous les donnerai pas avant de les avoir toutes les quatre.
- Yvan... sembla sourire l’homme encore invisible. Tu t’appelles Yvan, c’est ça ? Tu ne comprends pas quelle est la portée de mon savoir et de mon pouvoir... Je t’ai fait venir à moi. Si tu quittes cette salle avec ce que tu appelles des pierres, je te ferai revenir quand tu auras découvert la quatrième... Et je te tuerai... tout naturellement.
- J’en doute, lança Yvan, peu rassuré.
Il fit encore quelques pas en arrière et se heurta à un mur auquel il s’adossa.
Les pas s’approchèrent et le jeune homme discerna des reflets à peine distinguables sur la tunique sombre de celui qui prétendaient être le propriétaire des pierres. Un bras se tendit vers lui et une main s’arrêta à quelques centimètres de son cou qui se resserra sur lui-même.
- Bien... souffla l’ombre, en relâchant son emprise. Pars donc avec ton butin. Nous nous reverrons lorsque tu auras réussi à exhumer la dernière.
D’un geste souple de bras, faisant plisser la combinaison soyeuse, tout disparut et Yvan se retrouva seul au centre du parc de l’empereur pingouin. Son cœur avait failli lâcher. Mais il possédait encore les talismans pour Sakura. Il se massa la gorge et se mit à courir vers chez lui.
 
Sakura se posa devant chez elle, la pochette contenant les cassettes sous le bras. Elle inspira profondément. Etrangement, elle n’était pas si pressée de retrouver le visage de sa mère. Une crainte était née en elle suite à cet incident au musée. Une crainte plus grande que tout jusqu’à présent. En l’espace d’une seconde, au musée, avait lui une force de toute sa puissance, de très loin supérieure à celles qu’elle avait rencontrées et capturées jusque là... Comment une telle force pouvait-elle exister ?
Elle poussa la porte et trouva Thomas et Mathieu assis dans le salon, devant un film qui semblait ne les intéresser qu’à moitié tant ils riaient alors qu’un couple se séparait devant eux dans un ralenti qui soulignait le tragique de la situation. Yue et Kero étaient rentrés directement quand ils s’étaient quittés sur le toit du musée.
- Et c’est avec elle, expliqua Thomas en mimant la scène des mains, qu’ensuite j’ai réussi à monter cette planche en haut de l’édifice...
- Bonsoir les garçons, murmura-t-elle.
- Sakura ? sursauta son frère.
- Tu rentres déjà ? Nous discutions de notre enfance, lui indiqua malicieusement Mathieu.
- Ah... fit-elle en fixant sans le vouloir le magnétoscope. Le mien est en panne, souffla-t-elle.
- De quoi parles-tu ? demanda Thomas.
- Tu n’as qu’à t’installer ici, lui sourit tendrement Mathieu en se levant.
Il passa une main dans ses cheveux et déposa un baiser sur son front.
- On monte, Thomas ?
- Je pige rien...
- Elle veut le magnétoscope, lui chuchota Mathieu en l’attirant dans le couloir.
- Elle pouvait pas le dire... ?
- Elle n’est pas bien, elle n’a même pas tiqué quand j’ai dit qu’on parlait de nos enfances...
Thomas acquiesça en recouvrant un peu de son sérieux.
- J’espère que c’est pas le morveux qui la fait souffrir !
- Tu l’appelles encore comme ça, après ce que tu m’as dit de lui... ? sourit Mathieu.
- Si tu répètes quoi que ce soit, toi...
Mathieu rigola et Thomas le coursa dans l’escalier.
 
Lionel marchait lentement sur l’herbe humide qui bordait le canal. Il ramassa un caillou et le lança à la surface de l’eau, alignant une dizaine de ricochets.
« Tout est si confus... peut-être aurais-je dû rester en Chine »
Il approcha de la rive et s’y assit.
 
Sakura sortit la cassette de sa pochette de carton et la fixa, anxieusement. Finalement, la soirée s’effaça de sa mémoire pour ne laisser de place dans son esprit qu’à ce message venu du passé. Elle sentait les palpitations de son cœur dans chacun de ses membres. Elle n’osait pas pousser le rectangle de plastique dans l’ouverture du magnétoscope. Qu’allait-elle apprendre ? Quelle était donc ce message qu’avait voulu lui laisser sa mère... ?
« Pour Sakura. Quand ce sera nécessaire » avait-elle lu sur le paquet qui les dissimulait, sous le lit de son père.
 
- Que fais-tu ici ?
Lionel ne bougea pas.
- Je n’ai pas envie de batailler, Brice.
- Tant mieux, sourit l’homme. Moi non plus.
Lionel remarqua qu’il avait revêtu son habit de cérémonie quand le sorcier s’assit près de lui.
- Tu es un peu perdu, me semble-t-il.
- Et sans ton pouvoir de pensées, que vois-tu ?
- Un homme qui se noie dans des considérations de devoir et de droiture alors que son cœur voudrait hurler.
- Tu aurais dû faire psy, Brice, pas sorcier.
Celui-ci sourit encore.
- La fin est proche, n’est-ce pas ? Tu es parti, te voilà de retour. Je suppose que ton amie en a terminé avec les manuscrits.
- Voici donc ce qui t’intéresse...
- J’ai changé, Lionel, lui avoua l’homme dans sa longue toge obscure. J’ai brisé mon lien avec le Cercle.
- Il est temps... Après ce que tu as fait...
- Je ne pense pas que tu puisses me juger sur mes actes, Lionel. Alors que tu es venu pour contrer cette gamine qui te volait tes cartes. Celles qui devaient te revenir. C’est exactement la même chose. Tu as tout fait pour la gêner, pour la blesser. Et puis tes sentiments ont changé.
- Les tiens aussi ?
- Clow ne maîtrisait en fait rien dans cette histoire. Voilà pourquoi tout le monde a souffert.
- Il continue, au contraire, de tout maîtriser, sourit cyniquement Lionel. Tu n’as pas idée.
- Bien sûr que si... je m’en doute. Je l’ai connu. Et je sais ce qu’avait prévu Tara. J’ai vécu les décisions de l’époque... Clow s’est trompé sur toute la ligne. A ton propos, à son propos... et à propos de Sakura...
Il se mit à rire nerveusement.
- J’ai compris qu’elle n’aura pas la puissance nécessaire. Le Fléau grandit trop vite.
Lionel pencha la tête en arrière et se laissa tomber dans l’herbe.
- De toute façon, je n’ai pas le droit d’intervenir.
Brice se leva et lui tendit une main amicale que Lionel serra volontiers en guise d’au revoir.
- Je suis à présent persuadé que si Clow avait su quelles douleurs il entraînerait, il n’aurait pas agi de la sorte. Demande donc à Anthony ce qu’il en pense... Adieu.
 
- Bonjour, mon enfant, sourit Nathalie en gros plan à la télévision. Je suis heureuse de pouvoir enregistrer ce message pour toi.
Sakura s’empara d’un coussin et le cala contre elle.
- Dominique, s’arrêta un instant la femme aux cheveux bruns, tu me promets de ne pas lui montrer tout de suite ?
- Evidemment.
Kero, dans sa vraie forme, descendit doucement les marches et rejoignit Sakura. Il s’installa près d’elle et soupira.
- Voilà, Sakura, je voudrais te dire que je suis malade... Je suis malade et si tu as cette cassette c’est que les choses sont finies. Je crois que ceci est la chose la plus difficile que je n’ai jamais faite. Je ne sais même pas par où commencer. Sache tout d’abord qu’à l’instant où tu visionneras cette vidéo, je ne serai peut-être pas si loin. Je ne peux pas vraiment t’expliquer pourquoi mais je sens que je ne vous quitterai pas. Pas tout de suite. Pas tant que tu auras besoin de...
Elle chercha ses mots un instant, abaissant son visage puis le dirigeant sur le côté.
- ... de mon soutien, continua-t-elle. Sakura, reprit-elle d’une voix moins mélodieuse. J’ai eu une vie magnifique. J’ai su très tôt que cette maladie s’emparerait de moi. J’ai longtemps cherché un moyen d’y échapper. Et puis... et puis, quand le destin abaisse son doigt vers nous, c’est qu’il est temps de quitter ce monde. En tout cas, j’ai vécu des moments que j’aurais aimé partager avec toi...
 
Dominique salua le collègue qui l’avait ramené. La voiture s’éloigna et il sourit.
Nathalie lui apparut, sur le pas de la porte.
- Elle a trouvé la cassette, dit-elle simplement en posant une main sur la joue du professeur. Il est peut-être trop tôt.
- Non... Il est temps. Le jeune Anthony commence à souffrir. C’était le signe que j’attendais. Il est temps que le Jade lui revienne.
- Je te fais confiance.
- Merci... Attends-la près du talisman, elle ne va pas tarder à comprendre.
 
(A suivre)

 

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