Audacieuse

Avec Keiynan, on monte dans le train. On est allés prévenir Suri, Brook, Emmy, Tom, Nicky et Scott de l'activité ce soir et de notre relation. Nous sommes assis par terre, l'un à côté de l'autre. Le train cahote doucement, je me fais bercer par ses petits sursauts. Alors que nous arrivons à la Clôture, un nouveau cri. Je me lève, mais le train est à sa vitesse maximale. Il faut que je saute. Je le fais, et Keiynan me regarde depuis la porte. Je me suis écorchée. Qu'importe. Avant qu'il ne disparaisse de ma vue, je montre mon oreille à Keiynan en espérant qu'il comprenne avant de me retourner et courir. C'est du côté de la Clôture que quelqu'un a crié. Je cours, et je vois un garde Audacieux à terre. Je prie, car j'espère que ce n'est pas Terry, Jarod ou William. Et ce n'est pas eux. Dieu merci. Je m'accroupis, et c'est un Audacieux que je n'ai jamais vu. Etrange, il n'a pas de tatouages ni de piercings. Et il a une coupe de cheveux typiquement Altruiste. J'enlève son blouson, et il est aussi fin que mon petit doigt. Ce n'est pas un Audacieux. C'est un Altruiste. Et je me rends compte qu'il est mort, alors que Terry se précipite sur moi, accompagné de Keiynan, Jarod et William. Terry, d'une voix tremblante, murmure :

- Il est mort.

- Je crois bien, dis-je.

- Qui lui a tiré dessus ? demande Jarod.

- C'est lui, répond Terry en pointant un garde du doigt.

- OK. En tout cas, ce n'est pas un Audacieux, ce gars. Il m'a l'air d'un Altruiste ou d'un Fraternel, à en croire ses vêtements jaunes, déclare Keiynan.

- C'est peut-être un sans-faction, dis-je.

- Vous savez pourquoi il était là, au moins, au lieu de le pleurer ? braille le garde qui l'a tué.

- Non, on ne sait pas. Explique-nous pourquoi tu l'as tué. Ou on t'apporte chez les leaders.

- Il voulait franchir la Clôture...

Et une rafale de balles le stoppe dans ses explications. Les balles fusent derrière nous. Notre premier réflexe, au groupe, est de s'allonger, Keiynan par dessus moi pour me protéger. Je sors mon pistolet, me dégage de Keiynan et je tire derrière moi, en espérant que Terry n'y est pas. Je prends le corps de l'Altruiste comme bouclier et je continue de tirer, bientôt secondée par Keiynan, Terry, Jarod et William. Les balles s'arrêtent, et nous pouvons enfin distinguer nos agresseurs : les sans-faction. Ils avancent en un groupe compact et hétérogène dans ses couleurs. Ils marmonnent en cœur :

- Vous avez tué l'un des nôtres.

- Il a voulu franchir la Clôture. C'est un interdit qu'il ne devait pas violer.

- Cela ne justifie pas sa mort. Qui d'entre vous l'a tué ? continue seule une femme âgée.

- Peu importe, nous le défendrons comme notre frère. Nous ne vous conseillons pas de tirer. Nous sommes mieux armés et visons beaucoup mieux que vous, continue Keiynan.

Nous sommes cinq ; ils sont une trentaine. Est-ce vraiment suffisant ? Sachant que l'assassin a détalé à toute vitesse, ils vont nous prendre pour cible.

- S'il vous plaît, dis-je, nous sommes désolés. C'est notre travail, et nous étions obligés. Je vous présente mes condoléances. Aucun de nous ne l'a tué. C'est un lâche qui l'a fait, sans laisser de possibilité de dialogue. Je vais moi-même le tuer, je vous en donne ma parole. Croyez-moi, j'ai gardé mes racines de Sincère.

- D'accord. Mais en échange, nous voulons vos armes, réplique la femme âgée.

- Hors de question.

Et c'est le bon moment. Le train passe. Les sans-faction, sur les rails, courent vers la ville. Les autres montent dans le train, et nous les tuons de nos armes. A la fin de ce conflit, je vais voir l'assassin, qui s'était caché, et je l'empoigne par le col :

- Tsss... S'enfuir comme un lâche, et nous laisser se faire tuer... Quel acte de bravoure inouï... Je te préviens, la prochaine fois que tu laisses qui que soit dans une telle merde à cause de toi, tu le payeras plus cher que prévu.

Et je lui décoche un coup de poing dans la mâchoire. Keiynan et Terry m'attendent. Jarod et William ont repris leurs postes.