Audacieuse

Chapitre 30 : Chapitre 30B: Tout est possible

969 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:40

Juliet est allongée à terre, sa main effleurant sa joue. L'Altruiste au volant de la voiture sort, et reste pétrifié. Elle a le visage en sang. Je me précipite sur elle, mais j'ai comme l'impression qu'elle n'a pas lutté pour rester. J'ai le sentiment qu'elle n'a pas essayé d'éviter cette voiture. Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-elle foncé dessus ? Je ne sais pas. Je sais que c'est fini. Les larmes me montent aux yeux, et dans une lueur d'espoir, je vois ses lèvres bouger, dans ce qui ressemble à une ébauche de sourire. Alors, je prends son visage entre mes mains. Je me sens comme idiot d'avoir pensé que c'était fini. Je me relève pour observer tous les gens autour de moi. Je lance à l'Altruiste :

- Emmenez-nous chez les médecins les plus compétents. J'ignore où ils se trouvent.

- Nous allons chez les Erudits, répond-il.

Je dépose Juliet sur la banquette arrière et je m'installe à côté d'elle. L'Altruiste me demande discrètement, comme à mi-voix :

- Je suis vraiment désolé. Je suppose que vous m'en voulez beaucoup...

- Vous supposez mal. Je la connais bien, et j'ai comme l'impression qu'elle n'a rien fait pour vous éviter. Quelque chose d'indescriptible.

- Je vous en suis reconnaissant.

Nous arrivons chez les Erudits. Je prends Juliet dans mes bras. L'Altruiste reste dans sa voiture. Je ne prends pas la peine de le remercier. Même si il m'a amené, c'est quand même celui qui a peut-être tué ma petite copine. J'entre dans le siège des Erudits, et un Erudit d'une trentaine d'années à vue d'oeil me dévisage. Son regard va de moi à Juliet, de Juliet à moi. Enervé par ces regards incessants, je lui lance :

- Il ne me semble pas que l'on puisse soigner quelqu'un par le regard.

- Tout de suite, monsieur. Pardon.

Il court pour aller voir un Erudit, et nous pointe du doigt. Il arrive avec une table en métal sur roues. Je dépose délicatement le corps de Juliet dessus, et mes mains effleurent le métal glacé. J'ai les mains engourdies. Je touche mon visage, et je me rends compte que j'ai une entaille à la tempe. Une autre Erudite me prend par le bras, m'éloignant de Juliet. Je me dégage en lui jetant dessus :

- Hors de question d'être loin d'elle.

- Mais votre blessure...

- C'est pas grave.

Je me dirige vers les quelques personnes qui emmènent Juliet en courant. Je les rejoins en quelques foulées. Nous montons dans une sorte de salle d'examens, avec toutes sortes de machines, et surtout beaucoup de lumière. Enormément de lumière. Ca contraste avec les couloirs sombres de l'enceinte des Audacieux. Ils posent des capteurs sur chaque côté de sa tête, son cœur, partout. Ils m'expliquent plein de choses, du style que son cerveau a subi un choc de taille, chose que je savais, vu comment elle a été projetée à plusieurs mètres par la voiture. Il me dit que son pronostic vital est engagé, mais officiellement, elle n'est pas morte. L'espoir m'envahit, mais en même temps, je me dis qu'elle mourra peut-être. La suite de son discours est plus compliqué :

- Elle est dans le coma. Elle peut nous entendre parler, mais ne peut pas nous voir. Elle ne peut bien sûr pas agir.

- Et elle ne va pas rester comme ça tout le temps ? Comment vous allez faire pour la réanimer ?

- C'est plutôt simple. Il faut que vous y contribuiez, ainsi que toutes les personnes qui lui sont proches. Il faut stimuler ses sens pour qu'elle se réveille. Sur certains patients, ça ne marchera jamais. Sur d'autres, et c'est l'espoir que j'ai car son traumatisme crânien n'a pas envahi les profondeurs de son cerveau, ça marche sur quelques semaines, voire quelques mois.

- Et comment puis-je y contribuer ?

- Il faut instaurer une ambiance normale dans cette pièce, c'est-à-dire une ambiance Audacieuse.

- On ne peut pas la ramener chez nous ?

- Je pense que oui. Pour la réanimer, il faut instaurer une ambiance familière. Les êtres qui sont près d'elle à longueur de journée devront être avec elle. Les odeurs qu'elle sent quotidiennement, il faut qu'elle les sente ici. Ses cinq sens doivent être mis en éveil. L'odorat, c'est simple. L'ouïe, il faut que vous lui parliez. Le goût, on ne peut pas trop. Le toucher, il faut que vous lui teniez la main, ce genre de choses. La vue, c'est impossible.

- Occupez-vous du transfert vers l'enceinte Audacieuse. Je ne tiens pas à venir ici tous les jours. Elle se sentira mieux chez nous.

- Je comprends. Je m'en occupe. Restez avec elle.

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