Audacieuse

Chapitre 32 : Chapitre 32: Le réveil

1331 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/06/2016 16:35

Il vient de terminer de me parler. Si seulement je pouvais, je serais en train de pleurer et le serrer dans mes bras. Je sens sa main dans la mienne, et cette douce odeur de fleur d'oranger et de sel. La pièce est envahie de cette douce odeur. J'entends un bruit, comme un sanglot étouffé. Il est en train de... Pleurer ? Ca me surprend. Je ne l'aurais jamais imaginé pleurer. D'ailleurs, je ne peux pas l'imaginer, les yeux brillants, une larme coulant sur sa joue. Il est plus fort que ça. Mais il m'a dit que j'étais plus forte que lui. Pourtant, j'ai pleuré. Beaucoup. Et dans son discours, j'ai surpris une phrase qu'il n'aurait jamais dite si il était dans son état normal. Une phrase Altruiste : « Moi, ce n'est pas un problème ». Et ça me trotte dans la tête. Alors il ne serait pas natif des Audacieux ? Il m'aurait menti ? Non, je ne pense pas. Il est né ici ; c'est sûr. Un geste me sort de ma réflexion : sa main se détache de la mienne, et je me sens seule, abandonnée. J'ai envie de lui dire de la remettre, mais je ne peux pas. Quand pourrais-je me réveiller ? Et comme une réponse à ma question rhétorique, un cri déchire le silence que je traverse. Dans un sursaut, je me réveille. J'ouvre les yeux, et je veux me lever. Je ne reconnais pas la pièce dans laquelle je suis, et ça m'angoisse. Je croise le regard de Theo, et ses yeux écarquillés. Je crie :

- Enlevez-moi ça ! Laissez-moi sortir !

- Attends, Juliet, attends l'infirmière.

- Non ! J'ai entendu un cri ! Je dois sortir, et vite !

- Juliet. Attends. Tu te réveilles, et tu ne te préoccupes même pas de moi ? La seule chose importante, c'est cette personne qui a crié ?

- Non, mais...

- Mais rien. Il n'y a rien à ajouter. Alors, vas-y, vas jouer les héroïnes si ça te fait plaisir. Moi non, je pensais que la personne censée m'aimer penserait à moi en se réveillant, à ce que j'ai subi, me dire qu'elle va bien et que je n'ai plus à m'inquiéter. Mais apparemment, c'est mieux d'être adulée parce qu'on sauve des gens.

- C'est vrai que toi, tu es venu me dire que tu étais vivant.

- Tu pensais que j'étais mort. Moi, je ne pensais pas que tu étais morte. Je pensais qu'il y avait de l'espoir.

- De toute façon, comme tu l'as si bien dit, tu n'es pas un problème.

Je suis révoltée. J'ai enlevé toutes ces perfusions et aiguilles avec l'aide de l'infirmière. Theo part en marchant calmement. Je me lève et je cours. Par réflexe, je cours vers l'appartement de Keiynan. Je découvre que mon matelas n'est plus là. Je me demande où il est. De toute façon, hors de question que je dorme avec Theo. Il préfère son petit confort à la vie des gens en difficulté. Je vois mes bras et les marques rouges qui les ponctuent. Ce n'est pas très beau. Je passe devant un miroir, et je découvre un visage bleui avec des cernes marquées. J'ai pris dix ans en quelques heures. Je cours vers l'appart de Theo prendre mon fond de teint. Je prends mes affaires et les dépose chez Keiynan. Je prends un miroir et me maquille. Je camoufle mes cernes, un petit trait d'eyeliner et je fais mes sourcils. Je me coiffe et avant de partir, je laisse un mot à Keiynan :

K.

On s'est embrouillés avec Theo. Je suis réveillée. J'ai posé mes affaires ici, J'aimerais juste savoir où est passé mon matelas. Je suis à la salle d'entrainement si tu veux me voir.

J.

Je prends la direction de la salle d'entraînement. Je reprends ma vie habituelle, celle où j'entraîne sans relâche, et où l'amour fait place belle, en alternance avec la haine. Entre temps, j'ai oublié le cri. De toute façon, je n'ai pas entendu d'où il provenait. Ca n'aurait servi à rien. En tout cas, j'espère que ce n'est pas trop grave. J'arrive à la salle, et Teddy sort, bouche bée :

- Tu es déjà réveillée ?

- Oui. Ca aura eu le mérite d'avoir été rapide. Vous faites quoi ?

- Duels un contre un jusqu'à abandon ou comme d'habitude, K.O. … Il ne reste que Nathan et Willy. Les autres sont déjà passées, et Natasha et Mary ont presque terminé.

- Merci de m'avoir remplacée.

- De rien.

Je lui souris, et je rentre. Je dis haut et fort :

- Désolée de l'absence, on reprend.

- J'abandonne, souffle Natasha, le visage en sang.

- J'ai gagné, dit Mary fièrement.

- Oui, tu as gagné, rétorque Holly, l'amie de Natacha.

Nathan et Willy montent sur le ring, aussi motivés l'un que l'autre. Willy fait craquer ses doigts à la même manière que Terry. Nathan se contente de secouer ses bras et d'arborer un sourire narquois. Je lance le combat et déjà, Willy s'impose. Sa position est nettement meilleure que celle de Nathan, et il peut attaquer sans perdre toute défense. Sa mâchoire et ses côtes, points stratégiques, sont bien protégés. Nathan ne se protège pas assez. La seule ombre au tableau pour Willy, c'est qu'il n'attaque pas. Alors, je lâche :

- Allez, prenez des risques.

Il comprend que ces quatre mots n'étaient destinés qu'à lui, et balance son genou dans le ventre de Nathan. Déstabilisé, il titube sur le côté, mais reprend ses esprits rapidement et balance son poing dans la mâchoire de Willy, qui esquive agilement. Il est fort, très fort. Willy assène un coup dans les côtes à Nathan. Ce dernier s'effondre, et Willy en profite pour terminer le combat en lui mettant un coup dans les côtes. Il me regarde, et je lève la main pour arrêter le combat. Willy sort immédiatement et s'en va au fond de la salle. Je vois Michael et Penny, deux novices amis de Nathan, qui le regardent d'un air mauvais. Il faut que je le protège. Et je pense que je m'en rends compte trop tard. Ils l'ont déjà brutalisé, sinon il n'aurait pas peur.

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