Audacieuse

Son bras fort soulève doucement ma main. Je lève les yeux en reniflant et en passant ma main sur mes joues pour sécher mes larmes. Theo est agenouillé en face de moi, ses yeux bleu nuit d'habitude si durs se sont adoucis, arrondis. Dans l'obscurité, je vois ses yeux brillants et une petite larme qui coule sur sa joue. Je le prends dans mes bras et le serre aussi fort que je peux. Je pleure beaucoup, énormément. Je le sens qui me serre comme si sa vie en dépendait. Je sens sa main sur la blessure que je me suis faite en me faisant percuter par une voiture. Et dire que ce n'était que ce matin. Finalement, je me lève et me dis que Suri avait raison. Ce soir, je dors chez Theo.

Le lendemain, je suis de bonne humeur. Je me suis maquillée et j'ai changé de teinture de cheveux : maintenant, j'ai les cheveux blancs et bleus. Theo roule sur le lit et je comprends qu'il est réveillé : sauf qu'il roule trop et tombe par terre. J'éclate de rire et je vois son corps secoué par des rires. Il se retourne sur le dos et je le vois rire, ses dents sublimes, tout ce qui m'a fait craquer. Il ne sait pas que j'ai les cheveux blancs et bleus, du moins pas encore. Je m'approche de lui, et il écarquille les yeux avant de s'écrier :

- Mais c'est quoi ça ?

- Mes nouveaux cheveux. Le brun et rouge, ça ne me plaisait plus trop.

- Tu changes tout le temps de couleur.

- Tu n'aimes pas ?

- Si, de toute façon tout te va bien.

- Donc la prochaine fois je ferais vert !

- Ah non. Je veux bien rose pastel ou violet avec du gris, mais pas vert ni jaune. Blonde, oui. Mais pas jaune fluo !

- OK. Je verrais bien la prochaine fois, mais je pense que je ressortirais avec quelque chose de très clair. Je trouve que ça va bien avec mon teint.

- Par contre, le brun clair ou le châtain, ça ferait terne. Le roux, je sais pas.

- Mouais. Le roux, je ne pense pas. Ca va bien à Suri mais pas à moi.

- Ca veut dire que tu as déjà essayé.

- Oui, pendant ton absence.

- Tu as essayé quoi d'autre ?

- Rien. Juste mon brun habituel.

- OK.

Il sourit et je lui tends la main pour l'aider à se relever. Il la prend et se relève en s'aidant de sa deuxième main. Je souris et l'embrasse tendrement. Je sens son souffle régulier et les battements de son cœur. Nous nous séparons et je lui prends la main pour se rendre à la cafétéria pour prendre notre petit-déjeuner avant de rejoindre la salle d'entraînement. Aujourd'hui, il me supervise. Tant mieux, aujourd'hui pour les novices, c'est lancer de couteaux. Histoire de lui prouver que je sais encore lancer, lui qui doutait de mes capacités. D'ailleurs, je lui demande :

- Tu doutes encore de mes capacités au lancer de couteaux ?

- Non. Tu tires mieux que n'importe qui chez les Audacieux. C'est inné. Je l'ai remarqué à l'attaque chez les Sincères. Ta position est incroyable et ta vitesse ainsi que ta précision sont hors du commun. Dans une situation telle, je ne tirerais jamais aussi bien. Tu vises en moins d'une seconde.

- Je sais, j'arrive même à tirer en sautant et en me retournant.

- Je demande à voir.

- Fallait pas me demander ça.

Je sors mon couteau de ma poche et cours. Je tourne la tête pour choisir une cible et je vois un coussin par terre. Parfait. Je saute en l'air et me retourne, lève la main et lance mon couteau. Il se plante dans le coussin en plein centre. Je souris et Theo arrive avec une moue impressionnée :

- Bravo. J'aurais pas fait mieux.

- Merci. Je suis douée, je te l'avais dit.

- Je le sais déjà.

Je lui reprends la main et je vais chercher mon couteau. C'est celui qu'on m'a fait sur mesure. Un couteau avec un manche en carbone et la lame en mélange d'acier et de carbone. Le manche est à la taille de ma main, parfaitement adapté. Dessus, j'ai fait gravé à la base mes initiales, c'est-à-dire J-T, mais maintenant, je considère plutôt ça comme Juliet-Theo.