Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 3 : Le Dictateur [Partie 3]

6062 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:05

L'atmosphère était lourde. Très lourde. Un poids énorme pesait sur les épaules de Clara. Elle en avait vu des choses, pourtant. Elle avait dirigé un assaut contre des Cybermen, elle avait voyagé dans un sous-marin soviétique avec un maréchal martien prêt à déclencher une guerre thermonucléaire globale, elle avait traversé la vie du Docteur... Mais tout cela n'importait pas. Parce qu'en ce moment précis, elle avait la vie d'un jeune homme entre ses mains. Des larmes coulaient sur son visage, et commençaient à mouiller ses lèvres, tandis que celles de Jonas le vieillissaient totalement. Et face à tout cela, il y avait le militaire, presque impassible devant ce spectacle, prêt à tirer. Et cela semblait même le démanger un peu.

 

« Un complexe... murmura la jeune fille.

- Pardon?

- Le Docteur... Il est dans un complexe... militaire.

 

Elle reprenait son souffle et essayait de maîtriser ses larmes, ce qui fonctionnait, vu qu'elle ne pleurait plus.

 

- Un complexe militaire? Où donc?

- Pas loin d'ici... Au sud, je crois. J'en sais pas plus... J'ai du partir rapidement, parce que la capitale... était plus loin.

- Plus loin? Mais d'où venez-vous?

- Une base...

- Où donc?

- JE SAIS PAS! cria-t-elle. Si vous savez qui est le Docteur, alors vous savez que je sais rien sur la géographie de cette planète!»

 

Le militaire ne chercha pas à questionner la jeune fille d'avantage. Il amena sa main gauche, encore libre, sur son arme, tourna une petite molette avec son pouce, et tira dans la tête de Jonas. Une décharge électrique traversa le corps du jeune homme, qui lâcha un grognement de douleur avant de tomber par terre, sur le flanc. Le militaire pointa ensuite son arme vers Clara, et tira. La jeune fille reçu la décharge, poussa un petit cri aigu, et s'écroula sur le sol.

 

LE DICTATEUR

PARTIE 3

[http://img11.hostingpics.net/pics/945912LeDictateur3.jpg]

 

L'alarme continuait de crier et de déchirer les oreilles alors qu'une dizaine de soldats sortaient de l'entrepôt B-2. Alors que la porte était encore ouverte, et que l'évacuation générale était annoncée dans d'autres haut-parleurs, deux scientifiques, reconnaissables par leurs blouses blanches, entraient dans le bâtiment.

Il y avait à l'intérieur un nombre incroyable d'obus explosifs et incendiaires. Les premiers étaient totalement lisses, ovoïdes et gris, tandis que les seconds étaient noirs et possédaient une sorte de queue derrière l'ogive. Les obus étaient entreposés dans des caisses transparentes, elles-mêmes posées sur des plaques de métal qui s'étalonnaient sur une quinzaine de mètres de hauteur, reliée au sol par de solides pylônes de fer, comme des bibliothèques métalliques. Au total, il y avait plusieurs milliers d'obus entreposés dans le bâtiment.

Les deux hommes se dirigèrent rapidement vers le centre de la pièce, et le Docteur ouvrit l'une des caisses, qui contenait quatre obus explosifs.

 

« J'espère que vous ne m'en voulez plus pour les plans, s'inquiéta-t-il.

- Oui, ça va... Bon, on fait comment maintenant?

- Il y a bien un compte-à-rebours là-dedans, non?

- J'en sais rien! C'était sur les plans!

 

Le Docteur leva sa main devant Orso pour lui ordonner de se taire, et sortit son tournevis sonique. Il analysa ensuite l'un des obus, regarda quelque chose dans son outil, et arriva très vite à une conclusion:

 

- Il y a un minuteur! Et il est même assez long. Mais je pense que ça va être compliqué de l'activer avec le tournevis...

- Pourquoi? s'inquiéta Orso.

- Parce que je pourrais le faire exploser, répondit le Docteur sur un ton qui laissait supposer à quel point cela était évident.

 

Ainsi, le Seigneur du Temps fit glisser ses doigts sur une partie du corps lisse et métallique de l'engin de mort, et une ouverture s'ouvrit alors dans celui-ci. On pouvait y voir un minuscule écran digital, et plusieurs touches numérotées.

 

- Combien de temps pour qu'on soit assez loin, d'après vous? demanda le Docteur.

- Euh... On passe par les souterrains?

- Oui.

- Mais attendez, les soldats ont du utiliser cette sortie, non? Elle est prévue pour ça, puisque...

- Vous croyez que je ne l'avais pas prévu? coupa le Docteur en montrant son tournevis

 

Le visage du résistant montra d'abord une forme d'étonnement profond, et d'incompréhension. Puis, ses yeux s'écarquillèrent de surprise, et il se mit à sourire, et à lâcher ces sons indescriptibles que l'on faisait lorsqu'on avait du mal à croire à quelque chose.

 

-Vous... Vous les avez enfermés?

- Bien sûr que non. Je voulais qu'il fuient, le plus vite et le plus loin possible. La porte d'entrée est le chemin le plus rapide, et cela m'arrangeait bien qu'ils ne passent pas par le souterrain. Un coup de tournevis et le code de la porte du tunnel était modifié!

- Donc on peut passer par le souterrain! Bon... Le temps d'y arriver, de descendre, de traverser le tunnel et de remonter... En courant... Cinq à six minutes. Voire huit.

- Alors disons sept minutes!

- Hein?

 

Mais Orso n'eut pas le temps de réagir plus longtemps, puisque le Docteur avait déjà initialisé l'explosif.

 

- Si vous voulez un bon conseil, Orso... Courez!

[Morceau écoutable facultativement (à stopper aux ΘΣ): http://musescore.com/user/174425/scores/170058]

 

Ainsi, les deux hommes se mirent à courir le plus vite possible, sortant de l'entrepôt en quelques secondes, et se dirigèrent vers le bâtiment principal, où se trouvait l'écoutille. Sauf qu'en chemin, ils virent que plusieurs soldats revenaient dans la base. Une vingtaine. Alors que l'usine continuait de brûler et d'exploser. Et à voir leur visage apeurés, ils semblaient avoir été forcés de rentrer dans le complexe. Lorsqu'ils virent les deux hommes habillés en scientifiques, ils pointèrent immédiatement leurs armes sur eux, et se mirent à tirer.

 

- Ce sont des décharges paralysantes! cria Orso.

- Donc ils nous veulent vivants, conclut le Docteur en entrant dans le bâtiment, et en refermant la porte métallique. Donc ils doivent soupçonner notre présence ici.

- Ben maintenant, ils ne la soupçonnent plus! ironisa Orso en descendant à toute vitesse un escalier.

 

Bientôt, les deux hommes furent arrivés dans une salle vide, où se trouvait une porte métallique dans laquelle était incrusté un clavier complet. Le Docteur se précipita dessus, tandis que derrière lui, il entendait les soldats descendre les escaliers. Il pianota le nouveau code sur la porte, "RYCBAR", et celle-ci s'ouvrit. Il s'engouffra dans le tunnel, en tirant Orso par la manche, et referma immédiatement la porte avec son tournevis.

 

- Maintenant, COUREZ! SANS VOUS ARRÊTER!»

 

Les deux blouses blanches volaient dans l'air sec du tunnel, à tout vitesse, et en deux minutes, le Docteur atteignit l'échelle et la monta, suivi de près par le résistant. Il ouvrit l'écoutille en quelques secondes, et sortit enfin dehors, pour s'effondrer dans l'herbe, soufflant un petit peu après cette longue course. Orso l'imita, et ils se levèrent environ une minute plus tard, pour se diriger vers la motojet. Et alors qu'ils l'enfourchèrent, le compte-à-rebours toucha à sa fin. L'obus explosa dans son entrepôt, faisant immédiatement exploser les trois autres de la caisse, ce qui souffla totalement toutes les "bibliothèques" présentes dans la bâtisse. De nombreux autres obus explosèrent, et le bâtiment tout entier fut soufflé, alors que de nombreux obus étaient projetés dans les airs sur plusieurs dizaines de mètres, allant ainsi faire exploser les autres entrepôts et bâtiments. Tout le complexe se transforma en un torrent de flammes et de chaleurs, les murailles s'effondraient et les bâtiments éclataient les uns après les autres. Mais le Docteur ne chercha pas à assister au spectacle, et il se trouvait déjà loin lorsque les explosions cessèrent. Cependant, le Seigneur du Temps ne put s'empêcher de faire état de la réussite de son plan, une demi-heure à peine après son arrivée dans le complexe:

 

«Voilà qui est fait!»

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

«Docteur, je crois que nous devons vous montrer quelque chose qui vous concerne, déclara Lukonor au Seigneur du Temps lorsqu'il arriva dans la salle de réunion des bunkers.

- Ah? Quoi donc? Et est-ce que l'on a des nouvelles de Clara?

- J'en ai bien peur... répondit le vieil homme avec un air grave.

 

Le chef des résistant appuya sur la table numérique, et les hauts-parleurs de la pièce rapportèrent alors un message envoyé peu de temps avant aux rebelles.

 

- Cher Docteur, lançait une voix vieillie mais assurée, qui détachait chaque syllabe. Je sais qui vous êtes, et je sais aussi que vous avez réussi à détruire mon complexe de Nurgia. Ce fut une très grave erreur de votre part. Vous avez tué une trentaine d'innocents, en agissant ainsi. Et oui, un obus peut voler très loin, vous savez. Et puis des soldats vous recherchaient. Mais là n'est pas le problème. Votre chère amie, "mademoiselle Clara", a été capturée. Ainsi que son "frère", un jeune homme fort aimable, très coopératif d'ailleurs. Je le remercie de me permettre d'envoyer ce message sur les fréquences de cette stupide "Résistance". Il me fut d'une grande aide. Il pourrait peut-être même m'indiquer où vous vous cachez... Mais passons! Je n'ai pas besoin de venir vous chercher, Docteur, puisque vous allez venir vous-même au Théoïcole de la Cité Capitale, devant le Ministère de la Sécurité. Vous allez vous présenter à mes hommes et vous allez vous rendre. Pourquoi donc, vous demanderez-vous? Ma réponse est simple: un vaisseau spatial a décollé d'une base militaire. Un vaisseau judiciaire utilisé pour une sentence particulière... La Sentence Maximale, pour être exact. Je laisse vos chers amis résistants vous éclairer sur la nature de ce terme, et je vous dis "à très bientôt". Ah, et surtout: n'essayez pas de venir avec votre cabine, sinon... Vos amis vous expliqueront mieux que moi.

 

Le Docteur respirait bruyamment. Ses yeux étaient vides, et il analysait la situation. Il lui manquait quelques informations.

 

- En quoi ça consiste, la Sentence Maximale? cria-t-il presque à Lukonor

- C'est la pire des peines du système judiciaire. Prog, c'est lui que vous avez entendu, l'a mise en place il y a une trentaine d'années, et...

- Je me fous royalement de l'histoire de votre Système Judiciaire! Ce qui m'importe, maintenant, c'est ce que risque Clara!

- Elle sera tuée, expliqua Lukonor avec un air grave. Expulsée dans l'espace. Elle se trouve dans une cabine de la longeur d'une porte à double battants à peine, mais remplie d'air, à une densité supérieure à celle que l'on trouve ici. La porte de la cabine donne sur le dehors. Le bourreau ouvre la porte violemment et tout l'air est aspiré dans l'espace, avec la victime. Et ensuite... Vous savez ce qui arrive à un corps vivant dans le vide spatial, Docteur.

- Oui, je le sais...

 

Ses poings se serrèrent à l'idée de voir Clara subir les effets du vide. La différence de pression qui fait gonfler le corps, qui fait s'évaporer touts les fluides. L'eau et le sang de son corps qui la cuirait de l'intérieur... Les litres d'air qui s'éjectent à toute vitesse du corps... Il ne pouvait pas laisser faire cela. Mais il ne pouvait pas non plus se rendre. Pas à un dictateur qui semblait le connaître un peu plus qu'il ne le devrait, et qui martyrisait sa population. Il devait trouver une idée.

 

- Ce "frère", c'est qui? Le jeune que j'ai vu lors des briefings?

- Oui, Jonas, l'un de nos plus fidèles éléments. J'ai du mal à croire qu'il ait pu nous trahir.

- Il a sûrement été torturé, vous savez!

- Cela reste une trahison, Docteur.

- Où est-il, d'après vous?

- Et bien, comme il était dans la Cité Capitale, et en partant de votre idée de torture... Je dirais qu'il est enfermé dans les sous-sols du Ministère de la Sécurité.

- Parfait. Et est-ce que Prog possède des satellites espions qui orbitent au-dessus de Qatros?

- Oui, bien-sûr.

- Alors il nous a forcément suivis à la trace depuis le Nurgia. Prog sait donc où se trouve cette base.

- COMMENT!? s'écria, stupéfait, Lukonor.

- Ne vous inquiétez surtout pas. Parce que j'ai un plan.

- Difficile de vous faire confiance alors que vous êtes le responsable d'une attaque dont Prog est sûrement en train d'ordonner les préparatifs!

- Lukonor... Faîtes-moi confiance. Je suis le Docteur. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur était au milieu de la Place Centrale du Théoïcole, qui était vide. Il était droit, fier, et sûr de lui. Un air grave animait, ou plutôt, immobilisait, son visage. Il n'était pas face au Palais Présidentiel, mais face au Ministère de la Sécurité, un bâtiment constitué d'un simple corps central, et d'une aile sur la droite. La bâtisse était perpendiculaire au Palais Présidentiel, et se trouvait à sa droite. Le fronton du ministère était occupé par un large perron de pierre, qui menait à la double porte d'entrée en métal précieux et sculpté. Tout ceci était accompagné de colonnes d'un style proche de l'architecture terrienne. L'entrée ressemblait ainsi à celle des palais royaux de Belgique ou d'Angleterre.

Mais le Docteur ne détailla pas plus longtemps le bâtiment. Il s'avança, dans une démarche sûre et déterminée vers la porte d'entrée. Elle n'était même pas gardée. Rien n'était gardé à l'extérieur, ici. Le Palais Présidentiel se trouvait bien doté d'une guérite de garde, mais elle était inoccupée, et fermée par une porte métallique.

Cela faisait un peu plus d'une heure que le Docteur avait écouté le message de Prog. Sa nouvelle incarnation avait le sens de la ponctualité, puisqu'il s'agissait du temps nécessaire à rallier la Capitale. D'ailleurs, cela faisait peu de temps que le Docteur était sur Qatros. Un peu moins de six heures. Comme il était arrivé aux alentours de midi, le soir commençait à tomber. Le ciel n'était pas noir, orange ou rouge, mais gris et couvert de nuages. Le soleil de Progus ne perçait plus la couche blanchâtre, et se coucherait dans moins de deux heures. Mais le temps n'était pas aux considération météorologiques.

 

Le Docteur se rendit face aux gardes, et fut amené dans les sous-sols du bâtiment, dans un long couloir assez étroit, qui donnait accès à un grand nombre de cellule. À travers les vitres des portes métalliques, le Seigneur du Temps pouvait apercevoir des silhouettes faibles et recroquevillées sur elles-mêmes. Des hommes et des femmes tout de sang, de sueur et de blessure. Un véritable centre de torture. Là plupart d'entre eux avaient été dépouillés de leur vêtements, et n'avaient plus qu'un simple pantalon à mince épaisseur, bien insuffisant pour isoler de la fraicheur des sous-sols, entretenue par un système de ventilation qui était à lui seul une torture.

Le Docteur fut dépouillé de sa veste, mais pu garder chaussures, pantalon noir et chemise blanche. On lui enleva son tournevis sonique, mais il ne broncha pas. Ensuite, on le jeta violemment dans une cellule déjà occupée par quelqu'un, où il atterrit sur le sol.

 

« Ces hommes de mains manquent cruellement de délicatesse, lança le Docteur en se relevant et en époussetant sa chemise.

 

L'homme qui était avec lui ne releva pas la phrase. Il était recroquevillé par terre en position fœtale, et cachait son visage dans ses genoux, à la manière du Jeune homme nu assis au bord de la mer, ce tableau de Flandrin si connu sur Terre. Les seules différences étaient bien sûr l'absence de mer, et le fait que le jeune homme portait au moins un pantalon. Et l'état du corps du prisonnier, bien sûr. Ses pieds nus étaient sales, comme toute la cellule d'ailleurs, et couverts de sueur. Plusieurs ongles manquaient, et le sang séché qui recouvrait certains orteils laissait comprendre que les ongles n'avaient pas disparu tous seuls. Ses mains étaient en très mauvais état elles aussi, couvertes de sueur et de coupures à peine cicatrisées, quoiqu'elles eussent encore tous leurs ongles. Les bras de la pauvre victime étaient parsemés, ci-et-là, de piqures. Son dos nu, arrondi par sa position fœtale, était plein de sueur, et couvert de marques rouges ressemblant à celles que laissaient les fouets. Le reste du corps, même s'il était caché, n'avait pas besoin d'être décrit pour que l'on puisse comprendre l'état dans lequel il se trouvait.

Le Docteur ne put s'empêcher de frissonner en comprenant que c'était le sort de tous les prisonniers dans le couloir.

 

- Jonas?

 

Le jeune homme releva la tête. Celle-ci n'avait pas été touché. Mais les tortures avaient quand même laissé une trace sur le visage de ce garçon qui s'avérait être Jonas. Sa lèvre saignait, à cause des morsures qu'il s'était infligé en essayant de supporter la douleur lors de la "séance", et le reste du visage était mouillé tant par la sueur que par les larmes, qui rougissaient ses yeux innocents et qui vieillissaient son visage si juvénile.

 

- Vous... Vous êtes le... Docteur? C'est vous?

 

Son visage exprimait l'incompréhension... Il n'avait vu le Docteur que quelques minutes, lors des briefings. Mais le sien s'était terminé alors que celui du Seigneur du Temps avait commencé. Il ne savait pas grand chose sur lui, et il était surpris qu'il se retrouve ici.

 

- Oui, c'est moi. Prog a réussi à me contacter grâce aux fréquences qu'utilisait la base et... Ne vous mettez pas à pleurer, bon sang! Ce n'est pas votre faute s'ils ont réussi à trouver les bons canaux de communications.

- Si... C'est moi qui leur ai dit, sanglota Jonas.

- Vous avez été torturé, mon cher. Donc vous avez une circonstance atténuante.

- Tout le monde ne le verra... pas... comme ça.

- Arrêtez de parler, vous allez vous épuiser. Vous êtes mal en point, au cas ou vous ne l'auriez pas remarqué.

 

Le jeune homme lâcha un sourire face à la petite plaisanterie du Docteur, puis soupira en appuyant son dos sur le mur froid de la cellule. Le Docteur regarda aux environs, et s'assura que personne dans le couloir n'était en train de l'observer.

 

- Bon, j'ai besoin de vous, Jonas. Ne faîtes pas cette tête à la "regardez-moi un peu!" et écoutez-moi.

 

Il s'approcha du jeune homme, et s'assit à coté de lui.

 

- Nous allons nous échapper, murmura-t-il.

 

Le garçon ne put s'empêcher de lâcher un rictus presque méprisant. Les verrous étaient impossibles à forcer ou à pirater, et l'endroit était bien gardé. Personne ne pouvait sortir.

 

- Et ça va être facile, croyez-moi. Je vais juste avoir besoin que vous soyez en pleine forme. Ou en meilleure forme, gardons des objectifs atteignables.

- Et comment j'fais pour me redonner du tonus? Vous avez une boisson énergisante et cicatrisante peut-être?

- Oh non, j'ai mieux. Laissez moi faire, et tout ira bien.

 

Le Docteur se tourna vers Jonas, et posa le bout de ses doigts sur ses tempes. Il approcha ensuite lentement son visage de celui du jeune homme, et un sifflement commença emplir leurs oreilles. Les mains du Docteur commençaient à briller, et il avait fermé ses yeux, alors que sa tête s'illuminait de l'intérieur.

 

- Fermez les yeux, et détendez-vous. Ça ne sera pas douloureux.

 

Jonas écouta le Docteur, et décida d'obéir à ses ordres. Quelque secondes après qu'il eut fermé les yeux, les mains et le visage du Docteur s'étaient totalement illuminés de l'intérieur. Le Seigneur du Temps frappa alors violemment son front contre celui de Jonas, et s'éloigna aussitôt.

Le jeune homme tomba au sol et cria de douleur, tandis que son corps se secouait de spasmes et semblait, à certains endroits, être habité par une lumière mystérieuse qui se déplaçait sous sa peau. L'énergie biologique du Docteur traversait son corps de part en part, et la douleur que cela lui infligeait était extrême. Mais au bout d'une dizaine de secondes, l'énergie se consuma, et il arrêta de bouger et de se secouer. Jonas ouvrit les yeux, se redressa d'une main et regarda ses bras: les coupures étaient parties, ou alors s'était totalement cicatrisées. Ses ongles de pieds avaient grandement repoussé, et il se sentait bien mieux qu'avant.

 

- Qu'est-ce qui s'est passé?

- Énergie régénératrice. Une toute petite quantité, bien sûr. Le triple de ça et vous étiez mort. C'est pas très compatible, l'humain et le Seigneur du Temps...

- Quoi? Qu'est-ce que vous dîtes?

- Cherchez pas à comprendre, et relevez-vous, moussaillon! lança le Docteur sur un temps enjoué.

- Attendez un peu! Vous aviez dit que ce n'était pas douloureux!

- J'ai menti, répondit simplement le Docteur.

- Quoi?

- Règle numéro 1, Jonas: le Docteur ment.

 

Le jeune homme secoua la tête comme pour oublier le flot d'informations qu'il venait "d'ingurgiter", et se releva d'un bond. Il était lui-même surpris par la forme dans laquelle il se trouvait. Sa tête lui faisait encore un peu mal, mais ça allait mieux. Face à lui le Docteur avait ouvert la porte métallique de la cellule et était sorti dehors.

 

- QUOI? s'écria le résistant.

- Énergie Régénératrice! Allez, venez!

 

En effet, en se reculant de Jonas après lui avoir transmis un peu d'énergie, le Docteur s'était précipité sur le verrou pour évacuer le reste d'énergie qu'il avait puisé dans les résidus de sa régénération. Un reste qui équivalait à cent voire deux cent fois la dose administrée au garçon. Le verrou avait grillé en quelques secondes.

Pendant que Jonas s'était relevé, le Docteur avait assommé un garde qui était passé devant la porte. Le résistant attrapa son arme, et ils coururent jusqu'à la salle de torture, située au bout du couloir. Les deux gardes qui la protégeaient furent paralysés par le fusil volé, et le duo entra en trombe dans la salle en pleine séance. Les quelques gardes qui étaient dans la pièce furent électrocutés en quelques secondes par le résistant, et le scientifique qui s'occupait des "séances" fut menotté par le Docteur. Il n'y avait heureusement aucune victime dans la salle à ce moment là.

En utilisant la menace, les deux hommes purent découvrir où étaient conservés les vêtements et les objets volés aux prisonniers. Le Docteur alla chercher son tournevis et sa veste, ainsi que les vêtements de Jonas, ce qui était facile étant donné que chaque affaire était étiquetée et rangée par propriétaire (ou plutôt ancien propriétaire). Il enfila sa veste immédiatement, et retourna vers la pièce où tant de crimes avaient été perpétués. Mais sur son chemin, il entendit un bruit de décharge, et un cri, coupé par une seconde décharge d'énergie. Il se précipita immédiatement dans la salle de torture, d'où venaient les sons qu'il avait entendus et aperçut alors Jonas, debout derrière la table, en train de poser son arme sur celle-ci.

Derrière lui, une légère fumée semblait se dégager d'un cadavre au sol. Un cadavre vêtu d'une blouse blanche.

 

- Jonas... Vous n'avez tout de même pas...

- Si... J'ai pas pu... J'ai pas pu résis... Vous savez pas. Vous ne savez pas ce que j'ai enduré en quelques heures. Vous ne savez rien des douleurs qu'ont enduré d'autres ici. Si vous étiez à ma place...

- Je ne sais pas... Oui, vous avez raison, je ne sais pas. Mais je vous ai vu. Dans la cellule, tout à l'heure. J'ai vu dans quel état vous étiez. J'ai vu...

- Qu'est-ce que vous avez vu?

- Que cet homme ne méritait pas mieux. »

 

En prononçant ces mots, le Docteur avait un air grave. Tout comme Jonas.

Jonas se déshabilla, enfila ses vêtements, puis les deux hommes remontèrent lentement et silencieusement jusqu'au rez-de-chaussé, et réussirent à sortir discrètement sur le coté du bâtiment, en face du Palais Présidentiel, dans une rue qui menait à la Place Centrale.

Ils coururent jusqu'à ladîte place, et alors qu'ils venaient d'y pénétrer, un petit cortège sortait du Palais Présidentiel. Un cortège de gardes armés entourant un homme âgé. Le Président de Progus et sa garde rapprochée.

Jonas et le Seigneur du Temps stoppèrent leur course en un instant, et s'immobilisèrent sur la place vide.

 

« Tiens donc... lança le Docteur. Monsieur Prog, je présume?

- Vous présumez? lança le président. Tout le monde sait qui je suis dans tout ce système solaire, donc vous ne venez pas d'ici. Hors, il n'y a que deux personnes qui sont étrangères à ce système et qui s'y trouvent actuellement. La première est en orbite, donc vous êtes la deuxième... Docteur.

- Votre suite de déduction vous rend pathétique... Et ne parlons pas de votre détachement de syllabes, qui est vraiment insupportable.

- SAVEZ-VOUS À QUI VOUS VOUS ADRESSEZ, DOCTEUR? Je suis l'homme le plus puissant du système! Un simple mot de ma part, et je peux vous tuer immédiatement, ainsi que ce prisonnier, sans oublier votre jeune amie. Alors rendez-vous immédiatement!

- Non.

- Comment cela, non?

- Non. Personne ne vous dit "non". Personne ne vous l'a dit. Vous avez établi une dictature et vous avez transformé ce peuple pour qu'il accepte tout face à vos menaces, mais moi je dis "non".

- Aaaah... Bien sûr. Le révolutionnaire, l'homme de bien, le philosophe. On ne m'a pas menti à votre sujet.

- Qui ça, "on"?

- Vous n'êtes pas dans la meilleure position pour poser des questions. Soldats! En joue!

 

Les fusil d'assaut des gardes de Prog se dressèrent en un éclair en direction de Jonas et du Docteur. Ceux-ci eurent le réflexe de lever les mains en l'air, ce qui amusa grandement le Dictateur.

 

- Vous êtes très drôle Docteur... On dirait un enfant.

- Vraiment? Je pourrais prendre ça comme un compliment, non?

 

Et alors qu'il parlait, ses mains commençaient à s'illuminer. La lumière du soleil étant grandement dissipée par les nuages, cette illumination n'avait rien de naturel. Et Prog s'en rendit compte rapidement.

 

- Qu'est-ce que vous êtes en train de faire, Docteur? Apprenez que cette place est sous surveillance! Rien de ce qui s'y passe ne peut échapper à mes hommes. Si vous tentez quoique cela soit contre moi... Votre amie sera exécutée dans les secondes qui suivent!

- La place est vraiment surveillée? demanda le Docteur, amusé.

- Bien entendu! Qu'est-ce que vous croyez?

- Que vous êtes un idiot, monsieur Prog. Et que vous allez perdre.

 

Le Docteur commença alors à avancer avec Jonas en direction du dictateur, et celui-ci ne voyait pas cela d'un très bon œil.

 

- Arrêtez-vous! Docteur, ceci est un ordre!

- Jonas, murmura le Docteur, lorsque je crierais "maintenant", vous vous jetterez à terre immédiatement.

- Qu'est-ce que vous murmurez? cria Prog. Docteur, arrêtez d'avancer et répondez-moi, sinon...

 

Le dictateur attrapa ce qui ressemblait à un téléphone portable et le mit à son oreille, menaçant ainsi de donner l'ordre d'exécution. Le Docteur continuait à avancer, et lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques mètres du dictateur, et à à peine un mètre de la guérite fermée du Palais Présidentiel, Prog prit sa décision et cria dans son téléphone:

 

- Exécutez la fi...

- MAINTENANT! »

 

Le Docteur lança alors une onde d'énergie régénératrice de son corps. Celle-ci atteignit le cortège, qui fut soufflé en arrière, alors que Jonas, qui était par terre, se trouvait dans l'angle mort permettant de ne pas être touché.

 

Mais alors que le Docteur venait de neutraliser le dictateur, l'ordre d'exécution avait été lancé et réceptionné par le vaisseau où se trouvait Clara. Celle-ci se trouvait dans une pièce à peine plus grande qu'une armoire, et la porte devant-elle venait de se détacher d'un seul coup et s'envola dans le vide spatial. La jeune fille n'eut même pas le temps de crier, et fut aspirée violemment dans l'espace.

 

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