Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 5 : Le Bâtard du Temps [Partie 1]

5300 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:06

« Ils l'ont vraiment appelé "Tardis"? s'étouffa le Docteur

- Oui. Enfin, Tardicité, mais ça revient au même, répondit Jonas.

- Non... Tu te moques de nous, là.

- Je te jure Clara! Le Docteur est un héros sur Qatros! En plus, "la Cité Capitale", c'était une idée de la Dictature, alors tout le monde souhaitait renommer la ville.

- Non mais... Ils étaient obligés de l'appeler "Tardis" ou "Tardicité"? En plus, Tardicité ça sonne comme médiocrité, subterranéité ou illicéité!

- De quoi? Docteur, vous pouvez pas essayer, pour une fois, de parler avec un vocabulaire compréhensible par tout le monde? supplia Jonas.

- Moi je vois bien une grande tour en forme de TARDIS dans la ville... Genre: "Entrez, c'est plus grand à l'intérieur"! gloussa Clara.

 

La Salle de Contrôle du TARDIS fut alors le théâtre d'un fou rire qui sembla réchauffer l'atmosphère de cette pièce si froide et si grise. Le Docteur tripatouillait quelques leviers sur la console, tandis que Jonas et Clara avait repris les places qu'ils s'étaient naturellement attribué: l'escalier pour le jeune Qatorien, et le siège à sa gauche pour la terrienne. Ils venaient d'achever le premier voyage temporel de Jonas, sur une planète qui avait l'étrange caractéristique d'être de forme carrée. Et c'est en revenant à la cabine que Jonas leur raconta l'anecdote sur la capitale.

Après ce moment sympathique, le Docteur enclencha une grosse manette, et le TARDIS s'ébranla. La colonne au centre de la console (le rotor temporel) se mit à briller, tandis que les rondelles qui surplombaient la pièce commençaient leurs rotations.

 

- On va où? demanda Jonas

- Après ce premier voyage sur Panitoenokarapilia, nous allons continuer notre petite enquête.

- Comment ça?

- Onos et les particules du vortex, expliqua le Seigneur du Temps. Nous avons la planète de destination, non? Donc autant aller y faire un tour pour découvrir qui a besoin de ces particules, et pourquoi.

- Mais vous n'avez pas fait ça tous les deux entre votre départ et votre retour pour le tribunal?

- Non, on a juste un peu voyagé, répondit Clara.

 

La discussion dériva ensuite sur les meilleurs souvenirs du récent voyage sur Panitoenokarapilia, puis le TARDIS lança son bruit si caractéristique, et atterrit.

 

- Alors les enfants... On y va? lança le Docteur.»

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Monsieur! Monsieur! cria une voix féminine dans l'interphone

 

Un homme habillé de blanc, au visage très allongé, qui portait de discrètes lunettes rondes sur des yeux noisettes, fut arraché à ses observations par le bruit du haut-parleur. Il observait sur l'écran d'un ordinateur des lignes de calculs extrêmement complexes, et ses cheveux blancs se hérissèrent presque sur sa tête, symbole de sa légère colère. Il se leva et alla jusqu'à l'interphone, présent sur le mur derrière lui.

 

- C'est "Professeur", pas "monsieur".

- Euh, oui, désolé, professeur Witnink. Mais il y a des gens ici qui disent qu'ils souhaiteraient vous...

- Écoutez, je suis en plein travail, coupa-t-il avec une voix de plus en plus calme. Dîtes à ces gens que je serais ravi de les rencontrer, mais plus tard.

- Mais une de ces personnes se présente comme étant Docteur.

- Mademoiselle, je ne veux pas voir un Docteur. Je veux voir LE Docteur. Notez l'article défini! »

 

Le Bâtard du Temps

Partie 1

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Le TARDIS avait atterri devant un énorme complexe scientifique, ou plutôt une sorte de technopôle de haute-technologie unis dans un même bâtiment (ou du moins, dans un même complexe), avec un campus et de nombreux laboratoires. On y distinguait deux types de bâtiments: les bâtisses de pierre et de métal, qui composaient les quartiers, le campus, l'université, les bâtiments administratifs, les bâtiments de loisirs...etc, et les bâtiments qui semblaient être faits d'un métal grossier et géométrique, mais qui en réalité étaient isolés et protégés par des alliages de carbone, de platine et de bien d'autres métaux et matériaux inconnus des terriens du XXIème siècle. Ces bâtiments là abritaient les nombreux laboratoires et autres usines de haute technologie du complexe.

On avait ici un véritable institut de sciences avancées, fierté d'une planète entière, peut-être même d'un système solaire ou de plus encore.

Le trio était entré et avait demandé à rencontrer le scientifique le plus important. Avec l'aide du papier psychique et des sourires du Docteur et de Jonas, la réceptionniste avait accepté d'avertir le directeur du complexe, le professeur Witnink.

 

Et lorsque celui-ci comprit qui souhaitait le rencontrer, il rassembla ses meilleurs scientifiques, et abandonna tout les projets sur lesquels il avait prévu de se pencher dans la journée. Le Docteur était là, il venait à lui, ce qui était une aubaine sans précédent pour ses principales recherches.

 

La salle dans laquelle la rencontre allait se dérouler était une pièce carrée d'une quinzaine de mètres de coté, aux murs blancs qui semblaient être illuminés de nulle part. Il y avait une porte sur trois des cotés de la pièce, tandis que le quatrième mur était occupé par une machine qui s'étendait encore en profondeur dans de nombreuses autres salles. Ce que l'on voyait ici, c'était avant tout une sorte de porte de verre, qui menait à une cavité de la taille et de l'épaisseur d'un grand lit double, au fond duquel des sangles métalliques et électroniques avaient été placées, de façon à pouvoir attacher un homme debout, qui tendrait les mains sur le coté à la manière d'un crucifié. Plusieurs tuyaux de verre semblaient sortir de cette cavité, et dépassaient parfois de la machine, sans s'en détacher. L'appareil était commandé depuis plusieurs moniteurs situés sur un niveau légèrement supérieur à celui de la machine, et parallèle à celle-ci, qui remplissait le tiers de la pièce. Il se situait environ un mètre trente au-dessus du niveau de la machine, et une rampe de métal située au centre de ce sur-niveau permettait de descendre et de monter.

Le Docteur entra avec Clara et Jonas dans la pièce par la porte "arrière", et arriva devant les moniteurs. De nombreux scientifiques, habillés en blanc mais pas en blouse, se trouvaient autour de ceux-ci, mais ne les manipulaient pas. Seul un homme se trouvait au sous-niveau. Il faisait face à la machine, et donc dos au trio. Il attendit quelques secondes, le temps que la porte métallique derrière le Docteur se referme, puis il prit la parole.

 

« Seigneur du Temps, je vous souhaite la bienvenue dans l'Institut Scientifique Galactique de Kolkrohn.

 

En disant ces mots, il se retourna, et le Docteur put le détailler: front dégarni, cheveux blancs courts et bien coiffés, yeux noisettes, lunettes rondes assez larges mais très minces et discrètes, visage allongé, petite bouche, aucune pilosité. Un homme qui prenait soin de lui, un gentleman, même, pensa-t-il. Un gentleman qui savait des choses sur lui.

 

- Scientifique inconnu, je vous en remercie, répondit ironiquement le Docteur.

- Bien entendu... Je suis idiot, vous ne savez rien de moi. Laissez-moi me présenter. Je suis le professeur Thangan Witnink, et croyez-bien que je suis comblé à l'idée de rencontrer un scientifique de votre enver...

- Arrêtez les compliments, je déteste ça.

- Si tel est votre choix... Dans tout les cas, je suis sûr que vous allez grandement nous aider, dans nombre de nos expériences!

- Comme certaines portant sur des particules temporelles, par exemple?

- Oui, notamment. Les particules temporelles sont riches en enseignements. Surtout pour certaines...

- Comment savez-vous qui je suis? coupa le Docteur

 

Le visage du scientifique marqua alors une certaine incompréhension. La réponse lui semblait si évidente qu'il s'étonnait que son invité lui pose la question.

 

- Vous êtes célèbre, Docteur. Du moins, certains vous connaissent. La plupart de ces gens ne savent de vous que vos actes, mais moi, je vous connais, et vous m'intéressez beaucoup, à cause de vos capacités.

- Y aurait-il un sous-entendu là-dedans?

- Oh, Docteur! Voyons! Je parle de vos capacités de régénération.

- Pardon?

- Le Projet Pharos! Il nous a donné des indications sur vos capacités de régénération. Vous étiez tombé de l'antenne du projet Pharos, vous étiez blessé, gravement. Mais vous vous êtes régénéré! Les archives de l'ancienne organisation "UNIT" mentionnent une autre régénération, dans des locaux militaires. Et ne parlons pas de l'homme en flammes sur Trenzalore.

- De quoi? murmura Jonas

- Ce cher garçon ne semble pas comprendre... devina Witnink. Jeune homme, les Seigneurs du Temps, comme le Docteur, ont la capacité de se régénérer. Le processus guérit toutes les blessures, et permet donc d'échapper à la mort. Cependant, cela s'accompagne d'un terrible sacrifice: le changement d'apparence et de personnalité. Ce Docteur que vous voyez ici a eu plusieurs visages depuis sa naissance.

- Oui, Jonas, il a raison. Et j'ai oublié de vous dire que j'ai 1500-2000 ans.

- DE QUOI?

- Enfin bref! lâcha le Docteur. Pourquoi la régénération vous intéresse tant?

 

Le professeur se mit à sourire. Un sourire bienveillant (un peu trop même). Il s'avança vers la rampe, mais décida de ne pas la remonter.

 

- Il y a 127 ans, le professeur Dank Fermann a débuté des expériences sur la longévité. Cela fait soixante-dix-neuf années que je lui ai succédé. Nos expériences, déjà, nous avaient permis de vivre pendant 150 ans en moyenne. J'ai actuellement 134 ans, voyez-vous?

- Oh, vous êtes bien conservé! remarqua Clara.

- Merci, mais je n'ai aucun mérite. C'est le professeur Fermann qui a réussi à augmenter notre longévité. Toute la population de la Fédération d'Andromède en a bien sûr profité. La Science doit aider la Société, c'est notre adage. Mais durant ses expériences, il a découvert le potentiel de la Régénération. J'ai continué ses études, et avec mes assistants, qui font partie des meilleurs scientifiques de toute la galaxie, nous avons, en plusieurs décennies, fait des bonds énormes en la matière. La régénération d'une cellule à la manière des Seigneurs du Temps, en suivant une sorte d'algorithme biologique, fut facile. La cellule, endommagée, se répara elle-même, et l'ADN fut modifié, mais totalement impropre à la vie. Il était rempli de mutations et d'incohérences. Il nous a fallu plusieurs années pour que l'algorithme puisse offrir un ADN certes aléatoire, mais logique et... "fonctionnel". Mais il est bien plus compliqué de l'appliquer à un corps tout entier. Même si nous faisions tout en laboratoire, grâce à des machines qui organisaient elles-mêmes la régénération.

- Pourquoi est-ce si compliqué? demanda Clara.

- Cher Kulvin, expliquez-donc à nos invités, puisque vous êtes passionné par cette partie de l'expérience! lança Witnink à un scientifique présent vers les moniteurs.

 

Un homme sortit du tas, habillé en blanc, comme les autres. Son visage semblait fatigué. Pas parce qu'il avait à parler devant le Docteur, non. Cela semblait être naturel chez lui. Un coté légèrement blasé. Il n'était pas jeune. On lui aurait donné autour de cinquante ans. Son visage était carré, et ses yeux semblaient petits tant ils étaient "enfoncés" dans son crane. De plus, ils étaient entourés de rides, ce qui accentuait l'apparence fatiguée du visage. L'homme s'était mal rasé le matin, ou du moins quelques matins plus tôt, comme le montraient les irrégularités dans sa pilosité faciale. Contrairement à Witnink, il prenait peu soin de lui, et devait sûrement travailler jour et nuit.

 

- Voyez-vous, l'algorithme ne fonctionne que sur une seule cellule. Créer une machine qui puisse toucher toutes les cellules d'un corps nous a demandé du temps. Cependant, l'algorithme agit sur chaque cellule de façon indépendante.

- Elles se régénèrent toutes, de façon aléatoire, et donc à la fin du processus, chaque cellule du corps a un ADN différent de l'ancien, mais aussi différent de toutes les autres, continua le Docteur, qui comprenait.

- En effet. Toutes les cellules d'un même corps possèdent le même ADN. Si chacune a un ADN différent, le corps est "invivable"! Nous avons tenté une expérience sur des animaux, pensant que, peut-être, le corps allait... "synchroniser" les changements, de lui-même, mais ça n'a pas marché.

- Voilà donc le défi qui nous triture l'esprit depuis plus de vingt ans, acheva Witnink. Trouver l'algorithme qui permet une régénération aléatoire, mais identique pour toutes les cellules. Et nous touchons au but. Il nous faut...

 

Le Docteur leva sa main en l'air, faisant signe au scientifique de se taire. Il ferma les yeux pour réfléchir, et descendit vers Witnink, faisant les cent pas autour de lui.

 

- Pourquoi? demanda-t-il.

- Pourquoi quoi? s'exclama le scientifique.

- Pour quoi faire? Quelle application allez vous donner à la régénération lorsque vous la découvrirez?

- Et bien, la Science doit aider la Société. Mais pas en permettant aux citoyens communs de se régénérer. Cela serait impossible: nous ne savons pas comment modifier l'organisme humain pour qu'il possède vos caractéristiques régénératrices, Docteur. Tout doit se faire en laboratoire, avec cette machine que vous voyez derrière: le Régénérateur.

- Pourquoi faîtes-vous ces recherches alors?

- Pour la curiosité. Pour la science. Et surtout pour la justice. Rotiart, expliquez-lui.

- Docteur, la criminalité augmente sans cesse depuis des décennies. Les meurtres sont de plus en plus nombreux, et les prisons de plus en plus surpeuplées. La peine de mort a été abolie il y a des siècles. Les prisonniers à vie coûtent cher à la Fédération, et les problèmes de récidives sont de plus en plus communs.

- Et vous pensez avoir trouvé la solution?

- Oui, continua Witnink. La Régénération change le corps et le comportement. Une nouvelle vie, une nouvelle identité. Le sacrifice vaut autant qu'une vie passée en prison. Et en plus, le changement de comportement est une garantie de non-récidive.

- Une exécution qui laisse en vie, c'est ça?

- Votre logique est cynique, Docteur, mais elle est en partie la notre. Nous ne souhaitons pas utiliser la science pour défier les lois naturelles de la vie et de la mort, pour obtenir la vie éternelle.

- Vos expériences portent pourtant sur la longévité et l'espérance de vie, non,

- Elles portaient, Docteur. Ces expériences sont à l'origine de nos premières recherches en la matière. Mais la science se doit de respecter l'éthique, n'est-ce pas? Nous ne voulons pas offrir l'immortalité, loin de là. Ce fascinant et terrible processus biologique doit être utilisé de façon sage. La Justice est le plus louable des domaines d'applications.

 

Le Docteur arrêta sa ronde autour du scientifique, et se figea devant la vitre du "Régénérateur". Il voyait les "sangles" électromagnétiques, extrêmement solides. Une régénération provoquée. Une machine qui réécrit la biologie de façon aléatoire...

 

- Vous pensez que cela est éthique?

- Oui, ça l'est. C'est dans l'intérêt commun et dans celui de la Justice.

- Savez-vous ce que l'on ressent... Pendant. Le savez-vous?

- Non. Mais ce doit être douloureux, n'est-ce pas?

- Très. Trop. »

 

Le Docteur ferma alors les yeux, et essaya de se souvenir...

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Je me souviendrai toujours de ce temps... où le Docteur fut moi. »

 

Le Docteur lâcha un petit sourire face à ce qu'il venait de dire. Lorsque la fin était proche, il n'était plus le Docteur. Il était un Docteur parmi les autres. Une incarnation. Une vie. Qui s'achève. L'énergie régénératrice qui pénètre chaque partie du corps augmente toute les sensations, les nerfs sont au maximum de leur sensibilité. Le cerveau pense bien plus vite et bien mieux que d'habitude.

Amelia arrivait, descendait l'escalier. Elle était là. Ce n'était pas un rêve, ni même une vision. Le Docteur avait les yeux ouverts. L'énergie régénératrice lui permettait de croire réel ce qui ne l'était pas. Les mains sur les joues. Tout semblait si réel.

Puis tout disparu. L'énergie remplissait tellement le corps que les nerfs, comme étouffés, se désactivaient. Les sensations disparaissaient. Et même cette légère brise qui soufflait dans le TARDIS, qu'il avait ressentie au moment où la régénération avait commencé, était partie. Le reste allait suivre. Tout allait partir.

Il enleva son nœud-papillon. Que pourrait-il en faire ensuite? Rien. Clara le suppliait, mais il n'entendait presque plus rien. Juste le sifflement de la régénération. Il réussit à articuler un "Hey" rassurant et amical, mais rien d'autre. Son regard, complice, qui disait que tout allait bien, était figé dans cette position. Le Docteur ne voyait plus. Le cerveau s'était déconnecté du reste du corps. Le changement allait arriver. Le Docteur ne ressentirait rien, bien sûr. Physiquement tout du moins. Tout allait sûrement être très rapide, puisqu'il avait épuisé beaucoup d'énergie de cette première régénération dans son rajeunissement. Très vite pour Clara, et il était content qu'elle ne souffre pas. Mais pour lui... Tout était bien plus long.

Les souvenirs commençaient à revenir. Le cerveau, qui changeait, en ranimait automatiquement. Le Docteur n'avait pas de contrôle là-dessus. Il allait subir. Pour la treizième fois, l'horreur de la régénération.

"Courez, courez espèce de p'tit malin. Et souvenez-vous de moi...". Noël. La Dame de Glace et les hommes en neige. La mort de Clara Oswin Oswald. Le choc. La surprise. Toutes ces émotions, elles disparaissaient. Le souvenir se vidait de son essence. Il n'y avait plus que les images et le son. Le cœur était parti. Il savait parfaitement comment il se sentait à ce moment. Mais il ne le sentait plus. "Vous avez gardé le nœud pap'?" ; "Oui. Les nœuds-papillons sont cool!". Le TARDIS, Amelia. Le retour. La complicité. Tout cela s'effaçait peu à peu. "Le Garçon qui a attendu. Chapeau l'ami". Rory Pond. Ou Williams, qu'en dire? L'admiration que vouait le Docteur pour cet homme qui, par amour, avait attendu près de deux millénaires pour retrouver la femme se sa vie. Il n'avait jamais, Ô grand jamais fait l'erreur de lui dire ce qu'il pensait de cela. Mais il considérait cela comme une des plus belles choses qu'il ait vu dans l'univers. Et alors que cette admiration s'effaçait, le regret de ne jamais avoir fait comprendre à Rory que même lui était scotché par cette attente naissait pour mourir dans l'œuf. "C'est pas l'heure" River. Les émotions lorsqu'il avait comprit qui elle était après l'enlèvement de Melody. Après son enlèvement... Elles disparaissaient. Le Docteur pouvait mettre des mots dessus, il saurait dire, après, comment il se sentait. Mais les souvenirs et les sensations ne s'associeraient plus dans son esprit. "Qui sait? Qui... sait?" Le conservateur. Qui était-il? Le mystère, la surprise, la curiosité. Le soulagement d'apprendre que Gallifrey n'était pas tombée. Tout s'envolait. Le souvenir perdait toute sa saveur. "Bonne nuit". Les derniers mots qu'il avait entendu. Amelia Pond. Son nom résonnait dans son esprit, et des souvenirs revenaient. Des souvenirs "J'en ai des tonnes, de souvenirs!" ; "J'ai vu des choses que tu ne pourras jamais imaginer! J'ai perdu des choses que tu ne pourras jamais comprendre!" Akhaten. Les anneaux. Les souvenirs et la feuille. La beauté du geste de Clara. Tout disparaissait. Il était le témoin muet de sa propre vie. "Amelia!" Dans le Tardis, cette petite fille qui courait. Et cette femme si incroyable. Et ce sentiment. Ce si beau sentiment. Il ne devait pas le perdre. "Amelia!" Il ne savait pas ce que c'était. De l'amour? De l'amitié? De la complicité? Il n'avait jamais réussi à mettre des mots sur cela. "Amelia..." Certaines choses survivaient à une régénération. Les horreurs qu'il pensait avoir commises durant la Guerre. L'amour pour Rose. "Amelia..." Il fallait que cela survive. "Amelia..." La personnalité était partie. Le Docteur s'effaçait. Les souvenirs mouraient, pour revenir plus tard, mais sans jamais les même sensations.

Le noir total s'était fait. Plus de pensées. Plus de réflexions. Plus de souvenirs. Plus de sensations. Plus rien. À partir de ce moment, le 11ème Docteur était mort. Et en cet instant précis, le Docteur n'existait plus.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Il rouvrit les yeux. Il se souvenait de ce moment. Mais il ne ressentait plus. Il ne ressentait plus les sentiments liés à ces souvenirs, ni même la frustration liée à ces instants où l'on ne pouvait rien faire d'autre que de souffrir moralement. Il se souvenait par contre parfaitement de la souffrance qu'il avait ressentie ensuite. Le noir et l'absence de sensations qui est remplacé d'un seul coup par tout un corps qui redémarre en trombe, un cerveau nouveau qui tente de s'adapter à une enveloppe nouvelle. L'enfer sensitif après le calme funèbre de la mort. Il n'avait pas crié cette fois-ci. Il avait résisté. Mais la douleur existait bel et bien.

 

Il se retourna pour faire face à Witnink. Son regard était culpabilisant. Parce que le scientifique faisait des recherches sur la Régénération sans savoir de quoi il en retournait vraiment. Et pourtant le Docteur n'était pas un très grand sentimental désormais. Il avait une approche technique, théorique... Il était plutôt du genre à penser comme Witnink, à dire qu'il savait qu'il y avait un sacrifice, et qu'il était grand... Mais sans savoir ce que l'on ressentait réellement au moment précis. Pourtant, sur ce sujet, qui le concernait directement et personnellement, il avait une approche intuitive... Sentimentale?

Il n'en restait que Witnink n'était plus aussi sympathique à ses yeux. Depuis que la régénération lui était revenue en mémoire.

 

« Docteur, comprenez que vous pouvez nous aider, commença Witnink. Avec certaines de vos cellules, nous pourrions comprendre comment fonctionne le processus de Régénération. Il suffirait juste de quelques prélèvements, dans l'intérêt de la science.

- Vraiment? Avec mes cellules vous pourriez réussir?

- Oui, nous pourrions finir l'algorithme avant la fin de la journée.

- La fin de la journée? Si rapidement?

- Docteur, nous sommes de grands scientifiques. Je ne dis pas cela pour me vanter, loin de là. Je pense sincèrement que vous êtes bien plus brillant que n'importe lequel d'entre nous.

- Je suis bien plus brillant que vous, c'est vrai.

- Et plus narcissique, observa Rotiart.

 

Witnink soupira face au cynisme de son assistant, mais le Docteur ne releva pas la remarque du scientifique, puisqu'il la considérait en grande partie comme vraie et fondée. Il était en effet narcissique et assez condescendant désormais. Mais il préférait se considérer comme plus honnête et moins "politiquement correct". Il avait toujours été brillant et intelligent, de toute façon. Il faisait son modeste, mais c'était comme se rabaisser lui-même selon ce nouveau Docteur...

 

- Alors Docteur? s'impatienta Witnink.

- Hmm?

- Quelle est votre réponse? Je vous ai exposé la situation, je vous ai expliqué le but de nos recherches.

- C'est vrai.

- Vous devez donc décider.

 

Le Docteur réfléchissait. L'homme qui lui parlait dirigeait le laboratoire. Il était donc au courant pour les particules d'énergies. Il savait d'où elles provenaient, et il avait vu la dictature sur Qatros. Il avait essayé de ne pas mettre cette histoire sur le tapis, pour voir comment allait agir Witnink. Il avait eu le résultat. Maintenant il fallait décider, en effet. Aider un homme qui promettait que ses recherches aideraient la Justice? Où est le problème? Celui-ci apparaît lorsque l'on pense au fait que l'homme a profité d'une dictature, et l'a même aidée, pour avancer dans lesdites recherches. Rien, même ne prouvait au Docteur que ce qu'il promettait était vrai. Mais en même temps, le Docteur, jusque là, avait joué le jeu du scientifique. S'il continuait, peut-être en découvrirait-il plus... Curiosité ou prudence? Telle était la question.

 

- Docteur! cria Witnink.

- Oui?

- Vous allez bien? On dirait que vous êtes un peu perdu, parfois.

- Non, non. Tout va parfaitement bien.

 

Bien entendu, il mentait. Il allait devoir décider, et il est toujours difficile de décider.

 

- Dans ce cas, Docteur, choisissez. Quelle est votre réponse? Allez-vous nous aider? »

 

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