Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 6 : Le Bâtard du Temps [Partie 2]

5349 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:26

« Je refuse.

- Pardon? s'exclama Witnink.

- Comprenez que je puisse douter de ce que vous dîtes. La Régénération est un pouvoir énorme sur la vie. Rien ne m'assure que vous allez vraiment l'utiliser à bon escient, et même si vous tentiez de le faire, il y aura sûrement des dérives. Je refuse de participer à tout ça tant que je n'aie pas l'assurance de votre honnêteté.

- Comment ça?

- Et bien, je ne sais pas grand chose de vous, de la Fédération Andromédienne, de cette planète, des politiques scientifiques...etc. Je dois me faire une opinion moi-même avant de prendre une décision de ce genre.

 

Le visage de Witnink était figé dans un air ébahi et légèrement contrarié. Le Docteur se forçait presque à ne pas en rire, tant le scientifique était, à ses yeux, pathétique.

 

- Et bien c'est... C'est tout à votre honneur, bafouilla-t-il.

- Vraiment? Vous sonnez un peu faux en disant ça.

- La déception, Docteur. J'ai fait preuve d'impatience, me voilà puni. Vous savez, j'ai consacré toute ma vie à ces recherches. Lorsque le résultat final est à porté de main, lorsqu'une occasion pareille se présente... Difficile de résister à la tentation d'aller trop vite.

- Je vous crois.

- Mais bref! Ce refus ne me contrarie pas tant que ça, puisqu'il est temporaire, à ce que vous dîtes. En attendant, je vous invite à rester dans le complexe autant de temps que vous le voulez. De plus, vous pourrez m'aider dans des expériences totalement différentes, Docteur. Profitez-en tous. Vous êtes mes invités.

- Nous en profiterons, ne vous inquiétez pas. »

 

Le Bâtard du Temps

Partie 2

[http://img11.hostingpics.net/pics/984478LeBtardduTemps2.jpg]

 

Le trio marchait assez rapidement dans un couloir, qui menait à une cour intérieur au complexe (en même temps... aucune cour n'était à l'extérieur du complexe). Cela faisait quelques minutes qu'ils marchaient sans but précis, à la même allure.

 

« On pourrait peut-être s'arrêter pour souffler, non? remarqua Jonas.

- Vous avez assez de respiration pour parler, donc non. Mais arrêtons-nous!

 

L'ordre surprit un peu les jeunes gens, mais ils ne se firent pas prier pour s'immobiliser à la seconde même.

 

- J'ai besoin de vous.

- Pour une fois... murmura Clara.

- Qu'est-ce que vous dîtes?

- Non, rien. Vous avez besoin de nous pour faire quoi?

- Une enquête!

- Une enquête? répéta Jonas

- Oui. Une enquête. Sur Witnink et sur les particules. Cherchez des infos sur ce scientifique, sur ce que les gens en pensent...etc. Et essayez aussi de trouver le plus d'informations possibles sur les vaisseaux qui ramènent les particules temporelles: qui réceptionne tout ça, à quoi elles servent...etc.

- OK! opinèrent les deux compagnons au même moment.

- Mais vous, qu'est-ce que vous allez faire? demanda Jonas.

- Je vais m'informer moi-même sur cette Fédération Andromédienne, et toutes les politiques scientifiques. Je suppose que c'est pas votre tasse de thé. Allez, on se retrouve à la réception à la fin de la journée!

- Mais attendez, elle dure combien de temps la journ... »

 

Clara n'acheva même pas sa phrase, le Docteur était déjà parti à toute vitesse...

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

[Musique facultative à écouter jusqu'aux ΘΣ: http://www.youtube.com/watch?v=kt8Lb5wJ35A]

 

Le bar-restaurant-cafétéria "Joker" était situé au nord du complexe de laboratoires, et était fréquenté par de nombreux scientifiques, jeunes pour la plupart, les plus âgés préférant le "Kango", situé plus près des laboratoires importants où ils travaillaient, demandant donc moins de marche.

Clara et Jonas avaient réussi à réunir quelques conseils sur la façon de trouver les informations qu'ils recherchaient. Le "Joker" était une mine d'informations sur tout le monde, que ce soit sous forme de rumeurs, d'informations plus ou moins vraies ou d'affirmations appuyées par des preuves parfois... compromettantes.

La salle était très spacieuse, et de forme rectangulaire. Au centre d'un des cotés de la largeur, un bar semi-circulaire en bois était entouré de tabourets. Sur les murs de la pièce, des tableaux montrant des fonctions mathématiques ou des tableaux périodiques des éléments artistiques surplombaient des canapés rouges sur lesquels des jeunes étaient assis et mangeaient sur des tables rectangulaires de bois verni et lisse. Le reste de la cafétéria, c'est à dire l'espace principal, au centre, était occupé par de nombreuses tables circulaires, plus ou moins grandes, entourées de chaises, qui pouvaient accueillir de deux à huit personnes.

Clara et Jonas étaient assis sur un canapé, dans l'un des angles du mur opposé au comptoir. Ils regardaient au loin un jeune homme qui leur tournait le dos, assis sur un tabouret du bar, qui buvait et discutait avec le barman. Quant à eux deux, ils sirotaient un jus de Patastèque (se demandant bien ce que c'était...) en réfléchissant un peu.

 

« Bon, la fille nous a dit que ce gars a pleins d'infos sur les scientifiques, rappela Clara.

- Ouais, enfin, vu l'état bizarre dans lequel était la fille, je ferais pas trop attention à ce qu'elle a dit, moi.

- Rooh! Elle a dit que son corps étaient en retard sur son cerveau, et que les vapeurs qu'elle avait absorbée étaient déjà parties depuis longtemps... Enfin bref, on fait comment?

- Comment quoi?

- Ben, comment on fait pour qu'il nous donne les informations? On va pas lui demander comme ça!

- Ben, pourquoi pas? objecta Jonas. Après tout, c'est plus rapide.

- T'es pas bien dans ta tête toi. Il faut installer une relation de confiance avant... Attends, laisse-moi faire.

- Te laisser faire quoi?

- Je vais tenter un truc, lança-t-elle en se levant. Reste ici, toi. Pas bouger! »

 

Elle s'éloigna rapidement du canapé, et se dirigea vers le jeune homme assis au comptoir. Elle allait tenter le tout pour le tout, pensait-elle. Elle s'assit sur le tabouret à sa gauche lorsqu'il eut fini sa conversation, et se lança:

 

« Salut!

- Euh... Salut.

 

Il semblait assez surpris de voir une fille débarquer juste à coté de lui, comme ça, au beau milieu du bar... Clara le détailla, et ne put s'empêcher de trouver qu'il était assez mignon. Il était svelte, pas trop musclé, mais c'était surtout son visage qui le rendait séduisant. Arrondi, pas trop grand ni trop petit, jeune... Sa bouche, petite, et ses lèvres minces étaient entourées par un collier de barbe parfaitement rasé. Ses pommettes étaient rondes et roses, et son nez semblait s'adapter parfaitement à son visage. Au-dessus de tout cela, il y avait les yeux: petits, couleur noisette, avec cette étincelle de vie et de curiosité à l'intérieur. Enfin, son front était à moitié recouvert par quelques mèches rebelles qui venaient de ses longs cheveux châtains à peine coiffés. Un beau gosse, pensait Clara. L'idée qu'elle avait en venant le rejoindre était donc loin d'être vouée à l'échec. Elle allait tenter de le séduire.

 

- T'es... T'es nouvelle? Je t'ai jamais vue ici.

- Ouais, je suis avec le stage des universitaires.

 

Elle se souvenait avoir entendu parlé d'universitaires du campus qui se trouvaient dans le complexe des laboratoires pour des stages d'immersions. Autant profiter de ces quelques souvenirs.

 

- Oh, je vois. Vous avez le droit de venir ici?

- Ouais, on a quartier libre. Et j'adore être libre, en plus. C'est toujours bien, de pouvoir se balader partout. Explorer. Découvrir des... lieux inédits.

 

Et en disant cela, elle faisait un sourire qu'elle essayait de rendre le plus malicieux possible. Elle avait ramené sa main sur son cou, et l'avait fait passé dans son col, de sorte que ses doigts se trouvaient désormais en train d'explorer sa... poitrine. Elle avait baissé sa tête sur son poignet, pour accentuer l'air espiègle. Le jeune homme semblait légèrement troublé par ce spectacle, mais pas plus que ça.

 

- C'est quoi ton nom? demanda-t-il.

- Clara, répondit la jeune fille en souriant intérieurement (elle ne pouvait pas sourire plus qu'elle ne le faisait déjà), pensant que ça commençait bien. Et toi?

- Peter. Peter Lird.

- Et, ça fait longtemps que tu travaille ici, Peter Lird?

 

En posant sa question, avec un ton légèrement langoureux, elle sortit sa main de ses vêtements et tendit son bras sur le comptoir, comme pour réduire la distance. Mais le scientifique semblait n'en avoir rien à faire, et soutenait le regard de Clara.

 

- Une dizaine d'années... Dis-moi, t'as quel âge? Parce que tu fais un peu jeune pour une élève du campus.

- Oh, j'ai 23 ans, menti Clara.

- Waw! Je... Je crois que je t'en aurais donné 30 moi.

- Pardon?

 

Puis elle se rappela que la longévité avait grandement augmentée ici. Le vieillissement du corps devait donc être ralenti.

 

- Non mais je plaisantais, sur mon âge. J'ai 33 ans, bien sûr... Et toi? Parce que... t'as l'air vraiment super jeune, et plutôt mign...

- 47 ans, coupa Peter.

- Ah... Je vois.

 

Elle rapprocha alors son tabouret de celui du quadragénaire, et se pencha vers lui, approchant sa main du genou de sa "cible".

 

- Dit moi, Peter... C'est quoi ton truc? La chimie ou la... physique?

- Ouais, écoute, t'es un peu lourde, là.

- Quoi? s'exclama-t-elle en se redressant sur son siège et en ramenant sa main vers elle.

- Je suis pas aveugle, je vois bien que tu tentes de me draguer. Et je suis assez sympa pour pas jouer ton jeu. Tu n'es pas du tout mon genre.

- Ah bon? Mais attends, y a un truc qui va pas chez moi?

- Eh, jeune Clara, ne te complexe pas trop là, c'est pas ta faute. Je connais plein de gens qu'aimeraient bien être à ma place là. Enfin, quelques gens... Je crois.

- Super sympa, merci... railla-t-elle en croisant les bras. Et c'est quoi ton genre?

- Ben tu vois, le problème avec toi, c'est que t'es... une fille.

- Eh, espèce de macho misogyne et sexiste!

- Bon, premièrement ça veut dire la même chose, et deuxièmement, c'était pas exactement ce que j'essayais de te faire comprendre en te disant ça.

- Oh... fit Clara, faisant mine qu'elle comprenait.

 

Mais lorsqu'elle eut comprit, elle lâcha un deuxième "Oh!" bien plus frustré et presque dégouté. Elle se leva brusquement et repartit vers le canapé, sous le sourire amusé de Peter, qui revint rapidement à son verre.

 

- Alors? demanda Jonas alors que Clara s'asseyait sur le canapé en croisant les bras.

- Il est gay! répondit-elle avec une mine frustrée et renfrognée.

- De quoi?

- Il préfère les mecs quoi! Tu vas pas me dire que ça existait pas, ça, sur ta planète.

- Euh... Si. Je connaissait des résistants, comme ça.

- Ben tu vois le problème. J'ai essayé de le draguer, mais même avec mon charme, j'aurais pas pu réussir.

- T'es sûr que c'est pas plutôt parce que tu sais pas séduire les... Ouch!

 

Clara l'avait coupé en lui enfonçant son coude dans le ventre, lui coupant ainsi la respiration.

 

- Je-sais-séduire-les-mecs! murmura-t-elle en détachant chaque mot. C'est juste que lui aussi, en fait. Donc tu vois, ça pouvait pas marcher. Il doit plutôt préférer les types comme t...

 

Sa phrase resta en suspend dans sa bouche. Elle se tourna vers Jonas, et un sourire espiègle s'afficha sur son visage. Le jeune homme prit quelques secondes pour comprendre sa signification, mais lorsque cela fut fait, il réagit d'un coup.

 

- Non.

- Allez, s'il te plait! Faut absolument qu'on ait les informations.

- Oui mais non! Je peux pas aller faire ça! Je sais pas comment...

- Allez, c'est facile! Si t'es gêné, en plus, t'auras l'air super mignon.

- Mais je peux pas... Attends, tu me trouve mignon?

- Ne vas pas chercher des interprétations foireuses à ce que je dis, c'est clair?

- Très clair. Mais je peux pas...

- Tais-toi et fait le! Le Docteur a besoin de ces infos! Allez, ordre du médecin! dit-elle en le forçant à se lever et en le poussant légèrement pour l'obliger à aller vers le comptoir.

- Mais je fais comment?

- Je sais pas moi! Fait des sous-entendus bizarres! »

 

Le jeune homme soupira, et se dirigea alors vers le comptoir avec appréhension. Il décida de s'assoir à droite de Lird, et n'engagea pas tout de suite la conversation. Il commanda une boisson alcoolisée au Barman, et glissa quelques regards furtifs en direction de Peter, sans savoir s'il le faisait pour jouer le jeu du type séduit ou juste pour voir ce qui l'attendait. Le jeune scientifique le remarqua assez rapidement, et apostropha Jonas en préparant tout de suite son propre sourire charmeur et espiègle.

 

« Salut toi.

- S... Salut, répondit le compagnon, gêné.

- On est en milieu de journée, et tu prends de l'alcool... Déception amoureuse?

- Mouais... Pas pour moi. Une fille a essayé de... fin bref, elle était assez...

- Lourde?

- Ouais... C'est...C 'est ça! admit-il. Une fille assez lourde. Et superficielle.

- Ouais, mais elles sont toutes comme ça. Tu préfère les gens profonds, c'est ça hein?

- Ouais... C'est... La profondeur, c'est bien, bafouilla Jonas.

- Prends pas d'alcool alors. C'est pour les pauvres types. T'es pas un pauvre type toi. T'en a marre de l'idiotie de certains, enfin, de certaines.

- Ouais, c'est ça. Mais je... je prends quoi alors?

- Prend du Marghian.

- Euh, c'est quoi?

 

Peter lui fit signe de se taire, et commanda deux verres de Marghian au barman, qui sourit en voyant la jeune cible de son client préféré.

 

- Tu vas voir, c'est vraiment génial le Marghian. C'est rafraichissant, ça te donne le bonheur quoi. Boire un Marghian, c'est le plaisir absolu. Et puis lorsque c'est dans ton corps, le Marghian, ça... Le truc, ça bouge dans ton corps. Tu sais pas ce que ça fait dans tes organes, mais tu vois ça... ça rentre et ça sort, tu vois?

- Oh, oui... Je... Je vois.

- Bon, au début ça fait bizarre, mais on s'y habitue très vite, et crois moi... ça fait vraiment du bien, murmura-t-il avec un sourire aussi espiègle que charmeur.

- Oh oui... Je... J'ai déjà... déjà vécu ce genre de truc, répondit Jonas en tentant un sourire complice, à moitié raté.

 

Les deux verres, remplis d'une eau légèrement blanchâtre, avaient été posés devant les deux jeunes, et Peter en prit un, et fit signe à Jonas de prendre l'autre. Il dressa alors son verre devant lui, comme pour porter un toast.

 

- À ta santé... euh, c'est quoi ton nom, déjà?

- Jonas. Et... et toi?

- Peter. Alors à ta santé, Jonas.

 

Puis, ils avalèrent tous deux leur verre en quelques gorgées. Le Marghian avait un goût assez sucré et frais, avec une touche de sel et de quelques autres parfums que Jonas ne connaissait pas.

 

- Dis-moi... T'es avec les autres de l'université, non? En stage.

- Ouais... Je suis stagiaire. Un jeune... jeune stagiaire.

- Oh... Intéressant. Un stage d'immersion, je crois. Savoir comment ça se passe, gagner en expérience, en autonomie. Apprendre de nouveaux... trucs.

- Ouais, c'est ça. J'ai envie... ben, d'apprendre. Besoin.

- Besoin d'apprendre, hein? Compte sur moi, alors. Jonas.

- OK... Euh... faut... Que j'y... Que j'y aille parce que... j'ai un pote. Il sait pas que j'suis là et... 'fin, j'veux dire.

- Tu veux pas qu'il sache que t'es venu boire un verre, c'est ça? T'inquiète, il saura rien. Mais bon, si tu veux des... cours supplémentaires... Je serai devant le labo B9 dans trois heures. Je crois que ça coïncide avec ton stage, jeune homme.

- Euh... Ouais, ça sera... Parfait.

- On reprendra un peu de Marghian...

- Euh... ouais, ouais. J'y vais, hein. À tout à l'heure! »

 

Jonas s'éloigna assez rapidement du comptoir, encore à moitié choqué, et Clara le rattrapa quelques secondes plus tard alors qu'ils marchait dans le couloir. En entendant son résumé de sa rencontre avec Peter, elle ne put s'empêcher de rigoler. Et lui-même avait du mal à ne pas esquisser un sourire.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Peter Lird attendait devant le laboratoire B9, et lisait un rapport d'expérience. Il avait beau n'avoir que quarante-sept ans, il avait des responsabilités... Séduisant, intelligent, homme à responsabilité... Il se considérait parfois comme tout bonnement parfait, mais gardait en tête qu'il y aurait toujours quelqu'un de plus fort que lui dans n'importe quel domaine, surtout dans les scientifiques, vu l'endroit où il travaillait.

Le couloir dans lequel il se trouvait était presque vide, à l'exception des robots de ménage, et de deux ou trois scientifiques qui se dirigeaient vers des laboratoires. Le jeune Jonas fut facile à apercevoir de loin. Toujours habillé aussi bizarrement, avec son gilet en cuir bourré de poches... C'était un détail qui avait beaucoup intrigué Lird lors de sa petite partie de séduction: il aimait bien les gens bizarres et étranges.

 

« Salut mon mignon! lança-t-il sans quitter son rapport des yeux.

- Euh... Salut.

- Alors, on a des choses à apprendre, non?

 

Il a abandonna la lecture de son rapport, et se tourna vers Jonas, s'approchant de lui.

 

- Euh... Tiens, j'ai rencontré le profess...

- On s'en fiche! J'en vois assez des professeurs moi.

- J'ai vu Witnink!

 

Peter s'immobilisa tout de suite et stoppa son début de flirt. Il admirait Witnink. Réellement. Non pas une admiration sentimentale, mais une admiration professionnelle. Il avait beau faire son dragueur, son libertin, son "je-sais-pleins-de-trucs-sur-tout-le-monde", il n'en restait pas moins un scientifique dans l'âme. Et Witnink était presque un dieu vivant pour lui, et pour nombre de ses amis et collègues.

 

- Tu l'as trouvé comment? J'veux dire, pas physiquement, mais au niveau scientifique?

- Il est incroyable, sérieux! Il... Il est tellement intelligent, tellement passionné par ce qu'il fait!

- C'est un peu notre modèle à tous, malgré...

- Malgré quoi?

- Non, rien.

- Si, il y a bien quelque chose... Allez, malgré quoi?

 

Jonas essaya d'avoir une expression à la fois curieuse et suppliante (ce qui était loin d'être facile), mais en entendant le soupir de Peter, il comprit qu'il avait réussi son coup.

 

- Bon, tu sais, il y a pas mal de trucs qu'on dit sur lui.

- Comme?

- Et bien, tu vois, il avait une femme, à une époque. Ils se sont séparés il y a une trentaine d'années, je crois. Mais c'était à cause de Witnink, à ce qu'on dit. Il était un peu... rude, quoi. Violent même. Mais j'ai jamais vraiment cru à ces histoires là.

- Ces histoires là? Parce qu'il y en a d'autres?

- Oui, admit Peter. Il y a d'autres trucs bizarres. Tu sais, il travaille sur un grand nombre d'expériences à la fois, et on est presque sûr qu'il prend des... des trucs quoi, pour rester éveillé, pour garder la forme. De la drogue et d'autres machins dans le genre. Et depuis des années. En plus, il est vieux, alors... Ben, ça lui réussit plus trop, quoi.

- Il est mourant?

- Non, mais malade, ça, j'en suis sûr. Et avec ces travaux sur la régénération, qui sait ce qu'il va faire... Et puis, il y a les fonds, aussi.

- Les fonds?

- Ouais, l'argent pour les recherches. Il en obtient beaucoup, presque trop... de la Fédération, de la planète, de donateurs...etc. Mais c'est vraiment étrange que le gouvernement ait accepté de financer un homme qui veut utiliser ses recherches uniquement pour la justice, tu vois.

- Il sont plus à la recherche du profit... Argent, gloire et pouvoir quoi. C'est ça?

- Exactement. Donc certains doutent beaucoup sur ses vraies intentions. Mais bon, ça reste quand même un vrai et grand scientifique, n'oublie surtout pas ça! Ni toi ni moi ne réussirons jamais à l'égaler.

- Ouais, c'est sûr.

 

Peter détaillait Jonas. Il avait réussi à détourner la conversation, le petit. Mais ça n'allait pas se passer comme ça. Quand Lird voulait quelque chose, il l'obtenait. Et là, il savait exactement ce qu'il voulait.

 

- Tes réponses sont bien courtes, Jonas. Quel manque de vocabulaire et d'imagination pour un scientifique... Je crois que je vais devoir sévir! murmura-t-il avec un sourire légèrement pervers.

- Euh, attends, mais...

 

Le voyageur temporel fut coupé par un bruit énorme venant du plafond. Les murs tremblaient même légèrement, et Peter regarda autour de lui avec une forte appréhension. Une dizaine de secondes plus tard, le bruit s'éloigna et les tremblements cessèrent.

 

- C'était... C'était quoi ça? s'inquiéta Jonas.

- T'es sensé le savoir, non? T'es au campus de l'institut! C'était un vaisseau.

- Mais ils passent pas si près d'habitude, non?

- Non, c'est vrai. Mais parfois, lorsqu'ils ont des problèmes... Ils frôlent involontairement le complexe, et tous leurs engins de gravitations, et les souffles de chaleurs... Bref, ça fait trembler les bâtiments! Ces inconscients ont parfois gâché des expériences à cause de leurs idioties!

- Les vaisseaux... Ah! Ceux du complexe, justement...

- Quoi, ceux du complexe?

- Et bien... Ceux qui amènent des engins, des échantillons...etc, ici... Qui s'en occupe?

- Les scientifiques. Les scientifiques qui font des expériences sur les échantillons qu'on leur envoie. C'est une règle ici: on n'utilise pas de subalterne ou de coursier pour s'occuper de nos "commandes". Lorsqu'on doit récupérer quelque chose dans un vaisseau, quelque chose qui concerne une de nos expériences, alors on y va nous même. Tiens, pour Witnink, par exemple, lorsqu'il reçoit quelque chose, c'est lui, ou souvent un de ses assistants, qui va réceptionner tout, et qui organise les voyages depuis l'institut. Mais quand ce sont les assistants, ils sont forcément sur l'expérience concernée.

- OK...

 

Derrière Peter, la porte métallique du laboratoire B9 s'ouvrit, et un homme étrange à la peau verte sortit sa tête dans le couloir et appela le scientifique.

 

- Eh, Peter! Arrête de draguer les étudiants, et vient! On a un problème à cause des autres débiles de l'espace, là!

- OK, j'arrive tout de suite, répondit Lird avant de se retourner vers le voyageur temporel. Bon ben, pas de chance pour toi, Jonas... On voit ça une autre fois.

- Ouais, pas de chance, hein... Euh... Une autre fois, si... Le stage va bientôt se terminer donc...

- Bon, désolé, le devoir m'appelle! Bye!

- Bye! lança Jonas avec un sourire forcé. »

 

Enfin, lorsque Peter eut disparu dans la pièce d'à coté, Jonas put abandonner ce sourire, et soupirer longuement, se répétant dans sa tête qu'il l'avait échappé belle. Et alors que la quasi-totalité des scientifiques de l'institut devait maudire ce vaisseau, Jonas, au contraire, bénissait les vivantes étoiles de l'avoir fait passer au-dessus. Parce qu'en plus d'avoir évité une situation qui lui aurait été particulièrement... gênante, il avait aussi réussi à découvrir qui s'occupait des transport des particules. Ou du moins, il savait comment le découvrir. Il lui fallait juste avertir Clara.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur marchait dans les couloirs. Il réfléchissait, se demandait ce qu'il advenait de ses deux compagnons de route, et surtout, de cette histoire de régénération. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils avaient rencontré Witnink, mais un certain mystère planait encore sur les particules et sur la régénération.

Ce que voulait savoir le Seigneur du Temps, c'était si Witnink était capable d'aider une dictature dans le simple but d'obtenir des particules du vortex, alors que n'importe quelle étoile massive aurait pu faire l'affaire pour les obtenir. Il y avait définitivement quelque chose d'étrange dans cette histoire. Et il savait comment trouver les réponses à ses questions.

 

Il déverrouilla une porte, avec son tournevis sonique, et entra dans un laboratoire. Son entrée ne surprit personne, les scientifiques ayant oublié que les portes étaient verrouillées tant la procédure était devenue habituelle.

Le Docteur se trouvait dans une très longue salle remplie de fils, d'ordinateurs, d'écrans, de tubes, de processeurs, de bandes et d'autres systèmes électroniques complexes. Il se trouvait dans les entrailles du "Régénérateur" de Witnink, et celui-ci se tenait d'ailleurs au milieu de plusieurs ordinateurs, en train de coordonner plusieurs scientifiques. Lorsqu'il aperçu le Seigneur du Temps, il laissa un de ses assistant prendre sa place, et s'enquit de la raison de la présence du Docteur ici.

 

« Ce vaisseau a du troubler beaucoup d'expériences, je me doutait que vous seriez ici, professeur, expliqua-t-il.

- Certes, vous avez raison Docteur. Mais pourquoi vouloir venir me voir? Vous vous inquiétiez pour moi ou pour mes expériences? Si c'est le cas, sachez que j'en suis flatté.

- Pas exactement, professeur Witnink. En réalité, je suis venu pour vous faire part de mon choix définitif quant à votre expérience.

- Ah... Intéressant. Que décidez-vous donc?

 

Le Docteur inspira lentement, puis décida de donner enfin sa réponse. Les dés étaient jetés, après tout.

 

- J'accepte de vous aider, et de vous offrir des cellules de mon corps. »

 

[http://img11.hostingpics.net/pics/771268LeBtardduTemps2fin.jpg]

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