Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 8 : Le Bâtard du Temps [Partie 4]

6448 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:59

L'énergie entrait dans le corps de Jonas par les boucles métalliques. Le Docteur et Clara se débattaient, mais les gardes les tenaient fermement. Les bras de Jonas commençaient à s'illuminer, et le Régénérateur lançait des grognements et des sifflements en entamant le processus. Le jeune homme emprisonné criait sa douleur et sa haine, il se débattait, mais ses bras étaient bien immobilisés. Sa tête, par contre, se secouait dans tout les sens et frappait le "mur" derrière elle. Il s'en saignait presque les tempes, et ne se fatiguait pas, l'énergie nourrissant ses muscles. Et devant lui, dans la pièce, les scientifiques admiraient le spectacle. Rotiart souriait, plein de fierté et de joie.

 

Et au milieu de cet enfer de cris, de regards, de débattements et de sourires, la porte métallique située sur le niveau surélevé, qui faisait face au Régénérateur et à Jonas, s'ouvrit.

Lorsque Peter Lird pénétra dans le laboratoire, il ne s'attendait pas du tout à voir ce spectacle. Il venait pour faire état des dommages causés dans certains laboratoires au Professeur Witnink, qui dirigeait l'institut. Et que vit-il à la place? Le jeune étudiant qu'il avait dragué au "Joker" prêt à se faire régénérer, la dragueuse lourde et superficielle immobilisée par un garde, ainsi que Witnink et un homme qu'il ne connaissait pas. Des scientifiques étaient menacés par des hommes en arme. Et juste à la droite du jeune scientifique, il y avait Rotiart, qui souriait en voyant ce qui se passait devant lui. Tout cela n'était pas possible. Tout cela n'était pas légal. Et le sourire presque sadique de Rotiart n'arrangeait rien.

Il fallut moins de trois secondes à Peter pour faire ces observations et les déductions logiques qui en découlaient. Et en un instant, il décida d'intervenir.

 

Rotiart avait entendu le bruit de la porte, et celui-ci le surprit un peu. Assez pour qu'il n'ait pas le temps de tourner totalement sa tête avant de se prendre le poing de Lird dans le visage. Il fut projeté à terre, et le jeune scientifique releva le levier de la console.

 

Le Régénérateur lança alors ce bruit si caractéristique des grosses machines qui sont stoppées durant leur course, cette plainte qui allait en decrescendo. La machine commença automatiquement l'évacuation de l'énergie par les boucles, ce qui allait prendre plusieurs dizaines de secondes....

Et alors que Jonas se rassurait d'un coup et remerciait les vivantes étoiles de lui avoir sauvé la vie, il poussa un cri de terreur en voyant ce qui se passait devant lui.

Rotiart prit plusieurs secondes pour reprendre ses esprits, mais lorsqu'il les eut repris, sa première réaction fut de frapper violemment les jambes de son agresseur avec ses pieds. Peter s'écrasa par terre en lâchant un cri, tandis que, avec colère et rage, le scientifique traitre se relevait. Celui-ci attrapa un pistolet attaché à la ceinture d'un garde présent derrière lui, qui tenait en joue cinq scientifiques avec son fusil (et avec un autre garde). Et alors que Peter était à terre, Rotiart désactiva la sécurité de son arme et abattit le jeune homme sans aucune hésitation.

 

Le Bâtard du Temps

Partie 4

[http://img15.hostingpics.net/pics/433578LeBtardduTemps4.jpg]

 

Tout le monde était stupéfié par le geste. Même le Docteur. Mais celui-ci ne le fut pas très longtemps. Il reprit ses esprits assez rapidement et saisit l'opportunité qui s'offrait à lui. Il réussit à envoyer à dégager son bras pour envoyer un coup de coude dans le ventre du garde qui l'immobilisait, puis il lui attrapa son pistolet et frappa la tête de l'homme avec la crosse, pour l'assommer. Et il fit tout cela très rapidement.

Tout aussi rapidement, il tira sur le garde qui immobilisait Witnink. Un rayon rouge s'échappa du canon et frappa l'homme à l'épaule, sans faire de dégâts apparent sur son corps. Mais le gémissement de douleur et sa chute au sol montrait que l'arme avait fonctionné. Il se retourna alors pour tirer sur le garde qui immobilisait Clara. Celle-ci, dès qu'elle fut libre, se précipita sur celui qui s'était occupé de Jonas, et qui se trouvait juste à coté du Régénérateur. L'homme allait abattre le Docteur, à moins que le contraire ne se produise. Et elle ne voulait pas se retrouver au milieu d'un bain de sang. Elle frappa le garde au visage, et sa tête heurta le mur de la machine, sans l'endommager. Plus que six gardes.

 

Deux d'entre eux tenaient en joue un groupe de scientifiques contre un mur, à coté de Rotiart, deux autres faisaient la même chose mais sur le mur opposé, et les deux derniers étaient au niveau de la rampe métallique. Tous se trouvaient sur le niveau surélevé.

Et ils étaient tous surpris par les évènements qui venaient de se dérouler, et par leur rapidité, si bien que les scientifiques se jetèrent sur ceux qui les menaçaient. Des bruits de tirs et de cris s'ensuivirent. Il restait encore deux gardes au milieu, qui ne savaient pas trop où se tourner. Quand le Docteur attrapa le pied de l'un d'entre eux depuis le sous-niveau pour le tirer vers le bas, en l'assommant par la même occasion, le dernier tenta d'atteindre le Seigneur du Temps avec son arme, mais celui-ci s'était déjà déplacé. Il avait sorti son tournevis sonique de sa veste, et alors que le garde tentait un deuxième tir, le tournevis endommagea son fusil à distance. Moins d'une seconde après, il fit de même avec le pistolet que son attaquant portait à la ceinture, et le menaçait avec sa propre arme.

Un rayon frôla le garde et frappa le pistolet du Docteur, le projetant ainsi en l'air. Rotiart sauta la rampe pour foncer en direction du Seigneur du Temps, le pistolet à la main, mais quelqu'un lui sauta dessus par derrière.

Witnink s'était caché derrière la rampe lorsque les premiers tirs s'étaient déclaré. Sa peur était trop grande, il n'était pas un homme d'action. Mais sa rage venait de prendre le dessus. Et alors qu'il était étendu sur son ancien assistant et ami, qui avait eut le temps de se retourner pour lui faire face, il se déchaîna avec le peu de force qu'il possédait encore, et lui cria des insultes entrecoupées de coup de poings:

 

« Traître! Parjure! Félon! Déloyal serviteur... de la science! J'avais confiance... en vous! Comment avez-vous pu... oser!? »

 

Mais même s'il recevait des coups, Rotiart tenait bon. Witnink n'était pas très musclé, et sa rage n'empêchait pas le traître de tendre sa main vers l'extérieur pour rattraper son arme, qui avait glissé lors de sa chute. Le Docteur s'en aperçut trop tard, et alors qu'il allait frapper dans le pistolet avec son pied, pour l'éloigner de Rotiart, celui-ci avait eu le temps de l'attraper. Witnink fut coupé au milieu de son agression par un tir à bout portant dans l'abdomen. Il tomba sur le dos, à coté de Rotiart, tandis que celui-ci se releva et couru à toute vitesse en direction de la sortie.

 

Dans la pièce, tout était devenu calme. Les gardes étaient soit morts, soit hors d'état de nuire. Plusieurs scientifiques avaient été blessés, ou même tués, dans la bataille.

Le Docteur se précipita sur la console pour ouvrir la vitre du Régénérateur, et Clara ouvrit les boucles à la main, pour permettre à Jonas de sortir. Dès qu'il fut libre, celui-ci se précipita vers le corps de Peter, qui était encore vivant. Mais plus pour longtemps.

 

« Eh! Peter! Allez, ouvre les yeux! Purée, réponds!

 

Il secouait le corps du jeune scientifique, qui ouvrit lentement ses paupières. Il regarda Jonas et Clara, qui étaient agenouillés auprès de lui, et le Docteur, debout, en train de pianoter sur un ordinateur.

 

- Tiens... Le Jonas... Et la... fille lourde et su... superficielle, murmurait-il. Salut!

 

En disant cela, il souriait. Et les jeunes qui se trouvaient auprès de lui ne purent s'empêcher de sourire eux aussi. Plaisantin dans les pires moments, tel était Peter Lird.

 

- Alors comme ça... Rotiart a fait... une connerie?

- C'était un traître, mais on s'en fiche là! répondit Jonas. Faut que tu tienne, on vas t'aider.

- Non... Vous pouvez pas... Tu... T'as rien d'un étudiant... hein? Ni toi... ni ta copine...

- Non, on vient pas d'ici. Et on... on t'a menti, dans le bar. On avait juste besoin d'informations.

- Un espion? J'ai... dragué... un espion? Tiens je... voilà un truc... que j'aurais pu raconter... à mes... gosses. L'espion qui m'aimait...

- Non, on est pas des espions, tenta d'expliquer Clara. On voulait savoir... Rah, je suis obligé d'expliquer ça ici et maintenant?

- Non, la rassura Peter.

 

[Musique facultative à écouter jusqu'aux ΘΣ (et à répéter si besoin est) : http://musescore.com/user/174425/scores/176225]

 

Le Docteur venait de finir son travail sur l'ordinateur, et s'adressa alors à ses compagnons, qui étaient au bord des larmes.

 

- J'ai remis l'algorithme dans un mode "aléatoire"!

- Tiens, tu vois, on peut te sauver! s'exclama Jonas. T'entends Peter, on peut te sauver la vie!

- Non... Vous pouvez... pas. Mais merci de... t'inquiéter pour moi... T'es sûr que t'étais... vraiment pas... intéressé?

- Quoi? Mais non, non, je... Purée, je vais pas te laisser mourir alors qu'on peut te sauver!

- Me sauver? En me... transformant? En... changeant? Non... Surtout pas... Et puis...

- Bon sang, tu vas pas discuter! cria Clara.

- Si... Je... j'ai sauvé... la situation hein? En arrivant...

- Oui, oui tu nous as tous sauvés, répondit Jonas.

- Et... J'ai changé... l'histoire? Elle aurait... aurait été dif... différente si...

- Oui, les choses auraient été différentes.

- Alors je... je suis un... un héros?

- Oui, avoua Clara en souriant, et en commençant à pleurer. T'es un héros. Alors ne meurs pas.

- Au contraire... Les héros... c'est éphémère. Un héros, ça... ça dure pas longtemps. Laissez-moi mourir...

- Non, tu vas pas mourir! T'es jeune bon sang! T'as la vie devant toi! hurlait Jonas.

- Ouais... Je.. J'suis un scientifique... Quelques responsa... responsabilités... Mais rien d'autre. Même pas... chef de laboratoire...

- Ben tu vois! Faut que tu tiennes, que tu acceptes la régénération. Ou alors, on appelle des secours! Doit bien y avoir une infirmerie.

- Trop tard... pour ça...

- Mais tu vas pas abandonner ta vie comme ça! Tu l'as toi-même dit! sanglotait Clara. T'as encore pleins de choses à faire! T'es presque rien ici, non?

- Je suis... un héros? Non?

 

Cela laissait sans voix autant le Docteur que ses compagnons. Un héros. C'est ce qu'il était, c'est vrai. Sans son action, qui sait ce qui serait advenu des gens présents dans cette pièce?

 

- Je pourrais... jamais... faire mieux. Je suis un héros... Alors...

- S'il te plait... pleurait Clara, en sentant que la respiration du jeune homme venait à manquer.

- Laissez-moi... mourir... en héros.

 

Il lâcha un sourire. Ses yeux noisettes lancèrent leur petite étincelle de vie dans son ultime souffle. Puis cette étincelle disparut. Son regard tomba vers la terre, mais son sourire restait. Clara pleurait et sanglotait, et Jonas laissait couler quelques larmes sur son visage, en silence. Il n'était pas amoureux de Peter, non... Mais il avait vu mourir un héros, un héros qu'il connaissait. Qui était mort en lui sauvant la vie. Et il eut à peine la force de fermer les paupières du jeune scientifique.

 

- Docteur... murmurait quelqu'un d'autre. Docteur...

 

Le Seigneur du Temps se précipita vers Witnink, qui n'était pas encore mort, malgré la gravité de ses blessures.

 

- Thangan! Thangan Witnink! On va vous sauver, ne vous inquiétez pas.

- Non... Le jeune garçon... Lird... Il a... raison.

- Quoi?

- Pas... régénérer.

- Ne dîtes pas de bêtises! J'ai remis l'algorithme aléatoire! Je vous mets là-dedans et...

- Docteur... Je n'ai... jamais... voulu... ça.

- Je le sais très bien, c'est Rotiart le seul responsable. C'est lui qui a utilisé et détourné votre expérience.

- Non... Vous... ne comprenez... pas. Je n'ai... jamais voulu... la régénération. Pas... la mienne.

- Quoi?

- Je n'ai jamais... pensé... une seule fois... à l'utiliser... pour me sauver la vie.

- Je vous crois, mais là, c'est différent!

- Non... C'est toujours... pareil...

- On ne vous sauve qu'une fois! On détruira tout ce qui touche à votre expérience et...

- Justement! Ces recherches... c'était ma vie. Je ne peux plus... maintenant qu'il a... corrompu mon travail... Avec des... objectifs...

- Vous trouverez autre chose à faire. Vous êtes un génie, professeur! Je ne laisse pas un génie mourir.

- Docteur... Je sais le sacrifice que c'est... Je refuse. Et ce serait... tricher... d'en profiter.

- Non, ce serait légitime!

- Vous... êtes un... Seigneur du Temps... C'est votre... fardeau... Celui qui en... profite... une seule fois... sans le poids... que vous portez... N'en est pas un. C'est un... un bâtard du temps...

- Professeur, abandonnez vos considérations philosophiques bons sang! Vous méritez de vivre!

- Pourquoi... moi? Le jeune homme... Entre lui et... moi... Qui? Qui auriez-vous choisi?

 

Il montrait de sa tête le corps de Peter. Le visage du Docteur, qui était agenouillé auprès de Witnink, s'était assombri. La question le gênait beaucoup... Posée par un mourant qui plus est. Il savait qui il aurait choisi, mais pourtant, il se sentait mal en ayant cette considération dans son esprit.

 

- Il était un... un héros. Il avait raison. Il est... mort... en héros. Il a... choisi la... la mort définitive... à la mort... à... vos morts. Mais moi... J'ai fait ce choix il y a... longtemps.

- Professeur...

- Vous allez... faire exploser... ce laboratoire... et le... régénérateur, n'est-ce pas?

- Oui, admit le Docteur.

- Alors laissez-moi... brûler avec mon... œuvre. Celle... de ma vie. Je serais... déjà mort... à ce moment... Laissez mon corps... se mêler à ce pour quoi j'ai... j'ai tenu jusque là...

- Je ne peux pas... Je ne peux pas vous abandonner ici.

- Si, vous... vous le pouvez. Et j'ai encore... une dernière... chose...

- Quoi? Quoi donc? Je... Je ferais ce qu'il faut faire, si ce sont vos dernières volontés.

- Qu'on ne m'oublie pas.

- Pardon?

- C'est un ordre, Docteur. J'ai... j'ai des idéaux... depuis toujours. Rotiart les... trouvait... stupides. Mais j'y crois, encore... Que l'homme... Docteur... Que l'homme dont... le dernier acte... a été de suivre les... idéaux... qu'il s'était toujours imposé... Que cet homme là... On ne l'oublie pas.

- Votre dernier acte est de refuser de survivre. C'est ça, votre idéal? La mort?

- Non... Refuser de tricher avec la vie... dans un but... dans un but personnel. Lird est... mort en héros... Laissez-moi mourir... en homme fidèle à ses convictions... Laissez-moi... mourir... en... en honnête homme. »

 

Tels furent les derniers mots de Thangan Witnink. Le héros et l'honnête homme s'étaient éteints.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur se releva. Il fallait agir, maintenant. Les pleurs seraient pour plus tard. Rotiart était en train de fuir, et il n'avait pas tout révélé. Le Seigneur du Temps savait qu'il avait menti, et omis certain détails... Grave erreur de sa part.

 

« Clara, relevez-vous et effacez ces larmes. J'ai besoin de vous. Vous allez prendre l'ordinateur, je vais vous déverrouiller touts les verrous avec le tournevis, et vous allez supprimer TOUT ce qui concerne les expériences sur la Régénération. Vous, les scientifiques, essayez de vous faire à l'idée que votre dieu vivant est mort, et que certains de vos estimés collègues n'était que des traîtres, qui ont fuit avec leur "chef", Rotiart. Et surtout, allait détruire touts les documents papiers que vous avez sur ces expériences. Si l'un d'entre eux subsiste, vous connaissez les réactions que cela pourrait provoquer! Et vous Jonas, vous allez venir avec moi.

 

Le Docteur trottina jusqu'à un ordinateur, et passa son tournevis sur l'écran. Quelques secondes plus tard, le bourdonnement s'arrêta, et il se tourna vers Clara, qui avait essuyé quelques larmes et qui s'était déjà relevée.

 

- Plus aucun code ne vous ralentira dans votre exploration. Surtout, n'ayez aucune pitié dans vos suppressions. Tout doit disparaître, et pas d'envoi à la corbeille. Suppression pure et simple. Et vous, Jonas, relevez-vous. J'ai besoin de vous.

- Pour... pour quoi faire?

- Rattraper les traîtres. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le vaisseau de moyen-tonnage qu'utilisait Rotiart pour rapporter les particules avait déjà décollé, avec à son bord le traître et ses alliés scientifiques, ainsi que les quelques membres d'équipage.

Le vaisseau avait beau avoir une forme de baleine de quatre-vingt mètres de longs, en réalité, seuls cinquante mètres étaient habitables et explorables en temps normal. Le reste était occupé par les senseurs et radars à l'avant, et par les réacteurs à l'arrière. De plus, la coque cachait plusieurs armes qui n'était pas sur la faible liste des défenses que possédait le vaisseau lorsqu'on l'avait vendu.

L'énorme soute du vaisseau constituait plus de la moitié de la partie explorable: elle se situait au-dessus des couloirs, cuisines et autres quartiers d'équipage. Mais étrangement, elle n'était pas aussi grande et volumineuse que dans le modèle d'origine. En effet, une pièce supplémentaire avait été construire à l'intérieur, extrêmement longue. Une pièce qui abritait un second régénérateur.

 

La vitre venait de s'ouvrir. Un homme était accroché dans le module. Il était habillé en blanc, comme les scientifiques. Mais il n'avait plus rien d'un scientifique. Son visage était désormais fatigué, ses yeux pâles et sans vie semblaient supplier on-ne-sait-qui de faire on-ne-sait quoi... Un nouvel esclave pour Rotiart. Mais alors que deux autres de ces esclaves, parfaitement identiques, commençaient à déboucler leur nouveau semblable, une petite brise souffla dans la pièce. Un souffle presque chaud. Le souffle de quelqu'un. De quelque chose. Rotiart pensait que c'était son imagination, mais l'énorme respiration qu'il entendit alors le conforta dans cette idée. Et l'inquiéta. Une respiration forte, métallique, presque artificielle... Et derrière, lui vers le fond de la pièce, une forte lumière apparut et clignota. Une boîte bleue apparaissait et disparaissait, éblouissant les esclaves et le scientifique. Puis, la lumière disparut, et l'image de la cabine se fixa dans l'espace. Elle était bel est bien là. IL était bel et bien là.

Et il ouvrit la porte. Le Docteur sortit de son TARDIS, suivi du jeune Jonas, l'un avec sa chemise blanche et sa veste noire, l'autre avec son veston en cuir brun. Les deux avec une colère particulièrement visible sur leur visage.

En voyant le Docteur balancer son regard du scientifique à la machine, Rotiart décida de faire son fier.

 

« Je l'ai fait construire durant ces dernières années. J'avais de généreux donateurs pour me permettre ceci. Ce Régénérateur là évacue l'énergie et se refroidit bien plus rapidement que l'original, en plus.

- Des régénérations à la chaîne... devina le Docteur.

- Exactement. Tout mes chers "amis" scientifiques ont été transformés en esclave, voyez-vous. Vous arrivez trop tard pour m'arrêter. Ce vaisseau file à toute vitesse à travers l'espace, et mes plans sont parfaits. Vous ne pouvez plus rien faire. Et je connais votre réputation, Docteur. Vous ne me tueriez pas. Pas de sang froid.

- Mais moi si! s'exclama Jonas en sortant une arme de son gilet.

 

Il s'agissait d'un pistolet qui venait de sa planète. Un pistolet qu'il avait pris avec lui en acceptant de voyager avec le Docteur. Et il le pointait en direction de Rotiart.

 

- Jonas, ne faîtes pas ça, murmura le Docteur sans quitter le scientifique des yeux.

- Docteur... Il a tenté de me transformer en esclave, et il a tué un homme de sang-froid, un homme qui m'a sauvé la vie.

- De sang-froid? s'esclaffa Rotiart. J'étais dans le feu de l'action, mon pauvre enfant. En colère.

- Mais vous regrettez de l'avoir tué? demanda Jonas.

- Non. Il avait beau être un chercheur prometteur, il était de la même trempe que Witnink. De ceux qui ont de beaux idéaux et qui gâchent ainsi des projets fabuleux.

 

Le jeune homme serrait de plus en plus son arme entre ses deux mains. Son doigt était prêt à appuyer sur la détente. Mais Rotiart avait confiance en lui.

 

- Vous êtes jeune, mon garçon. Intelligent, comme vous nous l'avez montré, quoique moins intelligent que moi, mais jeune. Et lâche. Jamais vous n'oseriez...

- Je l'ai déjà fait! cria Jonas.

- Sur Progus? Pff... Rien de bien étonnant. Dans vos batailles pleines de barbaries et de...

- DE SANG-FROID! J'ai tué de sang-froid!

- Je confirme, remarqua tranquillement le Docteur.

- Vous semblez affolé rien qu'à l'idée de vous souvenir de ça... Je vois bien que vous n'oseriez jamais me tuer. M'abattre. Ce serait gâcher votre innocence.

- Je crois que je n'en ai plus, d'innocence.

- Si c'est ça votre problème, visez plutôt le Docteur. C'est lui qui est le responsable.

- Taisez-vous! criait Jonas. Taisez-vous!

- Mais allez-y, jeune homme. Tirez! Tirez! Vous n'en avez pas le courage, alors fuyez! Courez dans votre machine bleue et laissez-moi conquérir ma gala...AHH!

 

Jonas avait tiré. Une décharge électrique venait de frapper le scientifique traître au ventre, et celui-ci s'effondra. Jonas écarquilla les yeux en découvrant qu'il n'avait pas tué Rotiart, mais qu'il l'avait juste paralysé. Et le sourire du Docteur lui fit lâcher le pistolet tant il était stupéfait.

 

- Vous... Vous...

- Oui, Jonas. Je savais que vous aviez apporté une arme dans mon TARDIS. Et je n'aime pas les armes. Alors j'ai discrètement passé votre pistolet en mode "décharge paralysante". C'est plus propre en plus, ça ne troue pas les vêtements des gens. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Lorsqu'il revint à lui, Rotiart se sentait oppressé... Comme si quelqu'un, ou quelque chose, l'écrasait. Sur certaine partie du corps seulement... Il ouvrit les yeux, et la vision floue qu'il avait ne l'informait pas trop sur l'endroit où il se trouvait. Il voyait le TARDIS à une quinzaine de mètres devant lui, donc il n'était pas à l'intérieur. Bonne nouvelle. Sauf qu'il ne voyait pas le Régénérateur... Et il était debout. Accroché au mur. Et une vitre lui rendait une image légèrement ternie de la pièce. Il était dans son vaisseau, dans la même pièce... Mais à une autre place.

 

« DOCTEUR! NON! NOOON! VOUS NE POUVEZ PAS...

- Taisez-vous! l'interrompit le Seigneur du Temps.

 

Rotiart l'aperçut. Il était derrière la console qui commandait la machine, à sa gauche. Et il avait la main posée sur le levier. Et les esclaves qu'il avait crée étaient de l'autre coté de la pièce, totalement passif.

 

- Esclaves! Aidez-moi! Attaquez le Docteur!

- Ils ne vous obéiront pas. Ils n'obéissent qu'à moi.

- Comment?

- Je les ai hypnotisés. Mais revenons à nos moutons. Je suppose que vous avez remarqué dans quelle situation vous vous trouvez.

- Vous ne pouvez pas faire ça Docteur! Vous avez déjà vécu ça. Vous savez ce que ça fait.

- Étranges arguments dans la bouche d'un homme qui n'a pas hésité à trahir ceux qui avaient eut le courage de le suivre dans sa stupide entreprise, en les forçant à se régénérer en esclave. Maintenant vous allez m'écouter. Pour qui travaillez-vous?

- Pardon? Vous avez des problèmes de mémoires? C'est mon travail! Je ne fais cela que pour MOI!

- Non. Vous avez été aidé par bien plus puissant que vous. Des gens autres que la Fédération ou que les riches de la galaxie. Une entité bien plus évoluée et qui possède de nombreux moyens financiers.

- Qu'est-ce que vous dîtes là? Avez-vous au moins une preuve de ce que vous avancez?

- Oui. Ceci! lança le Docteur en brandissant fièrement son tournevis. L'institut le plus avancé de toute la galaxie se doit d'être protégé par les technologies les plus avancées, n'est-ce pas? Mais un coup de tournevis sonique et les portes s'ouvrent à moi, les ordinateurs désactivent leur protections ou encore les armes s'enrayent. Pourtant, la base que vous avez soi-disant faîtes construire sur Onos avec les moyens que vous avez obtenu grâce à vos "arguments" auprès des grands de cette galaxie était remplie de matériel protégés contre le sonique.

 

Rotiart était stupéfait. Le Docteur avait découvert le mensonge qu'il avait fait durant ses révélations...

 

- Vous ne travaillez pas seuls. Des gens vous aident, des gens qui ont fait construire une base sur Onos. Qui ont aidé la Dictature. Vous faîtes partie de ces gens, mais vous n'êtes pas le plus puissant. C'est vous qui faisiez l'intermédiaire entre Prog et cette organisme dont lui-même il n'avait pas conscience de l'existence, n'est-ce pas?

- Il nous connaissait. Il croyait qu'on allait l'aider. Avec la régénération, notamment... Mais il avait faux. Nous avions juste besoin de lui.

- Qui ça, "nous"?

- Ahah... Grande question, hein?

- Je suis prêt à déclencher cette régénération, alors répondez-moi! QUI?

- Des gens... Vous l'avez-vous même dit, ils sont plus puissant que moi. Je ne suis qu'un intermédiaire. Un puissant intermédiaire, qui les aidait beaucoup, mais un intermédiaire quand même.

- Ils voulaient la régénération, mais pourquoi? Juste pour l'immortalité qu'elle peut procurer?

- Non, pour les avantages que je vous ai bien longuement énumérés dans le complexe. Main d'œuvre, soldats, espions, clones...

- Et comment se font-ils appeler?

- Je ne sais pas.

- Cet organisme a bien un nom, bon sang! Quel est ce nom?

- JE NE SAIS PAS!

 

Le Docteur soupira, et se retourna vers Jonas, qui attendait dans le TARDIS, dont la porte était ouverte. Puis, il revint vers le traître, et serra le levier dans sa main.

 

- Docteur... Vous n'allez pas... Docteur! criait Rotiart.

- Merci pour vos... réponses.

- Docteur, vous ne pouvez pas faire cela! C'est du meurtre!

- Vous avez tué des gens! Un jeune homme et un génie de la science! Vous avez trahi tout le monde! Witnink, et même les hommes qui l'avait trahi pour vous suivre! Vous croyez mériter autre chose?

- Je mérite bien votre pitié! Tout le monde mérite votre pitié, Docteur!

- Vous n'en avez pas eu, vous. »

 

Et sur ces derniers mots, il abaissa violemment le levier métallique situé au centre de la console, sous les cris de terreurs du traître. L'énergie pénétrait dans son corps, qui s'illuminait de jaune. Quelque secondes plus tard, celle-ci s'échappa de sa peau par ses bras et par sa tête, secouée de tremblements. En quelques secondes, son corps étaient devenu indiscernable dans les flots d'énergie jaune et orange qui avait totalement rempli la cavité et qui éclairaient la pièce à travers la vitre. Il fallut quelques secondes avant que le processus se termine. L'énergie fut évacuée dans des tuyaux et dans les boucles métalliques, puis, le Docteur ouvrit la vitre. Un nouvel esclave avait pris la place de Rotiart. Le Docteur l'hypnotisa en quelques secondes, et lui murmura quelques chose à l'oreille. Puis, il pénétra dans le TARDIS, et celui-ci disparut accompagné de son bruit si caractéristique.

 

« Qu'est-ce que vous lui avez dit? demanda Jonas.

 

Le Docteur et son compagnon se trouvaient dans la Salle de Contrôle du TARDIS, et le jeune homme avait aperçu le Seigneur du Temps murmurer quelque chose à l'oreille du nouveau Rotiart.

 

- Autodestruction du vaisseau, répondit simplement le Docteur.

- DE QUOI? Vous avez...

- Que vouliez-vous faire d'autre?

- Les sauver... Les aider! Leur accorder...

- Une seconde chance? Pour quoi faire? Ce ne sont plus que des esclaves, impossible à introduire dans la société. Ils ont perdu leur vrai personnalité, leur vraie vie. Et ils n'ont pas choisis de devenir esclave.

- Mais... Et l'équipage du vaisseau?

- Vendu et corrompu! Ils ne méritent pas mieux.

- Mais c'est du meurtre.

- Non, du suicide. C'est l'esclave ex-Kulvin Rotiart qui a détruit le vaisseau.

- Vous êtes sûr qu'il l'a fait?

- Vu les débris que le radar du TARDIS détecte... Oui.

- Si Clara avait été avec nous, elle ne vous aurait pas laissé faire.

- Sauf qu'elle n'est pas avec nous. Elle est en bas. »

 

Et en entendant ces mots, Jonas soupçonna fortement le Docteur d'avoir laissé la jeune fille sur Kolkrohn, dans le complexe, pour l'empêcher d'intervenir dans le vaisseau. À ce qu'il avait compris, le Seigneur du Temps avait eu plusieurs visages et plusieurs personnalités. Et lorsqu'il l'avait connu pour la première fois, ça s'était déroulé peu de temps après un de ces changements... Mais ce changement là ne lui semblait pas être le meilleur de tous.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

[Musique facultative à écouter jusqu'à la fin: http://musescore.com/user/174425/scores/176225]

Plusieurs années après la mort de Witnink et l'explosion des laboratoires dans lesquels étaient étudiées la régénération, ainsi que la perte de toutes les données ayant rapport à ces expériences, les évènements auraient pu être oubliés par les habitants de la fédération et de Kolkrohn. Mais les étudiants et les scientifiques de l'institut, eux, n'avaient rien oublié, et se souviendraient toujours de ces évènements.

Au milieu du complexe de laboratoires, les bâtiments rasés n'avaient jamais été reconstruit. À la place, on avait planté des arbres, et fait une cour intérieure, pour détendre les scientifiques. Et au milieu trônait une statue. Une statue d'un métal qui ressemblait fort à du bronze. Une statue extrêmement détaillée qui représentait deux hommes, grandeur nature. Un jeune, séduisant, aux cheveux assez longs, au regard bienveillant, qui se tenait à coté d'un homme plus grand, plus âgé, au regard plus dur, derrière de petites lunettes rondes. Et à leur pied, sur le socle du monument, une plaque indiquait, en lettres d'or:

 

 

 

En ce lieu s'éteignirent

Le Héros et l'Honnête Homme

 

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