Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 10 : Le Voir pour le Croire [Partie 2]

5525 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:20

Le Castellan Ilkor était une personne de forte carrure, à la mâchoire carrée et aux larges épaules. Son visage rectangulaire à peine ridé était strict, tout comme sa coiffure. Sa chevelure noire était coiffée à la perfection, et aucun cheveu n'en dépassait. À chaque instant, il avait cet air fier et dur, qui imposait le respect. Il avait été soldat, il avait été garde de la chancellerie. Il était devenu Castellan par son expérience, lui. En ces temps là, sur Gallifrey, ce poste prenait souvent des tournures bien politiques, et le Castellan, qui dirige la Garde de la Chancellerie, était avant tout des alliés au Haut-Conseil. Mais lui, il était au-delà de tout cela. C'était un vrai garde, qui avait défendu le Capitole et la Citadelle durant des siècles. Du haut de ses 6200 ans et de ses 8 incarnations successives, il était un monument de dévouement et de longévité. Trois fois mort au combat, lors de certaines insurrections ou même attaques, il était devenu le candidat idéal depuis la récente crise politique qui frappait la planète.

Et c'était justement pour cela que le Docteur et ses compagnons venaient brusquement de l'apostropher dans un couloir du Capitole.

 

« Castellan Ilkor!

- Monseigneur Docteur, qu'y a-t-il donc?

- "Qu'est-ce qui se passe" serait une question plus intéressante, remarqua Clara.

- Plus de président?? Un Haut-Conseil déchiré?? Aucune élections depuis des années??

 

Le Docteur était presque furieux en disant cela. Parce que la situation était tout bonnement sans précédent dans l'histoire de Gallifrey.

Dans les couloirs du Capitole, Queer avait continué ses explications, parlant des Monts du Soulagement et de la Solitude, des légendes de la planète...etc. Tout cela était extrêmement intéressant pour Clara et pour Jonas, mais le Docteur ne l'avait pas entendu de cette oreille. L'histoire et la géographie, il n'aimait que quand il découvrait. Et là il connaissait déjà tout. Il avait donc forcé son guide à le mettre au courant des dernières histoires politiques de la planète, malgré les refus de Clara et de Jonas, qui souhaitaient continuer sur les légendes.

Et ce que Queer avait révélé au Docteur était fort surprenant.

 

- Expliquez-moi! criait-il à Ilkor. Queer nous a dit...

- MONSEIGNEUR DOCTEUR! Je vous prierais, à l'avenir, de ne me donner aucun ordre avec ce genre de ton. Vous n'êtes qu'un simple Seigneur du Temps, pour moi, même si certains Cardinaux prydoniens vous ont permis de vous installer dans le Capitole. Je suis le Castellan de Gallifrey! Si vous ne me devez pas une obéissance militaire, vous me devez le respect! Je vous rappelle que je n'ai rien à justifier auprès de vous.

 

Le Docteur soufflait, prêt à crier de plus belle pour s'imposer, mais Clara attrapa son bras de sa main, et lui souffla:

 

- Docteur... Ne vous énervez pas, s'il vous plaît. Vous savez où nous sommes. Ne gâchez pas votre retour ici.

- Cette jeune fille a raison, Docteur.

- Bien... Bien entendu. Veuillez m'excusez, Monseigneur Castellan. Je me suis un peu emporté, avoua-t-il. De plus, vous n'êtes responsable de rien. Mais ma curiosité était forte. Queer nous a expliqué que...

- Queer? s'interrogeait le Castellan.

- Queerdshyraknalhonyercharayarvesad.

- Oh, oui... Ce cher Droméïen, si serviable. J'espère qu'il vous a aidé.

- Pas beaucoup, mais peu importe, coupa le Docteur. Il nous a parlé de la présidence. Le siège de Seigneur-Président est vacant?

- En effet Monseigneur Docteur, depuis une trentaine d'années. Le dernier président, extrêmement âgé, est mort de vieillesse, et personne n'a souhaité le remplacer. Le Vice-Président a démissionné quelques jours plus tard.

- Et personne n'a été élu?

 

Le Castellan soupira, non pas par exaspération, mais parce qu'il allait devoir avouer une terrible vérité, bien dure à croire.

 

- Il y a bien eu des élections, mais... aucun candidat ne s'est présenté. »

 

Le Voir pour le Croire

Partie 2

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Le Mont Cadon. Cette énorme montagne, d'une sublime beauté, perçait le ciel et les nuages, allait plus haut que n'importe quel bouclier de la planète, et l'on disait parfois que son sommet n'était pas enneigé, car les soleils de Gallifrey étaient si proches qu'ils faisaient fondre la neige.

 

« En réalité, c'est juste parce qu'il n'y a pas de nuages au-dessus du sommet! criait le Docteur. La neige ne peut donc pas tomber!

 

Le Seigneur du Temps et ses deux compagnons se trouvaient justement au niveau de la couche nuageuse, en train d'escalader, ou plutôt de monter, en direction du sommet le plus haut de la planète. Le Docteur n'avait pas peur de ce passage, il l'avait déjà connu, mais ce n'était pas le cas de ses compagnons. Les trois portaient des tenues isolantes, ainsi que des lunettes de soleil et de protection, très utiles pour traverser la couche de nuage qui, à cette altitude, était presque traversée de grêlons. Les trois randonneurs possédaient aussi des tenues isolantes, pour se protéger à la fois de la tempête qui régnait dans la couche ainsi que pour rester au chaud.

Il leur fallut deux minutes pour traverser la couche, et lorsqu'ils émergèrent des nuages, ils furent bien surpris. Il venaient de quitter un enfer de vent, d'eau, de neige et de grêle, où l'on ne voie rien, où on tombe par terre toutes les secondes, pour un endroit plus calme que jamais.

Ils enlevèrent leur tenues isolantes, ainsi que leurs lunettes. Des technologies permettaient à leurs yeux d'être protégés de la lumière éblouissante des deux soleils de Gallifrey. La chaleur régnait à haute altitude, contrairement à ce que l'on pensait. On était assez proches des épaisses couches de l'atmosphère, réchauffées par les étoiles du système.

 

- Bon, les enfants, regardez un peu! lança le Docteur. Nous sommes à trois heures du sommet du Mont Cadon. Quand on y sera, on pourra sûrement voir le double coucher de soleil. Mais faut se dépêcher!

 

Clara se secoua la tête pour essayer de reprendre de l'oxygène, qui se raréfiait à cette altitude. Jonas faisait de même, et regardait vers l'avant: le Mont Cadon était assez abrupt à ce niveau là, alors qu'il avait été un peu plus plat auparavant. C'était une montagne très étrange...

 

- Dîtes moi, Docteur... marmonna Clara. Vous nous avez vraiment appelé "les enfants"?

 

Le Docteur se retourna vers elle, et, comme simple réponse, soupira. Les trois randonneurs rangèrent leurs affaires pendant quelques minutes, et se remirent en route pour le sommet de la montagne.

 

- Vous voyez, les enfants... Quand j'étais jeune, il y a... oh! un bon bout de temps! Quand j'étais jeune, donc, j'escaladais ce bon vieux roc! Mes premiers exploits sportifs.

- C'est ici que vous avez appris à courir? ironisa Jonas.

- Tss, j'ai appris bien des choses ici...

 

Le Docteur prit sa respiration, comme pour exhaler le lieu, pour qu'il pénètre en lui, pour que les lointains souvenirs, éloignés de plus d'un millénaire dans sa vie, lui reviennent. Des souvenirs d'enfants. Des souvenirs de légendes, d'histoires, d'amitiés anciennes et oubliées depuis.

 

- Quand j'étais... un jeune gamin... Je venais parfois ici. Pas au sommet, bien sûr! Mais quelque part, dans la montagne. Je venais avec des amis, dans une grotte. Il y avait là un ermite fort sympathique. Il s'était fait appelé l'Ermite, tout comme je me fais appeler le Docteur.

- Vous connaissez son vrai nom? demanda Jonas.

- Oui... Mais sur cette montagne, c'était l'Ermite. Le vieil homme qui racontait les histoires et légendes de Gallifrey aux enfants, simples Gallifreyens et Seigneurs du Temps, sans aucune distinction.

 

Le Docteur marchait avec un bâton de randonnée, et il l'enfonçait dans le sol au même rythme que ses phrases. Celles-ci semblaient suivre la marche du Seigneur du Temps.

 

- Il y avait les Grands Vampires... Des créatures gigantesques, qui vampirisait la vie de planètes toutes entières. On disait qu'il fallait les frapper au cœur avec un boulon en acier pour les vaincre. Et il y avait la plus terrifiante de toutes, celle du Grand-Père Paradoxe.

- Le Grand-Père Paradoxe? s'intéressa Jonas.

- Un homme qui, dans sa jeunesse, est revenue dans le passé pour poignarder son propre grand-père. Il était ainsi devenu à la fois mort et vivant. Meurtrier et victime. Il y a perdu un bras, et plus encore... J'en faisais des cauchemars.

- Je vois... C'était des histoires "didactique", en quelque sorte, non? Pour apprendre les règles du temps et tout ça...

- Exactement, Jonas. Le Temps, avec un grand T, c'était terrifiant. On nous a toujours expliqué que chacun de nos actes avait des conséquences sur l'avenir de l'univers. Voyager dans le Temps et l'Espace, c'est quelque chose de dangereux, toujours.

- Pleins de risques... renchérit Clara.

- Tout est risqué. Vivre, c'est risquer de mourir, non?

- Je crois qu'on ne voit pas la vie de la même façon, Docteur... soupirait Jonas. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

« Pourquoi ne veux-tu pas l'appeler "Queer"? grognait Jonas.

- Mais parce qu'en anglais çà... Rahh! Vous êtes énervants!

 

Le Docteur et ses compagnons humains étaient dans une "rue" de la Citadelle. Le sol était recouvert d'un métal qui semblait orange sous la lumière du soleil. Autour d'eux, les énormes tours d'habitations de la capitale se dressaient, fières, comme des flèches prêtes à percer le ciel. À l'autre bout de la rue, on apercevait un bout du dôme de verre du Capitole.

Ils se rendaient chez un Seigneur du Temps avec qui ils avaient discutés dans la rue, quelques heures auparavant, et qui les avait invité à dîner chez lui. Un certain Queerdshyraknalhonyercharayarvesad, de la Maison des Azuriens, qui vivait ici depuis une cinquantaine d'années. Ce jeune seigneur du temps avait un visage lisse, arrondi, jeune, mais ses longs cheveux étaient blancs, parsemés de quelques mèches noires. Il était pourvu de deux yeux bruns qui rayonnaient de vie, et un nez asses imposant, ce qui ne l'enlaidissait pas pour autant, lui donnant plutôt un air rassurant, amical, serviable, qui lui correspondait parfaitement. Car en effet, il était serviable, altruiste comme on ne l'était plus trop. Queerdshyraknalhonyercharayarvesad s'ennuyait fermement dans son appartement, et l'arrivée d'étrangers sur Gallifrey avait été pour lui l'occasion parfaite de passer le temps et de servir les gens.

 

Ainsi, il avait pris son courage à deux mains, et les avait invités tout les trois à venir manger chez lui pour le soir, pour échanger sur l'univers, les voyages...etc. Le Docteur avait accepté, et alors que les deux soleils de Gallifrey commençaient à se coucher, il se rendait chez Queerdshyraknalhonyercharayarvesad avec ses deux compagnons. Et le nom imprononçable de leur hôte semblait être sujet à discussions.

 

- Bon, peut importe ta langue, tranchait Jonas. Ici, quand tu dis "Queer", on comprend "Queer", et pas autre chose.

- Mais moi j'aurais l'impression que vous l'insultez!

- Mais bon sang, tu sais qu'on ne veut pas l'insulter! répliquait Jonas. Tu n'es pas la seule au monde, tu sais.

- Sauf que moi...

- C'est pas bientôt fini ce cirque! coupa le Docteur.

 

Les deux humains, qui marchaient derrière lui, et qui se regardaient l'un l'autre, se retournèrent brusquement vers le Seigneur du Temps, et comme il s'était arrêté, le dépassèrent. Il avait fait ça pour pouvoir marcher derrière eux, de façon à mieux les surveiller.

 

- Arrêtez de vous crier dessus comme ça... On dirait des enfants. Ou pire...

 

Il laissa sa phrase en suspens, comme pour accentuer le "pire", ce qui eut pour effet d'augmenter la curiosité et la légère inquiétude dans le regard des deux humains. Le Docteur continua de marcher avec eux pendant une dizaine de secondes en silence, attendant que l'un de ses compagnons ne lui demande de continuer. Mais comme aucun d'eux ne semblait se décider, il termina la phrase de lui-même, comme pour asséner son sarcasme avec une totale indépendance:

 

- … un couple.

 

Les visages des deux humains se remplirent de surprise, et leurs yeux écarquillés renvoyait un regard tantôt choqué, tantôt irrité, au Docteur.

 

- Un couple? Nous deux? Vous nous voyez, Docteur? Vous vous fichez de nous! s'indigna Jonas.

- Comment ça, "vous nous voyez"? s'exclama Clara. Tu insinue quelque chose sur moi, là?

- Euh... hésita le jeune homme. Ben, écoute, sois honnête avec toi-même. Tu n'es pas vraiment la fille idéale.

 

Le visage de la terrienne s'empourpra en quelques secondes. En voyant ce spectacle, le jeune homme comprit rapidement qu'il n'aurait peut-être pas du dire ce qu'il pensait. Et comme pour confirmer cette tardive prise de conscience, Clara le gifla violemment de sa main droite.

 

- Il n'a pas entièrement tort, commentait le Docteur en ignorant la claque que venait de recevoir le Qatrosien.

- Qu'est-ce que vous dîtes, vous?? aboya Clara.

- C'est vrai, quand on y pense... Je vous signale que pour Noël, vous aviez inventé un petit-copain pour vos parents, et j'ai du jouer ce rôle... Vous n'avez pas réussi à en séduire un avant, ça montre bien vos capacité de séduction.

 

Clara avait une forte envie de donner un coup de pied dans les jambes du Docteur... Elle se souvenait d'ailleurs que le Docteur était venu sans vêtement chez elle... Apparaissant nu devant sa famille. En se souvenant de ces évènements, l'envie de frapper les jambes du Docteur devenait de plus en plus forte. Mais comme elle avait un certain respect pour le Seigneur du Temps, et qu'elle avait un peu peur de la réaction d'un douzième Docteur qui semblait désormais fort susceptible, elle décida plutôt de mettre une seconde gifle à Jonas.

 

- AÏE! Purée, j'ai rien dit cette fois! s'insurgea le jeune homme.

- Tu riais! répliqua Clara avec colère.

- Je suis assez intelligent pour ne pas rire aux commentaires du Docteur.

- PARDON? Je ne suis pas drôle? Mais commentaires sont nuls, c'est ça? Vous croyez vraiment ce que vous dîtes? Faîtes attention à vos paroles! Jonas! Écoutez bien! Méditez vos péchés!! Je peux être très violent! débitait le Docteur à toute vitesse.

 

Le Seigneur du Temps avait pointé son index gauche de façon menaçante, et son visage l'était aussi... Puis après quelques secondes, il regarda son doigt avec un regard interloqué, et le baissa précipitamment pour reprendre une posture "normale".

 

- On disait quoi, déjà?

- LE COUPLE! s'égosilla Clara. D'ailleurs, Jonas, tu disais quoi sur moi?

- Euh... non, rien, bégayait le jeune homme.

- T'aurais pas dit que notre couple était impossible?

- Clara, vous êtes en train de confirmer mes sarcasmes, jubilait le Docteur.

- Écoute, Clara, ce que je veux dire c'est que... t'es pas vraiment mon genre, quoi.

- Ah bon? Et c'est quoi ton genre, hein? Plus masculin, comme pour Peter? lança-t-elle

 

Jonas tenta de répliquer mais s'arrêta lui-même dans sa lancée. Son visage se figea. Là où Clara était rouge, il était blanc. Là où elle s'empourprait, il pâlissait. Ses pupilles se dilataient, ses paupières s'ouvraient en grand. Il expirait avec lenteur et difficulté. Il se souvenait... Le bar, Peter, la drague, la gêne... La vitre, la porte qui s'ouvrait, le sauvetage, le tir... le héros... La mort.

En voyant ceci, Clara comprit qu'elle avait ravivé des souvenirs tristes dans l'esprit de Jonas. Des moments difficiles. Elle-même elle se souvenait, et le le comprenait. Son propre visage perdait des couleurs, et son regard s'était immobilisé lorsqu'elle eut totalement compris ce qu'elle avait fait.

Elle s'approcha alors de Jonas, et eut le courage de lui prendre les mains dans les siennes, alors qu'il regardait le sol, et qu'il essayait de garder le contrôle de lui.

 

- Je suis désolé... Vraiment désolé. Je voulais pas...

- C'est gentil de vous excuser, Clara... coupa le Docteur. Mais mieux vaut que l'on se taise tous. Allons chez ce cher "Queer" en silence, si l'on veut arriver tous les trois en un seul morceau.

 

Et alors que Clara allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose, le Docteur la sépara de Jonas avec ses mains et passa entre les deux humains pour diriger la marche.

 

- Ne discutez pas, Clara. Et nous l'appellerons Queer, ce Seigneur du Temps, que ça vous plaise ou non, acheva le Docteur. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur, Queer, Clara et Jonas se trouvaient dans un salon attenant à la chambre du voyageur temporel. La pièce était assez spacieuse, presque plus grande à l'intérieur, et était occupée par trois grands canapés rouges, placés autour d'une télévision holographique incrustée dans le sol (le projecteur faisait donc apparaître l'hologramme dans les airs).

Jonas et Queer était assis sur un des canapés, et Clara se reposait, couchée sur le ventre sur un autre, tandis que le Docteur tournait autour du projecteur holographique en réfléchissant.

 

« Docteur, arrêtez de cogiter, vous me faîtes mal à la tête! se lamentait la terrienne.

- Pas tant que je n'aurais pas compris ce qui se passe ici!

- Écoutez, Docteur, personne n'y comprend grand chose, soupira Queer.

 

La crise politique qui frappait les Seigneurs du Temps était sans précédent, et le Docteur voulait absolument comprendre pourquoi la place de Seigneur-Président était vacante. Il y avait quelque chose d'absurde dans la situation, mais elle était bien réelle, alors il fallait tenter de la comprendre.

 

- Queer, peut-être que ça a un rapport avec les attributs de la présidence! Ils auraient peur des objets présidentiels!

- En quoi voulez-vous qu'ils aient peur, Docteur?

- Je ne sais pas.

- Ce que vous dîtes ne tient pas la route.

- Vous avez raison... Et je déteste dire ça en plus.

 

Il continuait à marcher, alors que Jonas prenaient une télécommande et allumait l'holo-projecteur. Celui-ci s'était allumé sur un téléfilm pour enfant relatant les aventures trépidantes d'une souris de Gallifrey, un Rovie, pour être exact. Ces petites souris étaient peu intelligentes, vivaient très longtemps, mais leur mémoire n'était que de cinquante secondes... Ainsi, le téléfilm se répétait et se répétait, le personnage principal oubliant ce pourquoi il était là où il était, devant se le faire rappeler à chaque minute par un autre animal que Jonas ne connaissait pas, et que Clara comparaissait à un Koala... à six jambes.

 

- Hé! Ils repassent Jonie le Rovie et la montagne de feu! remarqua Queer avec bonheur. Un classique des dessins-animés de Gallifrey. Même si le téléfilm n'a pas eu le meilleur des succès.

- C'est un dessin-animé pour Seigneur du Temps? hésita Clara.

- Oui, un des meilleurs!

- En réalité, le truc n'a vraiment décollé qu'à partir de la saison 27... précisa le Docteur.

- C'est faux! Ils ont pris du temps pour le diffuser dans votre région, Docteur, c'est tout. Mais dans la Citadelle, Jonie le Rovie était déjà un héros!

- Mouais... Eh! Uker le Bourdeur était déjà là lors du téléfilm?

- Qui ça? demanda Jonas.

- Uker le Bourdeur, répétèrent ensemble les deux Seigneurs du Temps.

- C'est le koala? interrogea Clara en pointant l'hologramme.

- Oui, répondit le Docteur. Un bourdeur. Je me souviens, j'adorais ce personnage. J'avais même acheté un bourdeur à la Citadelle et je l'avais caché sous mon lit à l'Académie.

- Il est devenu quoi? s'intéressa la terrienne.

- Il était resté caché pendant un bon bout de temps, mais un jour, il s'est mis à pousser des cris de séduction... Les surveillants me l'ont enlevé, répondit tristement le Docteur.

 

Un silence s'installa dans la pièce après les explications du Docteur, silence comblé uniquement par la petite voix nasillarde du Bourdeur Uker, qui rappelait à Jonie la raison de sa présence dans le cratère de la montagne de feu.

 

- C'est la première fois que je suis triste pour un koala que je n'ai jamais connu... remarqua Clara.

- Un Bourdeur! Un Bourdeur, Clara!

- Dîtes, comment vous faisiez pour supporter un truc où l'intrigue est réexpliquée toutes les 10 secondes?

- 50 secondes! rectifièrent ensemble les deux Seigneurs du Temps.

- Quand on vit sur Gallifrey, on a une patience à toute épreuve, continua le Docteur.

- Dîtes... C'est moi où on est en train de parler d'un dessin animé? remarqua judicieusement Clara.

 

Tout le monde se tourna alors vers elle. Jonas la regardait avec un air d'espoir et de gratitude, heureux comme il était de pouvoir couper court à une conversation qui l'intéressait peu, alors que les Seigneurs du Temps avaient un regard bien plus sévère, celui des fans que personne ne comprend.

 

- Mais qu'est-ce qu'on fait là, bon sang... maugréait Jonas en éteignant l'hologramme.

- On est ici parce que l'on cherche à comprendre pourquoi personne ne veut la place de Seigneur-Président, parce que l'on a appris qu'il y avait une crise politique, parce que l'on a discuté avec Queer, parce que l'on a dormi au Capitole, parce que l'on est arrivé ici, parce que mon TARDIS a été rappelé, parce que... débitait le Docteur. Parce que...

 

Le Docteur s'était stoppé en pleine course. Son regard se transformait lentement, passant de l'air "énervé de tout expliquer" à l'air "mais c'est bien sûr!". Clara se mit aussi à réfléchir, puis son visage fut empli d'un sourire de bonheur total, provoqué par ce qu'elle avait découvert.

 

- Parce qu'il y a eu un dysfonctionnement dans des ordinateurs sur Gallifrey, qui ont rappelé le TARDIS! continua Clara.

- Clara... Vous pensez à ce que je pense? demanda le Docteur.

- Et bien... Disons que ça dépend de ce à quoi vous pensez.

- Mais à quoi pensez-vous, alors?

- À ce que vous pensez... Du moins je pense...

 

Le Docteur lança un soupir, et se tourna en direction de Queer, qui tentait de reprendre la télécommande à Jonas, qui la tendait le plus loin possible du Seigneur du Temps, pour l'empêcher de rallumer.

 

- QUEER!

- Oui? s'exclama le Gallifreyen en se redressant sur le canapé.

- Qu'est-ce qui a provoqué l'effondrement de votre immeuble, déjà? Ce qui causé votre régénération?

- Euh... Et bien, un TARDIS en vol d'essai a eu un problème...

- Et il s'est téléporté dans le temps pour venir s'écraser sur votre immeuble. Parce qu'il y a eu un problème! Dans un TARDIS, pas sur un ordinateur. Mais ça reste un dysfonctionnement.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous voulez dire? interrogea Queer.

- Un TARDIS n'a pas le droit de voyager dans l'avenir de Gallifrey, ni dans son passé. Ils doivent synchroniser leur ligne temporelle avec celle de la planète, pour que la civilisation du temps ne découvre pas son avenir, et qu'elle ne change pas son passé. C'est la Troisième Loi du Temps!

- Et alors? soupira Jonas. En quoi ça nous avance?

- Réfléchissez Jonas... Un TARDIS qui a un dysfonctionnement peut briser la Troisième Loi. Il peut arriver dans l'avenir de Gallifrey.

- Et si on réussit à le récupérer dans le passé... continua Queer.

- On peut découvrir le futur de la planète, acheva Clara.

 

Le silence s'était abattu dans la pièce. Tout le monde avait plus ou moins compris où voulait en venir le Docteur. Il attendit que quelqu'un lui épargne la phrase de conclusion, qui explique tout, mais comme personne ne semblait prêt à le faire, il prit la peine de s'en occuper.

 

- Le Haut-Conseil serait alors mis au courant... Et si le futur annonce la mort du Seigneur-Président, ou pire encore... Si le futur fait du Président un traître, un meurtrier, un homme qui doit faire un choix horrible pour la planète... Alors personne ne voudrait prendre sa place. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur et ses deux compagnons avaient assisté au magnifique coucher de soleil. Les deux étoiles de Gallifrey se levaient avec quelques heures de différences, et la principale arrivait de l'est, comme sur Terre, alors que la deuxième étoile se levait au sud. Mais les deux se couchaient au même endroit, et presque au même moment. Les yeux tournés vers l'ouest, les voyageurs temporels avaient admiré le spectacle des deux étoiles qui se rejoignaient pour disparaître dans l'horizon, lançant des mélanges de couleurs partout sur la planète. Parfois, ces soleils se confondaient totalement, et on assistait ainsi à une éclipse d'étoiles, spectacle presque unique dans l'univers. Cette fois, il n'y en avait pas eu. Elles étaient bien moins communes que les éclipses classiques, et on racontait aux enfants qu'elles étaient si rares que certains Seigneurs du Temps n'en avaient jamais vu durant leur vie de plusieurs millénaires.

 

La nuit était tombée depuis un certain temps, lorsque le Docteur et ses compagnons traversèrent la couche nuageuse dans l'autre sens, pour rentrer. Cette fois-ci, elle était moins épaisse.

Une heure plus tard, ils avaient descendu une petite partie de la montagne, et c'est alors que Clara remarqua quelque chose en regardant le ciel, et les nuages qui, à cet endroit, étaient très nombreux.

 

« Docteur... Cette lueur orange, c'est normal? demandait-elle en pointant du doigt un nuage qui semblait être traversé par une lumière orangée de plus en plus forte.

- Laissez-moi voir...

 

Et alors que le Docteur s'était retourné pour regarder, la lumière orangée était déjà devenue extrêmement vive, et une boule de flammes et de roches perça le nuage pour venir s'écraser avec force, quelques secondes plus tard, sur le sol rougeâtre de la planète, projetant des tonnes de terre tout autour.

 

- QUOI? s'exclamèrent ensemble les trois randonneurs. »

 

Et pour seule réponse, ils assistèrent à la chute d'autres météorites, qui brisaient la couche calme et mince des nuages pour venir s'écraser sur une ville situé à une dizaine de kilomètres de la montagne, brisant les immeubles et pulvérisant les vies dans des flots de flammes...

L'enfer s'abattait sur Gallifrey.

 

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