Doctor Who Alternative: Saison 8

Chapitre 12 : Le Voir pour le Croire [Partie 4]

5528 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:40

[Musique Facultative (à écouter jusqu'au "générique" de début): http://www.youtube.com/watch?v=Wf3MOacf3ao]

 

« Niez tout.

 

La voix du Docteur avait remplacé la musique des années 1930. Elle emplissait les oreilles, le cerveau de ses deux compagnons.

 

- C'est le Docteur qui vous parle. Le seul, le vrai. Celui que vous avez vu n'est qu'une illusion.

 

Clara souffrait. Jonas souffrait. Le Docteur pensait.

 

- Docteur? Vous... Je... meurs...

- Je pense que ça l'amuse de nous tuer tous en même temps. Surtout ne parlez pas. Pensez. Pensez pour me parler, Jonas, comme vient de le faire Clara. C'est un lien télépathique.

- Qui... est amusé? demandait le garçon.

- Celui qui a crée ces illusions. Tout est faux autour de vous. Même la mort. Alors niez. Niez tout.

 

L'odeur de chair brûlée atteignait les narines de Clara. Le coup de Stazer. Elle essaya de le faire comprendre au Docteur. Jonas, lui, se sentait cuire à petit feu par la maladie.

 

- Niez vos blessures, niez vos malheurs, niez les menaces et niez la mort. Niez ce qu'il y a autour de vous. Niez ceux qui sont avec vous. Il n'y a que nous trois, et nous ne sommes ensemble que par les pensées.

- Comment? Comment c'est possible?

- Il ne reste plus que quelques secondes! Niez tout, ou vous mourrez vraiment. Votre cerveau y croirait trop. Seul le déni nous sauvera. Et après, j'expliquerais.

- Vous m'avez tiré dessus, Docteur. Vous m'avez tuée.

- Ce n'était pas moi, et vous n'êtes pas morte, Clara. Niez la mort, niez la blessure, niez ce Docteur qui vous a abattu!

- Mais si ce n'est qu'une illusion, comment vous croire? pensait Jonas.

- Faîtes moi confiance. Je suis le Docteur.

 

Sa voix était rassurante. Elle s'insinuait au plus profond de l'esprit des deux humains. Et ils avaient confiance. Et ils niaient. Ils se répétaient en eux que rien n'était vrai, que rien n'existait. Qu'ils niaient la réalité qui les entourait. Et peu à peu, les douleurs disparurent.

 

- Rien n'existe autour de vous. La seule réalité, ce sont vos pensées.

 

L'odeur de chair brûlée s'atténuait. Les crampes, les sueurs, les grattements s'en allaient. Le sang qui résonnait dans les temps n'existait plus. Le cœur ne frappait plus.

 

- Il n'y a que nous trois. C'est la seule réalité. La seule chose qui vous relie à la vie.

 

Les bruits autour n'existaient plus. Les respirations fortes, les bruit d'explosions. Le Docteur sembla sentir un léger vent sur ses joues, sûrement les vestiges de cet astéroïde inexistant. Mais tout disparut rapidement.

 

- Niez le reste. Niez tout le reste.

 

Le Voir pour le Croire

Partie 4

[http://img11.hostingpics.net/pics/834409LeVoirpourleCroire4.jpg]

 

Le Docteur enleva son masque. Un masque de métal, fait de milliers de capteurs, reliés à des fils qui se branchaient sur la surface extérieure de l'objet. Il arracha tout sans ménagement. À ses cotés, Clara et Jonas faisaient de même. Tout les trois étaient assis, presque couchés, sur ce qui semblaient être des chaises longues en métal.

 

Très rapidement,ils furent debout, malgré le temps qu'ils avaient passé allongés.

 

« Qu'est-ce qui s'est passé? demandait Jonas.

- Illusions! Ou plutôt... monde virtuel. Notre cerveau était connecté à ces espèces de câbles. On rêvait, en quelque sorte. Un rêve où toutes les actions qui ne sont pas les nôtres sont contrôlées par... quelqu'un.

- Qui? s'inquiétait Clara.

- C'est ce qu'on va très vite découvrir.

- OK... Mais comment vous avez fait pour nous parler? Dans nos esprits?

- Oh! Lien télépathique! répondit joyeusement le Docteur. Je l'ai placé dans vos cerveaux lorsque nous sommes arrivé aux Jeux Olympiques. Vu le nombre de spectateurs, j'aurais pu égarer l'un d'entre vous, et grâce à ça, je pouvais vous parler et donc vous retrouver. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

L'homme branché criait. De rage. Il venait d'enlever son masque et de le poser sur un accoudoir de sa propre "chaise longue", avant de se lever. Son corps était usé, fatigué par des jours entiers couché dans son fauteuil d'électronique. Heureusement pour lui, son organisme était régulièrement ravitaillé en boissons énergisantes, en vitamines et en eau.

Son visage était rouge de colère, et il avait un regard de tueur. Ses cheveux gris-noirs étaient désordonnés et secs, et semblaient vouloir se dresser sur sa tête.

Il aperçut très rapidement la petite boite rectangulaire, reliée à SON attirail de fils, et se précipita sur elle pour l'écraser avec sa chaussure dans un accès de rage.

 

Sur sa droite, un écran holographique s'était matérialisé. Quelqu'un essayait de communiquer avec l'homme enragé. Ce quelqu'un avait un visage particulièrement gras, ovale... Ses cheveux, parfaitement coiffés, offraient à la vue de son interlocuteur un front dégarni très peu ridé.

 

« Illusionniste! cria-t-il d'une voix grave. Que se passe-t-il? Pourquoi les rapports n'arrivent-ils plus?

- Ils ont réussis à se libérer!

- Pardon?

- Ils ont réussi à comprendre où ils étaient vraiment! Le Docteur, en tout cas. Ils ont détruit mes mondes! En les reniant totalement!

- Vous avez donc failli, Illusionniste... conclut l'homme.

 

Le visage enragé de celui qui se faisait appeler l'Illusionniste était devenu pâle, et sa colère avait fait place à une terreur certaine, une angoisse totale.

 

- Non! Je n'ai pas... Rien n'est joué monsieur!

- Vous avez voulu vous amuser... Vous avez perdu.

- Non! Je sais comment faire! J'ai... Monsieur, j'ai récolté assez d'informations pour le test.

- Pardon?

 

Le ton calme et froid de l'interlocuteur avait laissé place à un ton curieux.

 

- Le test? L'illusion totale? demanda-t-il

- Oui, monsieur.

- Mais ils pourront le combattre.

- Même s'ils réussissaient, ce qui n'arrivera probablement pas... La cible est prête, n'est-ce pas?

- En effet. Je vois où vous voulez en venir. Soyez prêt à rejoindre la cible à n'importe quel moment, Illusionniste. Si le Docteur survit, il vous poursuivra sûrement. Et s'il vous poursuit...

- Il tombe dans vos griffes, conclut l'Illusionniste. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Clara se réveilla d'un coup. Les souvenirs lui revenaient. Un flash blanc. Un sifflement horrible. Ils étaient dans la pièce avec les fils et les chaises longues. Elle était avec Jonas et le Docteur. Mais ils avaient disparus. Le flash, le sifflement... Puis rien. Ils n'étaient plus avec elle.

 

Elle était couchée à terre, et se releva brusquement, observant autour d'elle. Tout était noir. Elle était dans un endroit d'une noirceur incroyable. Il y avait, autour d'elle, des murs, des murs noirs entouré d'une aura obscure. Une fumée, toute aussi ténébreuse, recouvrait le sol. Clara fit quelques pas, les mains devant elle, distinguant à peine le halo qui lui faisait face, et toucha une paroi. Une paroi qui lui déchirait la peau. Elle retira brusquement sa main, et découvrit avec stupéfaction qu'elle n'avait aucune blessure.

 

« J'ai appelé ça le Labyrinthe de vos Peurs! lança une voix rocailleuse qui se répercutait partout.

- Quoi? s'écria-t-elle

 

Et en effet, Clara avait peur. Très peur. Parce qu'elle ne voyait rien, parce qu'il y avait des murs qui lui arrachait la peau, mais qu'elle ne subissait aucune blessure... Parce qu'une voix résonnait autour d'elle, comme un écho, ce qui rendait l'endroit où elle se trouvait encore plus immense et mystérieux.

 

- La peur, Oswald. Vos peurs! Elles sont ici. Partout autour de vous.

- Vous... Vous mentez! Tout ce qu'il y a ici, ce n'est que de l'...

- De l'illusion? Oui! En effet! Mais cette illusion est partout en vous et autour de vous. Ce n'est pas que dans votre cerveau, c'est quelque chose de bien plus grand. Un champ télépathique dans lequel votre cerveau, Oswald, n'est qu'un objet.

- Que... Qu'est-ce que vous...

- Vous pourrez nier autant que vous voudrez, ça ne fonctionnera pas. L'illusion agit sur vous, mais vous n'agissez pas sur l'illusion. Vous devez la combattre à la loyale!

- Mais je... Je fais comm... Et vous êtes qui?

- Oh, on veut poser des questions, avoir quelques infos, pour se rassurer? Jamais! Découvrez vos peurs! Et combattez les! Détruisez-les! Elle ne partiront pas de vous, mais l'illusion sera brisée.

- Pourquoi vous... Pourquoi vous faîtes ça?

- Parce que ça m'amuse. Vous voir danser, tout les trois! Et même libre, vous ne pourrez rien contre moi. Je suis l'Illusionniste, jeune fille. Et ne croyez pas que cette info vous aidera, parce que quand je joue, je ne perds pas. »

 

Et c'est ainsi que Clara se trouva enfermée dans le labyrinthe de ses peurs. Un labyrinthe d'illusions et douleurs. Elle ne savait pas où marcher, elle ne voyait pas les murs. La fumée noire semblait parfois lui attraper les pieds, frotter contre ses chaussures... Les murs lui déchiraient la peau, sans que celle-ci ne subisse pourtant la moindre blessure, ces murs cachés, camouflés, parfois même inexistants. Elle avait pu en traverser plusieurs, tout simplement parce que l'aura obscure n'entourait rien.

Mais elle ne trouvait pas de repères. Les halos vibraient imperceptiblement, mais assez pour déstabiliser Clara, et la fumée se déplaçait comme habitée d'une force mystérieuse, qui ne suivait jamais la jeune fille, qui allait dans toutes les directions et aucune à la fois.

Et alors, Clara, inconsciemment, découvrit sur quelle peur cet Illusionniste jouait. La pire des peurs, pour elle en tout cas. Et alors elle prononça les mots qu'elle ne prononçait qu'en cas de détresse profonde, ces mots qui révélaient sa plus grande peur, sans qu'elle même ne puisse s'en rendre compte.

 

« Je... Je sais pas où j'suis... Je sais pas où j'suis! Je sais pas où j'suis!!! »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le choc avait été violent pour les yeux et les oreilles, mais c'était tout. C'était, étrangement, la première chose à laquelle pensa Jonas en se réveillant. Il était couché, sur du métal. Et face à lui, il voyait d'étranges symboles... Au plafond. Une lumière multicolore semblait éclairer l'endroit. Lorsqu'il se releva, il prit conscience de l'endroit où il se trouvait.

 

« Le TARDIS?

 

Il prit le temps de réfléchir quelques secondes... Il s'était retrouvé pendant presque deux jours sur la planète du Docteur, mais ça n'avait été qu'une illusion. Un monde virtuel, comme avait dit le Seigneur du Temps. Un rêve si réel... Puis il y avait eu le flash blanc et le sifflement. Il se disait que ça ressemblait fortement aux effets des grenades paralysantes qu'utilisaient les militaires sur sa planète, et sur d'autres planètes aussi d'ailleurs. Donc il avait été sonné... Mais que faisait-il ici, alors?

 

- Docteur? Vous êtes là?

- Bonjour... murmura une voix derrière lui.

 

Jonas se retourna brusquement, et regarda derrière lui. Il n'y avait personne.

 

- Je ne suis pas là. Je suis tout autour de toi, continuait la voix, rocailleuse.

- C'est assez illogique...

- Pas de sens artistique, le petit... Bienvenue dans tes pires cauchemars.

- De quoi?

- Ne nie rien, ça ne servira à rien. Tu ne dors pas, tu n'es branché à aucun fil. La réalité et l'illusion se mêlent autour de toi et en toi.

- Qu'est-ce que ça veut dire? Les illusions? Je ne suis pas dans le vrai TARDIS?

- Qui sait? À part moi, bien sûr. Tu ne peux pas nier, ici. Tente, mais rien ne se déroulera. Les illusions pourront te tuer, la réalité aussi.

- QUOI?

- Je sens déjà que tu as peur... Ce n'est que le début. Bienvenue dans ton cauchemar, Jonas. Combat-le, et tu pourra briser l'illusion. Mais sinon...

- Sinon quoi?

 

La voix ne répondait pas. Elle ne résonnait plus. Et Jonas ne comprenait rien à ce qui se passait. Cet homme qui lui parlait n'avait pas donné des explications très claires... De quoi rendre totalement incertain le jeune Jonas. La réalité et l'illusion étaient indissociables, mais il ne s'en rendait pas compte.

 

- Sinon, tu vivras ton cauchemar jusqu'à ce que mort s'en suive, acheva l'Illusionniste. »

 

Et c'est en disant ces mots qu'il commença réellement à effrayer Jonas. Celui-ci était angoissé. Il n'avait pas encore peur. Mais ça n'aurait su tarder.

 

Le jeune homme regarda autour de lui. Il était dans la Salle de Contrôle du TARDIS. Et rien n'avait changé depuis la dernière fois... Était-il réellement dedans? Il y avait les couleurs olympiques sur le rotor temporel... Mais pas les bannières. Il n'y avait pas les bannières olympiques autour de la passerelle. Ce n'était pas la vraie Salle de Commande, pas le vrai TARDIS. La porte menant à l'extérieur ne devait mener à rien...

 

Et alors, Jonas décida de s'aventurer dans les couloirs du vaisseau. Il ne les connaissait pas totalement, même s'il avait une chambre quelque part. Il devait trouver quelque chose... N'importe quoi. La vraie salle de commande? Ses appartements? Des armes? Et c'est ainsi qu'il entra dans les méandres de ce qui n'était pas réellement le TARDIS...

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Flash. Blanc. Sifflement. Frisson. Oui, c'était cela. Paralysie. Ils avaient été sonnés. Lui et ses deux compagnons. C'était ce à quoi pensait le Docteur. Il venait de se réveiller, et après avoir analysé le peu de ce dont il se souvenait, il regarda autour de lui pour comprendre où il était... Et quelques mots lui revinrent. Blanc. Sifflements. Frissons. C'était ce qu'il voyait, et ce qu'il ressentait. Un vent léger lui soufflait dans les oreilles, et tout était blanc autour de lui... Le ciel. La terre. Ce n'était pas de la terre.

 

« De la neige?

 

Il tendit son bras droit sur le coté, pour tenter de voir s'il s'agissait bien de ce à quoi il pensait. Et il avait raison. Et dans le même temps, il découvrit avec surprise qu'il n'avait pas de manches. Et le froid qu'il ressentit alors partout dans son corps lui fit comprendre qu'il n'avait rien du tout.

 

- Je suis nu... Sur de la neige... Qu'est-ce que...?

- En effet, répondit une voix rocailleuse, menaçante et dont l'origine était mystérieuse.

- Quoi? Vous êtes... Celui qui...

- … est derrière tout ça? Oui, on va dire ça comme ça. Je suis celui qui vous a fait vivre un rêve cauchemardesque. Et je vais vous faire vivre un cauchemar éveillé.

- Je ne suis pas endormi, n'est-ce pas?

- Oh, vous êtes plus intelligent que vos deux amis... Ils ne l'ont pas compris aussi rapidement.

- Où sont-ils? demanda le Docteur avec une voix menaçante.

- Quelque part. Comme vous. Vous êtes quelque part, et un champ télépathique extrêmement sophistiqué crée cet environnement autour de vous, manipule votre cerveau, vos sens.

- Je peux tout nier, vous savez.

- Non. Pas ici. Votre cerveau ne peut pas contrôler le champ télépathique de la même manière que le champ contrôle vos sens. Tout est fait pour que ça ne marche que dans un sens.

- Et comment je fais pour faire des traces dans la neige avec mes mains, alors?

- Vous interagissez avec les illusions, et avec la réalité, sans savoir si ce que vous touchez est réel ou non. Vous pouvez discuter avec des gens. Les interactions sont nombreuses, mais vous ne contrôlez pas tout. C'est très complexe, trop pour vous, je pense.

- Rien n'est trop complexe pour moi. Je suis brillant!

- Et vous êtes nu dans la neige. Et vous allez devoir combattre vos plus grandes peurs Docteur.

- Mes quoi?

- Vos plus grandes peur. Votre plus grande peur, même. Tout ce qui vous entoure consiste en vos peurs. Combattez-les, brisez-les, et l'illusion n'existera plus. Je m'amuse un peu avec vous, Docteur. En réussissant ce test, vous pourrez sûrement libérer vos amis, moins "brillants" que vous. Mais encore faut-il survivre...

- Survivre à quoi?

 

L'Illusionniste ne répondit pas. Le Docteur décida de se relever, et observa autour de lui. Il y avait un village au loin. Un village qu'il connaissait bien. Trop bien... La neige, le village, tout correspondait.

 

- Le froid, Docteur. La neige. Le froid vous tuera. Vous combattrez vos peurs, ou vous mourrez... sur Trenzalore. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Jamais!

 

Le mot poursuivait Jonas. Il courait dans les méandres du TARDIS. Et le mot était sans cesse derrière lui, dans ses oreilles. Jamais! Le passé qui ressurgissait. Cette voix qui parlait, ici, n'était pas la voix rocailleuse de l'Illusionniste. Non, c'était une voix féminine, mais dure, sèche. Une voix qu'il connaissait. Une voix horrible pour lui.

 

Jamais!

 

Jonas tourna sur la gauche, et déboucha sur la Salle de Commande. La vraie, cette fois. Il y avait les bannières. Il y avait le rotor multicolore. Il allait enfin pouvoir sortir, s'enfuir. Jamais! Il courut vers la porte du TARDIS, en dessous de l'inscription "Police Public Call Box" écrite à l'envers. Il l'ouvrit d'un coup, et s'engouffra à l'extérieur, pour déboucher... Dans la Salle de Commandes.

Jamais!

Il regarda derrière lui. Il y avait la boîte bleue. Elle reposait dans la salle de contrôle... Le TARDIS dans le TARDIS. La salle dans laquelle il avait débouché était identique à la première, tout aussi Olympique. Le TARDIS qu'il voyait à l'intérieur s'était automatiquement refermé. Et de peur de ce qui se trouvait dans le nouveau, il se précipita dans le premier. Sauf que cette fois, il n'était pas plus grand à l'intérieur.

Jamais!

Il se trouvait dans la petite cabine, obscure, oppressante... Fermée à clefs. Il tambourina sur la porte, mais il ne réussit pas à l'ouvrir. Jamais! La voix continuait de souffler dans ses oreilles. La voix de sa sœur. Jamais! Une voix sèche, intransigeante. Jamais! Il revoyait la jeune femme lui lancer ce mot. Ses cheveux châtains décoiffés par la colère, ses yeux si doux devenus si noirs... Cette sœur qu'il ne reconnaissait plus lui revenait en mémoire. Jamais! Il avait résisté. Il avait combattu sur sa planète, pour la liberté. Mais elle, elle était dans l'autre camp. Jamais! Jonas s'effondra dans la cabine, commençant à pleurer et à crier, oppressé tant par les parois étroites que par les souvenirs. Les mains sur la tête, la tête dans les bras, le menton contre le torse... Jamais! Cette sœur qui avait refusé, si violemment de l'aider dans son combat pour la Résistance. Jamais! Cette sœur qui allait le dénoncer... Lui qui la suppliait, faisant appel à cet amour fraternel qui avait disparu. Il s'était mis à genoux pour qu'elle ne le trahisse pas, pour qu'elle ne détruise pas la famille en faisant cela. Mais il n'avait eu qu'une seule réponse: Jamais!

La peur de la trahison, de la dénonciation... Le mort en sursis qu'il était sur sa planète, celui qui était mal vu par les uns, pris en pitié par les autres. Celui qui avait brisé sa famille, coupable ou victime, les avis divergeaient... Mais pour chaque âme amie, pour chaque soutien, il y avait toujours un autre pour le voir comme un coupable.

Jamais!

Les coups de pieds qu'il avait lancé dans la porte réussirent à briser le verrou. En voyant ceci, il se précipita à l'extérieur, et sans réfléchir, courut vers la sortie de la Salle de Commandes... Pour s'extirper d'un TARDIS dans une autre Salle de Commandes.

Jamais!

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

La lumière au bout du chemin... Elle n'était pas là. Il n'y avait que l'obscurité. Clara ne savait pas où elle était. Elle ne voyait plus les murs, les auras... Elle était fatiguée. Et il n'y avait rien ici pour l'aider. Absolument rien. Aucun repère. Elle ne savait pas d'où elle était partie, et où se trouvait la sortie... Ni comment "affronter ses peurs". C'était ça la sortie, mais le coté "labyrinthique" avait tellement obnubilé Clara qu'elle avait oublié les conseils de l'Illusionniste. Mais comment faire confiance en cet homme? C'était lui qui l'avait mise dans cette situation, après tout.

Mais de toute façon, elle ne voyait pas comment affronter sa peur. Mais elle avait enfin compris de quoi il s'agissait. Se perdre. Ne pas savoir où elle se trouvait. N'avoir aucun repère, ne pas savoir où aller. Le noir total ou presque. C'était le presque qui était le pire. Il fallait qu'elle puise dans ses souvenirs. Dans tout ses souvenirs. Ceux qui lui restaient des centaines de vies qu'elle avait vécu, où elle avait sauvé le Docteur tant de fois. Je sais pas où j'suis. Mais la peur revenait tout le temps alors que les ténèbres semblaient se refermer sur elle. Je ne sais pas où j'suis. Il fallait réfléchir à la ligne temporelle du Docteur. Elle avait eu peur des milliers de fois. Elle s'était perdue bien souvent. Que c'était-il passé alors? Je ne sais pas où je suis. Je sais juste que je cours.

 

Et ce fut la révélation. Les premières pensées qu'elle avait eu après avoir sauté dans la ligne. Ces mots qui avaient définis tout ses échos. Elle ne savait pas où elle était, mais elle continuait à courir. Et c'était ce qu'elle devait faire. Parce qu'en avançant à tâtons, elle n'arriverait à rien. Il fallait courir, courir et toujours courir. Ne pas avoir peur des murs. Fermer les yeux. Elle ne savait pas où étaient les murs, elle ne craignait rien. Et alors elle se mit à courir, ne rencontrant aucun obstacle. Courir et courir. Courir encore. Courir toujours. Et après plusieurs dizaines de secondes, elle rencontra une obstacle mou, et tomba en avant sur celui-ci, ouvrant les yeux par la même occasion.

 

« Docteur?

- Clara! Pourquoi faut-il toujours que vous couriez!?

 

Elle se trouvait couchée sur le Seigneur du Temps, au sol... Et dès qu'elle en prit conscience, elle roula sur le coté pour ne pas rester dans une position aussi gênante, et se releva. Elle se trouvait dans une petite salle remplie d'ordinateurs, encastrés sur les murs. Sur un de ces mur, il y avait une cavité vide, une sorte d'alcôve.

 

- Docteur, où est-ce qu'on est? J'ai réussi à briser l'illu...

- Possible. Mais je vous ai téléportés avant, vous et Jonas.

 

Le jeune homme était couché sur le sol, et avait, semblait-il perdu connaissance. Il s'était laissé submerger par ses peurs. Et Clara ne pouvait pas l'en blâmer.

 

- Mais alors... Vous avez réussi, vous, non? demandait-elle.

- Oui. Et j'ai poursuivi ce type, cet... "Illusionniste" jusqu'ici, répondit le Seigneur du Temps en pianotant sur un ordinateur. Il s'est enfui dans une capsule temporelle qui se situait dans le trou vide, ici.

- Donc il peut être n'importe où, n'est-ce pas?

- Non. Sa machine ne pouvait se déplacer que d'un endroit à un autre. Et je suis entrain de chercher "l'autre".

 

Après une dizaine de secondes à pianoter, il lâcha un cri de victoire, et sortit son tournevis pour copier les coordonnées qu'il avait obtenue.

 

- Très mauvaise idée de connecter une machine à voyager dans le temps à un ordi mal protégé, surtout lorsqu'on part à l'arrache, commentait-il.

- Docteur?

- Hmm?

- Vous avez combattu votre peur? C'était quoi?

 

Le Docteur ne répondit pas. Il regardait dans le vide. Sa plus grande peur... Il l'avait combattue avec intelligence. Mais il l'avait découverte avec terreur. Seul, nu sur Trenzalore... Il avait pris du temps pour comprendre... Et maintenant qu'il avait compris, il connaissait l'un de ses plus grands points faibles. Un point faible qu'il ne pourrait jamais combler. Et qu'il ne devait surtout pas révéler. Il fit donc mine de ne pas avoir entendu la question de la terrienne.

 

- Clara, allez vous occuper de Jonas. Il faut qu'il soit réveillé et en pleine forme. Nous allons poursuivre cet "Illusionniste".

- Juste une question. Comment a-t-il fait? Pour nous amener à cet endroit, et pour imiter Gallifrey?

- Le TARDIS a été rappelé sur Gallifrey. Nous sommes sur Gallifrey.

 

Clara ouvrit grand les yeux, et n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait. Ce n'était pas possible, pour elle. Gallifrey était perdue.

 

- Enfin, en réalité, nous sommes sur un clone de Gallifrey. Mon peuple a vécu des guerres terribles. Durant l'une d'entre elle, pour tromper l'Ennemi, les Seigneurs du Temps ont construits neufs mondes-clones. Les neuf Gallifrey, identiques à l'originale. Et même le Haut-Conseil ne savait pas quelle était la vraie. Finalement, les mondes ont été détruits, mais il semblerait que l'un d'entre eux y ait réchappé.

- Et l'Illusionniste aurait trouvé assez d'informations ici pour imiter le fonctionnement de la planète dans nos cerveaux, c'est ça?

- Oui. Et il aurait trouvé les commandes permettant de rappeler un TARDIS. Il rappelle le mien, qui obéit. Ensuite, il nous fait perdre connaissance à la sortie du vaisseau, nous branche et... vous connaissez la suite.

- D'accord... Mais dîtes... Comment vous saviez qu'il s'agissait d'une illusion?

- Je me suis posé des questions dès le début, et j'étais presque sûr lorsque les astéroïdes sont tombés.

- Les quoi?

- Oui, dans mon cerveau, il a fait tomber des météores... Ne cherchez pas à comprendre, il est tordu. Mais c'est la musique qui a balayé les quelques doutes qui me restaient.

- Oui... Moi aussi, j'ai entendu la musique... murmurait Clara. Queerdshytrucmuche la chantait, mais avec une voix de femme. D'où ça venait, d'ailleurs?

- Un dysfonctionnement des ordinateurs, sûrement. »

 

Le Docteur retourna alors à ses écrans et claviers, alors que Clara avait accouru vers Jonas pour voir s'il allait bien. Le Seigneur du Temps avait menti: la musique avait très, très peu de chances de provenir d'un problème informatique. Elle avait vraisemblablement été envoyée directement dans les systèmes électroniques de l'Illusionniste pour perturber l'illusion, et la trahir... Restait encore à découvrir qui avait bien pu vouloir les aider tout les trois.

 

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