Doctor Who Alternative: L'Heure des Choix

Chapitre 18 : Chapitre 17: Se Confier?

1874 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:12

Le visage du Docteur était rempli d'incompréhension. Le choc n'était pas rude, il était bien pire. Son regard se baissa pour observer le cadavre de Clara. Cette vision si horrible de sa compagne de voyage, morte, presque à ses pieds, parce qu'il l'avait sacrifiée... Parce qu'il l'avait choisie... Cette vision le frappa au plus profond de son âme, et il faillit perdre l'équilibre tant le mal-être le rongeait, tant son estomac se nouait. Il lâcha son tournevis, qui frappa le sol métallique, rebondit, et roula pour s'arrêter contre le réacteur. Alors voilà le sacrifice... Pour l'Univers, pour son peuple, pour sa propre existence, il avait du la sacrifier. La Fille Impossible qui l'avait sauvé tant de fois.

 

« DOCTEUR! hurla une voix derrière-lui.

 

Il ne se retourna même pas. Quelqu'un lui attrapa un bras, et le tira hors du "couloir" qui séparait les deux parties du réacteurs, tandis que celles-ci partaient en flammes, explosaient de tout les cotés, crachant aux alentours.

Adrian tirait le Seigneur du Temps, ou le poussait. Il le poussait, plutôt, car il avait désormais placé son bras au niveau du dos de l'alien, comme pour l'accompagner. Les deux coururent en direction de l'une des portes arrières, à coté des condensateurs, et d'un frôlement sur son bracelet, le jeune homme l'ouvrit. Et alors qu'ils sortaient tous deux dans le couloir, le vaisseau s'arrêta brusquement et une énorme secousse les poussèrent vers l'avant, les jetant à terre.

 

- C'est votre faute! criait le Docteur! C'est toujours votre faute!!

- Qu'est-ce que v...

- Dès que vous êtes là, tout va mal! continuait l'alien en se relevant. Dès que vous êtes là, elle est en danger! Dès que vous êtes là IL FAUT QU'ELLE MEURE!! C'était à cause de VOUS à Coxtin!

- Mais là ce n'est pas à cause de moi!! rétorqua Adrian en haussant le ton, et en se relevant lui aussi.

- Ah bon? Et alors c'est à cause de qui? C'EST À CAUSE DE QUI?!

 

Sparrow recula et se plaqua au mur en voyant la fureur du Docteur. Il restait interdit. Ce n'était pas sa faute à lui, non. Il aurait sûrement pu empêcher cela d'arriver, en désactivant son bracelet, mais le Seigneur du Temps avait raison. C'était l'Univers qui était menacé. Et s'il avait tout arrêté, le Docteur aurait trouvé bien des arguments contre lui, lui aurait justement dis qu'il sacrifiait des vies innocentes en permettant à cette flotte de se rendre à destination...

 

- C'est ma faute, peut-être?? MA FAUTE?? Ma... ma...

 

Le Docteur n'arrivait plus à parler. Les mots semblaient l'étouffer, et son regard trahissait comme une horreur qu'il découvrait en lui-même. Il fixa celui d'Adrian, et ses yeux d'un bleu-vert grisé, ces yeux qui avaient vu deux millénaires, montraient qu'il venait de réaliser quelque chose de vraiment, vraiment terrible.

 

- C'est ma faute... répétait-il la voix brisé. Adrian c'est... C'est à cause de moi. Elle est morte par ma faute. Je...

 

Le jeune homme affichait un sourire triste. Ce n'était pas totalement sa faute, non. Mais il ne fallait pas se mentir, il avait une part de responsabilité non-négligeable. Tout les deux avaient une part de responsabilité. Mais le Docteur, dans sa prise de conscience, s'emplissait d'une effrayante culpabilité. Et en voyant son regard, Adrian s'avança vers l'alien et ne put s'empêcher de le prendre dans ses bras et de le serrer contre lui. Le Seigneur du Temps était perdu, toute sa conception du monde, toute sa fierté, son assurance, sa conviction... Tout semblait s'écrouler pour lui. Ce contact avec quelqu'un le rassurait un peu, bien que quelques larmes coulaient sur son visage. Derrière eux, le réacteur continuait d'exploser, et Adrian craignait déjà que des Daleks arrivent en renfort.

 

- Il faut retourner au TARDIS, murmurait-il.

- Oui, vous... vous avez raison. »

 

L'alien se dégagea de l'étreinte du jeune homme, et chercha à se souvenir de l'endroit où se trouvait sa cabine. Après quelques secondes de réflexion, il commença à marcher, silencieux, dans le couloir.

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Les portes de bois se refermèrent en un quasi-silence. Le Docteur s'était assis sur le siège noir à droite de la console, et avait le regard vide. Adrian, quant à lui, était debout, les deux mains appuyées contre la console, les bras tendus, à attendre.

 

« Est-ce que ça va? demanda-t-il à voix basse.

- D'après vous!

- Désolé... s'excusa le jeune homme.

 

Le Seigneur du Temps s'essuya les yeux pour chasser quelques larmes qui commençaient à revenir, puis se redressa sur son siège.

 

- La dernière fois... À Coxtin... C'était bien la dernière fois, pour vous?

- Oui.

- Ce jour-là... Je ne sais pas comment vous avez pu arriver au TARDIS aussi vite avec Clarisse, ni comment vous avez pu retrouver Clara et revenir, ni comment vous saviez piloter le TARDIS mais... vous l'avez fait.

- Et alors? Vous m'en voulez encore pour ça?

- Je ne sais pas... Je ne crois pas... Je... Ce jour là, vous saviez que vous pouviez le faire, n'est-ce pas? Vous saviez que vous étiez capable d'aller au TARDIS avec Clarisse, d'aller chercher Clara et de faire en sorte que le paradoxe soit contenu. Non?

- Presque... avoua le jeune homme. J'étais quasiment sûr que ça marcherait. Je craignais juste que le paradoxe soit trop puissant pour être contenu.

- Mais vous saviez aussi qu'il allait falloir que l'une des deux se sacrifie à la fin.

 

Adrian ne répondit pas. Il fixait encore et toujours le regard du Docteur, et cette fois c'était lui qui vacillait, c'était l'esprit du jeune homme qui doutait.

 

- Au fond de moi... oui. Je l'ai sûrement ignoré, j'ai sûrement voulu ne pas prendre ça en compte, mais je crois bien que... Je le savais, oui.

- Et vous avez choisi. Vous avez choisi en toute connaissance de cause. Soit vous laissiez Clara devenir Clarisse, et donc elle n'aurait plus jamais voyagé avec moi, soit vous sauviez Clara, condamnant Clarisse à disparaître, soit parce que le paradoxe aurait été plus fort, soit parce qu'elle aurait eu à se sacrifier.

- Je... C'est vrai. C'était difficile de choisir... C'était ce genre de choix où aucune solution n'est bonne. Où il faut choisir entre deux terribles solutions, et où l'on choisit la moins pire.

- Sauf qu'elles sont toutes autant horribles l'une que l'autre. Je pensais que cela ne m'arriverait plus jamais. Plus jamais... murmurait le Docteur.

- Je vous comprend, vous savez.

- Non, vous ne me comprenez pas. Vous ne pouvez pas me comprendre.

 

Le Seigneur du Temps lâcha un soupir. Son choix était de ceux qui n'étaient jamais bons, oui... La dernière fois qu'il avait du faire un choix aussi terrible, il avait trouvé un compromis. La dernière fois que Clara avait été... tuée, un "compromis" était arrivé. Mais cette fois, c'était impossible. Plus de compromis. Plus de conte de fées où tout le monde vit. Mais s'il ne pouvait pas changer ce qui venait de se passer, il pouvait au moins s'assurer que la troisième solution qu'il avait trouvée, ce même jour, dans cette baraque de bois, n'ait pas été choisie en vain. Il pouvait faire en sorte que le compromis qu'Adrian avait pensé trouvé puisse exister pendant le court temps qu'il avait existé. Il pouvait faire en sorte que Clara ne soit pas morte pour rien. Il fallait le faire. Les conséquences, ils les connaissaient, il les avaient vécues.

 

- Je dois sauver Gallifrey, annonça-t-il en se relevant.

- Vous êtes sûr que... c'est le moment?

- Oui, c'est le moment. C'est doublement le Moment, même. Je dois sauver mon peuple. Le plus tôt sera le mieux. Et comme ça, j'existerais, et je pourrais aller les retrouver, et... et...

- Et la mort de Clara aura lieu. Elle sera gravée dans le Temps...

- Je sais! Mais... Mais il faut assumer ses choix, Adrian. On dit qu'on a pas le choix, mais on l'a toujours. Alors j'assume celui-ci, même si c'est douloureux.

 

Était-il honnête, se demandait Adrian. Son masque d'assurance et de fierté semblait avoir repris le dessus. Le Docteur froid reprenait ses droits. Pensait-il ne serait-ce qu'à la crédibilité de ses paroles... Il était bouleversé, le jeune homme le sentait bien. Mais d'un coté il avait raison. Il fallait en finir. Ce n'était pas la première perte qu'il subissait, et à chaque fois il s'était relevé.

 

- Allons-y dans ce cas. Sauvons Gallifrey.

- Non. C'est à moi de le faire, et à moi seul. Restez en-dehors de cela, asseyez-vous quelque part, et ne parlez pas. »

 

Le Docteur s'avança vers la console, tandis que le jeune homme se retirait, montant les escaliers, pour l'observer depuis la passerelle qui surplombait la pièce. Après avoir réglé quelques leviers et boutons, et placé un écran devant lui, le Seigneur du Temps tira la manette principale. Et le TARDIS décolla.

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