Doctor Who Alternative: Saison 9

Chapitre 3 : L'Ombre d'un Doute [Partie 3]

8543 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:50

« Comment ça, "Docteur Qui"? s'étonnait Mahieu.

- Je vous disais que cela n'avait pas d'importance... s'excusa Sigmalion. Du moins... Léo, ça va?

- Oui, oui... Mais... je ne connais pas la réponse à cette question, si tu veux tout savoir. Il n'y a qu'une personne qui la connait.

- Qui?

- Toi. Tu es le Docteur, et tu vas sauver ce village, et tu vas sûrement m'en vouloir beaucoup pour ce que j'ai fait.

- Mais qu'as-tu donc fait? s'effara son père. Qui c'est, ce Docteur? Qu'est-ce que ça veux dire?

- Il faut que l'on rentre à la maison, je dois te montrer quelque chose. »

 

L'Ombre d'un Doute

PARTIE 3

 

Mahieu et Aurore attendaient dans la cuisine, surveillant au loin l'Ombre tandis que les deux propriétaires de la chaumière étaient rentrés dans la chambre du fils. Il y avait toujours le lit, la table de nuit, le miroir au mur, le coffre, l'armoire et la fenêtre. Léo referma la porte derrière lui, et s'assit sur son matelas, regardant son père avec un regard insistant.

 

« Alors? demanda-t-il.

- Alors quoi?

- Aucun souvenir? Rien?

- Et bien... Non. Rien. De quoi parles-tu, au ju...

- Bon, il va falloir rentrer, murmura Adrian pour lui-même.

- Rentrer où ça? Nous sommes déjà rentré, et on ne peut que sortir de cette chambre.

- Faux.

 

Le jeune homme se leva, et s'avança vers son armoire bleue. Il agrippa les poignées métalliques, inspira un grand coup, et tira les deux portes de bois vers lui. L'intérieur du meuble semblait vide et noir, mais Léo entra tout de même dedans, faisant signe à son père de le suivre. Celui-ci posa le pied dans l'armoire, et sentit immédiatement qu'il ne marchait pas sur du bois. Il s'avança un peu, détaillant à peine ce qu'il y avait face à lui, tant à cause de l'obscurité que de ses problèmes de vue. Mais très vite il se rendit compte qu'il aurait déjà du heurter le fond du meuble. Or il semblait y avoir toute une pièce face à lui. En se rendant compte que l'armoire était plus grande à l'intérieur, Sigmalion perdit l'équilibre, mais se rattrapa sur une sorte de barrière ou de rambarde métallique. Il releva son visage, et chercha à détailler un peu plus cette salle.

Elle semblait circulaire, parfaitement circulaire, d'une quinzaine voire d'une vingtaine de mètres de diamètre. Il n'y avait qu'une source de lumière, faible, au centre, une sorte de tube de verre assez large qui lançait un éclat blanc ou orange-pâle autour, éclairant une sorte de console hexagonale. La porte de la pièce n'était pas alignée avec cette colonne vitrée, et Sigmalion devait donc se tourner un peu vers la droite pour lui faire face. Autour, il n'apercevait pas grand chose, si ce n'était qu'il se trouvait entre deux rambardes métalliques. Son fils s'avança jusqu'à la console, qui était surélevée d'une petite marche de quelques centimètres par rapport à la porte, et tendit son bras vers le panneau à sa droite. Il posa sa main en bas tout à gauche du panneau, et poussa de ses doigts deux sliders extrêmement rapprochés (ces instruments de réglages que l'on faisait coulisser sur une fente, comme sur les tables de mixage audio). Il ne poussa les deux variateurs que jusqu'à la moitié de leur réglage maximal, et alors qu'il faisait ce geste, les lumières s'allumèrent.

Le rotor temporel gagna en intensité, et les rondelles circulaires qui parsemaient les murs éclairaient partout autour. Plusieurs mètres au-dessus, de fines lampes blanches organisée autour de la colonne de verre offrait un éclairage de plafond fort agréable, qui profitait aussi au balcon qui faisait le tour de la pièce au premier étage, qui avait pour mur ceux de la salle toute entière, bloquant donc en partie la lumière d'au-dessus, qui éclairait donc principalement la console.

La pièce était faîte de bois verni et de métal doré. Tout respirait ici la finesse et l'élégance. Le sol était en métal, un métal brun et brillant, et les murs étaient recouverts de bois poli, verni, lisse et glissant, où l'on pouvait voir parfois des touches plus sombres, comme sur n'importe quel bois. Mais ces parois étaient aussi parsemées de quelques rondelles, architecture classique du vaisseau, peu nombreuses, assez espacées les unes des autres, et qui produisaient leur propre lumière. La pièce était en bien circulaire, et la porte d'entrée était en effet décentrée par rapport au reste, étant dans un axe situé entre la console et un escalier à gauche de celle-ci, qui descendait sous la pièce, et qui épousait la forme arrondie de ses murs. Des barrières dorées empêchaient de tomber depuis le niveau de la console, et d'autres barrières dorées d'un mètre de long seulement prolongeait l'espace rectangulaire où se trouvaient les portes blanches menant à l'extérieur, légèrement en retrait par rapport aux limites de la pièce. Autour de la console aussi se trouvaient des barrières, mais elles n'en faisaient pas le tour, laissant des trous pour se diriger tant vers la sortie que vers les deux escaliers, le premier à gauche, et le deuxième de l'autre coté de la pièce, orienté dans la même direction (c'est à dire qu'il montait vers le fond de la pièce), et qui permettait d'accéder au balcon à l'étage. Tout deux étaient flanqués de fines rampes de métal doré et constitués de marches de bois verni.

Sous le deuxième escalier, il y avait une porte de bois poli arrondie, qui permettait d'accéder à un corridor, et qui se trouvait dans l'axe de la console, tout comme deux autres ouvertures de ce genre (fermées à ce moment là, d'ailleurs), qui se trouvaient dans l'autre axe, parallèle aux escaliers.

La console, quant à elle, était faîte de six panneaux organisés autour du rotor temporel, cette colonne de verre transparent et incolore qui lançait une lumière d'un orange terne et presque blanc, à l'intérieur de laquelle il n'y avait rien, pas un néon, pas un radar... Elle s'élevait jusqu'au plafond, au-dessus de l'étage, et s'encastrait alors dans le bois. Chaque panneau de la console en elle-même était fait de la même matière, vernie sur les bords qui les séparaient et autour du rotor, mais juste lisse là où se trouvaient les commandes. Chacun était fait de nombreux interrupteurs, leviers, glisseurs et boutons, mais là où la précédente console était incurvée, que les commandes étaient sur une légère pente, ici les panneaux étaient presque à plat, mais formaient à quelques dizaines de centimètres du rotor un angle brutal vers le haut. La partie presque perpendiculaire ainsi crée, qui montait sur une quinzaine de centimètres, accueillait pour la moitié des panneaux un écran.

Léo fit le tour de la console, pour s'assurer que tout allait bien. Celle-ci était orientée de telle manière qu'elle "pointait" vers les deux portes opposées, et que deux de ses six cotés étaient comme parallèles aux escaliers. Ainsi, le panneau situé à la droite de celui orienté face aux marches descendant vers le bas était orienté vers la sortie, et Sigmalion s'en approcha. De son coté, le jeune homme s'était dirigé vers celui qui faisait face à l'autre escalier, occupé par trois leviers, celui au centre étant plus gros que les deux autres. Leurs poignées étaient faîtes de telle façon que l'on pouvait d'une seule main déplacer les trois à la fois, mais Léo n'en poussa que deux, celui du milieu et celui de gauche, qui étaient totalement abaissés, là où celui de droite était déjà à mi-course.

 

- Mettons un peu d'énergie dans ce vieux vaisseau... murmura-t-il en relâchant les lourds leviers à peu près au tiers de leur chemin.

- Cet endroit...

- Il te rappelle quelque chose?

- Oui.

 

Des murmures revenaient à l'esprit de Sigmalion. Des mots, des phrases. "Plus Jamais", "Jamais céder", "Laissez-moi mourir en Docteur"... Tous les soupirs d'un passé oublié, qui resurgissaient en cet instant. Il revoyait l'endroit, et dans son esprit, il le revoyait plus sombre, plus étroit, plus métallique et plus froid. Sans rondelles au mur, mais avec ces espèces de choses circulaires qui tournaient au plafond.

 

- Je suis... Je suis le Docteur.

- Oui.

 

Le Seigneur du Temps se tourna vers son "fils", et le fixa droit dans les yeux, avec un regard d'incompréhension, un regard qui posait une question très simple.

 

- Pourquoi avoir fait tout ça?

- Nous avons d'autre priorités, tu ne trouves pas? Les questions seront pour plus tard.

- Je l'espère bien...

- Maintenant que tu te souviens, tu peux vraiment nous aider, nota Léo en se déplaçant juste à coté du Docteur pour appuyer sur un interrupteur noir en bas à l'extrême-droite du panneau faisant face aux portes de la cabine, ce qui eut pour effet de les fermer.

 

Il alla ensuite au panneau à droite, entre celui de l'alien et celui de réglage de l'énergie. C'était le premier qu'il avait utilisé, pour allumer les lumières, et le Docteur devinait qu'il s'agissait de la partie contrôlant les systèmes internes et environnementaux du TARDIS. Au milieu se trouvaient deux cercles dorés, les champs télépathiques, et en-dessous étaient placés seize boutons dorés eux aussi. Léo appuya sur certains d'entre eux, et pressa quelque touches carrées sur un "clavier" vers la gauche. L'écran qui occupait toute la partie verticale du panneau s'alluma et montra un plan de ce qui semblait être l'intérieur du vaisseau.

 

- Je ne sais pas grand chose sur les Ombres, tu sais. Il faudrait utiliser la bibliothèque du TARDIS. Sympathique décoration, au passage.

- Vraiment? Je ne l'aime pas du tout.

- On me l'a dit tellement de fois que je n'y prête plus attention, tu sais.

- Chacun son opinion, alors. Bon, sinon, j'ai mis le plus d'énergie possible dans la création de le bibliothèque. Cela ne devrait même pas prendre une minute.

- Pourquoi le désactiver? C'est idiot.

- Je ne voulais pas qu'il te redonne la mémoire, ou même que tu te souviennes par toi-même...

- Et pourquoi cela te gênait tant?

- Il doit y avoir ce qu'il faut, coupa Adrian en se tournant vers la console. On va y aller.

 

À gauche du clavier (qui était en fait un carré de seize touches blanches carrées elle-aussi), trois petites tiges métalliques dorées, orientées en triangle pointé vers le centre, commandaient l'ouverture des portes au niveau de la console. C'étaient ces interrupteurs très légers que l'on pouvait placer en trois positions: vers le bas, ce qui verrouillait les portes, vers le haut (en direction du rotor), ce qui les ouvrait et les laissait ouverte, ou bien en position neutre, perpendiculaires à leur support, laissant les passagers ouvrir eux-même les portes en appuyant sur des boutons situés près de celles-ci. Léo poussa celui de droite vers le haut, et la porte sous l'escalier s'ouvrit. Il se dirigea dans le couloir, suivi par le Docteur.

Le corridor ressemblait à un couloir de première classe dans un paquebot de luxe, avec ses parois de bois verni parsemées parfois de rondelles. Les deux voyageurs temporels s'arrêtèrent devant une porte à double-battants, que Léo poussa, pour révéler la Bibliothèque du TARDIS.

 

Elle s'élevait sur une dizaine de niveaux, les rayons étant placés dans les murs de la grande pièce rectangulaire. Au centre se trouvait une grande piscine, olympique à n'en point douter, et le Docteur devinait ainsi que la salle entière devait mesurer près de 75 mètres de long, pour une quarantaine de large. Dans les murs gauche et droite, au niveau de l'entrée de la bibliothèque, se trouvaient deux cages d'escaliers, permettant ainsi de se déplacer de niveaux en niveaux sans aucun problème.

 

- Bon, maintenant il faut trouver ce que l'on cherche... soupira Léo. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

La bibliothèque avait beau être organisée en des balcons qui encadraient le bassin olympique, cela ne l'empêchait pas d'avoir quelques aménagements utiles pour lire tranquillement. Ainsi, autour de la piscine se trouvaient des fauteuils et des tables, et derrière le mur du fond, entre deux vestiaires, on entrait dans un petit salon de lecture. Le Docteur avait préféré rester dans la pièce principale, et s'était assis sur un fauteuil de style Louis XV placé à coté de l'eau, tandis que Léo était assis à même le sol de granit qui entourait le bassin. Tout deux lisaient un livre, l'un bien plus vite que l'autre, alors que d'autres ouvrages étaient posés sur une table d'ébène.

 

« Pour l'instant ça ne fait que confirmer ce que l'on savait déjà... remarqua le Seigneur du Temps.

- Je n'y peux rien. Sois plutôt content que je les ai trouvé si vite.

- Oh mais ce n'était pas une critique, loin de là! se défendit l'alien, qui ne voulait pas que l'on se méprenne sur son attitude. Je sais bien que ce n'est pas toi qui a écris ces livres. Mais en effet, tu les a trouvé assez vite. Tu connaissais déjà l'endroit?

- Oui... murmura Adrian. J'avais l'habitude de venir ici, à une époque. Quand je m'ennuyais, ou quand j'avais soudain besoin de lire quelque chose. J'aime bien cet endroit. Et puis, lorsque l'hiver arrivait, je me baignais ici. La température est réglable à volonté.

- Je vois...

 

Le Docteur posa son livre sur la table, en position ouverte, pour ne pas perdre sa page, et fixa son "fils", dont la précision dans sa vision contrastait avec les rayons au loin, qui lui apparaissaient flous.

 

- Alors cela fait vraiment trois années?

- Oui, répondit Léo d'une voix vaporeuse, en faisant mine de continuer à lire.

- Trois ans... Mon ancienne vie avait duré combien de temps, déjà?

- Comment veux-tu que je te le dise?

- Deux ans. Ou un an-et-demi. Voire même un tout petit peu moins. L'une de mes vies les plus courtes. Et j'ai déjà vécu deux fois plus...

- Ce n'est pas pour rien qu'on parle du "long fleuve tranquille", remarqua le fils en appuyant sur le premier adjectif.

 

Le jeune homme avait confiance en ce Docteur plus qu'en l'autre. La nouvelle incarnation ne lui poserait pas trop de questions pour l'instant. Il comprenait qu'il y avait une priorité. Il ne chercherait pas à le blâmer de quoique cela soit, parce que ce n'était pas le moment. Alors il pouvait presque plaisanter sur ces trois années de mensonges et d'illusions. Il s'agissait ici des seuls instants qui le permettait.

 

- D'ailleurs, je suis myope... C'est la première fois que ça m'arrive, je crois.

- C'est pas censé être la presbytie qui arrive avec l'âge? demanda Léo.

- Oh, avec moi, rien n'est bien normal... N'empêche, je vais avoir besoin de lunettes. Il y a de quoi créer des lentilles dans le TARDIS?

- Euh... Il y a quelques laboratoires, oui. Après je ne sais pas si tu pourras te faire des lunettes.

- Tiens, j'ai découvert quelque chose d'intéressant, nota Sigmalion. Les Ombres, comme tu l'as dit, transforment les molécules environnantes en changeant l'organisation des atomes. Elles possèdent une conscience, une sorte d'âme, qui ne peut habiter qu'un seul corps. Cela signifie qu'elles ne peuvent pas, en théorie, se diviser.. Pour garder son intégrité, une Ombre utilise un champ magnétique dont elle peut changer l'intensité, et qui empêche les atomes de se dissocier. C'est aussi ce champ magnétique et l'énergie que possède la créature qui lui permet de changer l'organisation des atomes, et donc tant d'absorber de la matière que d'en créer à partir de ses "réserves".

- Au moins, ça explique pourquoi lorsqu'on coupe un bras ou un tentacule, ils part en poussière.

- Et cela explique aussi pourquoi la chaleur est dévastatrice. Pour garder son champ magnétique élevé et pour pouvoir le modifier avec le plus de facilité, l'Ombre doit rester froide. La chaleur diminue l'intensité du champ, assez pour que l'arme que l'on utilise ne puisse pas se faire absorber ou transformer. Et donc on peux couper une partie de cette créature.

- Je vois... Tiens, ici ils expliquent qu'une fois qu'une Ombre a obtenu assez de matière et a réussi à générer assez d'énergie, elle peux se scinder en deux, et donc se reproduire. Mais cela prend du temps. Et un autre paragraphe donne quelques équations sur la transformation...

- La transformation des cibles?

- Oui. Pour faire simple, on dirait que cela ne demande pas tant d'énergie que cela, mais qu'il y a toujours des pertes plus ou moins grandes. Elle ne réussit jamais à transformer toutes les molécules, il y en a toujours environ quinze à vingt pour cent qui partent "en poussière". Avec plus d'énergie, elle doit pouvoir réduire les pertes.

- C'est bien gentil, tout cela, mais comment est-ce qu'elle la trouve, cette énergie? Elle la produit elle-même?

- Oui, on dirait. Oh, et ça explique aussi que même si elle ne comporte pas d'organes visuels ou autres, l'Ombre analyse son environnement avec une précision nanométrique.

- Forcément, c'est ce qui lui permet de "voir" les atomes et de les réorganiser. Et donc de reproduire un modèle qu'elle a déjà vu, de recréer une matière.

- Elle peuvent sentir les différences des champs magnétiques autour d'elles, et certaines formes d'énergies, dont les énergies Polléniennes, Uyilans, Artrons, Dexis et...

- Artrons? L'énergie Artron? répétait le Docteur.

- Oui. Il y a un problème?

- Oui, et un gros... Plus gros à l'intérieur qu'à l'extérieur, pour être honnête. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Le Docteur rentra dans la salle de contrôle et se précipita sur la console, sur le panneau situé juste en face de la porte qu'il venait de dépasser, celui qui régulait la puissance. Il attrapa le levier du milieu et le baissa au maximum, puis pianota légèrement sur un clavier de touches carrées à droite de ces leviers. Juste en-dessous de ce clavier, un écran indiquait quels systèmes recevaient de l'énergie, mais l'alien regardait surtout sur la partie verticale du panneau, un cadran demi-circulaire à droite, dont l'aiguille se penchait de plus en plus vers la gauche, s'approchant du "0", tandis que tout le vaisseau lâchait un grognement de machine en train de s'étendre.

 

« Qu'est-ce que tu fais? s'exclama Léo derrière lui, qui venait de rentrer dans la pièce.

- Je désactive l'apport en énergie venant de l'Œil de l'Harmonie!

- Mais pourquoi?

- Parce qu'il ne faut pas que le TARDIS produise de l'énergie Artron. Il faut aussi qu'il absorbe celle qu'il a rejeté autour de lui... expliqua Sigmalion en abaissant le levier de droite, écoutant son propre conseil.

- Oh bon sang... Je n'y avais jamais pensé!

- Je ne sais pas comment cette Ombre est arrivée sur cette planète, si elle y est née ou je-ne-sais-quoi, mais en tout cas elle a du détecter l'énergie Artron dégagée par le TARDIS.

- Oh oh... Je commence à comprendre...

 

Le jeune homme se dirigea vers le panneau opposé à celui des énergies, celui qui faisait face à l'autre escalier. Il s'agissait surtout de l'interface: la partie verticale et un peu moins de la moitié haute de la partie principale était occupée au centre par un écran. Léo pianota sur un clavier, appuya sur un des six boutons rectangulaire situé en-dessous de l'écran, et tourna légèrement une des deux molettes placées à droite dudit écran, puis détailla l'image que renvoyait celui-ci. On devinait les contours de la chaumière et de ses cinq pièces au centre, mais il ne s'agissait que d'une sorte de plan. Le jeune homme utilisa le pavé tactile légèrement décentré en-bas du panneau pour déplacer la vue sur la droite, et tourna l'autre molette à coté de l'écran pour dézoomer un peu. Sur le fond bleuté, on voyait les contours des chaumières et les aspérités du terrain. De nombreux petits points rouges clignotaient dans certaines maison, ou dans la forêt, qui était elle-même remplie de points verts et parsemée de points jaunes. Léo appuya sur deux boutons rectangulaires situés sur la partie verticale, et les points correspondant aux signes de vies animales et végétales disparurent, ne laissant que les humains, en rouge.

 

- On ne voit pas l'Ombre, mais on devine un peu ses contours... remarqua-t-il en pointant un ensemble de petits traits blancs difformes et changeant, alors que Sigmalion s'était placé derrière lui.

- Il faut simplement régler le radar pour qu'il affiche les différences de champ magnétique.

 

Léo pianota sur le clavier, et appuya sur un des trois boutons rectangulaires à droite de l'écran du haut, tout en augmentant légèrement la luminosité des deux interfaces en poussant un des glisseurs à coté de ces boutons.

 

- Voilà... Bon, et bien on dirait que c'est un peu tard...

 

Sur les deux écrans, on voyait une sorte d'ensemble de tâches vertes plus ou moins intenses, toutes formant une grande tâche, qui se déplaçaient vers la chaumière.

 

- Une source d'énergie Artron l'intéresse forcément, murmurait le Docteur. Cela lui permettrait d'augmenter l'intensité de son champ magnétique et de résister aux chaleurs qui pourrait le réduire. Sans compter que cela lui permettrait d'absorber de la matière bien plus rapidement et en bien plus grande quantité.

- Et lorsqu'elle découvrira qu'il s'agit d'un TARDIS...

- Elle aura à sa disposition une dimension relative toute entière. Une source infinie de matière et d'énergie, de quoi se reproduire à toute vitesse, et peut-être même de se déplacer dans le temps sans se faire détruire dans le vortex. Imagine ce qui se passerait si elle réussit à exister dans les deux dimensions à la fois! Elle deviendrait indestructible et impossible à arrêter.

- Mais on fait quoi, alors? Laisser le TARDIS sur l'apport auxiliaire ne servira à rien, vu qu'elle a déjà senti l'énergie Artron.

- Les Ombres ont une conscience, non? Autant utiliser nos meilleures armes.

- Qui sont?

- Persuader et convaincre. »

 

ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ-ΘΣ

 

Dans la cuisine de la chaumière, tout était silencieux. Mahieu était recroquevillé à terre, dans un coin, fatigué, tandis qu'Aurore regardait au loin à travers la vitre, alors que le soleil commençait à se lever, lentement, derrière les nuages qui diffusaient et ternissaient le peu de lumière qu'il pouvait envoyer si tôt. Dehors, tout était gris. Dedans aussi.

Les deux jeunes de Greyhom avaient perdu bien des être chers durant les dernières heures. Des amis, des parents... Aurore avait vu son père se faire absorber par l'Ombre, et ne savait pas ce qu'il était advenu de sa mère Léana après la destruction de leur maison. Quant à Mahieu, il avait laissé Rokoy mourir, et savait que Timo faisait partie des sept enfants victimes du monstre... Dans la précipitation, la fuite et la peur, ces pertes semblaient si invisibles, si inoffensives... Mais lorsque tout cela laissait place au morne silence d'une chaumière vide, les larmes coulaient sans bruit. Comment les blâmer de faire ainsi? Les traditions de Greyhom n'étaient rien face à la douleur que tout deux ressentaient. Pendant quelques secondes, même, dans leur tristesse mutuelle, Aurore et Mahieu s'étaient serrés dans leurs bras, pour se réconforter...

 

Lorsque la porte de la chambre du fond se rouvrit, et que les deux étrangers arrivèrent dans la cuisine, ils reçurent des regards fatigués, mais froids. Ils avaient quelque chose à voir avec tout cela. Ils avaient un rapport avec ce massacre. Ils connaissaient cette créature, et il y avait de grandes chances que tout ceci soit de leur faute. Mais ces regards froids n'étaient pas pour autant accusateur ou culpabilisant, parce que les deux jeunes de Greyhom avaient vécu trois longues années en compagnie de ces gens. Parce que l'un était l'ami de Léo, et l'autre l'épouse. Il s'était passées trop de choses entre eux pour que tout se défasse en si peu de temps.

 

« Que faisiez-vous? demanda Mahieu d'une voix enrouée.

- Ce serait compliqué à expliquer... répondit Adrian. En tout cas, nous en savons plus sur l'Ombre, désormais. Et nous savons qu'elle viens vers nous.

- C'est ta faute? demanda soudainement Aurore en se tournant vers son époux.

- Non, coupa Sigmalion. C'est la mienne. En partie, en tout cas. C'est donc à moi de réparer cette erreur.

 

Léo leva son visage vers son "père", son visage qui prenait un air presque étonné. Le Docteur mentait et prenait la responsabilité des évènements. Le même Docteur qui, des années plus tôt, ou un temps incertain plus tard, selon le point de vue, disait qu'il fallait tous que l'on assume ses erreurs. C'est à ce moment d'ailleurs que le jeune homme vit que sa "couverture", cette fausse identité et ce faux père, était vouée à l'échec depuis le début. Dans son propre passé, Adrian avait vu ce même Docteur, qui voyageait à travers le Temps et l'Espace accompagné d'une humaine... Et pourtant il avait prolongé le plus possible cette illusion et ces mensonges, alors que tout devait s'effondrer un jour. Car son passé avait vu l'avenir...

 

- Et comment réparer cette erreur? murmura Mahieu.

- Je dois tenter de parler à l'Ombre.

- Vous pensez vraiment qu'elle peut nous comprendre?

- Je le crois, oui. Et la raisonner est probablement la meilleure chose à faire.

- Alors qu'elle a tué autant de gens!? hoqueta Aurore. Elle mérite de mourir! Vous avez vu combien sont morts aujourd'hui!

- Je sais. Mais ce n'est pas aussi simple. Tuons cette créature, et nous ne vaudrions pas mieux qu'elle. Et de tout façon, c'est moi qui m'occupe de ce problème, alors c'est à moi de décider comment. Venez, nous devons sortir.

 

Mahieu se releva, et attrapa deux épées qui avaient chauffé au-dessus du feu, en lançant une à Léo, puis suivit celui-ci et Sigmalion, tandis que la jeune Glimm fermait la marche. Alors que le Docteur ouvrait la porte, son "fils" tapota son cœur de sa main droite, et il s'en inquiéta.

 

- Tu as mal quelque part?

- Non, non. Je vérifiais juste que la pièce était encore ici.

- Oh... hoqueta Aurore en entendant son époux parler de la fameuse pièce dorée.

 

Adrian et Mahieu se retournèrent, et fixèrent la jeune fille, intrigués.

 

- Il y a un problème.

- La pièce...

- Et bien?

- Je... Elle était dans ma robe, celle de la cérémonie...

- Les robes ont des poches ici? s'étonna Sigmalion.

- Non. Mais il y a des endroits qui peuvent servir de poches. Et...

 

La mariée baissait les yeux de honte en faisant cet aveu. C'était pour elle une perte horrible.

 

- … et quand je me suis changée, je n'ai pas pensé à la reprendre. Elle est restée dans la maison.

 

Mahieu se recula légèrement pour s'approcher de Léo. C'était eux deux qui se trouvaient sur ce "médaillon", et l'idée de savoir que leurs visages et que le symbole de leur amitié avait été absorbé et détruit par l'Ombre les faisait tout deux frissonner.

 

- J'en suis désolé, murmura Sigmalion. Mais nous devons absolument sortir. Suivez-moi. »

 

Le Seigneur du Temps marcha dehors et s'avança d'un pas rapide sur la colline. Il voyait déjà l'Ombre en contrebas, qui glissait avec lenteur et qui prenait une forme allongée, comme une sangsue ou un large serpent. Léo le rejoignit, tandis que les deux villageois restaient en retrait, plusieurs mètres derrière. Mahieu tentait de rassurer et de réconforter son amie, et Adrian comprit ainsi que s'il chuchotait, seul son "père" aurait pu l'entendre.

 

« Pourquoi avoir fait-cela? murmura-t-il à celui-ci.

- Faire quoi donc? Les presser de sortir?

- Non. Avoir menti sur ma responsabilité dans ce qui s'était passé! C'est moi qui remettait de l'énergie Artron dans le TARDIS dès que je voulais utiliser la bibliothèque, la piscine ou d'autres pièces. C'est ma faute.

- Crois bien que je pour moi tout le monde doit assumer ses erreurs, et faire croire que j'étais responsable de tout cela en est peut-être une. Mais je l'assume parfaitement, sans pour autant la regretter.

- Mais pourquoi?

- Parce que tu leur es cher, Léo. Et parce que tu m'es cher. Avant je te méprisais, je te détestais, parce que tu m'intriguais et que tu étais mystérieux. Mais après trois années de "paternité", tu m'es devenu très cher. Pourquoi ces trois années, je n'en sais rien, et ce sera à toi de me l'expliquer. Mais à eux aussi, tu es cher. Celui que j'étais avant t'aurait fait culpabiliser devant ton ami et ton épouse, sans aucune hésitation, et ça je peux te l'assurer. Lui aussi pensait qu'il fallait assumer ses erreurs, mais il n'appliquait que rarement ses règles morales à lui-même. Moi, je ne te trahis pas ainsi. C'est à toi d'assumer, mais en ce moment, il faut rester soudés. Alors tout cela se passera plus tard, et en attendant, je veux garder la responsabilité de ce qui arrive.

 

Adrian regarda son "père" dans les yeux, reconnaissant, et murmura:

 

- Alors le Docteur est bien revenu... Celui qui arrive, qui sauve des mondes et des vies, répare les erreurs et réconcilie les gens.

- Le Docteur ne fait pas tout cela, Léo. Il essaye de faire ainsi, mais il n'y arrive pas toujours. Mais crois-moi, il ne perd pas espoir.

- Merci quand même.

- Tu devras assumer, et je ferais en sorte que tu ne te dérobes pas. Mais pour l'instant, occupons-nous de l'Ombre.

 

Le Docteur s'arrêta, et tendit les mains en direction de la masse noire qui s'avançait vers lui.

 

- Ombre, créature de Skoldox, je t'ordonne de t'arrêter ici!

 

La vague sombre ralentit sa course, et se stoppa à quelques mètres du Seigneur du Temps. La masse s'agglutina pour prendre un peu plus de hauteur, et pour former comme un mur face à ses potentielles victimes. Et dans ce mur noir, un visage se forma. Il faisait presque deux fois la taille d'un visage réel, et il sortait de la "chair" atomique de la créature. Il n'avait pas de cheveux, pas de couleur. Il était fait du même néant que le reste, et n'avait d'humain que la forme. Ses yeux vides semblaient être remplacés par des lentilles, comme pour capter la lumière. La créature n'avait pas besoin de vrais organes pour voir, elle pouvait utiliser une simple lentille de verre et des systèmes plus économes en matière et moins complexes. Elle entendait déjà grâce aux vibrations de l'air, et le visage ne servait finalement qu'à la tenue d'une conversation moins "gênante".

 

- Comment.... connaître... Skoldox? grogna une voix caverneuse mais pourtant glaciale.

- J'ai lu cela dans un livre. Je sais qui tu es, Ombre. Allons, tu n'as pas de nom, mais je vais t'en donner un. Que dis tu de... Greihma?

- Greih... ma? répéta la créature

- Je vais prendre cela pour un "oui". Alors, "Greihma", je sais d'où tu viens. Skoldox, la planète où la toute première Ombre a été crée, suite à une erreur lors d'expériences sur la transformation moléculaire.

 

Léo n'avait pas lu ses informations, et pour cause, elles ne se trouvaient que dans un seul livre, et le hasard avait amené cet ouvrage à tomber entre les mains du Seigneur du Temps, et non pas du jeune homme.

 

- Imagines cela, Greihma... continua l'alien. Je sais d'où tu viens. Cette première Ombre s'est divisée, scindée, en d'autres Ombres, qui ont fait de même. Tu viens de cette première créature, et tu dois être l'une des rares personnes dans l'univers à le savoir. Parce que je sais aussi que toutes les informations sur ces expériences et sur leurs conséquences ont été archivées dans la Bibliothèque de l'Oubli. Tout le monde peut les lire, mais personne ne peut s'en souvenir.

- Alors... Comment... connaître?

- Moi? Oh, l'expérience devait probablement être surveillée de loin par mon peuple, et quelqu'un a mentionné ton espèce dans un livre, que j'ai lu.

- Votre... peuple... Avancé....

- Oui, très. Et oui, c'est de moi que vient l'énergie Artron que tu recherches. Mais pourquoi la recherches-tu, dis-moi?

- Grandir...

- Et ensuite? Tuer? Dévorer tout ce qu'il y a sur cette planète? Puis te scinder et continuer le massacre? Ce serait fort dommage.

- Dommage?

- Oui. Ce serait dommage. Parce que pour survivre tu n'avais pas besoin de tuer tout ces gens. Il y avait des jeunes, des couples, et même des enfants qui ont perdu la vie aujourd'hui. Pour que tu "survives". Alors bien entendu, tu fais cela pour survivre, et il serait difficile de te critiquer sur ça. Mais tu pourrais survivre en prenant la terre. En prenant la pierre, les feuilles mortes, l'eau des lacs. Au pire, tu pouvais prendre quelques arbres, ou plantes, même si j'ai appris, pendant ces trois années, à les respecter. Mais pourquoi t'attaquer à des gens?

- Nouvelles... matières...

- Le goût de la découverte, alors? La curiosité? Découvrir de nouvelles matières, de nouveaux concepts, de nouveaux organismes. Le pire c'est sûrement qu'il s'agit d'un objectif somme toute assez beau. Mais pourquoi passer par de tels moyens...? Et pourquoi ne vouloir faire tout cela que pour survivre, et te reproduire? Ceux qui vivent ainsi donnent un sens bien triste à leur vie. Alors oui, ton espèce est probablement faible par son nombre, et oui, il y a plusieurs armées qui cherchent à l'éliminer. Pourquoi, d'après toi?

- Penser... Erreur... Nous....

- Ils pensent qu'elle est une erreur? s'étonna Léo.

- Mais elle en est une! assura Aurore, derrière lui. C'est ce que ton père disait.

- Non, affirma le Docteur d'une voix douce. Cette Ombre n'est pas une erreur. Elle est née d'une erreur, mais cela ne fait pas d'elle une erreur. Bien loin d'ici, Aurore, et à une autre époque, un homme appelé Alexander Fleming a un jour laissé des cultures de bactéries dans son laboratoire, à température ambiante, au lieu de les placer dans un espace possédant la température du corps humain. Il est parti en vacances, et à son retour, il avait découvert que dans ses cultures de la moisissure avait tué certaines bactéries. Il a fait une petite erreur, et cette erreur a permis de découvrir un médicament qui allait sauver des milliers de vies, et qui allait devenir la base de bien d'autres. Est-ce que ce médicament était une erreur?

- Euh... Je n'ai pas tout compris, mais je dois avouer que le raisonnement tient la route, répondit Mahieu.

- Cette chose, cette "Ombre", a fait des erreurs. Elle est née d'une erreur. Mais elle n'est pas une erreur: elle est magnifique.

- Magnifique!? s'offusquèrent les deux villageois.

- Oui, magnifique. Tu m'entends, Greihma? Tu es magnifique! Et tu gâche cette beauté en tuant tous ces gens! Pourquoi les détruire? Tu pourrais juste les aider. Venir vers eux et les aider, échanger. Ils pourraient t'amener des pierres, de l'eau, des déchets, et toi, tu réorganiserais tout ça, et tu leur créerais tout ce dont ils auraient besoin! Des routes, des chaumières, des outils, des vêtements. Tu possède cette incroyable capacité à tout transformer, tu peux faire de l'or avec du plomb, tu peux faire du fer à partir de la terre. Avec assez d'énergie et de précision, tu pourrais créer des légumes et des fruits pour combattre les famines, et peut-être même de la viande. La soif n'existerait plus, parce qu'avec l'air autour de toi tu peux faire de l'eau. Ne comprends-tu pas l'incroyable pouvoir que tu as? Ne vois-tu pas à quel point tu es magnifique et fantastique?

- Oui.

- Arrête ce massacre. Ne recherche pas l'énergie Artron, parce que cela ne t'amènera à rien. Si tu tentes de faire ceci, je m'assurerais que tu ne réussisses pas, et je m'assurerais qu'une armée capable de te détruire apprenne ta position. Même si cela me fendrais presque le cœur. Arrête tout cela, et aide-les. Aide-les à se reconstruire, à survivre. Repens-toi ainsi. Aide ce village jusqu'à ce que tu ne puisses plus créer ta propre énergie, jusqu'à ce que ce champ magnétique qui te tient s'efface. Jusqu'à ta mort. C'est le seul moyen de réparer totalement ce que tu as fait. Le seul moyen de te faire pardonner. Alors je t'en supplie, arrête tout et aide-les.

- Oui.

 

Léo avait la bouche grande ouverte, et lâchait des hoquets d'admiration. Le Docteur était de retour. L'homme capable, par ses mots, de retourner les situations les plus désespérées. Le bienveillant voyageur pour qui parler et agir n'étaient pas des concepts opposés.

Mais c'est alors qu'un sifflement fendit l'air, et qu'un morceau de bois et de métal presque rouge troua le mur à droite du groupe. Trois autres viretons transpercèrent l'Ombre, et le visage sur celle-ci disparut brusquement, tandis que le son rauque de sa "voix" lançait une sorte de grognement ou de gémissement de douleur. Des plaies coulait le fluide transparent que formaient les masses d'atomes en liberté, détachés par le champ magnétique faiblissant. Mais les blessures se guérirent vite, et un mot seul s'échappa de la créature, dans sa voix glaciale et caverneuse:

 

- Détruire!

- Courez! COUREZ! cria le Docteur.

 

Le groupe se retourna, et se précipita dans la direction opposé, vers la maison des étrangers, qui apparaissait comme une tâche floue et blanche dans le champ de vision de l'alien. Derrière eux, ils sentaient la présence de ce mur, qui se resserrait pour mieux se protéger, augmentant sa densité, et créant une sorte de carapace métallique froide dans son dos, assez pour ralentir et refroidir les projectiles qu'on lui enverrait. Mais l'Ombre avait face à elle quatre victimes potentielles, dont une connaissant l'énergie Artron. Et en face, en haut de la colline, se trouvait la source de cette énergie. Cette puissance incroyable pour elle, qui ne pouvait pas disparaître brusquement comme elle l'avait fait. Il devait donc y avoir une machine derrière tout cela, de la technologie, et donc de nouveaux assemblages de matière à faire, des modèles à reproduire et à améliorer. Tout ce dont elle avait besoin. Elle avait été prête à se rendre, pourtant, et à se repentir. Mais cette ultime attaque avait permis à son coté sauvage et instinctif de reprendre le dessus sur le très, très peu d'humanité que possédait encore la créature. Car la conscience qui avait habité la première Ombre était celle du scientifique qui s'était retrouvé au milieu de l'expérience qui avait mal tourné. Mais après tant d'années, tant de nouvelles Ombres crées... qu'en restait-il?

 

Face à elle, les "humains" fuyaient, et elle-même n'allait pas très vite. Mais elle ne pouvait se fatiguer, alors qu'eux, si. Et surtout, elle pouvait les pilonner. Elle construisit un carreau d'arbalète avec "quelques" d'atomes, créant par la même occasion une sorte de canon et des poches d'air comprimé, puis tira son projectile. Le vireton passa quelques mètres au-dessus de Mahieu, et n'inquiéta personne. Mais alors que Léo se retournait pour voir si l'Ombre avait tiré l'arme, il vit quelque chose de bien pire.

 

- AURORE!! »

 

La jeune fille avait trébuché, et s'était retrouvée au sol, une chaussure en moins, le visage dans la terre à moitié boueuse. Alors qu'elle essayait de se relever, son pied nu glissa et elle retomba, sur le dos. Et c'est à ce moment qu'elle vit l'énorme bras de chair obscure, ce tentacule, cette comète fabuleuse qui se tendaient vers elle, prête à l'écraser, à l'absorber et à la désintégrer. Et alors elle hurla de terreur.

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