Une Clef, Deux Portes, Trois Vies

Chapitre 2 : Comme d'habitude

2564 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/04/2017 15:36

J'étais la seule fille de la maison et on ne me respectait pas ! Je me jetai sous les couettes encore brûlante et hurla de frustration, j'avais passé une nuit de chien. On était samedi car hier c'était vendredi 13, pas le film, le jour, de quoi faire des cauchemars. Je n'étais pas superstitieuse mais n'importe qui pouvait me demander quand était le dernier vendredi 13, je le savais à coup sûr. Ce n'était pas par hasard, à chaque fois, ma folle de voisine hurlait par sa fenêtre ou son jardin


« Toi et tes frères vous êtes ''Maudits'' hérétiques que vous êtes ! »


Des cheveux blonds, hirsutes, et de petits yeux noirs, éteints, nous fixant tour à tour et attendant son moment, lorsque nous sortions, pour nous lancer au visage, eau bénite et cendres. J'aurais presque ri si ça n'avait pas tourné au harcèlement et à l'obsession. Heureusement elle arrêta lorsque nous avions une fois appelé la police, mais la pression qu'elle faisait peser sur nos épaules était toujours présente ce jour funeste. Nous n'avions pas passé notre enfance ici, toujours observé, jamais normaux, des problèmes dans quasiment toutes nos écoles. Dans cette ville là, de la famille Redgrave on ne connaît que les enfants, le père seulement de nom. Notre physique est remarquablement atypique, étrange, mais mentalement nous sommes plutôt normal, je crois, c'est ce que papa m'avait dit, avant qu'il ne parte, il y avait deux ans, environ, je ne me souvenais pas bien, à cause du traumatisme. Oui, nous étions équilibrés. D'ailleurs les gens nous aimaient bien en ville, on s'était intégrés… mais pas dans le paysage.


Je me dirigeai vers les escaliers, le carrelage était froid et dès le matin il me donna des frissons, j'avais encore les pieds moites mais ils ne tardèrent pas à sécher. Au rez de chaussez, pour le petit déjeuner, Mikuo m’accueillit avec un lait chaud et de la brioche. Il était coiffé et sentait bon, ça me rendit plus tranquille. Vu la tête qu'il tirait avant de voir où était Kaoru, il devait déjà imaginer le pire… Je regardai mon portable, trois messages, un premier de Cloud, qui a écrit n'importe quoi quand il était bourré, un deuxième de Dante, qui parle de la soirée pizza chez Aerith et Cloud, à laquelle je n'ai pas pas assister pour cause de flemmingite intense et pour finir il a envoyé un diaporama, c'était des selfies avec son jumeau, Vergil, qui ne tenait pas l'alcool. Sans doute voulait-il me montrer la soirée que je loupais, mais je ne fus guère touchée par les images, tant je servais de baby-sitters à ce groupe d'ados attardés, je ne touchais pas à l'alcool. Dante a l'air radieux pendant que son frère vomit ses tripes sur le canapé en cuir, choisit il y a une semaine par Aerith ( qui a organisé la soirée ), il a du dormir dehors, et pour finir le dernier texto venait de ma prof de cheval...


« Le cheval est finit, ta prof a appelé.


Mon frère m’interpella de l'autre coté de la table avant de se lever lentement. Je lui laissai le temps de se déplacer avant de répondre correctement.


- Humm ? (La tête dans le cul le cul dans le brouillard. Je relevai péniblement les yeux vers lui, j'ai toujours été pâteuse le matin) Tu peux répéter ?


Il passa une main sur son visage pour évacuer la fatigue. Ses iris argentées regardèrent par la fenêtre, encore plus fatigué que moi, il s'appuya sur la porte du frigo.


- Elle a appelé pendant que tu dormais.


J’eus l'impression de laisser au moins cinq secondes entre chaque réponse, avec mon cerveau qui stoppait à chaque mot inhabituel.


- Oui... mais le cheval c'est dimanche. Elle a peut être appelé pour ne pas que j'oublie.


- Non non, on est le 15, (il pointa la télé de la cuisine) au cas où tu veuilles sécher, j'ai dit que tu avais de la fièvre hier et que tu avais peur que ça s’aggrave.


- Merci, mais c'est la troisième fois que je ne viens pas, je vais l'appeler pour m’excuser. J'ai quelques problèmes temporels en ce moment.


- Dis ça à quelqu'un qui ne le sais pas déjà, tu fais tout le temps des promesse que tu ne peux pas tenir, pas par incompétence mais par absence de volonté. » Belle façon de dire que la flemme est mon activité principale.


Dans ma bouche ça aurait sonné comme un reproche, mais le connaissant c'était un conseil.

Nous étions nés tous les trois, le même jour, à la même heure, le même signe astrologique,

mais nous étions tellement différents que je peinais à savoir comment nous nous entendions aussi bien. Mikuo est le calme, Kaoru la force et moi, au milieu.


J'adorais mes frères mais parfois j'avais du mal à les suivre, de part cette différence. Ils étaient aussi étranges que moi mais différemment.


Mikuo tira une chaise et s’asseya dessus. le bruit de son raclement sur le sol me remit les pieds sur terre.

Je me décidais enfin à appeler ma prof pour m’excuser, avec la voix la plus enrouée possible, je ne savais pas ce qui était le pire, mes talents de comédienne ou le fait qu'elle y ai cru. Lorsque je raccrochai, mon ventre me fit savoir avec entrain et joie, ce que je voulais faire depuis le début. MANGER ! Mon frère entendant mon appel au secourt, me tendit de la brioche et avant même que je ne l'entamai, mais yeux parcoururent la pièce à la recherche d'une potiche déplacée, il manquait quelque chose, par stress je lançai un deuxième puis un troisième regard circulaire dans la pièce, sans trouver d’où venait mon inquiétude naissante. Mikuo dessinait sur la table du salon, très calme, comme à son habitude. Il leva les yeux vers moi et me signifia que Kaoru était dans sa chambre. Je me disais bien qu'il manquait un truc.

Je me rattaquai à la nourriture en face de moi, trois tanches et deux verres de lait plus tard je m'élançai devant la télé, le canapé moelleux grinça sous mon poids. Je m'allongeai de tout mon long en regardant le programme : Arte un « Documentaire saisissant sur les lions de Patagonie, un animal au cœur du trafique ».

Il y a de tout en Patagonie, même des reporters !


« Le lion marque son territoire dès qu'il sent... » Soudain un flash, oui, à ce moment là. Je me tournai vers mon frère aux cheveux bleus.


« La prochaine fois que tu rentres dans ma chambre, toi ou Kaoru peut importe, sans toquer. Il y aura deux taches sur mon mur Blanc.


Il ne tourna pas la tête vers moi pendant qu'il ricanait. Mes yeux reptiliens le fixèrent le faisant déglutir lentement, pourtant il répondit.


- Rien ne change dans cette maison !


Son premier sourire de la journée, j'imagine que c'était une victoire. Je jetai un coup d’œil sur la table pour voir ce qu'il faisait, il dessinait et se grattait la tête, sans doute à la recherche d’inspiration avant de se gratter le bout du nez, me donnant une même démangeaison.

Je poursuivis ma matinée de feignasse sans cheval avec Arte, qui, à la suite du lion, présentait le lapin nain de Californie de Patagonie. Ai-je dit qu'il y avait de tout en Patagonie ? Le reportage fini, je m’ennuyai à nouveau et me dirigeai vers les escaliers pour aller chercher ma distraction.


- Mikuo ? Je vais me doucher, et en profiter pour réveiller Kao'. »


Pas de réponse, rien ne le déconcentrais, et quand il dessinais il devenait l'homme le plus virile du monde. Une barrette blanche empêchait ses cheveux bleus de lui tomber devant les yeux. C'est ma barrette mais je le voyais mal se rendre au magasin du coin, aller dans le rayon chouchou/barrette en face de celui des vernis et de l'eye-liner puis passer en caisse, sous le regard insistant de la voisine, qui, accessoirement, y prêchait la bonne parole, enfin, plutôt la sienne, de bonne parole.

Ses cheveux à lui étaient bleus, Kaoru et moi les avions Rose pâle. C'était de naissance, et génétique, nous avions fait l’œuvre d'expérience au Japon, je n'ai jamais su ce qu'ils ont trouvé, mais cela nous avait dispensé de visite médicale à vie, ce que notre père avait suivi avec assiduité.

Arrivée devant la chambre de mon frère. Je défonçai la porte à coup de babouche, elle s'ouvra à la volée et me jetai sur le lit en mimant une gracieuse mais néanmoins violente étoile de mer.

… bizarrement il était vide ! Je me relevai sur les bras et balayai la pièce des yeux.


« Kaoru ? Appelais-je en me retournant.


Je le trouvai juste à coté, dans un angle mort qui m'avait empêcher de le voir de la porte. Il avait les yeux plus ouverts que d'habitude, sans doute choqué de mon comportement.


- Tu sais, c'est pas parce que Mikuo t'as pas entendu que ce n'est pas mon cas, ça fait un moment que je suis réveillé, mais plus que ça tu es fourbe ! Il marqua une pose de quelques secondes, j'ai faim !


Que des problèmes de bouffe dans cette famille. Il était adossé à son armoire à fringue à coté de son lit et me regardait avec un air de défi. Alors qu'il y a quelques minutes il avait peur pour sa vie.


- Ho … 


J'avais du mal à quantifié le fait que je m'en fiche.


- C'est tout ce que tu as à dire pour ta défense ? 


C'était un meurtre prémédité, autant appeler un chien un chien.


- C'est mon dernier mot Jean-Pierre. 


- Je te déteste. 


- Je t'es déjà dis que je voulais une sœur ? (Il me présenta gentiment son majeur.) J'imagine que oui. »


Ses cheveux roses dénotaient pas mal avec le style bois, moderne, lumineux de la pièce. Contrairement à moi et Mikuo, il avait la peau légèrement bronzée grâce ou à cause du temps qu'il passait dehors.

Je n'étais pas une no life, mais j'aimais être chez moi plutôt que ailleurs, je n'aimais être à la vue de personnes que je n'aimais potentiellement pas.

De plus quand ma peau était en contacte avec le soleil elle faisait,


« Le soleil ? Tu déconnes ? Tu rigoles c'est ça ? Haha ! Pour de vrai ? … Nooooon ! Tu vois le carré d'ombre là bas ? Cours Forest ! »


« Sakura? Tu me fixes bizarrement depuis vingt secondes déjà, tu fais un AVC c'est ça? Tu m'écoutes ? 


Mon cristallin se tendit pour focaliser mon attention sur lui, passant de flou à net en une seconde et à ce moment précis je me demandai pourquoi j'avais pris cette peine car je me détournai de lui pour me diriger vers la porte. Cet idiot m'avait interrompu dans mes délires schizophrènes.


- Non. Je vais prendre ma douche.


- … Bonjour à toi aussi ! »


Son ton ironique ne me donnait guère envie de continuer à lui parler.

Je me contentai de lever la main et de grommeler ce qui devait plus s’apparenter à ''va bouffer au lieu de m'enquiquiner'' plutôt qu'à un bonjour. #répartie #victime #PLS


En rentrant dans la salle de bain je me regardai dans la glace avec défi, comme si elle pouvait m'insulter, me dire, qu'elle avait déjà vu une personne plus épouvantable que moi. J'avais les cheveux roses.

Mes cheveux traînaient jusque sur le bas des cuisses, ils étaient long, trop long même, mais je n'avais pas le temps de les couper alors je faisais avec.

En plus ce n'était pas ce qui faisait le plus sorcière chez moi, c'était sans doute mes yeux, les pupilles entre le chat et le reptile et ils étaient vairons, noirs et argenté.

Bingo !

Des yeux de chat, ce n'était pas aussi mignon, ça faisait plus lézard, reptile dangereux, qui a faim. Mes pupilles changeaient en fonction de mon humeur, pour le coté vairon c'était inhumain, un œil noire à la pupille argenté et un œil argenté à la pupille noire. Du vrai argent, pas bleuté ou avec d'autres nuances, Non ! C'était même écrit sur mon carnet de naissance, avec deux points d'interrogation à coté. Dans les notes de la sage femme il y avait noté ''Potentielle exposition à la radioactivité durant la grossesse'', je n'en savais rie, mais ça expliquerait tous les phénomènes surnaturels qui se passaient autour de moi.

Mère nature s'était penchée sur mon berceau, pour me regarder dans les yeux lorsqu'elle me dit :

« Toi j'vais te mettre dans la... »

Et elle était moins gentille que celle dans les pubs pour tampons. Kaoru avait les yeux noirs à pupilles argentées et Mikuo, argenté à pupilles noires, Gé.niale, fabulous, un portrait de famille bizarre, tout en couleur. Pourtant notre look atypique attirait énormément les gens, par curiosité ou par intérêt. Nous possédions des visages que l'on pouvait qualifiés de parfaits, sans un défaut, une symétrie exemplaire. Une peau douce et rebondit, des cheveux doux comme la soie, glissants comme des anguilles au contacte des surfaces, beaucoup de cils et très long mais, ils se voyaient moins sur les garçons. Cela dérangeait énormément les gens qui ne nous connaissaient, ils n'arrivaient pas à nous fixer dans les yeux et ça installait vite une atmosphère tendue. Je plongeai mes mains dans l'eau froide du lavabo et me la jeter au visage pour retirer le nettoyant visage.


Je me fixais dans le miroir et c'est de la haine que je croisais dans mes yeux, la voisine ne devait pas être loin de la vérité… Le miroir se brise, seul.

Au moment où je m'éloignais de la glace, je glissai en arrière et me retrouvai fesses à terre,

j'avais glissé sur le tapis de bain, ENCORE et il me prenait de haut ! Je le savais, je le sentait ! Mon mortel ennemi ! Gardant ma dignité, je me relevai la tête haute et le toisai de haut en bas, lui tournant le dos et me dirigeant vers la douche.


oOo


J'enfilai une jupe blanche avec un chemisier blanc, mes chaussures blanches et… mon béret blanc… oui j'aimais le blanc … j'avais une dernière pensée pour mon mur blanc et m’apprêtais à rejoindre mes amis pour une sortie qui s’annonçait de base mouvementée ! Comme d'habitude...


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