Une Clef, Deux Portes, Trois Vies

Chapitre 10 : Ceux qui payaient pour les erreurs des autres

2854 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/04/2017 16:04

Ma tête était lourde mais pas autant que mes paupières, je tentai de remuer, mais ma volonté ne me le permettait pas, pourtant je devais ne serais-ce qu'un peu bouger car il y avait de l'agitation à coté de moi, on poussa une chaise. Je supposai qu'on m'observait, je tentais de bouger mes lèvres, rien ne se passa juste un grognement. L'évolution humaine ? Ha non elle s'était barrée. Mon corps mit un peu d'énergie en plus pour éviter qu'on ne me croit morte et m'enterre. C'était le déclique, un spasme le fit bouger, d'abord les bras et puis les jambes, comme un écho, pour remettre d'aplomb mes connections nerveuses. C'était perturbant mais je tiendrais le coup.


« Vous vous sentez mieux ? Je vais chercher le médecin, je n'en ai pas pour longtemps. »


Mes yeux s'ouvrirent d'un seul coup. Je cherchais de l'air, quelque chose n'avait rien à faire là. Ho j'étais très fatiguée moi, l'impression qu'un marteau-piqueur perforait mon crane et vibrait jusqu'à mes yeux. Je me relevais en baillant, pendant combien de temps avais-je dormi ? J'étais dans un lit d'hôpital, c'était presque aussi blanc que chez moi. Bon où avaient-ils planté leur aiguille qui n'avait rien à faire là, je regardais à droite, non, donc c'était à gauche, … bingo, une fois le catétère retiré de mes veines je me frottai le visage pour recouvrer ma mémoire dispersée par la fatigue. Vingt minutes après l'infirmière revint avec un homme d'une trentaine d'année, cheveux brun, yeux vert, bel homme, je la soupçonnais d'avoir pris un café et d'avoir fais la causette pour le draguer avant de lui dire que j'étais levée.


« Bonjour. Le saluais-je.


- Bonjour je suis le docteur... (je m'en branle) Comment vous sentez vous ?


- Bien. L'infirmière repartit non sans un coup d’œil sur ses fesses.


- Aucun problème de… Commença-t-il en inspectant ma tension.


- Non. (Je ne pouvais pas rester ici, je ne savais pas si mes pouvoirs pouvaient être vu de quelques manières que ce soit.)


- On va devoir faire quelques testes de réflexes. Souhaitez-vous que je fasse une attestation ?


Ha oui attester que j’avais reçu des coups pour traîner le professeur en justice. Mes frères avaient dû lui raconter ce qui c'était passé.


- Non c'est bon je peux me débrouiller seule. »


Après une batterie de test, il m’annonça que ça faisait deux jours que j'étais hospitalisée, rien que ça ! Rien ne lui semblait bizarre, j'allais bien, et pour cause je régénérais anormalement vite, je me demandais ce qu'il avait comme données sur moi. Il me laissa sortir. Mes frères débarquèrent le visage sombre. Hala ils étaient vraiment intenables ceux là.


« Coucou ! Je souris de manière naturelle.


- Tu te sens comment ? Kaoru m’attrapa le bras et commença de jouer à bouger mes doigts.


- Bien, que s'est-il passé après ? (Sous entendant après mon tabassage de ''rue''.)


- Heu, Ha on verra ça dans la voiture. Père arrivera demain, il s'est dépêché de venir pour foutre le prof à la porte, pas pour cette histoire de violence mais pour son insolence. » Amen, ce n'était pas la peine de se déplacer.

Kaoru partit aux toilettes puis nous prîmes la direction de la voiture.


« Je vais m'en charger. Mon visage était stoïque et froid, je brûlais soudainement d'une rage discrète, je me vengerais au tribunal, il perdra tout. Après un moment de silence Mikuo me répondit.


- Va falloir patienter. Les deux évitèrent mon regard.


- Hum ?


- Kaoru lui a défoncé la gueule. Ce n'est pas un reproche si il ne l'avait pas fait je l'aurais fait.


- Patienter pour quoi du coup ? 


- Il n'est pas en état. 


- Ça j'avais compris. 


- Le prognostique vital est engagé, je l'ai crevé comme un chien. Lâcha sèchement Kaoru en serrant ma main dans la sienne.


- Merci… mais tu me rajoutes du travail il va me falloir un gros dossier pour que ta querelle passe inaperçue. (Il était peiné, je le pris dans mes bras, tout ira bien tant que je serais là.)


- Quand même tu t'es fais défoncé au sol, pourquoi tu ne t'es pas défendue ? Demanda Mikuo dans une certaine colère.


- J’étais en pleine action je n'ai pas de réflexe quand je me concentre sur autre chose. 


- C'est faux, c'est tu n'as pas voulu, tu savais. 


- Il a juste été plus rapide que ce que je pensais. 


- Prends plus soin de toi. Juste des fois tu deviens incroyablement faible et c'est... bizarre.


- Rentrons vite, j'ai froid. Le coupais-je, je regardais l’institut loin derrière nous, cet homme y était et j'avais peur de ce que l'avenir nous réservait.


- Il ne sortira pas. Ces mots furent un murmure.


Je me tournais vers lui, pour lui demander de quoi il parlait, il avait les yeux lointains, plantés sur sa main et sur ce qu'elle contenait, je reconnu son téléphone et ce qui s'y affichait, je fus prise de panique mais n’eus pas le temps de réagir, un petit cliquetis électronique, un message de réception, Kaoru avait appuyé. Les deux secondes qui suivirent se firent dans un silence de mort puis un lumière éblouissante suivie de bruits assourdissants, l’hôpital avait été anéanti. Ce n'était pas vrai. Pas ça. Je fermai avec force mes yeux par peur de voir le feu se déverser sur le bâtiment et raser ce qu'il y avait autour, personne ne pouvait y survivre. Je me mis à trembler, mais ni moi, ni Mikuo, ni Kaoru ne tomba, nous marchâmes comme si rien ne se passait dans nos dos, il fallait rentrer, vite. Je n'étais pas sure de tenir.


Lorsque nous arrivâmes à la maison, j'avais besoin de réfléchir, de respirer. Je devais évacuer. A l'étage, une salle, que je n'avais pas ouverte depuis longtemps, j'étais seule, ils savaient que j'avais besoin d'être seule un moment, c'était ma faute.


J'ouvrai la porte et allumai, la salle plongée dans le noir depuis longtemps avait du mal à prendre la lumière, l'odeur et le goût de la poussière se déposèrent sur moi, personne n'y était rentré depuis la dernière fois. La salle était blanche, la poussière n'affectait pas sa couleur, seul mon piano à queue, noir montrait un signe de négligence, dans cette pièce, il n'y avait rien d'autre, c'est tout ce dont j'avais besoin.


Je m'asseyais devant lui, essuyais les touches, qui, sous ma main faisaient des bruits désordonnés, j'inspirais à fond, l'accord était correcte, il le sera pour toujours, j'avais créé ce piano de mon corps, un de mes dons, créer ce qui peut exister. J'expirais, la pièce était hermétique à tout.


Mes mains se posèrent sur le piano, j'inspirai à nouveau et commençai, mes yeux se fermèrent, je me laissais alors portée par la musique et les mots.

Je ne comprends pas, Je ne saisie pas, Je t'en supplie aide moi à comprendre.

Que suis-je devenue ? Je t'en supplie si tu le sais dis moi.

Le monde change, tordu, cassé, Je ne sais pas qui je suis.

Tu me souries... Prétendant ne rien voir.

Quelque chose a changé, tout au fond de moi, les pièces ne s’emboîtent plus.

Je suis brisée, alors, Que devrais-je faire? Je vivrais avec cette douleur.

Gelée.

Je suis cassée pourtant incassable. Je suis folle mais je garde le contrôle.

Je cherche mais je sais que j'ai déjà trouvée...

Je me tiens debout ici à regarder le monde qui s'effondre,

Tu es tellement proche.Mais j'espère... que tu as arrêté de chercher,

Je ne veux pas que tu vois ce que je suis devenue...

Alors s'il te plaît ne me regarde pas...

Je ne peut pas contrôler le monde dans lequel nous avons été jeté,

Et je ne pourrais pas supporter de te faire du mal... Je veux que ça s’arrête.

Alors s'il te plaît je te le demande, Me laisseras-tu seule ?

Part...

L'obscurité me consume dans un brouillard,

Je me souviens de la façon dont les choses étaient,

La façon dont nous avons ri, notre façon de jouer,

Pensé que ce bonheur ne finirait pas.

Je ne peux pas échapper, Je ne peux pas échapper, Je ne peux pas échapper, Je ne peux pas échapper, Je ne peux pas échapper,

Je ne peux pas m’échapper du monstre démembré que je suis devenue.

Il y a quelque chose... au fond de moi,

Un changement a été fait, je ne peux plus être libre.

Les ténèbres et la lumière se confrontent,

Nos destins ne seront pas pardonnés,

Je suis cassée pourtant incassable. Je suis folle mais je garde le contrôle.

Mais je continuerais de me battre !

Je me tiens debout ici à regarder le monde qui s'effondre,

Tu es tellement proche, mais j'espère... que tu as arrêté de chercher,

Je ne veux pas que tu vois ce que je suis devenue...

Alors s'il te plaît ne me regarde pas...

Je ne peux pas échapper à cette solitude mon cœur a été condamnée à,

L'avenir qui se démembre, je ne veux pas de te perdre,

Alors s'il te plaît je te le demande, Me laisseras-tu seule ?

Rappelle toi qui j'ai été...

Ne m'oublie pas,

Je suis paralysée, Je le sais, je ne peux pas revenir en arrière,

Je suis prise au piège, ce paradis, où rien n'est noir,

Alors s'il te plaît je te le demande, Me laisseras-tu seule ?

N'oublie pas,

Alors que suis-je devenue ? Aide moi si tu le peux.



J'ouvrai les yeux,


J'aimerais pleurer, mais j'en étais incapable, je ne pouvais pas pleurer. Combien y avait-t-il de personnes dans cet hôpital ? Pourquoi n'avais-je pas perdu mon sang froid ?!

Mon regard quitta le piano, Kaoru s’approchait de moi, c'était la première fois qu'il rentrait dans cette pièce. Il me prit la main et me fit sortir en prenant soin de bien fermer la porte. Je ne pouvais pas être léthargique plus longtemps, je devais réagir et je savais pas quoi commencer...


Je me mis fasse à l'ordinateur, mes mains coururent sur le clavier, je rentrais dans les bases de données liées à l’hôpital, et effaçais notre présence, je n'avais jamais été hospitalisée là bas et en étais encore moins sortie. Kaoru était resté collé à moi, sa tête sur mon épaule. Il regardait ses pieds sur le canapé. Mikuo faisait du chocolat chaud, pas un mot n'avait été échangé depuis l'explosion. Nous étions tellement épuisés, comment tenir ? Je n'avais jamais utilisé mon hackage pour se genre de choses avant...


Il avait tué. Il ne regrettait pas. J'avais créé cette bombe avec mes pouvoirs, de la même manière que pour mon piano, c'était pour tester les mélanges lorsque je matérialisais des trucs, c'était comparable à une mini bombe mère, moins puissante à cause de sa taille de cinq centimètres, mais suffisamment pour que le bâtiment soit entièrement rasé, impossible de remonter jusqu'à nous à cause de son origine ''spéciale''. Ils étaient tous morts, peu importe qui ils étaient, ils s'étaient évaporés tellement vite, la vie ne tenait qu'à un fil.


Le téléphone de Kaoru, Je jetai un bref coup d’œil à ce dernier, Kaoru me le tendit, je le connectais à l’ordinateur, effaçais les géolocalisations de nos téléphones un par un, Orange était cent fois plus difficile qu'un hôpital à pirater sans laisser de traces. Mikuo apporta le liquide fumant, nous le servit dans de simples tasses et s'installa à coté de Kaoru pour s'allonger sur lui. Je fixais l'écran noir de la télé à travers la vapeur du chocolat. Avais-je oubliée autre chose, La femme de ce prof ?


« Mikuo, Ils ont appelé sa femme ? Demandais-je, il était assis sur le fauteuil à ma gauche, les mains jointes, les yeux rouges, il avait pleuré, et à ce moment je ressentis la peur de le briser.


- Ils n'ont pas appelé notre père mais après tout c'est sa femme. Il passa son pousse et son majeur sur ses yeux pour essayer d'effacer ses traits tirés. Un retour au silence se fit, il sembla comprendre d'un seul coup, me saisissant le bras. Elle n'a rien à voir avec ça Sakura.


Son regard se fit suppliant, il savait, je n'avais pas le choix, elle pouvait savoir beaucoup de choses, sur nous et sur son mari, si bien sur elle n'était pas avec lui pendant l'explosion, je soupirai, fataliste. Je souhaitais éviter tout interrogatoire pour que nous puissions nous en remettre plus vite.


- Mikuo. Je suis désolée, je le suis vraiment. J'étais une horreur. Il s'en voulait de ne rien pouvoir faire et d'impliquer tant de gens dans nos conneries. Je caressais ses cheveux, ma voix se fit plus douce.Tout ira bien. » Je l'entendis renifler et décidais de le laisser respirer et réfléchir seul.


Je piratai alors, l'adresse de la femme, son PC, son agenda, par chance le psychologue Lamie s'était occupé d'elle il y a cinq ans, je faisais des recherches sur ce docteur, de fil en aiguille je retrouvais les dires de sa consultation, son couple allait mal, on s'en foutait, j'ajoutais trouble de la mémoire, mythomanie maladive. Cet à l’hôpital psychiatrique le plus proche que je lui créais un dossier avec quelques consultations une confirmation de la maladie, je regardais les horaires par rapport à son agenda de ces jours là, tout concordait. Ça suffirait. Elle avait beaucoup de chance de garder des infos depuis aussi longtemps, sinon elle serait morte et je me sentis donc soulagée de ne pas avoir eu à le faire. Je fermai le clapet de l'ordinateur.


Kaoru refusa de me lâcher, il tremblait, peut être n'avait-il pas de regrets mais il avait peur, peur d'être laissé derrière...


Comme quand on était petit,

Quand je ne savais pas pour mes pouvoirs,

Quand je jouais sans me préoccuper de ce que quelqu'un de normal pouvait faire.


Je jouais toujours plus vite, plus longtemps, plus naturellement, Mikuo lisait en attendant que je revienne me faisant confiance et Kaoru tentait de me rattraper, l'innocence de cette vie d'ignorance, il persévérait, ne voulant pas que je le laisse seul et ne voulant me laisser seule, de peur que je ne disparaisse, que je me blesse, que je ne meurs, qu'il ne m'oublie, comme nous avions oublié maman. Il finissait souvent blessé à force de vouloir me suivre. Et moi je ne comprenais pas sa faiblesse, je savais comment faire pour guérir ses blessures, mes mains faisaient naturellement de la lumière soignant tout et moi je les appliquaient, comme si c'était une évidence, je ne me posais pas de questions, je n'avais pas arrêté de jouer mais pour une minute nous étions ensemble. Peut être faisait-il exprès de se blesser ?


Je ne connaissais pas l'heure, nous étions jeudi dix-neuf, il faisait noir dehors et je savais que demain vendredi vingt nous n'irions pas en cours, mon père allait débarquer à vingt-et-une heure à la maison. C'était ce qu'il avait envoyé dans un nouveau mail, les professeurs avaient avancé le rendez-vous. Même après cet incident, ils ne voulaient pas annuler ce moment horrible que je devais passer avec eux.


Je bougeai l'épaule, histoire de signifier que je voulais me lever, Kaoru se réveilla et je passai près de Mikuo en lui touchant l'épaule pour avoir son attention, sans oublier de lui dire que j'allais me coucher, il se leva. Je montai dans ma chambre et comme je m'y attendais mes frères rentrèrent à ma suite. Nous nous changeâmes et allons au lit, malgré le king's size nous devions nous serrer mais de toutes façons on ne comptait pas laisser d'espace entre nous. Je ne cherchais pas à lutter contre le sommeil, faites que ce soit un mauvais rêve.



23h59 ….................... 0 h




Jours ______________ -10



Laisser un commentaire ?