Des voix amicales

Chapitre 6 : V - Comment est le monde

8728 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/09/2017 11:58

Il s'exécuta comme venait de lui demander son ami. Avec l'aide de celui-ci, et en laissant les deux jeunes filles à l'écart pour leur éviter la sale besogne, il sortit les instruments de leur étui et les brancha aux multiples prises présentes dans la chambre après les avoir mis en place.


Une fois la chambre préparée, Mei vint alors prendre sa guitare et passer le bandeau de cuir autour d'elle pour avoir l'instrument bien contre son corps.

De son côté Yoshino en faisait de même. Il passa le bandeau de cuir de son nouvel instrument autour de son corps, le maintenant ensuite dans ses deux mains. Il le regardait ensuite d'un petit regard curieux mais aussi appréhensif. Il fallait dire qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de beaucoup en jouer, la chose était encore assez nouvelle.

Une fois le groupe en position, Mei leva le petit doigt en regardant son ami.


-Bon, Yoshino ! Comme tu es encore un débutant tu va rester avec moi et on va continuer a t'enseigner les quelques accords. Comme ils sont assez simples une après midi devrait suffire et ensuite tu devras de ton coté jouer chez toi. Sinon tu auras encore mal au doigts a cause des cordes, mais si tu joue régulièrement pendant une semaine ça passera vite. Celestia, tu pourras répéter avec Yahiro. Je pense que le tempo est important pour que tu puisse chanter et te repérer.


La jeune fille n'y trouva rien a redire. D'une part parce que sa nature l'en empêchait et d'autres part parce que de tous ici présent c'était bien Mei la plus expérimentée. Elle lui fit simplement signe de la main en guise d’approbation, se dirigeant vers le batteur.


- Très bien.


Lui répondit simplement Yoshino d'un léger sourire. Lui non plus n'avait rien à y redire, connaissant bien l'expérience de son amie à la matière. De toutes façons, têtue comme elle était, même si il avait quelque chose à redire, elle n'en aurait pas tenu compte. Il fit donc quelques pas sur le côté pour se rapprocher de la jeune fille qui allait lui donner ses premiers cours, l'instrument en mains.

L'après midi débuta alors, le groupe se mettant a répéter chacun de son coté au mieux. La première séance était en sois très basique pour tous. Tandis que Mei apprenait les bases de l'instrument de Yoshino tel que les notes, les accords pu comment bien pincer les cordes, Yahiro lui apprenait les quelques tempos a Celestia, qui était toujours très attentive dans ces situations. Heureusement pour le batteur, la jeune amatrice de musique retenait et appréhendait facilement un sujet qui pouvait déjà l’être de prime abord. Après tout, pour un amateur de musique, analyser une rythmique de basse simple pour pouvoir mieux chanter dessus était simple, mais le mettre en pratique pouvait s'avérer plus complexe. Mais Celestia semblait bien se débrouiller avec lui. Elle était joyeuse, moins réservée que d'habitude et très réceptive a ce que lui disait le jeune homme. Le coté amicale et autodidacte de Yahiro aidait son oral pour apprendre ce qu'il enseignait a la jeune fille, et son aisance naturelle, avec son coté moins introverti que Yoshino, en restant loin de Mei cela dit, avait laissé présager ce genre de scènes amicales.


De son côté, Yoshino faisait son possible pour écouter, et appliquer au mieux les conseils que lui donnait son amie de presque toujours. Il se débrouillait plutôt bien, du moins, il assimilait assez facilement les choses qu'on lui disait. Il fallait dire qu'il avait une certaine facilité à mettre en application les leçons qu'on lui donnait, cela se voyait à ses résultats scolaires qui étaient tout à fait acceptables, sans pour autant donner son maximum. Il grattait le bout de ses doigts sur les cordes avec une certaine précaution, un poil hésitant au début à cause de la prise de contact, avant de s'y habituer un peu, de quoi se donner un peu plus à sa guitare pour ses premiers accords. Toutefois, peut être n'était-il pas totalement concentré sur ce qu'il faisait.


Et oui, quelque chose attirait son attention pendant son apprentissage, quelque chose qui le piquait, à plusieurs reprises il fallait dire. De quoi s'agissait-il ? Tout simplement de la jeune Celestia. En posant quelques fois son regard sur elle, mais aussi son ami, il pouvait une nouvelle fois remarquer qu'elle était bien plus à l'aise avec ce dernier, qu'elle ne l'était avec lui. Elle hésitait beaucoup moins qu'avec lui et semblait prendre du plaisir avec sa présence, ce qui semblait être le contraire avec lui. A chaque fois il avait le sentiment que sa présence la gênait, la déstabilisait. En tout cas, c'était ce qu'il ressentait.


Il commençait à se dire qu'elle n'osait pas lui dire qu'il la dérangeait, et se forçait à sourire lorsqu'elle était avec lui afin de ne pas le lui montrer, autre que par ses nombreux refus et signes de gêne avec lui. C'était étrange, ce n'était pourtant pas son genre de penser ce genre de choses, et c'était encore moins son genre de sentir comme un petit pincement au coeur pour quelque chose de cet ordre. Il le cachait très bien, mais sans vraiment en connaître la raison, voire la ravissante jeune fille aussi bien avec quelqu'un d'autre, un de ses amis, lui faisait ressentir un léger malaise.

Les heures s'écoulèrent alors au rythmes des petits chants de Celestia sur la batterie digitale de Yahiro, ainsi que des accords passés de Yoshino sous la tutelle de Mei. Bientôt le soleil haut dans le ciel s'abaissait lentement, donnant a l'horizon sa douce et chaude teinte orangée de la saison. Les arbres commençaient a bruisser avec le souffle tardif qui arrivait timidement. Quand Mei vit l'ombre arriver sur les clefs de sa guitare, elle se stoppa, regardant a travers la grande vitre de la chambre.


-Il commence a se faire tard.


Yahiro qui était toujours avec la jeune fille le constata également, se stoppant sur le petit air surpris de Celestia.


-Tiens c'est vrai.


-Je n'ai pas vu le temps passer.


Répondit a cela la jeune fille. Mais chacun commença a ranger ses affaires, car il était maintenant temps de partir. Suite au bruits de rangements qui donnèrent quelques vibrations sur le sol, des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers. Avant que la porte ne s'ouvre, pour laisser Clarisse rentrer dans la chambre.


-Vous partez les enfants ?


-Oui madame ! Merci de nous avoir reçus, c'était génial !


-Je suis contente que ça t'ai plus Mei, a toi et au autres.


- Ah, bonsoir Madame Hasegawa.


Lui dit par la suite poliment le jeune Yoshino, un léger sourire accueillant et respectueux sur les lèvres. C'était la moindre des choses de la saluer à son retour après avoir passé une grande partie de la journée chez celle-ci.


-Yoshino, si je me souviens bien, c'est ce soir que nous dînons chez tes parents ?


Il prit une pointe de surprise en l'entendant dire cela. Il ne se rappelait pas de la chose dans l'instant à cause de son esprit occupé ailleurs juste avant.


- Ce soir ... ?


C'est seulement après avoir répété ces deux mots qu'il se rappela bel et bien de la chose. Et oui, avoir l'esprit occupé par une activité qui demandait de la concentration comme celle-ci pouvait vite nous faire perdre de mémoire certaines choses. Il lui répondit donc avec sympathie en reprenant un léger sourire, soulagé de s'en souvenir.


- Effectivement. Ça m'était presque sorti de la tête.


-Je vous aurais bien proposé de vous ramener en voiture mais je peut recevoir un appel a tout instant...et je ne voudrais pas montrer le mauvais exemple au volant ahah. Mais je peut appeler un taxi si vous le souhaitez.


Les trois adolescents qui rangeaient leurs affaires firent signe gentiment a Clarisse, touchés par l'attention. Ils ne voulaient pas la déranger ou tout simplement qu'elle leur payent un onéreux moyen de transport pour qu'ils rentrent chez eux. Yahiro lui répondit gentiment.


-Merci madame, mais j'aime bien marcher, et puis je ne voudrais pas vous faire payer un taxi pour si peu.


-Pareil pour moi m'dame ! C'est super gentil mais je rentrerais a pied !


- De même pour moi. Je n'habite pas si loin que ça, et je ne voudrai pas vos déranger alors que vous venez seulement de rentrer.


Répondit Yoshino dans le même ton et le même état d'esprit que ses deux amis. Il ne manquait plus qu'elle le ramène chez lui, après qu'il ait passé la majeure partie de sa journée dans sa demeure. Il ne voulait pas lui imposer une autre contrainte se disait-il.


-Bien, comme vous voudrez.


Le jeune homme prit alors la tête de la marche, peut être un peu pressé à cause de la soirée qui l'attendait, la housse contenant son nouvel instrument pour l'entraînement soutenu aux épaules. Une fois arrivée à l'entrée de la chambre, il se retourna de moitié vers la mère ainsi que sa fille, sans perdre son fin sourire. Il ne lui restait plus qu'à leur dire au revoir, jusqu'à plus tard dans la soirée.


- J'espère que vous n'avez pas beaucoup mangé, il vous faudra de la place avec ma mère. On se revoit tout à l'heure, Celestia.


-D'accord...a plus tard.


Sur cette réponse quelques peu ... neutre, il se remit droit et reprit sa marche pour quitter la chambre de la jeune fille sans ne rien ajouter de plus. Tranquillement et sans avoir à faire quelque chose de plus, il se dirigea vers les escaliers et descendit à l'étage inférieur. Il quitta la maison avec discrétion pour regagner par la suite la rue afin de rentrer chez lui. Plus rien ne le retenait dans la riche demeure, du moins pour la journée, peut être pour ce qui était à venir ici. Il marchait maintenant seul sur le trottoir, ses deux amis ayant prit un peu plus leur temps avant leur propre départ. Cela allait lui prendre une petite vingtaine de minute pour arriver à destination, mais ça ne le dérangeait pas de marcher.


Chaque jour il devait le faire pour se rendre à son lycée, et puis, c'était pour lui l'occasion de refaire un peu le point sur l'attitude de Celestia à son égard. Il n'y avait pas à dire, il commençait vraiment à se torturer l'esprit avec ça sans le montrer à l'extérieur. Elle était vraiment à l'aise avec les autres, au moins Mei et Yahiro, mais lui, visiblement il y avait un blocage. N'appréciait-elle pas sa présence et n'osait-elle pas lui dire ? Il le pensait de plus en plus, en même temps que la chose commençait à l'agacer, ce qui l'étonnait lui-même d'ailleurs. Il n'avait pas l'habitude d'avoir cette impression, d'ordinaire il n'y prêtait pas autant attention. Quoiqu'il en soit, il fallait rentrer pour se préparer.

Quand il revint chez lui pour le début de soirée, ou tout le monde était la sauf Jin, encore sur la route, un bruit de hotte aspirante se faisait entendre dans la cuisine, quand il vit dans le même temps sa petite sœur relever le visage du canapé au bruit des pas venant vers le salon.


-Ah, grand frère !


Il répondit à celle-ci en s'arrêtant à l'entrée du salon, souriant en tenant son instrument, toujours dans sa housse et accrochés à son épaule. Il avait le sentiment que celle-ci avait attendu son retour.


- Ah, salut Mayumi. Qu'est-ce que tu fais sur le canapé comme ça ?


-Je joue a un jeu !


Répondit elle en ayant dans les mains la console portable du grand frère qu'elle prenait plaisir a lui chiper en son absence pour jouer dessus.

Bien sûr, ce petit détail ne passa pas pour inaperçu aux yeux du jeune homme. Il baissa un peu son regard vers sa console, sur le moment un peu intrigué, avant de relever le regard vers les yeux de sa soeur, d'un air un peu déboussolé et qui feignait le mécontentement. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas qu'elle y jouait, il n'appréciait pas vraiment le fait qu'elle le faisait sans sa permission. Bon, la chose ne le mettait pas non plus en colère, dans le fond, il se disait que si ça pouvait lui faire plaisir, tant mieux, mais comme toujours, il prenait un petit plaisir à lui montrer le contraire, à lui donner un petit coup de pression.


- A un jeu ? Et avec quelle console s'il-te-plaît ?


-La tienne pardi.


- Et qui t'a autorisé à la prendre ?


-J'ai demandé a maman.


- Hum ?


Laissa-t-il entendre tout en se tournant en direction de la cuisine où se trouvait sa mère, occupée à préparer le repas du soir, repas spécial par la même occasion, ce qui justifiait sûrement la table déjà dressée dans le salon, avec de beaux couverts et une belle nappe, ainsi que quelques coupelles qui contenaient des gâteaux apéritifs. Autant dire que ce n'était pas le travail qui lui manquait aux fourneaux, ce qui ne l'empêchait cependant pas d'écouter la conversation de ses deux enfants qui lui donnait le sourire. Elle savait d'avance ce qu'on allait lui demander.


- Tu lui as vraiment donné la permission ?


Et Yoshino réalisa sa prédiction en lui posant cette question. Et comme elle avait pu la prédire, elle avait déjà sa réponse toute faite, une réponse qu'elle sortait toujours en ce cas de figure. La petite n'était pas à son premier emprunt.


- Je n'avais pas le choix, sinon je n'aurai pas pu la tenir en place le temps de la cuisine hu hu.


Lui répondit-elle d'un petit air plaisantin, avec son joli sourire de femme qui ne prenait pas d'âge. Encore cette réponse. Mais il en avait l'habitude désormais, et cela ressemblait plus à un jeu depuis le temps. Il faisait semblant de ne pas être très convaincu en regardant de nouveau sa petite soeur, à qui la situation était toujours la plus profitable.


- Et qu'en est-il de me demander à moi ?


La petite répondit fièrement en haussant son menton, regardant de côté.


-Maman à plus d'autorité que toi d'abord !


Il poussa un léger soupir à ce petit signe de rébellion tout en posant l'instrument qu'il avait au sol, sa base prenant appui et le reste reposant sur le mur pour la tenir en biais afin qu'elle ne tombe pas. Il commença ensuite à se diriger en direction de sa petite soeur les yeux fermés.


- Peut être, mais ce n'est pas la console de Maman.


- M'en fiche ! Elle a dit oui.


- Qu'est-ce que ça peut faire qu'elle ait dit oui ...


Après quelques pas, il arriva devant elle, avec sa petite tête qui dépassait du canapé. Il rouvrit les yeux, légèrement souriant. Il avait quelque chose en tête. Mais quoi ? Nous allons le savoir dès maintenant. Juste avant de poursuivre sa phrase inachevée, il approcha ses mains de sa petite soeur pour se mettre à la chatouiller, ce qui était son gros point faible. Il savait bien qu'elle était assez chatouilleuse, et ne se privait pas de se servir de cette faiblesse lorsqu'il le voulait.


- Puisque c'est avec mes économies que je me la suis payé.


La réaction escomptée fut au rendez vous, la fillette commençant à se tortiller sur le canapé dans de grands rires enfantins.

Voyant que tout marchait comme il le voulait, il en profita pour continuer en si bon chemin avec un petit sourire joueur. Il était temps de lui faire payer pour son insolence !


- Alors ... ? On a toujours envie de jouer ?


-Oui-hi-hi-hi !


- Ah ... ? Tu vas voir petite chipie ...


Alors qu'il s'apprêtait à repartir de plus belle, tous deux se firent interrompre dans leur petit jeu fraternel par la voix de la mère depuis la cuisine qui venait de lâcher un petit rire amusé à la complicité de ses enfants. Elle était contente de les voir en bons termes comme ceux-ci, mais il ne fallait pas oublier que ce soir était spécial, et que justement, le soir arrivait rapidement.


- Voyons les enfants, ce n'est pas le moment de jouer. Allez plutôt vous préparer pour accueillir nos invités.


-Je dois mettre une robe...?


- Et oui ma chérie. Il faut bien quand même que tu leur montres combien tu es belle hu hu.


Elle partit alors en sautillant vers sa chambre, toute contente a l'idée de s'habiller comme une "lady" selon elle, pour une belle soirée.

Le grand frère regardait la jeune fille monter les escaliers, toute guillerette. Visiblement elle avait hâte de se faire toute belle pour la soirée. Mais il n'y avait pas qu'elle qui devait se préparer, il avait lui aussi sa part du travail, et sa mère ne lui manqua pas de lui rappeler sur un petit ton plaisantin depuis la cuisine.


- Hé, toi aussi tu dois te faire beau Yoshino. Non pas que tu ne l'es pas à l'ordinaire hu hu.


Sur cette réflexion de la part de Chisato, il se tourna vers la cuisine d'un léger sourire présentant une pointe de gêne. Il avait l'habitude de cette remarque de sa part, mais de son côté il ne se croyait pas spécialement beau, il n'en avait pas la prétention. Pourtant il fallait avouer qu'il avait son charme qui lui était assez propre.


- Maman ...


- Allez, vas-y. Vas prendre la salle de bain avant ta soeur, sinon tu risque d'attendre un peu.


- Très bien.


Sur le conseil de sa mère, le jeune homme se rendit vers les escaliers qui menaient à l'étage après avoir récupéré l'instrument contre le mur, sûrement pour se rendre à la salle de bain. Alors qu'il commençait les marches, la mère venait de se rappeler d'une question qu'elle avait oublié de lui poser, la question que toute mère posait à son enfant une fois celui-ci rentré de sa journée de labeur. Elle se pencha un peu en arrière pour tenter de le capter du regard, à moitié à cause du mur qui rentrait dans son champ visuel, curieuse.


- Au fait, ta journée s'est bien passée ?


- Comme d'habitude. Rien de bien exceptionnel.


Lui répondit-il en continuant son ascension, quittant ainsi son champ de vision avec sa voix qui résonna un peu à l'étage. Cette réponse, elle était habituelle elle aussi, même si étrangement, la mère avait senti comme un petit changement dans l'intonation de son fils. C'était pratiquement le même qu'à l'ordinaire, mais sans trop savoir pourquoi, elle y avait senti comme de la déception. Le détail était à peine visible, mais son instinct de mère lui permettait de le ressentir. Toutefois, elle ne fouilla pas plus et se remit à la cuisine, tandis que Yoshino gagnait l'étage pour se préparer à la soirée qui l'attendait. Sans trop d'encombre, sauf peut être la difficulté à naviguer dans le couloir avec l'instrument qu'il avait au dos, il gagna sa chambre et referma la porte derrière lui.

Dans l'entrée, il reposa la guitare contre un mur, un poids en moins sur le dos, et se dirigea vers son lit pour s'y laisser tomber, les bras écartés. Il était allongé, le regard qui fixait le plafond. Il pensait encore à son après-midi passée chez Celestia et ses interactions avec ses deux autres amis, bien plus aises que les siennes. En sentant qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec lui, il se demandait comment allait se passer cette soirée en la compagnie de la famille de cette dernière, en sa compagnie tout simplement.


La soirée fut lancer quand la petite famille put entendre Jin depuis la cour ouvrir le portail qui laissa passer depuis le salon deux phares xénons et un léger bruit de moteur, signe que les invités étaient arrivés dans une belle berline noire de marque occidentale, s’arrêtant dans la petite cour de la demeure

Chisato qui était en train de terminer la table de la salle à manger, dans une dernière répétition afin que tout soit parfait pour accueillir les invités. En tout cas, elle, elle l'était, dans un belle robe noire qui épousait à merveille ses courbes généreuses, et qui dans le même temps les révélait comme par exemple l'ouverture qu'il y avait sur sa poitrine. Elle portait une boucle à chaque oreille, des bouches visiblement d'or de la façon dont elles brillaient à la lumière de la pièce. Ce devait être un cadeau de la part de son mari pour une occasion particulière. Elle avait également prit la peine d'attacher ses longs cheveux foncé dans un joli chignon qui avait la forme d'un gâteau chinois. Quand elle vit les deux phares perçaient dans la pièce, elle se releva de la table après un dernière coup de main pour bien aplatir la nappe, regardant à travers la grande fenêtre qui donnait sur la cour, qui elle-même donnait sur la rue.


- Ah, on dirait qu'ils sont arrivés.


Dans la cour justement, Jin qui avait ouvert le portail pour laisser passer la berline, referma celui-ci en faisant le chemin inverse. Quant à lui, il avait gardé la tenue qu'il portait tout le long de la journée, à savoir sa tenue de professeur qui convenait parfaitement pour un repas de ce type. Un costume simple, et en même temps un peu chic. La voiture des invités n'était pas passée inaperçue, elle était en accord avec leur propriété. Sa propre voiture était aussi une belle voiture, mais elle ne faisait peut être pas le poids face à la leur. Après avoir fermé le portail, il en fit la remarque pour lui-même, un fin sourire sur le visage.


- Hin, une belle monture.


Le moteur coupé, la portière coté conducteur s'ouvrit alors, laissant voire par Jin le père de la famille Aisegawa, dans un costume bleu marine, qui était sans doute celui de la journée. De son imposante carrure, il fit le tour du véhicule et ouvrit la porte passager en tendant sa main, que sa femme prit pour s'aider a sortir. Elle s'était elle aussi mise sur son 31, dans robe des plus typiques, rouge, longue et ouverte sur sa jambe gauche et qui était fermé de coté sur sa poitrine. Elle avait quand a elle laissé ses cheveux tomber, mais les avaient coiffés de deux anglaises a l'avant pour l'occasion. Nul doute que quand la femme de Jin verrait cela, étant femme, elle comprendrait bien que Clarisse eu passer un certain temps dans la salle de bain.


Enfin, le père ouvrit la portière arrière pour saisir dans un premier temps une canne noir ornée d'un ruban bleu. Canne appartenant bien sur a Celestia qui sortit ensuite en s'agrippant au bras de son père, elle aussi toute habillée et parée pour la soirée. Une belle robe bleue a dentelle avec une ceinture de tissus fermée en ruban noir dans son dos, des bas noirs pour assortir avec l’accessoire et éviter le froid a la petite frileuse, et pour son visage un léger maquillage la mettant quelque peu en valeur avec un chignon qui laissait quelques mèches sortir et tomber a l'avant de son visage fin et doux. Elle prit ensuite le bras de sa mère pour laisser le père aller saluer Jin.


-Vous devez être monsieur Takigawa. C'est un plaisir de vous rencontrer.


Chaleureusement, il tendit la main à l'homme que celui-ci prit pour commencer une poigne de bienvenu d'homme, le tout avec sa petite bonne humeur habituelle. Il avait enfin l'occasion de rencontrer l'homme dont on lui avait parlé.


- Tout à fait. Et vous vous devez être Monsieur Hasegawa ha ha. Le plaisir est grandement partagé.


Il porta ensuite son regard sur le reste de la petite famille, apercevant alors la femme de l'homme qui s'était bien mise en beauté, beauté qui faisait assurément son effet, au même titre que celui de la jeune fille. Il fallait dire que ce style changeait un peu par rapport à la dernière fois où il l'avait vu. En tant que bon gentleman il ne pouvait pas oublier de les complimenter.


- Bonsoir Clarisse. Bonsoir Celestia. On voit que vous y avez mis le temps ha ha, vous êtes ravissantes.


Celestia qui ne répondit rien a ce compliment comme toujours de part sa timidité fut aidée par sa mère qui se chargea de cela.


-Merci. Vous n'etes pas mal non plus.


- Oh ? Vraiment ... ?


Il commença alors à se regarder lui-même, écartant les bras pour pouvoir se voir d'une façon plus complète. Il ne voyait pas en quoi, il avait l'habitude d'être habillé de la sorte, c'était sa tenue de travail après tout. Qui sait, peut être était-ce le pouvoir du prestige de l'uniforme.


- Pourtant c'est la tenue que je porte presque tous les jours. Ah, d'ailleurs veuillez m'en excuser ha ha.


S'excusa-t-il après s'être relevé. Se présenter à eux de la sorte en une telle occasion n'était peut être pas le plus approprié, il craignait de faire un peu tâche.

Ils rentrèrent alors a l'intérieur de la demeure, le reste de la famille les attendant dans le couloir. Mayumi avait rejoins sa mère et son frère, habillée d'une petite robe a fleur et d'une tresse dans les cheveux pour accueillir les invités qui arrivèrent alors. Quand Mayumi vit arriver Celestia elle tira sur la robe de sa mère, toute curieuse.


-Maman ! C'est un ange ? Pourtant t'avais dit que c'est blanc les anges !


Amusée de la réaction de sa fille après avoir vu la ravissante amie de son fils, elle posa la main sur la tête de celle-ci pour la caresser dans un petit rire.


- Hu hu, oui c'est ce que j'ai dis. Mais ils peuvent prendre d'autres formes.


Répondit-elle avant de relever son visage vers les deux femmes qui s'étaient tout aussi bien préparées qu'elle. Ce n'était pas un ange, c'était sûr, mais on pouvait fortement s'y méprendre. En tout cas, il y avait eu des heures de préparation derrières tout ça, et il fallait dire que les deux femmes étaient déjà belles au naturel, elle pouvait immédiatement s'en rendre compte même s'il s'agissait de leur première rencontre.


- Vous devez être Madame Hasegawa et Monsieur Hasegawa, enchantée. Je suis Chisato Takigawa, la femme de Jin et la mère de Yoshino. Quel grand plaisir de vous rencontrer.


Elle venait de leur faire la présentation d'une voix douce et élégante, en même temps que très chaleureuse, ce qui montrait son plaisir à rencontrer la famille de la nouvelle amie de son fils. D'ailleurs, en parlant du fils, lui aussi voyait visiblement autre chose qu'une simple fille. Pour la soirée il s'était habillé d'une chemise blanche à manches longues, le col fermé au niveau du cou contrairement à son uniforme scolaire. Il portait un pantalon et de chaussures noires qui semblaient faire partis d'un costume dans le même ton que celui de son père. Là aussi, le style était simple, il n'avait rien touché à ses cheveux et les gardait toujours attachés avec sa barrette. En comparaison des femmes, il ne faisait pas vraiment le poids, même si cette petite touche de propreté, ou plutôt d'ordre dans la tenue changeait avec l'ordinaire et le faisait passer un peu plus homme.


Quoique, il y avait peut être quelque chose de différent chez lui, plus qu'une petite modification à la tenue. C'était la paire de lunettes qu'il avait sur le nez, une monture plutôt fine d'une couleur grise qui s'approchait de celle du métal. Il les portait rarement, plus qu'il ne le faisait lorsqu'il était au collège, et elles lui donnaient un petit air de jeune homme qui travaillait beaucoup à l'école, d'un intellectuel. Des lunettes, il allait en avoir besoin. Avec la beauté qu'il avait devant lui, elles allaient lui être fortes utiles pour ne pas en rater une miette. Cette beauté n'était autre que la jeune Celestia qui se montrait sous un autre jour face à lui. Il ne s'attendait pas à la voir comme ça, encore moins à user de maquillage qui la rendait encore plus ravissante.

Elle aurait été capable de faire fondre le coeur de nombreux hommes, et visiblement c'était le cas. Il fut tellement surpris, dans l'agréable, qu'il en avait ouvert un peu plus les yeux. Il avait même la bouche entrouverte ! Si ce n'était pas rare de le surprendre autant, et encore plus de le faire rougir ! Car oui, il rougissait légèrement sans s'en rendre compte. Sur le moment il était comme déconnecté et ne trouvait pas les mots, il ne pensait même pas à les trouver. La seule chose qu'il entendait était les battements de son coeur qui soudainement se dirent plus forts et accélérèrent leur tempo.


- ... !


-Le plaisir est partagé madame.


Puis le mari de Clarisse s'approcha en lui tendant une bouteille de vin rouge millésimé. Ils n'étaient pas venus les mains vides, et les avaient même bien pleines en l’occurrence.


-Nous ne savions pas encore vos goûts alors nous n'avons pas voulus faire quelque chose de spécial.


Chisato accueillir le présent dans ses mains, grandement flattée d'une si charmante attention. Elle n'en attendait pas tant, et rien qu'au premier coup d'oeil elle put voir qu'il s'agissait d'un grand cru. Elle était flattée, mais aussi gênée.


- Voyons, il ne fallait pas ...


Il se contenta de répondre d'un petit rire, content que la femme l'accepte visiblement avec un petit sourire et une petite gêne.

Chez Yoshino, la surprise commençait à retomber. Pour se reprendre il ferma un bon coup les yeux avant de les rouvrir en reprenant un sourire tout en s'adressant droitement aux parents de la jeune fille d'une façon chaleureuse, à la manière de ses propres parents. Enfin, il s'était repris, plus ou moins. Il n'avait pu se débarrasser de la teinte rouge de son visage après la vue de son amie. Quant à lui, il avait déjà vu les deux parents au moins une fois.


- Bonsoir Monsieur et Madame Hasegawa, c'est un plaisir de vous revoir.


-Ah, Yoshino. Tu vas bien ?


- Très bien, merci. Et vous ?


-Très bien également, je te remercie.


Clarisse quand a elle s'avança vers la plus petite de la demeure, se baissant quelque peu pour la regarder.


-Et ce petit ange, comment s'appel t'il ?


-Lady Mayumi !


A cette réponse emplie de fierté de la part de la fillette, Clarisse se retint de rire, lui caressant le haut du visage. Elle était amusée de cette réponse des plus croquantes.


-Enchantée de faire votre connaissance Lady huhu !


La mère de la jeune fille ne pouvait que partager la réaction de l'autre mère ici présente. Chisato lâcha elle aussi un petit rire, assez gracieux en mettant sa main devant sa bouche. Sa fille était fidèle à elle-même, la tête haute, joueuse de sa comédie.


- Hu hu, tu dois toujours en faire des tiennes, Mayumi.


A côté d'elle, Yoshino reposa son regard sur Celestia qui s'était elle aussi faite toute belle pour la soirée. Il n'y avait pas à dire, elle était splendide, tout autant que sa mère et la sienne, si ce n'était plus. Par politesse et en bon gentleman comme son père, il voulait la complimenter, ou encore lui demander si elle allait bien, mais il se demandait si c'était la bonne chose à faire. Encore une fois il ne voulait pas l'embarrasser, la malmener avec un compliment qu'elle semblait mal accueillir de sa part. Toutefois il ne pouvait pas déroger à la règle, et il s'agissait tout de même de son amie. Il fallait prendre le risque, avec tout de même une petite gêne qu'il ne montrait pas souvent, le visage un peu baissé. C'était assez amusant de le voir sans sa grande aise habituelle. Comme quoi la jeune fille lui faisait de l'effet.


- Tu es ... ravissante Celestia. Tu vas bien ?


-Ah, oui, merci...toi aussi tu es...tu dois être..beau...


- Oh, pas autant que toi ha ha ..


Répondit-il d'une voix un peu plus basse, sûrement à cause de la gêné avec son regard qui fuyait un peu. Ce n'était vraiment pas son genre d'autant réagir à un compliment, et surtout, d'être autant satisfait de l'entendre de la bouche de quelqu'un, même si cette personne ne pouvait voir à quoi il ressemblait.


-Je-je n'ai rien fait de bien spécial..enfin, c'est ma mère qui...


- Oui ... bien sûr, mais le résultat est quand même là.


-Tant mieux si ça te plait alors...


- Uh ... ?


Cette petite réponse eut le don de le surprendre, il ne savait pas comment l'interpréter. Quelque part, ce fut comme si la jeune fille lui avait suggéré qu'elle avait essayé de se faire belle pour lui, pour ses yeux. Bien sûr il écarta très rapidement cette hypothèse qui passa aussi vite qu'un éclair à travers son esprit. Ce petit moment d'égarement fut interrompu par Jin qui fit signe aux invités d'ouvrir la marche en direction de la salle à manger qui n'attendait désormais plus qu'eux, dans leur petite maison, pas si petite que ça tout de même, assez modeste et agréable à vivre.


- Si vous voulez bien vous donner la peine ha ha.


-Merci


Clarisse arriva la première devant la table dressée. Elle regarda la maîtresse de maison ensuite.


-Vous vous êtes donné du mal. Ce n'était pas la peine ahah


- Oh, que dites-vous ...


Chisato se dirigeait vers un petit meuble de la pièce devant lequel elle se baissa. Elle ouvrit ensuite les deux petites portes de celui-ci pour laisser entrevoir quelques bouteilles de différents alcools. Visiblement c'était ici que la famille, et particulièrement le père, entreposait les breuvages. Avec une grande précaution elle y glissa la bouteille que l'on venait de lui offrir avant de le refermer et de se relever

pour se diriger à son tour vers la table, souriant gracieusement.


- C'était la moindre des choses pour vous accueillir, et puis je ne considère pas cela comme une corvée hu hu.


L'assemblée se mit alors a table, Celestia a coté de Yoshino et les deux parents de celle ci cote a cote, en face d'elle.

Une fois tous assis à la table, y compris la jeune Mayumi à côté de la ravissante Celestia, du côté des enfants pour ainsi dire, la mère présenta la table de sa main, où tous les apéritifs étaient déjà disposés afin de pouvoir commencer la soirée. Elle leur fit signe de ne pas se priver chaleureusement.


- Je vous en prie, servez vous.


-Merci.


Répondit la mère. Elle observa alors les alcools présent sur la table, avant de prendre une bouteille en la regardant.


-Il y a de quoi faire quelques breuvages héhé...


Elle se mit alors à verser dans son verre un cinquième de la bouteille qu'elle tenait en main, avant de la poser et d'en prendre une autre, versant maintenant un demi dans ce même verre. Cette fois ci elle n'avait que balayer du regard le flacon, semblant le reconnaître du premier coup d'oeil. Elle voyait quelques regards se poser sur elle et, d'un air amusée, elle prit la parole directement sans que la question ne se pose.


-On peut être conservatrice mais avoir eu un passé de serveuse. Mais surtout, nos clients et particulièrement les occidentaux aiment bien ces petits cocktails. J'ai toujours un bar dans mon bureau.


Tout en lui répondant amicalement, Jin était en train de se servir un verre bien plus modestement que ne venait de le faire la femme. Il était un peu étonné, comme le reste de la tablée, de voir une aisance de sa part en la matière. Il en était même assez amusé, il y voyait une petite rivalité, lui qui ne disait pas non à quelques cocktails.


- Si c'est comme ça, je me ferai bien client chez vous ha ha.


-Ma foi, je ne dis pas non a de nouveaux clients ahah.


- Oh, malheureusement je pense pas avoir le gabarit nécessaire pour avoir la chance d'être l'un d'entre eux.


-Ah, il est vrai que la clientèle est plutôt exigeante est..sélective.


Ce à quoi répondit la mère, n'ayant eu vent de ces activités que par la parole de son mari suite à sa première rencontre avec la femme. Elle allait pouvoir en savoir un peu plus.


- Si ma mémoire est bonne, mon mari m'a dit que vous travailler en tant que conservatrice ?


-Oui, au musée de Tokyo.


- Vous y plaisez-vous ?


Lui demanda-t-elle après avoir un petit sourire suite à cette confirmation suivie d'une précision. Elle avait déjà la connaissance de cette information après le retour de son mari qui rentrait de sa petite pause thé avec Yoshino chez la famille qu'ils accueillaient en ce moment-même.


-Assez oui. L'activité est assez modérée mais il y a toujours du travail, différent qui plus est. Je ne me cantonne pas a une seule tâche.


- Je veux bien vous croire hu hu, d'autant plus que vous devez recevoir de nouvelles pièces assez régulièrement.


- Ah, vous pouvez en découvrir tous les jours ha ha.


Ajouta le père d'un ton bon enfant, rejoignant l'avis de sa femme sur la question. Ce n'était pas un boulot des plus accessibles, mais le jeu en valait certainement la chandelle.


-Il est vrai que c'est toujours intéressant et enrichissant de voire les nouvelles œuvres arriver quand on change les collections que l'on a. C'est souvent a ces moments la que l'on a le plus travail.


- Je ne doute pas, ce doit être un travail assez éprouvant de tout mettre en place afin d'en faire profiter les visiteurs.


Finit Jin, toujours sur une petite note bon enfant. Chisato reprit par la suite, mais s'adressa cette fois-ci au père, qui avait également un métier assez intéressant, et qui méritait d'être approfondi en bon sujet de discussion.


- Et vous, vous êtes ... décorateur scénographe si j'ai bien compris ?


-C'est exact. C'est un corps de métier peu connus car on pourrait aussi l'appeler créateur de scène ou décorateur, en plus de gestionnaire. Je travail donc sur un large champ de responsabilités. J'ai un regard sur les décors, les costumes, le mobilier. Je coordonne l’avancement des travaux de réalisation. Il m'arrive également de travailler avec ma femme comme j'organise aussi parfois les musées et que je collabore avec les conservateurs de ceux ci.


La concerné qui amena son verre a sa bouche prit un sourire joueur en répliquant pour taquiner son mari.


-Mais il oubli toujours de préciser que comme il travail pendant la durée d'un tournage ou d'une exposition son contrat n'est pas infini. C'est une sorte d'intermittent du spectacle héhé.


Sur cette petite remarque, Chisato ne put s'empêcher de rejoindre la taquinerie de Clarisse en lâchant elle aussi un petit rire en mettant sa main devant la bouche d'une façon plutôt gracieuse. Bien sûr il n'y avait rien de méchant.


- Des vacances bien méritées je n'en doute pas hu hu.


Elle le taquinait un peu elle aussi, mais elle pensait la fin de sa phrase. Elle ne doutait pas que l'homme faisait du bon travail. Sur ce coup, Jin ne put s'empêcher lui aussi de se mêler à la petite raillerie. On parlait de vacances, et elles n'étaient pas inconnues pour lui qui était professeur et qui suivait donc l'organisation scolaire de l'établissement dans lequel il travaillait.


- Oh, je doute que vous ayez autant de vacances que moi ha ha.


-Je veut bien vous croire sur ce point là.


Répondit Clarisse.


- Mah ...


Il baissa un peu la tête et passa une main à l'arrière de sa tête, légèrement exaspéré, mais toujours souriant. C'est vrai qu'il avait assez de vacances, mais il devait les mériter aussi. Être professeur à l'université n'était pas de tout repos, sans oublier que les étudiants faisaient une part du boulot également. Les étudiants, voila ce qui pouvait vraiment l'épuiser, enfin pour certains.


- Il faut dire que certains étudiants sont assez éprouvants quand ils veulent s'y mettre, et il faut savoir s'imposer en tant que dominant sans pour autant se montrer comme un tyran, sinon vous les retrouvez à jouer à la console, ou même encore au morpion pendant que vous parlez ...


-Ce doit être un milieu plus libre que le lycée au niveau de la responsabilité, mais de ce fait les étudiants sont peut être moins attentifs.


- Mah, seulement certains en font un peu à leur tête, et encore, c'est grandement gérable. Dans l'ensemble ce sont de bons gamins, je n'ai pas à me plaindre, et les parents non plus.


Conclut-il sur une note positive. Dans l'ensemble il était satisfait des résultats et du travail fourni par ses élèves. Il montrait également qu'il se sentait concerné par leur réussite.


-Dans ce cas c'est le principal ahah. Et vous madame Takigawa ?


Demanda Clarisse.

Pour lui répondre, Chisato leva la tête vers elle après une gorgée de son apéritif. Elle lui répondit comme le mari, avec un sourire chaleureux, en y apportant sa grâce de femme.


- Je suis infirmière dans un lycée non très loin de l'université de Jin hu hu.


-Ça vous plait bien ?


- Oh, évidemment. Et puis, je n'ai pas vraiment le choix de m'y plaire si je puis dire.


-Je comprend ce que vous voulez dire.


Elle lâcha par la suite un petit rire, amusée. Elle était amusée de voir la façon dont son métier et celui de son mari étaient liés.


- Jin forme l'avenir alors que moi je le soigne hu hu.


-C'est une belle image il est vrai.


Après quoi, le père regarda les enfants en face d'eux, particulièrement son fils qui n'avait pas encore dit un seul mot. Il n'était pas du genre à prendre la parole au beau milieu d'une conversation comme celle-ci, il s'éclipsait un peu. Et puis, qui sait, peut être que la présence de la ravissante Celestia à côté de lui. Il ne manqua pas de cette situation pour le taquiner comme il en était coutume.


- Tu ne dis pas grand chose, Yoshino ! Que t'arrive-t-il ? Tu es charmé par Celestia au point de ne pas pouvoir parler ?


Sur le coup, un peu surpris de cette remarque, lui qui était paisiblement dans son petit coin, il sursauta en ouvrant un peu plus les yeux, en même temps qu'une très fine couche rouge se glissa sur ses pommettes. Comme c'est étrange, ce n'était pas dans ses habitudes de rougir à une plaisanterie du genre de la part de son père. Cependant, il ne dérogea pas plus à ses habitudes, et se reprit rapidement en prenant un petit sourire, légèrement exaspéré. Il savait qu'une remarque du genre allait tomber tôt ou tard.


- Je ne voudrai pas vous déranger dans votre conversation, j'ai si peu à dire ..


Le père de Celestia concentra maintenant son regard vers le jeune homme.


-Je te remercie de t'en occuper. Cela peut être dur par moment, surtout avec son caractère ahah.


A cette remarque, la concerné fit choquer son couvert contre l'assiette alors qu'elle mangeait, reprenant rapidement un air gêné a cette remarque qui était bien sur plus bienveillante que le contraire. Mais comme il venait de le souligner, la ravissante demoiselle en robe était tout ce qu'il y avait de plus réservé et émotif par moments.


-Papa...!


- Oh, non, absolument pas. Au contraire. Celestia est une fille très charmante.


Répondit Yoshino avec le sourire, d'une façon tout ce qu'il y avait de naturel. S'occuper d'elle ne le gênait aucunement. C'était peut être même le contraire. Il voyait cela plus comme un plaisir qu'une tâche.

En fait, il ne le voyait absolument pas comme une tâche, mais seulement un plaisir.


-C'est toi qui est aveugle ?


Demanda Mayumi d'un coup, bien calmement. Sur le moment, l'oreille de Celestia tiqua a cette voie nouvelle qu'elle avait jusqu'alors peu entendue, avant d'orienter son visage vers celle ci, souriante.


-C'est exact.


L'enfant semblait très curieuse de ce problème qu'avait la jeune fille. Et elle voulait en savoir plus. Amenant questions sur questions avec son innocence naturelle.


-Mais alors comment tu fais dans la rue ? Et puis...pour rêver ? Et tu connais pas les couleurs ? Et si tu vois rien tu sais pas comment est le monde ?


A toute ces questions, sur le moment, Celestia garda sa bouche entrouverte, ayant eu comme un blocage.

Chisato vit que la jeune fille avait du mal à répondre à toutes ces questions de la part de sa progéniture. Elle ne disait rien, elle avait la bouche entrouverte, comme si elle était choquée. Elle craint le pire pour celle-ci, que sa fille lui en ait trop demandé et lui ait rappelé soudainement le poids de son handicap, pourtant sans volonté de la blesser. Elle voulut la rappeler à l'ordre, un peu déstabilisée de cette "attaque" de la part de sa fille.


- Ma-Mayuri ... !


La voie de la jeune fille réapparut soudainement, douce et calme.


-Je sais très bien comment est ce monde.


Répondit elle. Elle rouvrit ses yeux, amenant ses mains vers elle, et, les liants sur ses genoux, reprit.


-Je ne le vois pas aussi bien que les autres. En fait, je ne le vois pas du tout, mais je sais a quoi il ressemble, de ce que les autres m'en racontent. Les amis, les paysages qu'ils décrivent, les endroits qu'ils visitent....tout ça est si beau et si incroyable. Je ne doute pas une seconde que le monde qui m'entoure est magnifique. Car même si je ne vois pas depuis ma naissance, je ressens tout. L'odeur de la nourriture dans mes narines quand maman fait a manger, l'odeur du printemps et de l'automne, quand les feuilles des arbres tombent au sol et que les bourgeons apparaissent. Ou encore celle des fleurs de mon jardin et de leur pollen. Et puis, j'entend tout les bruits qui m'entourent. A part les bruits de la ville et des voitures qui montrent son activité et sa joie de vivre, il y a le rire des personnes que j'aimes, les rires de mes amis. Les oiseaux qui chantent au dessus de moi quand je dors....


Elle continua ainsi a parler, sans qu'elle ne vit que toute la tablée était a son écoute attentive.


-Je ressens tout, plus qu'une personne normal. La musique que j'écoute me donne des frissons, et je me sens heureuse quand je sens la chaleur de papa ou maman m'envelopper. Je ressens le vent caresser ma peau et mes cheveux tomber sur mes épaules...je sens le froid et la chaleur, la joie et la tristesse, les émotions...je ne regrette pas ma vie. Je sais que ce n'est pas la faute de mes parents. Ce n'est la faute de personne. Je suis heureuse d’être ici. Quand je rêve, je ne vois pas la même chose que les autres. Je vois des nuances, des dégradés...des émotions qui me font ressentir une centaine de choses a la fois. Mes rêves ont toujours été de beaux rêves pour moi. J'entend également les voies de la journée ou de personnes que je connais. Elles me bercent, et m'apaisent comme ma musique.


Elle avait répondu ainsi, avec sincérité et rapidité, d'une aisance qui lui était totalement inconnus. Elle était restée douce et attentive a ses mots.

Après cette petite réponse, qui n'était pas vraiment petite, la tablée se taisait pendant un bref instant. Quel discours ! La mère pensait que sa fille avait fait une bêtise en lui demandant tant de choses sur son handicap, elle craignait que celle-ci en fut blessée, mais elle ne s'attendait certainement pas à ce que la jeune fille réponde avec une telle franchise et sincérité. Après un bref instant de silence, cette dernière reprit un sourire, suivie de peu par son mari qui souriait lui aussi, grandement content et satisfait de voir une tel courage chez cette jeune fille qu'il avait vu uniquement timide et maladroite jusque-là.


- Une belle force d'esprit.


Fit-il remarquer. Yoshino qui était à côté d'elle craignait la même chose que sa mère, mais il fut tout autant surpris qu'elle d'entendre Celestia parler ainsi. Il avait les yeux un peu plus ouverts d'étonnement, il la fixait sans savoir quoi dire. Pourtant il lui en fallait beaucoup pour le mettre dans cet état ! C'est dire si la jeune fille avait su bien s'y prendre pour s'y faire. C'était la première fois qu'il la voyait comme ça, qu'il la voyait aussi sincère et spontanée. Il le sentait encore, il sentait de nouveau ce qu'il avait ressenti à son arrivée, son coeur qui venait de faire un bond, plusieurs bonds même, et qui battait plus vite. Il s'était laissé transporter par les paroles de son amie, des dires poétiques, et véridiques. Elle se montrait admirablement forte, et courageuse face à son handicap, il voyait une nouvelle facette de la personne, une facette qui, il devait l'avouer, lui plaisait beaucoup. Il aimait les gens qui osaient, ce que venait de faire Celestia, qui avait su garder sa douceur. Il était ... subjugué.


- ...


Mais comme on pouvait le penser cette force disparu bien rapidement quand elle sentit la main de sa mère lui caresser la tête d'un petit rire amusée.


-Tu fais de très jolis discours ma chérie.


-Mais-mais non..! C'était juste ...Moh...


- C'est remarquable de voir des personnes qui assument aussi bien leur handicap que toi, Celestia.


Assura Chisato en regardant la jeune fille, le sourire aux lèvres. Il n'y avait nul besoin de dire qu'elle avait écouté attentivement son discours.


-M-merci...

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