Des voix amicales

Chapitre 8 : VIII - Réconciliation

4933 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/05/2018 10:13

Sur une étendue verte qui longeait une rivière de la ville, Yoshino était assis avec ses affaires. Quelques bruits de pas se firent derrière lui, suivis d'une voie masculine qu'il connaissait.


-Tu as réussis à la mettre en pétard comme rarement.

Comme il l'a connaissait il n'eut pas besoin de se retourner pour voir de qui il s'agissait. Il était un peu surpris de savoir qu'on l'avait suivi jusque-là, mais il n'en bougea pas, et continua de regarder droit devant en repensant à ce qui venait de se passer.


- Il faut bien qu'elle dépense l'énergie qu'elle a en trop.


Son ami s'assis alors à côté de lui, dans un bref soupir.


-Tu t'es levé du mauvais pied ce matin ?


- Non, ce n'est pas ça. Enfin, je ne sais pas.


-Tu ne sais pas ?


- Je ne sais pas pourquoi j'ai dit tout ça, ou encore pourquoi je le pensais.


-Mhh...


Son ami leva le regard vers le ciel, prenant une pause ironiquement sérieuse avant de le regarder.


-T'es amoureux de Celestia ?


Dès qu'il entendit cette question, sortant de nulle part et de ce fait surprenante, il tourna le visage pour le regarder avec un air plutôt dérouté.


- Pardon ?


-Haha, laisse tomber. C'était pour rire. Mais ton comportement ferait presque cliché, c'est pour ça que je dis ça. Le garçon un peu en rogne contre une fille parce qu'il ne se sent pas aimé autant que les autres d'elle, alors que tout le monde lui dit le contraire...ça m'a fait penser à ça.


Il avait écouté la petite exposition de son idée, ou plutôt de son cliché, qui avait suffi à lui faire reprendre le sourire, un sourire toutefois un peu exaspéré. Effectivement, on ne pouvait pas faire aussi cliché que ça, et pourtant, c'était bien ce qu'il avait fait. Mais bon, l'idée lui paraissait quand même absurde. Il ne savait pas pourquoi il avait réagi de la sorte, mais ne pensait certainement pas à une raison amoureuse.


- Tu as toujours le mot pour rire.


-Enfin, tu ferais mieux de régler tout ça avec les filles avant la fin de la journée. Pour survivre face à Mei et pour éviter l'embarras avec Celestia. En plus ses parents t'on dit de veiller sur elle je crois.


- Oh, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je pense qu'à l'heure qu'il est, elle ne me laisserait même pas l'approcher sans m'arracher quelque chose.


-Qui ne tente rien n'as rien. Tu n'as pas le choix de toute façon, Celestia va rester avec Mei pour se faire réconforter.


Quand il vit ensuite le regard de Yoshino se porter sur lui, Yahiro dévia le siens en mettant devant lui sa main. Les deux amis se connaissaient bien.


-Comptes pas sur moi, j'approche plus Mei de la journée justement pour te forcer à y retourner. C'est toujours comme ça avec toi.


Cependant, il semblait se méprendre sur ses intentions, il ne comptait en rien lui demander d'y aller sa place, ça n'aurait pas eu grand effet. Il voulait simplement s'assurer qu'il le suivait. Il voulut le rassurer sur ses intentions.


- Je ne comptais pas te demander d'y aller pour moi, rassure toi.


-Ce serait pas la première fois...enfin, essaye de régler ça rapidement. Pour tout le monde, cette ambiance...et surtout pour Celestia. On dirait que ça l'a ravagée.


- Je sais, je l'ai vu et entendu. D'ailleurs je vais essayer d'y aller tout de suite.


Dit-il tout en se levant de l'herbe. Il se pencha pour ramasser son sac et passer la bandoulière sur son épaule, avant de regarder son ami pour lui demander où se trouvaient les deux jeunes filles maintenant.


- Où sont-elles ? Encore au lycée ?


-Mah, surement.


- Bien. Je vais essayer de faire vite pour ne pas les rater.


Il se mit donc en route pour quitter son ami et se rendre au lycée, là où devaient encore être les deux jeunes filles après l'accident qui venait de se passer. Il n'y avait rien de plus simple pour y retourner, il avait simplement à refaire le chemin qui l'avait amené jusqu'ici en sens inverse. Il marchait calmement en regardant devant lui, sans montrer d'anxiété ou autre. Mais à l'intérieur ce n'était pas vraiment la même chose. Il appréhendait la confrontation, à la fois avec Celestia, mais surtout avec Mei qui n'était vraiment pas dans sa meilleure humeur, et il y avait de quoi. Il savait que les choses n'allaient pas être faciles. Il s'attendait même à prendre une baffe. Mais bon, cela ne l'empêchait pas d'avancer et de regagner le lycée pour faire ce qu'il avait à faire. Il se sentait vraiment coupable de ce qu'il venait de dire, et d'avoir mis son amie dans cet état. Il ne savait pas ce qui lui était passé par la tête. De l'amour comme lui a dit Yahiro ? Non, certainement pas, il y avait peu de chance. Notre jeune homme n'était jamais tombé amoureux jusque-là. Tiens, peut-être parce qu'il n'avait jamais connu l'amour auparavant, il ne pouvait savoir si ce n'était pas la cause de ses maux.


Et il n'eut pas à chercher bien loin, puisque les deux demoiselles étaient dans la salle de classe de Celestia, Mei ayant surement du l'accompagner pour la première heure de cours qui allait avoir lieux dans une vingtaine de minutes.


En arrivant devant la salle dans laquelle il vit les deux filles, il s'arrêta. Il n'osa pas se présenter dès son arrivée à cause de son appréhension et de ce qu'on allait pouvoir lui dire par la suite. Il les regardait pendant un moment, elles n'avaient pas remarqué sa présence. Il se demandait si c'était vraiment la bonne chose à faire, le bon moment. Avec la tigresse de Mei on ne pouvait jamais prévoir ce qui allait se passer. Mais il ne pouvait pas reculer, se défiler. Ce n'était déjà pas son genre, et c'était encore moins le moment. Prenant son courage à deux mais, il donna deux petits coups à la porte pour signaler sa présence en commençant à marcher en leur direction.


A ce son Mei tourna le visage en cette direction, mais quand elle vit qui arrivait, elle ne s'en soucia pas plus que cela.


Il s'attendait à ce genre de réaction, même si peut être attendait-il une touche de violence. Il s'arrêta à quelques mètres des deux jeunes filles. Avec Mei encore aux côtés de Celestia, le dialogue n'allait pas être très facile.


- Peux-tu nous laisser tous les deux s'il te plaît, Mei ?


-Pourquoi je le ferais ? Pour que tu la fasses encore pleurer ?!


- Tu veux que les choses restent ainsi peut être ?


Elle se leva alors de la table, d'un air résignée.


-Très bien. Fais comme tu veux.


Elle sortit ensuite de la salle de classe, laissant Celestia seule à sa table.


Il la regarda sortir du coin de l'œil après avoir trouvé les mots justes pour la convaincre de le laisser seul avec son amie. Après qu'elle soit sortie de la pièce, il regarda de nouveau Celestia qui ne savait trop quoi faire. Il s'approcha lentement d'elle avant de s'arrêter à côté de sa table pour engager doucement la discussion.


- Celestia... ?


La jeune fille ne répondit rien à cela. Elle regardait ailleurs, à gauche et à droite, trop embarrassée. Finalement, sa voix douce et timide surgit.


-Je comprends ce que tu as dit tout à l'heure...je ne viendrais plus te parler...et je dirais a maman que...que j'irais au lycée avec quelqu'un d'autre...


Quand il l'entendit dire cela, il eut de nouveau un petit pincement au cœur, mais cette fois-ci parce qu'il se rendait compte qu'il avait été dure avec elle au point qu'elle se méprenne autant sur ses intentions. Elle avait besoin d'être rassurée, c'était certain. Il devait mettre de côté sa peur de l'embêter. Il s'accroupit auprès d'elle pour se mettre à son niveau comme elle était assise sur sa chaise, et arbora un petit sourire qu'elle ne pouvait voir, même si le cœur y était.


- Tu es sûre que tu as bien compris... ?


-Je-je pense...


Visiblement il n'allait pas pouvoir échapper aux excuses s'il voulait lui faire comprendre que ce qu'elle venait de lui dire n'avait aucun sens. Ce n'était absolument pas ce qu'il voulait. De toute façon il ne comptait pas les esquiver. Comme il était rare, il allait devoir parler à cœur ouvert avec elle. Il reprit donc la parole avec une certaine culpabilité visible sur son visage et dans son sourire, mais là encore, il était calme et semblait garder la situation en mains, la tête haute.


- Je suis terriblement désolé pour ce que je t'ai dit tout à l'heure, je ne sais pas ce qui m'a pris. C'est juste que ... depuis le début, j'ai l'impression de te déranger et que tu n’oses pas me le dire, et dans ce genre de cas, je préfère que l'on me dise ces choses en face.


La jeune fille ne répondit rien, elle écoutait parler, serrant ses petites mains sur sa jupe sans rien dire.


- Mais ...


Juste avant de poursuive d'une voix toujours calme, qui se voulait rassurante avec une note de douceur, il posa doucement une main sur la tête de la jeune fille pour lui caresser lentement, ses doigts passant tout aussi lentement entre ses cheveux d'argent. C'était la première fois qu'il faisait quelque chose de la sorte avec elle. Il ne l'avait encore jamais fais avec personne d'autre, sauf sa petite sœur sûrement, et peut être Mei lorsqu'ils étaient plus jeunes.


- Je me trompe, pas vrai ?


La jeune fille se remit à sangloter, reniflant sans oser bouger ou lever le visage.


-Moi je voulais juste....être amie avec tout le monde...


Sans difficulté il la revit sangloter comme tout à l'heure, ce qui lui indiquait qu'elle était toujours en stress et affectée par ce qui s'était passé tout à l'heure. Cette attention avec sa main dans ses cheveux n'était pas suffisante. Il baissa un peu le regard pour voir ses petites mais qui tremblaient en tenant sa jupe, et il lui vint une idée. Il fit alors quelque chose qu'il faisait encore moins souvent, poser sa main sur une des siennes pour lui montrer qu'il était présent, donner à son corps un signal qui lui disait qu'il était là pour la rassurer.


- Je sais, et tu as très bien réussi, tu n'as pas à t'en faire pour ça. Le seul qui a des choses à se reprocher ici, c'est moi.


-Vraiment...?


- Oui, puisque je le dis. Mais ... si après ça tu ne veux plus que je t'accompagne, ou encore me parler, je comprendrai.


-Non...


Elle vint se frotter les yeux avec ses mains, se calmant un peu plus.


-Je veux que tu restes...


Entendre ces paroles de sa part le surprit assez, elle qui était souvent trop timide pour dire directement ce genre de choses. Mais, en même temps que d'être surpris, son cœur fit un petit bond, et il se sentait d'un coup grandement rassuré. Il était content de l'entendre dire ça. Il eut un bref instant d'inactivité, avant de reprendre un petit un petit sourire. Il posa sa main sur son épaule pour l'amener doucement contre lui, son bras dans son dos, un peu comme l'avait fait Mei tout à l'heure pour la réconforter.


Le sourire de la jeune fille retrouvée et la bande réconciliée, la journée put se finir comme toutes les autres, avec joie et bonne humeur. Cette fois ci, Yahiro quitta le groupe un peu en avance. Comme parfois, il allait rejoindre son club de tennis, hors du lycée après les cours. Le lycéen aimait bien faire ce sport depuis quelques années. Une fois Celestia déposée chez elle par les deux amis, Mei finit donc sa route avec Yoshino, qui se prit au passage une tape derrière le crane par son amie.


-Pour la corde cassée idiot.


Comme il ne s'y attendait pas, il se courba un peu en avant en entrouvrant les yeux. Rapidement il se remit droit et lui répondit en la regardant, un peu désemparé. Ce n'était pas totalement de sa faute.


- Ce n'est tout de même pas de ma faute si elle était déjà usée.


-Aujourd'hui j'ai décidé que si !


- Tu décides toujours des choses quand ça t’arrange...


- Tais-toi idiot !


Il ne répondit rien à cet ordre, parce qu'il n'y avait rien à dire. Il la regarda un peu de ce même petit air désemparé avant de regarder devant lui en poursuivant la marche. Il se doutait bien de pourquoi elle lui parlait ainsi. Elle était encore un peu remontée contre lui.


Ainsi Mei rentra chez elle, quittant Yoshino à un endroit de la route, le laissant seul avec lui-même.


Puis finalement, le jeune homme rentra chez lui sans trop d'encombre, l'esprit libre. Enfin, presque libre. Il s'était réconcilié avec la jeune Celestia, visiblement Mei l'avait presque pardonné, tout allait bien pour ainsi dire. Il avait même l'impression d'être devenu plus proche avec sa nouvelle amie après cette petite épreuve. Ce qui lui restait en tête, c'était sa réaction. Ce n'était vraiment pas lui de s'emporter autant pour si peu, il ne comprenait pas pourquoi il avait été aussi brutal avec elle, pourquoi il avait pensé ces choses. Enfin, c'était passé maintenant, ça ne servait à rien de repenser à tout ça, sauf s'il voulait se faire du mal, ce qui n'était pas le cas. Après quelques minutes de marche en solitaire, il regagna son domicile, où il y retrouva le reste de sa petite famille, ou presque. La mère était dans la pièce à vivre, un plumeau à la main, certainement en plein ménage, la fille, elle, devait certainement être dans sa chambre pour jouer, tandis que le père devait faire son dernier cours à l'Université. A l'entrée, Yoshino retira ses chaussures comme il en était coutume.


- Je suis rentré.


Fit-il remarquer à voix hautes depuis l'entrée.


- Ah, bon retour Yoshino.


Lui répondit Chisato en se sortant de son activité après avoir entendu l'arrivée de son fils. Elle le vit ensuite dans la cuisine, au réfrigérateur, pour en sortir une boisson afin de se désaltérer un peu.


- Ta journée s'est-elle bien passée ?


Lui demanda-t-elle, un petit sourire aux lèvres en se remettant à agiter son plumeau sur le meuble qu'elle dépoussiérait, bien qu'il n'y en avait pas vraiment besoin compte tenu de la propreté quotidienne du logis. C'est tout naturellement que le fils lui répondit, juste avant de boire une gorgée de lait, en omettant bien sûr l'accident qu'il y eut avec ses amis dans la matinée. Il ne voulait pas l'inquiéter pour si peu.


- Comme d'habitude, plutôt pas mal.


- Décidément, tes journées se passent toujours bien. Quelle chance hu hu.


Le jeune homme but ensuite la gorgée de lait qu'il attendait tant, un bon petit coup de frais qui lui fit le plus grand bien après une journée de dur labeur. Il rangea ensuite la bouteille dans le réfrigérateur et le ferma, il ne perdit ensuite pas de temps pour rejoindre le salon, en direction des escaliers qui allaient le mener à sa chambre. Cependant, alors qu'il venait de poser son pied sur la première marche, Chisato l'interpella. Elle venait de se rappeler de quelque chose.


- Au fait, Celestia vous a-t-elle dis que ses parents allaient partir prochainement pour les affaires ?


Tout de suite captivé par ce que lui disait sa mère, il s'arrêta à l'entrée des escaliers, un pied au sol du salon, l'autre sur la marche, le regard curieux porté vers elle.


- Comment ça ?


- Et bien, j'ai croisé Monsieur et Madame Hasegawa sur la route en me rendant au lycée dans la matinée. Ils m'ont dit qu'ils étaient assez embêtés à cause de ça du fait qu'ils n'allaient avoir d'autres choix que d'engager une nourrice pour veiller sur elle.


Yoshino était assez surpris d'entendre ça, même s'il ne le laissait pas transparaître. Cette nouvelle tombait de nulle part, et il ne savait pas si la concernée était au courant d'ailleurs. Après tout, elle ne leur en avait pas parlé.


- Je vois. Elle ne nous en a pas parlé pour le moment.


- Mah, peut-être qu'elle n'est pas encore au courant, ou alors qu'elle avait peur de vous ennuyer avec ça.


Reprit-elle en retrouvant un bref sourire. Elle se remit en même temps à sa tâche qui consistait à faire passer son outil de ménage entre les petits objets qui étaient posés sur le meuble. Pourquoi souriait-elle ainsi ? Elle repensait à la jeune fille en question, ainsi que son caractère qu'elle avait bien vite cerné.


- C'est une jeune fille vraiment adorable, et très timide. Ça ne la rend que plus mignonne mais ça ne m'étonnerait pas que cette timidité lui joue parfois des tours, même si elle me semble très sincère et honnête. Il faut vraiment que tu prennes soins d'elle, Yoshino, que vous preniez soin d'elle.


Suite à cette demande de sa mère, qui là encore sortait de nulle part, Yoshino resta immobile, presque pantois, toujours au début des escaliers. En l'espace d'une soirée, elle avait cerné le caractère de la jeune fille, ses qualités, mais aussi les problèmes qu'elle pouvait rencontrer. Elle ne croyait pas avoir si bien dit ! Après tout, c'est à cause de cette timidité qui lui empêchait de parler que le jeune homme s'était grandement mépris sur ses intentions à son égard ! Cette remarque avait suffi à soulever de nouveau un petit poids de culpabilité chez lui, passager cela-dit. Il fut vite remplacer par la requête indirecte de sa mère qui lui demandait de veiller sur elle, chose que lui avaient déjà demandée les parents de celle-ci. Au bout du compte, il sourit légèrement, comme pour lui montrer qu'il comptait bien le faire.


- Ah, ne t'en fais pas, c'est ce que nous allons faire.


Puis il reprit son ascension dans les escaliers pour gagner l'étage, et par la suite sa chambre, avec en tête, les informations que l'on venait de lui donner.


Chez les Aisegawa justement, Clarisse était au chevet de sa fille, assise sur le bord du lit pour l'embrasser comme elle le faisait encore parfois. La mère avait bien vus que la petite était bien dérangée depuis le retour du lycée. Mais Celestia n'en avait dit mot, toujours par crainte d'ennuyer son entourage avec ça, ne pensant pas utile de le dire.


-Celestia ma chérie, j'ai quelque chose à te dire. Ton père et moi allons devoir partir quelques temps.


Sur le moment, l'enfant releva le visage, surprise. Elle ne comprenait pas totalement ce que sa mère voulait dire pas là.


-Quelques temps...?


-Oui. Pour le travail. Il y a encore bon nombre d'affaires à régler vers le lieu de notre ancienne maison, donc ton père et moi allons devoir y retourner un petit bout de temps. Tu comprends ?


-Combien de temps...?


-Je ne sais pas vraiment. Ce sera un moi peut-être...plus qui sait.


A ce chiffre, Celestia ouvrit un peu plus ses yeux, avant de baisser le visage en laissant son corps tomber dans son lit, d'n petit air triste.


-Tant que ça...


-Je sais ma chérie...c'est beaucoup...mais cette fois ci on ne peut plus retarder l'échéance.


-Mais vous reviendrez hein ?


Sur cette question Clarisse lâcha un rire amusé, embrassant sa fille sur le front.


-Tu as toujours peur qu'on ne revienne pas après notre travail comme quand tu étais petite...


-Je n'y peux rien...


-Ne t'en fais pas. On reviendra le plus vite possible. On a trouvé quelqu'un pour s'occuper de toi, tu ne seras pas seul.


-Qui ?


-Tu le découvriras bien assez tôt huhu. On partira surement après-demain.


-D'accord...


Ainsi la mère laissa sa fille dormir, quittant sa chambre à pas léger.


Et le lendemain matin, à une heure où il était proche de partir pour se rendre au lycée, le bruit de la sonnette retentit dans la grande demeure des Aisegawas, on venait de sonner à l'heure portail. Ça commençait à devenir une habitude.


Comme d'habitude, ce fut Clarisse qui ouvrit la porte, saluant Yoshino.


-Yoshino ! Bonjour. Tu vas bien ? Entre donc.


Et oui, il s'agissait bien de notre jeune homme, qui depuis sa rencontre avec Celestia, venait la chercher comme tous les jours pour l'accompagner au lycée. Tout en pénétrant dans l'enceinte de la demeure, il répondit à la mère avec son sourire habituel.


- Merci Madame. Je vais bien, et vous ?


-Ah, c'est la bataille et la panique depuis quelques jours...ce déménagement n'en finis pas il faut croire...il reste toujours des papiers et des affaires à régler. Ça n'en finis pas.


- Je veux bien vous croire, surtout pour une maison de cette superficie. Et encore, une fois que c'est fait, il y a encore autre chose qui survient.


-Ah, c'est sur...oh, d'ailleurs ! J'ai dit à tes parents en les croisant que moi et mon mari devions partir quelques temps dans le pays pour régler les dernières affaires justement. Bien sûr nous avons tout prévus pour Celestia mais...pourrais-tu garder un œil sur elle de temps à autre en passant si ça ne te dérange pas ? Elle t’aime vraiment bien en plus.


L'entièreté de la phrase était presque passé inaperçu chez le jeune homme, il n'y avait rien de plus normal que l'on lui demande ça, étant donné qu'il était son ami et qu'on lui avait déjà demandé de veiller sur elle. Mais quand il entendit la fin, quand elle eut dit que sa fille l'aimait vraiment bien, son corps réagit de lui-même en faisant un petit sursaut, avec son cœur qui suivit. Après cette petite surprise, il sourit de nouveau un peu à la mère, en voulant relativiser les choses.


- Mah, je suis son ami après tout. Il est normal qu'elle m'apprécie, et il en est de même pour Mei et Yahiro.


-Je suis toi, je me méfierais ahah. Bien, je retourne travailler.


Elle repartit donc a pas de course vers son bureau qui devait être non loin au rez-de-chaussée, lui faisant signe de la main.


-Si jamais tu as faim il y a des cookies dans le four !


- Ah, merci Madame. Bonne journée à vous !


Lui répondit Yoshino en haussant un peu la voix afin qu'elle puisse l'entendre de là où elle se trouvait. Elle était vraiment rapide pour retourner à ses affaires.


Finalement Celestia arriva et tous les deux partirent au lycée. Le programme de la matinée commença comme beaucoup de fois par une heure de libre comblée par une répétition dans la salle du groupe. Pour se faire Celestia et Yoshino s'y rendirent directement en arrivant au lycée, ouvrant la porte de la salle déjà baignée par les premiers rayons de soleil qui filtraient. Yoshino vit alors Mei assise sur une table, se balançant les jambes tandis que Yahiro était déjà à son poste sur son téléphone. Celestia ferma la porte doucement en cherchant des mains la poignée.


-Bonjour tout le monde...


-Ah ! Celestia ! Yoshino ! Salut !


- Salut Mei, salut Yahiro.


Leur répondit Yoshino, toujours avec son sourire et son ton sympathique. Du coin de l'œil, il vit derrière lui Celestia qui cherchait la poignée de la porte avec ses mains, avec un peu de mal pour y parvenir. Il lui vint alors l'idée de porter sa main droite à la sienne, pour la lui poser sur la poignée afin de l'aider un peu, sans pour autant faire tout le travail. Tien, cela faisait un moment qu'il n'était pas allé à son contact de la sorte, à croire que le petit accident de la veille avait permis de le décoincer à ce niveau.


-Me-merci....


Répondit-elle timidement à ce contact.


En guise de réponse, il lui sourit un peu plus bien qu'elle ne pouvait pas le voir, puis lâcha sa main pour se tourner vers le reste du groupe. Qu'allaient-ils bien pouvoir faire aujourd'hui ? Encore répéter ?


- Que fait-on aujourd'hui ?


-Bien sûr ! Mais Yahiro a dit que quelqu'un a arraché notre affiche de recrutement sur le tableau !


Le concerné regarda alors le groupe.


-Ah, oui. Je ne sais pas si c'est un intéressé ou juste un idiot mais elle n'est plus là-bas.


- Ah, vraiment ?


Demanda-t-il, légèrement curieux. Bien sûr cette question était rhétorique et ne demandait pas de réponse. Il penchait plus pour la deuxième explication. Ça arrivait parfois que des élèves ne sachant trop quoi faire de leur journée s'amusent avec les affiches placardées un peu partout.


- Certainement certains qui ont voulu nous faire une petite blague.


-Mouais...bon, en attendant on a du travail. En selle Yoshi'.


Sur le coup, il ne savait pas si le jeu de mot était voulu, ou s'il avait dit cela sans vraiment y faire attention. Pour ceux qui avaient un minimum de culture dans les jeux vidéo, Yoshi était un petit dinosaure vert sur lequel monte le héros du jeu vidéo pour parcourir les niveaux, sauf que lui n'avait pas besoin de selle. Il y pensa directement comme sa petite sœur y jouait souvent. Un peu désappointé, il regarda son ami avec une petite mine blasée.


- Dis-moi que tu ne l'as pas fait exprès...


-Va savoir héhé.


Il préféra ne rien ajouter et se contenta d'aller chercher son instrument dans son caisson avant d'aller se positionner avec Mei en lâchant un petit soupir souriant.


-T'as appris tes notes ?


- Ouais, j'ai fait ce que j'ai pu après être rentré hier.


-Bon, maintenant on va pouvoir voir tous les aspects techniques quant aux positions de la main, ce genre de choses...j'avais oublié de te l'apprendre vu que tu grattes bien les cordes de base mais ce n’est pas encore super.


- Pourtant je fais de mon mieux...


Assura le jeune homme d'un petit sourire exaspéré, avec "son" instrument entre les mains. Bon, c'est vrai qu'il était encore qu'un débutant, et que son niveau était largement améliorable, mais il se débrouillait pas trop mal pour quelqu'un qui venait de commencer.


-Je te dis que tu grattes mal, tu ne me crois pas ?


- Ce n'est pas que je te crois pas, je dis simplement que je fais de mon mieux en si peu de temps.


-Et c'est très bien. Mais t’es pas encore prêt.


Ainsi le cours se poursuivis pour le restant de l'heure tout comme la journée. Arrivé à la pause déjeuner, le petit groupe se mit comme d'habitude ou presque dans la salle de classe. Il y avait un peu trop de vent pour aller sur le toit et Celestia n'avait pas spécialement envie de sortir. C'est donc d'un commun accord qu'ils restèrent ici. Mei repensait encore à cette histoire d'affiche.


-Ce serait bien si c'était un candidat potentiel qui avait arraché la feuille pour ne pas se faire voler la place...


-Qui sait, c'est le cas héhé.


Répondit Yahiro sur un ton moqueur.


-Oui, ce serait le pied !


- Mah, je pense que si c'était un volontaire, il se serait déjà présenté à nous.


Rétorqua Yoshino qui était assis à sa table, en train de sortir le bento préparé par sa mère de son sac pour le poser sur la table afin de pouvoir le manger.


-Ou bien c'est un comique qui fait durer le suspense...de toute façon si d'ici lundi on n’a pas de nouvelle on en remettra une neuve.


- On verra bien déjà d'ici la fin de la journée. Peut-être qu'il ou elle attend la fin des cours pour venir nous en parler.


C'était ce que pensait Yoshino. Enfin, lui aussi ne croyait pas beaucoup à un potentiel, ou une potentielle volontaire pour le groupe. De toute façon pour le moment il était l'heure de manger, et comme chaque jour, ce que lui avait proposé sa mère le mettait grandement en appétit. Du poulet frit, avec du riz assaisonné au citron, ainsi que de bons légumes croquants, que demander de plus pour un japonais ?

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