Généalogie alternative et histoires de famille

Chapitre 2 : L'enquête sur la famille paternelle de Mélinda Eastman

12617 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/03/2023 17:55


Rappel de la lignée paternelle de Mélinda Pavlovna Eastman-Clancy ;


Christian Eastman + Sonia Eastman, née Vladimirovna Razumovsky = Pavle (Paul) Christianovitch Eastman, Yaromir Christianovitch Eastman et Radimir Christianovitch Eastman


Yaromir Christianovitch Eastman + Alima Eastman, née Baraka = Marc Yaromirovitch Eastman, Dounia Yaromirovna Eastman et Fatima Yaromirovna Eastman


Radimir Christianovitch Eastman + Ielena (Hélène) Eastman, née Slavski = Filip Radimirovitch Eastman et Sofia Radimirovna Eastman







Grandview, avril 2002, par un après-midi ensoleillé.


Jim Clancy est au travail, à l'Hôpital Mercy. Mélinda, en se dirigeant vers sa boutique d'antiquités, voit au loin un jeune homme à la haute stature qui lui semble familier, malgré qu'elle n'a pas vu aucun membre de sa famille depuis plusieurs années. Il a les cheveux bruns clairs, tirant sur le blond et les yeux bruns. En s'approchant, elle remarque qu'il est Filip Radimirovitch Eastman, son cousin paternel, qui est à peu près de son âge. Mais elle fait mine de ne pas l'avoir remarqué. Le jeune homme la remarque et l'apostrophe en russe : – Bonjour, Mélinda !

Elle réplique (en russe) : – Bonjour !

– Ne me reconnais-tu pas ?

– ...

– Je suis ton cousin Filip, fils de Radimir et de Ielena.

– Bonjour, Filip ! Qu'est-ce que tu fais à Grandview ?

– Je viens demander ton aide...

– Pour quoi ? Comment m'as-tu trouvé ?

En lui faisant un signe de la main, le jeune homme dit : – J'ai demandé à ta mère où tu vis. Mais avant de parler de choses sérieuses, puis-je prendre de tes nouvelles ?

– Oui, bien sûr. Et bien, je suis mariée depuis deux ans à un ambulancier et je vis à Grandview. Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

– Je te cherche.

– Pourquoi ?

– J'ai besoin de ton aide pour régler certaines histoires de famille. Mais, pour te dire de mes dernières nouvelles, je suis fiancé à Cassandra Lamerveille. Nous pensons nous marier dans un mois.

– Je suis contente pour toi.

Tout à coup, un esprit errant apparaît à la droite de Mélinda ; elle et son cousin regardent discrètement vers sa direction. Il semble être une fillette âgée de trois ans, vêtue d'une robe rose claire allant jusqu'aux genoux, comme si elle venait des années 1940. Elle regarde les deux chuchoteurs d'esprits et dit en russe : « Maman, ne me laisses pas seule avec Yaromir ! Yaromir, maudis sois-tu ! » Puis l'esprit disparaît de leur vue. Mélinda et Filip s'entr'observent, étonnés. Mélinda fait un signe à son cousin ; ils s'assoient sur un banc dans le parc de la ville. Filip, poursuivant leur conversation en russe, dit : – Mélinda, tu dois savoir que cette fillette hante Yaromir depuis des années. Lorsqu'elle a compris que je peux parler avec elle, la voilà qu'elle veut que je règle ses problèmes, alors que j'ignore tout.

– Comment ça, tu ne l'a pas demandé son nom et ce qui la retient encore parmi les vivants ?

– Lorsque je lui ai posé la question, elle refuse de répondre, affirmant que ses parents et ses frères le savent. Elle prend des grands airs. On dirait une âme aristocratique. Mais, dans tous les cas, la fillette dit qu'elle a à régler son compte avec Yaromir.

– Penses-tu qu'il s'agirait de notre oncle ?

– Pas forcément... Tu sais que Yaromir est un prénom slave masculin populaire, et de ce fait, il peut s'agir d'un autre homonyme de notre oncle.

– Mais, toi, qu'est-ce que tu en penses ?

– Comment devrais-je savoir de quel Yaromir cette pauvre âme parle ? Je voudrais bien l'aider, mais je n'ai aucune information à ce sujet.

– Filip, calmes-toi !

– Désolé... Mais pourquoi penses-tu qu'il est question de notre oncle ? Tu sais que ceci signifierait que nous avons une tante morte en bas âge.

– C'est possible. Sais-tu si notre grand-mère est encore vivante ?

– Oui. Depuis un an, à la mort de notre grand-père, elle a déménagé à Hauteview, à 15 km de Grandview.

– Merci de l'information. Passes alors une bonne journée avec ta fiancée, Filip !

– Bonne journée à toi aussi !

Une fois que son cousin s'est éloigné, l'esprit errant apparaît devant Mélinda et lui dit en russe : « Il ment ! » Puis il disparaît avant que la jeune femme puisse ajouter quoi que ce soit. Perplexe, elle arrive dans sa boutique d'antiquités. À peine ouverte, un client fait irruption et la salue. Il lui demande si elle n'aurait pas des vieux objets de la Russie impériale. Mélinda lui répond négativement. Le client regarde les objets sur les étagères et se contente d'acheter une vieille petite table de 1920 puis sort de la boutique. Le reste de la journée se passe sans incident, sauf que la jeune femme est intriguée par l'esprit de la fillette : qui est-elle ? quel rapport elle a avec sa famille paternelle ? de qui veut-elle se venger? Mélinda essaie de débuter une recherche (en anglais puis en russe) sur son ordinateur, mais ne trouve rien d'intéressant.


Le soir, lorsque Jim Clancy revient dans leur maison, Mélinda lui résume sa rencontre avec son cousin Filip et lui expose son enquête sur la fillette qui semble être attachée à sa famille paternelle. Son mari l'embrasse doucement et lui recommande de questionner son père à ce sujet. Contente de la suggestion, elle l'embrasse en retour. Ils s'endorment ensuite dans leur lit, enlacés. La nuit est bizarre pour Mélinda : elle se trouve en vision dans une chambre pour enfants. Un garçon qui se tient dans l'ombre s'approche d'elle et la serre contre lui jusqu'à l'étouffer. Elle crie en russe : « Maman, maman ! » et son âme revient dans son corps. Mélinda se réveille. La jeune femme conclut qu'il s'agit de la mort de la fillette qu'elle a rencontré hier. Elle murmure doucement en russe : « Petite fille, qui êtes-vous ? » L'âme errante apparaît devant elle. Mélinda lui chuchote en russe : – S'il vous plaît, pouvez-vous me dire qui sont vos parents et vos frères ?

La fillette la regarde avec méfiance. Inutile de dire que les chuchotements réveille Jim, qui se retourne ; il comprend que sa femme parle avec un esprit errant. Il sourit mais demeure silencieux et écoute discrètement, comprenant assez bien le russe (à l'exception de certains mots).

Mélinda répète sa question. Comme la fillette ne répond pas, elle change de sujet : – Ce que tu m'as montré, c'est le dernier moment dont tu te souviens ?

– Oui.

– Peux-tu me dire comment s'appelle ton frère qui t'a étouffé ? Pour quelle raison a-t-il fait ce geste ?

– Il s'appelle Yaromir. Quant à la raison de son geste, par jalousie.

– Tu es sûre de ne pas se souvenir d'autres détails ?

– Oui. Il était hors de lui ; je sais qu'il est poussé à agir ainsi sous l'influence d'un sombre esprit. Ma mère, effrayée par le sombre esprit qui habitait le corps de Yaromir, lui dit d'aller au Diable. L'esprit disparaît aussitôt. Ensuite, ma mère pleurait sur mon corps. Me voyant à côté de mon corps, elle demande ce qui s'est passé et je lui explique la situation. Elle me promet qu'elle se vengera de lui plus tard.

– Et toi aussi, tu veux te venger de ton frère, c'est ça ?

– Oui.

La fillette disparaît de sa vue.

Remarquant que Mélinda a terminé de parler avec un esprit, Jim lui demande ce qui se passe ; elle lui explique son rêve et résume la conversation qu'elle vient d'avoir avec l'esprit de la fillette. Il sourit et embrasse sa femme. Il sait qu'elle parle le russe comme sa langue maternelle, puisque son père lui a appris cette langue, couramment parlée par ses frères et ses parents. Jim trouve la langue russe très douce et mélodieuse et commence à l'apprendre depuis qu'il s'est fiancé à Mélinda.

Elle dit : – Jim, penses-tu qu'il existe un moyen de connaître l'identité de cette pauvre fillette ?

– Bien sûr.

Le couple s'embrasse sur les lèvres et s'endort à nouveau.



Le lendemain matin, Mélinda compose le numéro de téléphone de ses parents ; sa mère lui répond. La jeune femme lui demande s'il est possible de rencontrer son père la journée suivante. Élizabeth lui confirme que Paul ne travaille pas demain et qu'elle l'informerait de la rencontre prévue. « De plus », ajoute Élizabeth, « ton père confirmera sa disponibilité cet après-midi quand il reviendra du travail. » Mélinda la remercie et mère et fille raccrochent le téléphone. Quatre heures plus tard, Paul Eastman appelle sa fille pour lui confirmer qu'il est disponible demain en après-midi pour parler avec elle.


Le reste de la journée, Mélinda file dans sa boutique d'antiquités, alors que son mari est à l'hôpital Mercy. Ils reviennent dans leur maison pour le repas du soir. Elle expose à son mari son projet de rendre visite à son père afin d'éclaircir le rapport de la fillette avec sa famille. Il approuve et l'embrasse. Après la vaisselle, Jim propose qu'il pourrait aussi venir afin de fouiller dans les archives de l'hôpital de Verylongview, afin de savoir s'il est possible de trouver les actes de naissances de ses oncles et tantes. Mélinda approuve son idée.

Le soir, Mélinda reçoit, en rêve, la visite de la fillette ; la jeune femme comprend que la mère de la fillette est sa propre grand-mère paternelle, Sonia. Intriguée, elle se réveille.


Le lendemain, Mélinda raconte son rêve à Jim. L'avant-midi se passe très tranquillement, à l'exception de quelques apparitions de la fillette, qui parlait en russe et en allemand. Mélinda lui demande en russe de traduire ses propos en allemand, ce qu'elle fait à contre-cœur en disant : « Pourtant, l'allemand est la langue de mon père ! » De ces conversations, la jeune femme apprend que l'âme errante souhaite se venger de Yaromir, parce qu'il est mauvais et qu'il voudrait s'accaparer de tout l'héritage de sa mère. De plus, il est responsable de la mort de son père.


Vers 13h00, le couple se rend à Verylongview ; Mélinda, pour discuter avec ses parents, Jim pour fouiller les archives de l'hôpital de la ville.

Mélinda est bien accueillie par ses parents ; Paul lui dit : « Mélinda, je sais que tu veux discuter d'une histoire d'esprits... »

– Oui, c'est exact.

À ce moment, la fillette apparaît à la droite de Paul Eastman ; tous les trois tournent leurs têtes vers elle. Elle dit en allemand : – Ich muss dich vor Yaromir beschützen [Je dois vous protéger de Yaromir].

Paul réplique : – Warum ? [Pourquoi]

Elle répond en russe : – Parce qu'il est sombre.

L'âme se tourne vers Mélinda et dit avec tristesse : – Si tu veux que ta fille ait des enfants...

Puis elle disparaît de leur vue. Paul Eastman ferme les yeux pendant une minute ; Élizabeth et Mélinda comprennent qu'il cherche ses mots ou des souvenirs. Silence. Ayant ouvert les yeux, le policier dit en russe : – Cette fillette est ma sœur aînée, née un an avant moi. Je ne garde pas consciemment des souvenirs d'elles, mais c'est plutôt parce que je revis des moments de mon enfance en rêve. Je pensais naïvement qu'elle est partie dans la Lumière après m'avoir averti du danger que représente Yaromir. C'est ce qu'elle a dit en allemand.

Mélinda intervient : – Comment s'appelle-t-elle ?

– Marianna. Elle est morte en bas âge, étouffée par Yaromir.

– Quel danger représente oncle Yaromir ?

– Il est avec nos ennemis. C'est pourquoi j'ai coupé tout contact avec lui.

– Peux-tu préciser ?

– En résumé, bien que Yaromir (maudit soit-il) voit les esprits, il travaille pour le Mal ; il est versé dans l'occultisme. Il travaille au fait de jeter un sort sur toi, car il ne voudrait pas que tu saches qui il est réellement. Je connais certains détails, puisqu'il vient parfois me visiter en rêve, comme si j'étais à sa place. Il est infidèle à sa femme, Alima, et ce, autant avec des femmes que des hommes. D'ailleurs, je sais qu'il est responsable de la disparition de Radimir et de la mort de notre père, Christian. C'est pourquoi ce dernier réclame justice, car il ne voudrait pas que Yaromir profite de la situation pour paraître gentil auprès de Sonia pour tout hériter du compte bancaire de notre défunt père, au détriment de Radimir et de moi-même. Tu comprends, Mélinda, que je ne peux pas accepter une telle situation.

Élizabeth intervient : – Je comprends ton point de vue, mais tu ne comptes quand même pas donner les directives à ta propre mère pour la rédaction de son testament ?

– Non, pas forcément, mais des suggestions. D'ailleurs, j'espère qu'elle est assez lucide pour voir son jeu.

Mélinda intervient : – Père, désolée de t'interrompre, mais quelle est cette histoire de malédiction ?

– Marianna a maudit Yaromir, sauf qu'il se pense malin et croit déjouer cette malédiction. Celle-ci est la stérilité ; comme il a parvenu à la passer sur moi (car il s'est initié assez jeune dans l'occultisme avec son cercle d'amis, tandis que moi, j'étais très naïf à 17 ans). C'est pourquoi, Mélinda, je ne peux être ton père que grâce à ta mère. Autrement, je n'aurais pas eu de descendance.

Après de tels propos, Paul Eastman serre tendrement la main droite d'Élizabeth.

Mélinda ajoute : – Mais pourquoi Marianna s'inquiète-t-elle pour moi ?

– Parce que Yaromir veut à tout prix que sa malédiction ne lui revient pas comme un boomerang, il préfère alors la « pousser » au suivant, en l'occurrence, toi.

Silence lourd.

Mélinda, la voix tremblante, malgré qu'elle éclaircit sa voix : – Existe-t-il un moyen de se protéger contre cette malédiction? Tu sais très bien à quel point mon mari et moi voulons avoir des enfants !

– Oui. Il suffit d'entourer ton lit de branches d'aubépine et d'hellébore. pendant les quarante prochains jours. J'ai compris que ceci est capital pour la suite. Ma fille bien-aimée, tu n'auras qu'a faire ça à tous les ans et tout ira bien. J'ai reçu cette information dans des rêves, d'où la certitude de mes propos.

– Merci beaucoup, papa. Mais sais-tu ce qui est arrivé à oncle Radimir ?

– Je le sais, mais je te le dira une autre fois, pas maintenant. Si ça te rassure, il est encore, Dieu merci, parmi les vivants.

– Merci beaucoup.

À la fin de la discussion, père, mère et fille échangent des formules de politesse.


La jeune femme revient chez elle, où son mari l'attendait, des papiers posés sur la table de la cuisine. Mélinda lui résume la conversation qu'elle a eu avec ses parents ; Jim lui dit ses trouvailles. Il parvient à mettre la main sur les certificats de naissance de Paul Eastman et de ses frères et de sa sœur. Cette dernière est l'aînée de la fratrie, née en 1948 sous le nom de Marianna Christianovna Eastman, et morte en juin 1951. Ensuite viennent trois frères, à savoir Pavle (le père de Mélinda), né en 1949, Yaromir, né en 1950 puis Radimir en 1951. De plus, Jim obtient aussi une photocopie du dossier de Marianna conservé à l'hôpital de Verylongview, document dans lequel il est question de sa cause de décès : étranglement. S'ensuit une description physique du cadavre et des photographies, que Jim n'a pas photocopié.

Jim ajoute : – Comme j'ai eu beaucoup de temps, je fais route vers l'église orthodoxe de la ville afin de trouver des informations concernant tes parents, tes oncles paternels et j'ai réussi à obtenir ce document-ci.

Il dépose devant Mélinda un document rédigé en russe. Elle le lit attentivement et le traduit à son mari : « Il s'agit d'une excommunion de Yaromir Christianovitch Eastman, mon oncle paternel. Il a été excommunié de l'Église orthodoxe russe en 1969, pour actes de sorcellerie et pour orgies. D'ailleurs, plusieurs habitants de la ville ont témoignés à ce sujet. Ensuite son mentionnés les noms des témoins, que je ne te lira pas. »

Mélinda ferme le document. Elle commente : – Jim, il faut sérieusement se protéger contre un tel monstre.

– Bien sûr, ma chérie. En questionnant le curé de l'église, il m'a montré ton certificat de naissance, que j'ai photocopié, comme les autres documents.

Jim passe à sa femme un document rédigé en russe. Elle le lit et dit : – Mon nom de baptême est Mélinda Irina Pavlovna Eastman. Les autres informations sont exactes.

Elle rend la copie du document à son mari, qui range tous les documents trouvés dans un tiroir dans un meuble du salon. Il revient dans la cuisine et embrasse tendrement sa femme et lui dit : – Maintenant que tu sais l'identité de l'esprit, il te sera plus simple de parler avec lui.

Elle opine du chef et fait un signe à son mari, car Marianna se manifeste à la droite de Jim.

La fillette dit en russe : – Ainsi, vous êtes ma nièce ?

Mélinda lui répond : – Oui.

– Mais faites attention aux enfants de Yaromir, ils sont aussi méchants que lui !

L'âme errante disparaît de sa vue. Mélinda rapporte à son mari les propos de Marianna. Les deux sont perplexes. Ils décident néanmoins de placer autour de leur lit des branches d'aubépine et d'hellébore, tel que recommandé par Paul Eastman.

Ensuite, ils préparent leur repas du soir et font la vaisselle. Après cela, ils discutent un peu de la famille paternelle de Mélinda. Jim conclut que, peut-être, Sonia a compris le jeu de Yaromir, c'est pourquoi elle a déménagé, afin qu'il ne puisse pas la retrouver. Peut-être aussi que son autre oncle est encore en vie, sauf qu'il se cache ou est caché par la police, ce qui expliquerait comment Paul Eastman sait ce qui est advenu de lui.

Mélinda : – Mais pourquoi Radimir se cacherait-il ? Et de qui ?

– Je l'ignore. Il faut pousser plus loin l'enquête à son sujet.

– Jim tu es génial !

– Toi aussi !

Ils s'embrassent sur les lèvres et, voyant l'heure qu'il est, ils se préparent à dormir dans leur lit. La nuit est tranquille pour le couple ; Mélinda reçoit la visite de Marianna qui lui explique certaines choses au sujet de la famille paternelle.


Le lendemain matin, la jeune femme raconte à son époux son rêve. Ils comprennent alors que Paul Eastman protège Radimir contre Yaromir, car il planifie de le tuer, en s'alliant avec les ennemis ancestraux de la famille, à savoir les Platonov. Cette famille est réputée pour être versée dans l'art occulte ; certains membres suivent Sonia Eastman, d'autres Paul. D'autres espèrent pouvoir conclure des alliances avec eux, afin d'augmenter les pouvoirs parapsychologiques de leurs descendants. Mélinda comprend mieux alors pourquoi son père a refusé la demande de mariage de l'un des jeunes hommes de cette famille alors qu'elle n'avait que dix-sept ans. Elle comprend aussi pourquoi il n'était pas content de son premier petit copain, Kyle McCall, car sa famille est rattachée par des liens obscures aux Platonov. Mélinda communique à son mari ses réflexions ; il l'embrasse sur les joues, les lèvres et le front et la serre dans ses bras pour la rassurer. Elle l'embrasse en retour sur les lèvres.

Après quelques minutes, Jim lâche sa femme et dit, après avoir regardé sa montre : – Mél, je dois bientôt partir au travail. À ce soir, ma chérie !

Il se prépare à partir, l'embrasse une dernière fois sur les lèvres et se dirige vers l'hôpital Mercy.


Alors que Jim était au travail, Mélinda voit Marianna apparaître devant elle. Marianna dit en russe : – Faites attention à vos ennemis ! Je vous déconseille d'aller à votre boutique cet après-midi, restez plutôt chez vous !

Mélinda lui réplique en russe : – Pourquoi ?

– Parce que le Platonov qui vous a courtisé, Andreï, pense faire un tour dans votre boutique et vous jeter un sort.

– Merci, Marianna, de l'avertissement.

La jeune femme téléphone alors à son associée, Andréa Marino, pour dire qu'elle devra s'occuper de la boutique, car elle a autre chose à faire.


L'âme errante disparaît de sa vue. Mélinda décide de chercher sur son ordinateur au sujet de Radimir Christianovitch Eastman. Au moment où elle s'installe face à l'ordinateur, Christian Eastman se manifeste en écrivant ce message sur l'ordinateur « Радимир жив ! Он может общаться с вами. (Radimir est vivant ! Il peut communiqué avec vous.) » Les deux phrases restent pendant quelques minutes sur l'écran puis disparaissent ; Mélinda éteint l'ordinateur. L'âme errante se manifeste face à elle. Elle est un septuagénaire vêtu d'un habit blanc et d'une chemise blanche, avec des lunettes rondes en or. Il porte une vieille alliance en or. Il lui dit en russe avec un fort accent allemand : « Vous n'avez pas à chercher Radimir, il viendra à vous ! »

Étonnée, la jeune femme lui demande de décliner son identité. Son grand-père paternel lui répond poliment. Il s'excuse de sa brusquerie, puisqu'il était électricien de son vivant. Mélinda lui demande quelle est la cause de son décès. Il lui dit qu'il s'agit officiellement d'un arrêt cardiaque, mais dans les faits, il s'agit d'un rituel que Yaromir et ses amis ont fait sur l'une de ses photos. Mélinda lui demande comment est-ce possible. Sa réponse : « Frag Sonia ! Спроси Соню ! [Demandez à Sonia] » Puis l'âme errante disparaît de sa vue. La jeune femme regarde l'heure : 10h30. Elle téléphone à la maison de ses parents ; heureusement, c'est son père qui répond de l'autre côté de l'appareil. Mélinda demande s'il connaît le numéro de téléphone de Sonia. Il le lui dit en ajoutant qu'il viendra avec elle. La jeune femme remercie son père et décroche le téléphone. Quelques minutes après, elle téléphone à sa grand-mère maternelle, mais tombe sur sa boîte vocale. Elle laisse alors un message en russe. Trois minutes plus tard, Sonia l'appelle en retour, étonnée que sa petite-fille veuille lui parler. Mélinda dit en russe : – Mère-grand, je voudrais te parler demain.

– À propos de quoi ?

– De grand-père Christian, car il est venu à moi.

– Et donc parler de Marianna ?

– Oui.

– D'accord. À quelle heure ?

– Vers 13h. Je viendrai avec mon père et mon mari.

– Pas de problème ! À demain ! Passe une bonne journée !

– Toi aussi !

Les deux femmes raccrochent le téléphone. Christian Eastman se manifeste à ses côtés, le sourire aux lèvres puis disparaît avant que Mélinda puisse dire un mot. Ensuite, elle téléphone à nouveau son père pour lui confirmer l'heure du rendez-vous avec sa grand-mère.

Lorsque Jim Clancy revient chez eux le soir, sa femme lui explique son idée de rencontrer sa grand-mère, mais en étant accompagnée de lui et de Paul Eastman. Le jeune homme opine du chef et embrasse tendrement sa femme sur les lèvres. Le soir est tranquille pour Mélinda et pour Jim. Ils dorment bien enlacés.



Le lendemain, en après-midi, Mélinda Eastman-Clancy, Jim Clancy et Paul Eastman se rendent à 13h à la maison où habite depuis un an Sonia Eastman à Hauteview. Sonia les accueille à bras ouverts, contente de revoir après plusieurs années son fils et sa petite-fille. Ils s'installent au salon, où la vieille dame leur sert du thé.

Sonia prend la parole et leur dit en russe : – Quelle est la raison de votre visite ?

Mélinda : – En résumé, Christian, Marianna, Yaromir et Radimir.

Sonia : – Christian et Marianna sont encore des esprits errants ?

Mélinda et Paul à l'unisson : – Oui.

À ce moment, Christian et Marianna se manifestent devant eux, à côté de la table du salon. Christian dit : – Sonia, Sie wissen, dass Yaromir gefährlich ist [Sonia, tu sais que Yaromir est dangereux].

Sonia : – Ich weiß es [Je le sais].

Paul intervient, après avoir traduit l'échange en allemand en chuchotant à sa fille et dit en russe : – Alors, qu'est-ce que tu attends pour agir en conséquence ?

Sonia : – J'attends le meilleur moment pour agir.

Paul : – Sais-tu ce que tu as faire ?

Sonia, vexée : – Oui.

Mélinda, après avoir brièvement résumer les propos échangés en anglais à son mari (pour être certaine qu'il a tout compris), dit en russe : – Mère-grand, très sérieusement, sais-tu que Yaromir est excommunié de l'Église orthodoxe russe depuis 1969 ?

Sonia : – Oui.

Mélinda : – Mais sais-tu le motif qui le poussa à tuer Marianna ?

Silence. Sonia boit lentement sa tasse de thé, puis dit : – Oui. Marianna me l'a dit dès que j'ai remarqué que son âme est sortie de son corps, car elle a tout compris. Et je la crois, car j'avais moi-même des soupçons concernant les tendances occultes de Yaromir, ce à propos de quoi Christian et moi-même l'avons critiqué plusieurs fois avant qu'il ne soit trop tard, mais il ne nous a pas écouté.

Marianna, enhardie par sa mère, dit : – Yaromir m'a tué, avec un groupe de sombres esprits pour m'attacher en tant qu'esprit errant, à lui, afin qu'il sache des choses qu'il ne devrait pas savoir, Comme j'ai refuser de me faire prendre à son jeu, il s'est tourné vers l'occultisme pour obtenir les mêmes pouvoirs psychiques. Dans tous les cas, ces pouvoirs sont volés et doivent lui être ôtés. C'est pour ça que je reste encore ici.

L'âme disparaît de leur vue.

Christian prend la parole à son tour et dit en allemand : – Sonia, Du weißt, dass Yaromir für meinen Herzstillstand verantwortlich [Sonia, tu sais que Yaromir est responsable de mon arrêt cardiaque].

Sonia : – Ich weiß es [Je le sais].

Paul intervient en russe : – Sais-tu où se trouve Radimir ? Moi, je le sais.

Sonia : – Oui et non. Je sais seulement que tu le caches dans une autre ville pour que Yaromir ne puisse pas le retrouver et le tuer.

Mélinda, étonnée : – Moi aussi, c'est ce que j'ai compris il y a quelques jours, dans un rêve.

Paul : – Je vous explique. Je suis parvenu à lui créer une fausse identité grâce à mes contacts dans la police et avec une équipe de contre-espionnage, car la CIA [Central Intelligence Agency] et le FBI [Federal Bureau of Investigation] étaient à deux doigts de l'attraper, car ils voulaient le garder pour lui soutirer des informations. Heureusement, notre équipe de contre-espionnage l'a trouvé avant eux. Il se cache dans une ville à l'ouest du pays. Seuls Dieu et les observateurs savent où Radimir se trouve. Il devrait bientôt revenir. Et tout s'éclaircira.

Christian dit en russe avec son fort accent allemand : – Sonia, tu sais ce qui te reste à faire : déshérité Yaromir et briser ses sorts.

Puis l'esprit errant disparaît de leur vue. Plusieurs minutes de silence s'écoulent. Au cours de ce silence, Mélinda rapporte en résumé les points importants de la conversation.

Paul prend la parole (en russe) : – Mère, tu sais que ta petite-fille est menacée. Je lui ai conseillé d'entourer son lit de branches d'aubépine et d'hellébore, mais je crains que ce soit insuffisant.

Sonia hoche de la tête et recommande à Mélinda Irina de chercher l'aide de Ielena, la femme de Radimir.

Après de telles paroles, ils se saluent et les invités quittent la demeure de Sonia Eastman.

Sur le chemin du retour, Mélinda résume à son mari le dernier conseil de sa grand-mère.


Une fois revenus à Grandview, dans leur maison, Mélinda remarque Marianna qui se tient près du cadre de la porte de la cuisine. L'âme errante dit en russe : – Andreï Platonov est dans la ville !

Puis elle disparaît. Mélinda soupire. Son mari, intrigué, lui demande ce qui se passe. Elle lui explique que l'un de ses sérieux prétendants est dans la ville, bien décider à faire d'elle son amante.Elle se rappelle seulement qu'il était très insistant, et, comme il est le quasi-homonyme du romancier russe (à la différence du patronyme), il se permettait de lui écrire des poèmes amoureux une fois par semaine. Son père parvient à la débarrasser de ce prétendant. Jim l'enlace tendrement pour la rassurer et lui murmure à l'oreille : – Mél, tu sais que j'en suis déjà jaloux à l'idée. Je ne te laisserais pas seule face à un type si bizarre ! S'il veut t'avoir, il aura affaire à moi !

Il embrasse sa femme sur les lèvres ; elle lui rend son bisou.


Le soir, Mélinda s'occupe du repas ; son mari fait la vaisselle. Après, ils sont dans le salon et discutent de la rencontre avec Sonia Eastman. Jim dit : – Le meilleur serait de rencontrer demain ta tante Hélène. Par contre, je ne viendrai pas, car je travaille en après-midi.

– Pas de problème ! Tu sais que dans tous les cas, je te rapporterai ce qui se passera.

– Je le sais. Mais au sujet de ton oncle Radimir, qu'est-ce qu'il a de spécial pour ton autre oncle le déteste tant ?

– Je sais qu'il entend et peut communiquer avec les esprits errants, comme moi. S'il est un peu clairvoyant comme mon père, je l'ignore.

– Ainsi, c'est la malédiction de Yaromir qu'il faut briser, pour avoir des enfants, si je comprends bien ce que tu me dis ?

– Oui.

Jim enlace Mélinda et les deux se changent pour aller dormir ; ils dorment enlacés.


La nuit est agitée pour Mélinda, qui reçoit la visite d'Andreï Platonov. Il lui fait la cour, mais comme elle lui résiste, il la prend de force. Il dit : « Tu es mienne ! » La jeune femme appelle son mari à l'aide et se réveille en sueur. Jim, réveillé par sa femme, la serre tendrement dans ses bras et l'embrasse sur les joues pour la rassurer. Elle lui raconte son cauchemar. Il la rassure en disant qu'il ne s'agit que des fantasmes de son ancien prétendant. Ils s'endorment à nouveau.



Le lendemain matin, vers 9h00, Mélinda téléphone à sa tante Hélène pour savoir s'il est possible de se rencontrer en après-midi. Sa tante accepte sa visite, contente d'entendre sa nièce préférée. En après-midi, alors que Jim Clancy est au travail, Mélinda se rend chez sa tante, qui habite à Longview. Sa tante Hélène, une dame âgée de 47 ans, aux cheveux bruns foncés, vêtue élégamment d'une jupe bleu marine tricotée et d'une chemise blanche à manches longues, accueille Mélinda avec joie. Les deux femmes se rendent au salon. Une fois assises sur le canapé, Hélène prend la parole et dit calmement en russe : – Bonjour, chère nièce ! Quelle est la raison de ta visite ?

– Mon mariage. Je t'explique la situation. Mon père m'a informé de la malédiction de Yaromir qui risque de tomber sur moi. Il m'a dit d'entourer mon lit avec des branches d'aubépine et d'hellébore, sauf qu'il m'a confié hier, alors que nous avons visité grand-mère Sonia, que tu connais d'autres moyens pour se protéger. Je pense que tu n'ignore pas que mon mari et moi voulons avoir des enfants.

– Je suis contente pour toi que tu sois mariée ! Quand aux moyens de protection...

Hélène s'interrompt elle-même, se lève du canapé et fouille dans la bibliothèque qui se trouve dans le salon. Elle trouve un livre à la couverture verte, l'ouvre à une page, la parcourt rapidement, referme le livre puis le remet à sa place dans la bibliothèque. Elle revient à sa place est poursuit sa phrase : – Les autres moyens de protection sont les suivants : ne pas porter de vêtements noirs, qui attirent les mauvais esprits ; se baigner une fois par mois dans une eau tiède dans laquelle est placée des petits morceaux de branches d'aubépine, d'hellébore, de saule et de thym.

Après quelques secondes de silence, elle dit : – Plus vite vous vous protégez, votre mari et vous, mieux ce sera pour vous ! Vous êtes menacée de tous côtés et plusieurs, autant dans notre famille que celle de votre mari ! De plus, n'oubliez pas de saluer ma sœur Irina ! Tu ne l'ignores pas, ma nièce, que toutes les deux Irina que je connais sont sérieusement menacées ?

Mélinda, étonnée : – Pourquoi ?

– En raison de votre prénom même ! Il dérive du terme grec «paix». Le reste, inutile d'expliquer !

Puis, Ielena, murmurant pour soi-même : « Ma sœurette ! Mais enfin, ne sois pas aveugle ! »

Mélinda, après avoir pris note de la réponse de sa tante, dit : – Merci Ielena !

À ce moment, Marianna se manifeste à côté de Ielena, le sourire aux lèvres. Elle hoche de la tête puis disparaît de la vue de Mélinda.

Ielena et Mélinda se saluent et la jeune femme revient chez elle.


Lorsque Jim revient du travail le soir, Mélinda se prépare à aller dormir. Ayant entendu le bruit de ses pas, elle court au-devant lui pour ouvrir la porte. Elle lui résume sa visite chez sa tante. Lorsque Jim entend le nom d'Irina Slavski, il lui explique qu'elle est l'une de ses tantes, étant mariée à son oncle paternel Jack Clancy. D'ailleurs, elle ne lui cache pas son inquiétude face à l'avertissement d'Hélène. L'ambulancier rassure doucement sa femme, l'embrasse tendrement et lui propose de suivre le conseil de sa tante. Comme elle remarque leur fatigue mutuelle, elle refuse. Ils s'endorment alors dans leur lit.



Cependant, cet oubli ne sera pas un bon signe pour le couple. Quelques années années plus tard, en 2008, avant que son mari vit son expérience de mort imminente, Mélinda est enceinte, sauf qu'elle eut une fausse-couche, ce qui affecte beaucoup le couple, car ce futur enfant aurait été leur fils aîné. Jim la rassure en disant qu'il ne la quittera pas ; au contraire, ils prendront toutes les précautions possibles pour que les prochaines grossesses se déroulent sans incident. Et Mélinda accoucha d'Aiden le 10 août 2009 et de Marie-Anne le 20 mai 2010.




La nuit est terrible pour Mélinda : elle comprend dans son rêve le scénario de sa vie voulu par Yaromir et les Platonov. Ils veulent la marier à Andreï Platonov et que les enfants qu'elle aura de lui soient élevés par sa famille, tandis que lui, il lui volerait ses pouvoirs psychiques pour augmenter les siens. Après s'être occuper de leurs enfants jusqu'à ce qu'il soit en âge de parler, elle peut mourir, il n'en a cure et se trouvera une autre épouse. Mélinda se réveille. Pour se rassurer, elle enlace le bras de Jim, qui se réveille à son contact. Elle lui raconte son cauchemar ; il la rassure en la berçant dans ses bras. Après quelques minutes, ils s'endorment à nouveau.



Le lendemain matin, alors que Jim est au travail, Mélinda est dans sa boutique d'antiquités, afin de laisser la journée libre à son associée. Son cousin Filip fait irruption ; la reconnaissant, il la salue en russe. Elle le salue en retour.

Filip dit : – Cousine Mélinda, je viens te voir car oncle Yaromir et Andreï Platonov sont dans les environs de Grandview. Ils te recherchent.

Marianna Christianova Eastman apparaît à sa droite ; Christian Eastman apparaît derrière la fillette.

Mélinda et Filip tournent les yeux vers eux ; les deux passeurs d'âmes attendent que les âmes errantes disent un mot.

Christian dit en russe (avec son accent allemand caractéristique) : – Ils sont malveillants à votre égard. Andreï sait que tu es mariée à l'aide des sombres entités avec lesquelles il communique. Mon conseil : n'acceptez aucun cadeau de leur part ! Et évitez de parler d'eux à votre associée ; échangez plutôt avec votre mari qui est une bonne âme digne ne vous, ma petite-fille. Il ne faut pas parler avec des inférieurs à soi !

Marianna hoche de la tête pour confirmer les propos de son père et les deux âmes errantes disparaissent de leur vue, laissant Mélinda et Filip perplexes.

Le cousin prend la parole : – Voilà, Mélinda ! Tu as toutes les pièces du puzzle pour comprendre notre histoire de famille! Bonne chance pour bien les assembler !

– Filip, pourquoi m'as-tu caché que Marianna est notre tante qui est attachée à Yaromir ?

– Parce que je ne voulais pas tout de suite, à peine que nous nous revoyions après tant d'années, réveiller les vieilles histoires de famille. Je voulais t'en protéger, c'est tout. Désolé !

– Merci quand même ! La prochaine fois, sois honnête, mais cette fois, je te pardonne.

Et le jeune homme sort de la boutique en trombe. Mélinda n'est que plus perplexe.


Une fois que le dernier client est sorti, la jeune femme décide de fermer la boutique. Sur le chemin du retour, elle tombe presque nez-à-nez avec sa cousine paternelle Fatima, fille de Yaromir, huit ans plus jeune qu'elle... Celle-ci la salue en russe et la contourne en sens anti-horaire en marmonnant des paroles incompréhensibles. Christian apparaît à la droite de Fatima et révèle son identité à son autre petite-fille. Mélinda pense alors en russe avec colère : – Comment m'as-tu trouvé ? Va-t-en au Diable ! » Elle remarque que sa cousine est suivie par des entités informes de couleur noire. Mélinda poursuit sa route, mais l'une des formes noires s'approche d'elle ; Christian Eastman apparaît entre cette forme et Mélinda, mettant en fuite la forme diaphane. Sa cousine, elle aussi, poursuit sa route, comme si elle n'a pas reconnue Mélinda. Cette dernière se rend d'un pas rapide chez elle. Après avoir fermé la porte, Christian réapparaît dans le salon, comme s'il s'assied sur le canapé et dit en russe : « Nous l'avons échappé belle ! » Puis il disparaît.


Lorsque Jim revient du travail le soir, il trouve sa femme dans la cuisine. Elle préparait des vareniki. Après s'être changé de son uniforme d'ambulancier, il la rejoint dans la cuisine pour l'aider. Au moins, s'il a encore à apprendre pour suivre les conversations en russe (il comprend assez bien, mais il n'ose pas parler, bien que Mélinda l'encourage chaleureusement), il a rapidement compris les principales recettes russes (sa femme l'a dès leurs fiançailles initié). Une fois attablés, Christian et Marianna apparaissent de chaque côté perpendiculaire de la table, de manière à former un carré avec les deux vivants. Christian dit en russe : – Quel joli couple ! Et quelle complicité ! Comme ils sont mignons !

Marianna ajoute : – Et les enfants ?

Christian, à Mélinda : – Vous devez ce soir suivre les recommandations de Ielena. Que Dieu vous bénisse !

Les deux âmes errantes disparaissent de la vue de la jeune femme, qui rapporte les propos à son mari. Ce dernier opine du chef pour lui faire savoir qu'il comprend ce qu'elle lui dit.

Avant de dormir dans leur lit, Jim et Mélinda décident de se baigner d'après le conseil de Hélène Eastman. Pour les autres nuits suivantes, ils suivent systématiquement


La nuit est tranquille pour le couple.



Le lendemain matin, comme Jim ne travaille pas et que le ciel est dégagé de tout nuage, le jeune couple décide de se promener dans le parc de Grandview, main dans la main. Au cours de cette promenade romantique, Marianna apparait à la droite de Mélinda et dit en russe : « Andreï est là ! » Mélinda rapporte en chuchotant les propos de l'âme à son mari ; ils décident de changer leur route afin de ne pas rencontrer l'ancien prétendant de la jeune femme. Ainsi, Andreï Platonov ne les remarque pas. Jim et Mélinda se promènent sans rencontrer aucune personne indésirable. Une fois revenus chez eux, Christian et Marianna se manifestent dans le salon ; Mélinda les regarde, attendant qu'ils disent quelque chose. Christian prend la parole et dit : « Andreï ne vous a pas repéré, mais un jour ou l'autre, il vous trouvera, car il est guidé par des mauvais esprits. Mélinda Irina, assures-toi d'avoir ton mari à tes côtés. »

Mélinda demande en russe : – Pourquoi ?

– Il ne démord pas de l'idée de faire de toi son amante ; il a fait ça de manière très professionnelle. Soyez vigilante et que Dieu vous guide pour éviter une infidélité!

Les deux âmes errantes disparaissent de la vue de la jeune femme. Celle-ci rapporte les propos de son grand-père paternel à son mari, qui l'enlace pour la rassurer en lui promettant d'être vigilant.


Le reste de la journée se passe sans incident ; le couple s'occupe dans la cuisine. Le soir, lui, est agité pour la pauvre Mélinda. Elle comprend que Yaromir et ses enfants travaillent de manière obscure à la rendre amoureuse d'Andreï Platonov, sauf qu'elle ne se laisse pas faire. Elle regarde autour d'elle, remarquant que son mari n'est pas là, mais Andreï l'attrape par la main gauche et lui dit : « Tu es mienne ! Tu n'as pas d'autre époux que moi ! » En se libérant de son emprise, elle dit : « Où est Jim ? » Andreï lui répond : « Il est mort ! » Puis il éclate d'un rire diabolique, ce qui réveille en sursaut Mélinda. Elle se rassure en enlaçant son mari. Elle remarque que Christian Eastman se tient au pied du lit et dit en russe : – La journée de demain sera capitale pour votre mari. Que Dieu le protège ! Vous ne devez absolument pas tomber entre les mains d'une telle canaille qu'est Andreï !

Puis l'âme errante disparaît de sa vue, laissant la jeune femme perplexe.


Le lendemain matin, Mélinda Irina Eastman-Clancy dit à son mari d'être prudent au travail, car son grand-père lui a avertit que quelque chose de mauvais se prépare contre lui. Jim lui promet d'être prudent et l'embrasse sur les lèvres pour la rassurer.

Jim Clancy travaille en après-midi. Rendu à l'hôpital Mercy, il entend à l'interphone qu'une intervention d'urgence est exigée dans le parc de Grandview, car une jeune femme est évanouie sur l'un des bancs. Jim embarque dans l'un des véhicule, suivit de Tim Flaherty et de Bobby Tooch. Ils se rendent à l'endroit de l'accident. Marianna Christianova Eastman se manifeste à la droite de Jim et lui transmet la pensée de rester dans le véhicule et de laisser ses collègues s'occuper de la blessée (qui est Fatima Yaromirovna Eastman). Malgré que l'ambulancier trouve cette pensée, il n'ose pas désobéir ; il en avertit ses collègues et il revient dans le véhicule en attendant que ses collègues vérifient l'état de la demoiselle. Une fois placée sur une civière, la cousine de Mélinda est acheminée à l'hôpital. En cours de route, leur véhicule est victime d'un accident, que Jim ne peut éviter, malgré toutes ses bonnes intentions, car il sent qu'il perd le contrôle du volant. Il pense aussitôt que ce doit être l'œuvre d'un mauvais esprit, qu'il ne peut s'empêcher d'envoyer au Diable. Le véhicule heurte deux autres véhicules ; Jim parvient à sortir à temps, car la vitre du conducteur se brisa rapidement contre le rétroviseur de l'un des véhicules. Il comprend qu'il n'aurait survécu le coup du rétroviseur sur la tête, en plus des morceaux de vitre. Il appelle ses collègues, qui ne répondent pas, gisant inconscients, tout comme la jeune femme évanouie. Jim appelle aussitôt une autre équipe pour leur prêter main-forte. Trois minutes plus tard, un autre véhicule d'ambulance arrive et prend en charge les trois blessés, tandis que le mari de Mélinda décide de revenir à pied à l'hôpital.


Pendant ce temps, dans la boutique d'antiquités.

Mélinda est derrière le comptoir avec son associée, Andréa Marino. Leur après-midi est assez tranquille : certains clients ont acheté des objets. Tout à coup, alors que la jeune femme tient son inventaire, Marianna se manifeste à ses côtés et lui dit : « Votre mari a évité le piège de Fatima ! »

– Qu'est-ce qu'elle fait là ?

– Elle est évanouie par les sombres esprits qui la suivent, car elle n'a pas réussit à vous jeter un sort lorsque vous l'avez rencontré avant-hier. Alors elle a pensé inconsciemment et consciemment réduire votre mari à rien. Ses démons ont fait leur travail, mais heureusement, votre mari est bien protégé ; il ne lui manque pas un cheveu sur la tête.


Le soir, le couple revient dans leur maison. Mélinda, étant arrivée avant son mari, en profite pour vérifier l'état de leur protection nuptiale ; remarquant quelques branches séchées, elle les change pour des fraîches. Puis la jeune femme s'occupe du souper. Jim revient à ce moment-là. Alléché par l'odeur qui se dégage de la cuisine, il vient l'aider. Ils mangent, puis lorsqu'ils font la vaisselle, Mélinda lui rapporte les propos de Marianna. Ensuite, ils s'assoient à table et la jeune femme dit : – Comme mon cousin Filip a dit que j'ai toutes les pièces du puzzle de la famille paternelle...

Christian apparait à sa droite et dit en russe : – Sauf la raison de l'emprisonnement de mon fils Paul pendant trois ans.

Mélinda répète : – Sauf la raison de l'emprisonnement de mon père quand j'étais petite, il faut bien que je résous toute cette histoire, puis ensuite, je tâcherai d'éclaircir ce qui est arrivé à mon père.

Jim lui demande doucement : – Jusqu'à maintenant, quelles sont les conclusions auxquelles tu es parvenu ?

– J'ai une tante, Marianna, morte en bas âge, tuée par mon oncle Yaromir, qui semblait déjà avoir une inclinaison pour les choses occultes dès son plus jeune âge ; ce même oncle est responsable de la mort de mon grand-père paternel, Christian, et souhaite, en ce qui me concerne, que je sois l'épouse de son ami Andreï Platonov (qui est très occulte et malintentionné à mon égard, mais qui n'abandonne pas son idée de faire de moi son amante). Le problème est qu'ils ne veulent pas me laisser en paix, ils veulent détruire ma paix... Au moins, je sais que mon oncle préféré, Radimir (que Dieu le bénisse) est encore vivant et que je peux compter sur les conseils de sa femme, Ielena, et sur ses enfants, Filip et Sofia. Quant à ceux de Yaromir, il faut s'en méfier, car ils sont aussi versés dans l'occulte. En d'autres termes, même si Fatima, Dounia et Marc sont des voyants, c'es clairement en raison du fait qu'ils sont guidés par des mauvais esprits ou bien qu'ils ont volés la voyance d'un camarade de classe lorsqu'ils étaient petits.

– Dans ce cas, il faut redoubler de prudence si nous rencontrons Yaromir, sa femme ou ses enfants.

– Exactement.

– Nous espérerons alors ne plus les rencontrer sur notre chemin !

Christian opine du chef et disparait de la vue de sa petite-fille.

Mélinda embrasse Jim sur les lèvres ; il lui rend son bisou.


La nuit est tranquille pour le couple ; Mélinda reçoit seulement la visite de sa cousine Sofia Radimirovna Eastman, qui lui explique montre certains événements du futur ; elle comprend qu'elle sera mère de trois enfants.


Le lendemain matin, la jeune femme raconte à son mari son rêve. Il sourit et l'embrasse tendrement. Ils passent l'avant-midi à cuisiner pour les prochains jours (pierogi, vareniki, entre autres). Jim ne travaille qu'en après-midi. Mélinda, elle, décide de laisser son associée seule dans la boutique, car Christian l'avertit que Andreï Platonov la recherche et qu'il passera bientôt dans la boutique. Par précaution, la jeune femme appelle son associée pour lui dire de ne pas révéler aux clients son nom, afin de ne pas avoir d'ennui. Andréa Marino, étonnée, lui en demande la raison ; Mélinda répond simplement pour ne pas rendre son mari jaloux. Andréa lui promet de ne pas dire l'information et les deux femmes raccrochent leur téléphone respectif. En effet, l'ancien prétendant de Mélinda Irina Eastman fait irruption dans la boutique d'antiquités. Il est un jeune homme du même âge, grand, blond, avec les yeux bleus, en bref, le type aryen. Il salue l'associée et regarde attentivement les objets qui se trouvent sur les étagères. Il se comporte comme s'il écoutait les ordres de quelqu'un d'autre, le cellulaire près de l'oreille. Il marmonne quelque chose en russe, puis se décide à acheter un abreuvoir pour oiseaux en pierre, puis il sort de la boutique en remerciant Andréa de sa politesse ; elle remarque que son anglais est presque sans accent.


Hôpital Mercy.

Une intervention d'urgence est exigée à une adresse, en raison d'un feu ; les pompiers sont déjà sur les lieux. Jim et ses collègues arrivent en vitesse, en activant les sirènes de leurs véhicules pour passer en priorité. Près de l'adresse en question se trouve Marc Yaromirovitch Eastman, qui regarde, intrigué, les va-et-vient des pompiers et des ambulanciers. Heureusement pour Jim Clancy, le cousin paternel de sa femme ne l'a pas repéré, car Christian Eastman et Marianna Christianova Eastman l'ont empêché de le remarquer, ce qui fait qu'il passe outre devant lui. Ainsi, il n'est arrivé aucun incident au cours de l'intervention.


Le soir, Jim revient chez lui, fatigué. Sa femme l'embrasse tendrement sur les lèvres. Ils prennent leur repas du soir, à savoir une soupe aux légumes. Mélinda propose à son mari de se reposer au salon et lui assure qu'elle fera la vaisselle (ce qu'elle fait aussitôt le repas terminé). Après, elle le rejoint au salon et s'assied dans un fauteuil face au canapé et lui dit que cet après-midi, les deux âmes errantes que sont Christian et Marianna sont venues à elle pour lui faire savoir que son mari a presque eu un accident occasionné par son cousin diabolique Marc, qui s'y trouvait dans les parages. Heureusement, elles sont parvenus à brouiller les démons qui l'accompagnaient, ce qui fait en sorte qu'il ne repère point Jim. Ce dernier sourit lorsqu'il entend cette explication et remercie le Ciel d'être si bien protégé. Ils se changent ensuite pour dormir, et s'endorment enlacés.




Le lendemain, comme Jim Clancy a congé, il décide de tenir compagnie à sa femme dans sa boutique d'antiquités. Chemin faisant, ils rencontrent en contre-sens...le fameux oncle Yaromir. Christian se manifeste pendant quelques secondes derrière Yaromir le temps de dire à sa petite-fille : « Vous le rencontrez parce qu'il le souhaite ardemment. »

Yaromir Christianovitch Eastman, feignant de ne pas avoir entendu les propos de son père, mais reconnaissant sa nièce, la salue en russe et dit aussitôt : – Ainsi, nièce, tu es mariée ?

– Comme tu peux le remarquer, oui.

– Pourrais-je savoir qui est l'heureux élu, compte tenu que plusieurs jeunes hommes voulaient ta main ?

Jim prend la parole est lui répond en anglais : – Ceci ne vous regarde pas avec qui votre nièce est mariée. Laissez-la en paix et c'est tout ! Occupez-vous de vos affaires !

Yaromir, vexé, dit à Mélinda en russe : – Tu te maries à un vulgaire Américain arrogant, en plus âgé que toi, alors que plusieurs jeunes russes raffinés se disputaient ta main ? Ne t'a-t-il pas ensorcelé ? De plus, comment peut-il comprendre notre finesse culinaire ?

Mélinda lui coupe la parole et réplique en russe : – C'est assez avec tes insinuations ! Passe une bonne journée !


Et le couple continue sa route vers la boutique d'antiquités. Yaromir, de dos, photographie le couple, puis tourne dans le coin d'une bâtisse un peu plus loin et téléphone à Andreï Platonov pour lui confirmer que sa promise s'est mariée à un rude anglo-saxon sans manières, et de surcroît, plus âgé. Il lui envoie la photographie dans un courriel électronique quelques minutes plus tard. À ce moment-là, le couple est déjà entré dans la boutique d'antiquités. Nul besoin de dire que les propos de Yaromir ont contribué à la mauvaise humeur de Jim et de Mélinda. Christian Eastman apparaît face au comptoir et dit que Yaromir a communiqué l'information à Andreï Platonov, en plus de lui envoyer une photographie, ce qui n'annonce rien de bon. « Mon seul conseil », dit-il en russe, « accrochez-vous à votre alliance ! » Puis il disparaît de la vue de Mélinda, qui rapporte les propos à son mari. Ce dernier l'enlace tendrement pour la rassurer.


Andréa Marino entre trente minutes après. Elle salue Mélinda et Jim. À ce moment, Christian apparaît à nouveau et commente, ironiquement en russe : « Attention, Monsieur, car elle vous dévore des yeux ! » Mélinda, étonnée, rapporte les propos en chuchotant en russe à son mari. Elle se retire à l'arrière de la boutique, sous prétexte de faire l'inventaire, alors que de là, elle peut très bien voir ce qui se passe derrière le comptoir. Elle regarde discrètement son mari et son associée. Cette dernière fait une remarque à peine voilée qu'elle est intéressée par lui, car elle apprécie les hommes en bonne condition physique. Le pauvre Jim, un peu étonné de cet aveu, lui montre avec insistance son alliance, pour lui faire comprendre qu'il est réservé à Mélinda. Il lui dit qu'il ne peut l'aider. Pour être sûr qu'Andréa ne va pas plus loin, il se rend à reculons à l'arrière de la boutique et ferme discrètement la porte, puis l'ouvre aussitôt pour dire à Andréa de rester derrière le comptoir au cas où des clients viendront dans la boutique, et que, s'il y a de quoi, lui et Mélinda s'occuperont de l'inventaire.

Jim referme la porte et dit à sa femme en russe : « Quel audace ! Je me plains à toi, Mél, Andréa voulait me séduire. Je t'en prie, ne me laisse pas seul avec elle. » La jeune femme corrige un peu la prononciation de son mari, mais elle a compris ce qu'il veut dire. Un peu étonnée et fâchée contre son associée, elle embrasse son mari pour le rassurer et lui promet d'être plus vigilante.

Christian apparaît à la droite de Jim et dit en russe : « J'admire la fidélité de ton mari. Décidément, tu le mérites bien. Gardes-le précieusement. Attention aux prochains jours, car Andréa et Andreï sont sur les mêmes longueurs d'onde ! » Puis il disparaît de sa vue. Mélinda rapporte sans traduire les propos à son mari, qui hoche de la tête pour lui faire savoir qu'il a compris le message. Ils s'embrassent sur les lèvres et s'occupent de l'inventaire ; Jim regarde et compte les objets, Mélinda en prend note sur une feuille de papier. Ils passent ainsi leur avant-midi. Ils quittent la boutique à 11h45 pour prendre leur repas du midi chez eux. Évidemment, au préalable, Mélinda donne congé à son associée et ferme la boutique. Après leur repas (pierogi suivi d'une tranche d'un gâteau au fromage pour accompagner la tasse de café), le couple revient dans la boutique, sans avertir Andréa. L'après-midi est assez calme, à l'exception d'un ami des Platonov qui est passé, sauf que Christian et Marianna ont brouillé ses démons, faisant que l'homme flâne sans but dans la boutique, ne sachant pas pourquoi il est venu. Il sort les mains vides de l'endroit. Mélinda et Jim reviennent chez eux vers 18h. Une demi-heure plus tard, ils prennent leur repas. Après avoir fait la vaisselle, ils discutent des propos de Christian. La conversation est en russe, afin que le mari pratique un peu sa prononciation, afin de mieux se faire comprendre ; parfois, la jeune femme le corrige.

Mélinda débute : – Mon grand-père Christian a dit que Andréa et Andreï sont sur les mêmes longueurs d'onde. Est-ce que ceci signifie qu'ils peuvent s'allier pour occasionner infidélité au sein de notre couple ?

– Je comprends dans le même sens ses propos. D'ailleurs, il n'est pas exclu qu'ils s'aident avec de la drogue de viol, d'où l'idée d'être plus vigilants.

– Mais enfin ! Je ne comprends pas comment mon associée peut être amoureuse de toi, alors que TU ES MIEN ! Tu sais très bien que j'en serais jalouse si tu me trompe avec une autre femme !

– Moi non plus, je ne comprends pas, Mél, comment ton ancien prétendant peut aussi être fermement décidé à t'avoir. Je trouve qu'il ne te mérite pas, à te traiter comme si tu était sa chose. J'en serait aussi jaloux ! D'ailleurs, rassures-moi, est-ce que je serais trop maladivement jaloux, compte tenu que tu es plus jeune que moi ?

– Non, c'est normal d'être jaloux quand quelqu'un d'autre jette un œil sur moi. L'âge n'entre pas en ligne de compte. D'ailleurs, n'est-ce pas l'un des Dix Commandements qui dit de ne pas désirer la femme de son prochain ? Après tout, c'est leur problème si ceux qui fantasment d'une infidélité avec l'un de nous, mais qu'ils ne viennent pas demander le pardon lorsqu'ils sont des âmes errantes ! Et nous, nous n'aurons qu'à nous garder d'être dans une telle situation.

Jim, pour toute réponse, enlace et embrasse tendrement sa femme.


La nuit n'est pas tranquille pour le couple. Mélinda rêve qu'elle est en compagnie d'Andreï Platonov, qui prend la place de son mari, ce qui la fait craindre le pire pour Jim. Elle se réveille en pleurant. Jim, lui, se trouve dans une pièce avec Andréa Marino ; il comprend qu'elle pense sérieusement à une aventure avec lui, et elle est prête à tout pour y parvenir. Il appelle Mélinda et se réveille. Il enlace sa femme pour se rassurer. Elle l'enlace à son tour. Ils se racontent leur cauchemar respectif, se consolent mutuellement puis s'endorment à nouveau.


Le lendemain matin, Jim travaille en avant-midi ; Mélinda décide alors de passer ce moment de la journée chez elle, en train de tricoter un pull printanier pour son mari. Elle est avertie par Marianna que Yaromir songe à faire une visite dans sa boutique d'antiquités. Comme la jeune femme n'a pas voulue laisser son associée seule dans la boutique, elle préfère opter pour sa fermeture. De ce fait, grande était alors la surprise de son oncle lorsqu'il voit l'écriteau « Fermé » sur la porte de la boutique d'antiquités The Same at it never was.


Pendant ce moment, Verylongview, Paul Eastman rencontre en se rendant à la station de police où il travaille, Andreï Platonov. Le policier regarde discrètement le jeune homme ; il est entouré de formes noires diaphanes, que Paul parvient à mettre en fuite. L'ancien prétendant de Mélinda se rend dans une maison bien entretenue ; un observateur qui se tient dans le cadre de la porte dit à Paul Eastman qu'un puissant magicien habite cette demeure et qu'Andreï fait souvent appelle à ses services pour charmer des femmes mariées. Le policier le remercie de l'information et poursuit sa route vers la station, où, dans son bureau, il prie Saint Michel, le protecteur des policiers, d'aider sa fille afin qu'elle soit meilleure que sa mère.


Grandview.

Après leur repas du midi, Jim et Mélinda se rendent dans la boutique d'antiquités. Marianna et Christian apparaissent au moment où la jeune femme sort la clé pour débarrer la porte de la boutique. Elle leur dit en russe : – De qui voulez-vous encore m'avertir ?

Les deux âmes errantes, à l'unisson : – La visite d'Andreï !

La jeune femme a presque laissé échapper la clé par terre de surprise, mais elle la rattrape à temps. Et elle rapporte les propos à son mari, dont le visage s'assombrit. Les âmes disparaissent de sa vue ; elle ouvre la boutique et son époux et elle entrent. Mélinda enlace Jim pour le rassurer ; elle comprend très bien qu'il soit jaloux de son ancien prétendant, mais elle ne trompera pas son mari en raison de leur écart d'âge. Le couple est derrière le comptoir. Trente minutes après l'ouverture de la boutique, un homme d'âge mûr fait irruption et achète un objet. Andreï Platonov ne vient qu'une heure après. Le jeune homme, étonné de voir Mélinda Eastman mariée à un homme visiblement plus âgé, examine le couple avec attention, comme s'il le mesurait. Il salue poliment la jeune femme puis ajoute, en russe : – Ma Mélinda, saches que tu peux toujours revenir à moi si ton époux t'ennuies.

Jim et Mélinda le foudroient du regard et il prend les jambes à son cou après avoir laissé une poupée russe sur le comptoir. Une fois que l'ancien prétendant est sorti et s'est bien éloigné de leur vue, Christan se manifeste est dit à sa petite-fille : « N'accepte sous aucun prétexte les cadeau d'une telle vermine qui ne t'arrive même pas à la cheville ! ». Mélinda comprend le message, s'empare de la poupée et la lance dans un poubelle derrière le comptoir, de manière à la briser en plusieurs morceaux. Christian approuve le geste d'un hochement de tête puis disparaît de sa vue. Elle explique ensuite à Jim (en russe) ce que son grand-père paternel lui a dit. Il l'embrasse sur les joues et dit pour seul commentaire : « Tu es géniale ! »

Le reste de l'après-midi se passe sans incident. Jim et Mélinda prennent leur repas du soir chez eux, font la vaisselle et dorment dans leur lit. La nuit est agitée pour eux. Jim se trouve en rêve avec Andréa et voit sa femme avec Andreï. Chacun essaie d'échapper à son prétendant. Il se réveille en sueur quand il ne parvient pas à rejoindre sa femme bien-aimée, ce qui l'attriste. Mélinda, elle, est en rêve avec Andreï. Ce dernier tente de la convaincre que Jim n'est pas un bon mari et lui dit que tôt ou tard, elle reviendra à lui, puisqu'il est normal qu'elle recherche un homme du même âge qu'elle. Elle se réveille, fâchée de son explication. Mari et femme se consolent mutuellement, puisqu'ils comprennent qu'ils doivent résister à la tentation de l'adultère.


Le lendemain, le jeune couple passe l'avant-midi dans la boutique d'antiquités. Andreï Platonov est revenu, cette fois en laissant une lettre sur le comptoir. Mélinda refuse de la lire et la jette dans la poubelle. À peine la lettre est jetée, un nuage sombre s'en dégage ; intriguée, elle demande à Jim s'il voit la même chose qu'elle. Comme sa réponse est négative, la jeune femme pense qu'il s'agit de sombres esprits. Elle fait le signe de croix avec trois doigts de sa main droite et serre la main droite de son époux.


Les autres journées du mois d'avril sont tranquilles pour le couple, car Andréa est rarement appelée à gérer la boutique, sauf quand Jim ne peut pas être avec Mélinda. Cette dernière s'excuse auprès de son associée, sous prétexte de mieux s'arranger avec son mari lorsqu'il est libre, d'où l'oubli. Cependant, un jour que l'associée est laissée seule dans la boutique, car Mélinda avait une histoire d'esprits errants à régler dans le voisinage, Andreï Platonov fait irruption dans la boutique. Voyant que Mélinda et son mari sont absents, il demande à Andréa le nom du mari de Mélinda Eastman. Andréa est surprise à comprendre à mi-mot ce jeune russe. Et elle lui révèle le nom de l'époux. De la manière dont elle le lui dit le nom de Jim Clancy, Andreï comprend qu'elle est intéressée par lui... « Excellant », pense-t-il, « je peux franchement être assurer de lui trouver une demoiselle en détresse... Ça apprendra Mélinda à s'amouracher d'un vieil anglo-saxon ! » Intrigué, il lui pose d'autres questions relatives au mari ; il apprend qu'il exerce le métier d'ambulancier et qu'il est marié avec elle depuis deux ans. Satisfaits des informations obtenues, l'ancien prétendant de Mélinda Eastman lui demande de décliner son identité. Après quoi, il lui dit de remettre un cadeau à la jeune mariée, salue Andréa puis sort de la boutique.

Évidemment, Christian Eastman informe sa petite-fille du passage de son ancien prétendant, sans lui cacher la complicité entre lui et son associée. « De ce fait », dit-t-il, « il faut redoubler de vigilance. D'ailleurs, je te rappelle que je t'ai déjà averti à ce sujet : c'est ça lorsque je disais qu'ils sont sur la même longueur d'onde ! » Puis il disparaît de sa vue. Mélinda rapporte les propos à son mari. Inutile de dire la jalousie que Jim ressent envers Andreï, car il imagine qu'il a peut-être connu SA MÉLINDA avant lui... Quant au cadeau du Platonov, Jim passe le jeter à la poubelle après une semaine.

Sinon, le couple est tranquille ; aucune situation d'adultère à l'horizon.




Fin avril 2002.

Alors que Jim Clancy et Mélinda Irina Eastman-Clancy se promènent dans le parc de Grandview par une belle journée ensoleillée, ils remarquent un homme vers la cinquantaine allongé sur un banc, vêtu d'un léger manteau beige, sous lequel se voyait une chemise blanche, et un pantalon d'uniforme bleu marin. Il porte une alliance en or sur son annulaire gauche et une bague en or sur le droit. Visiblement, il se repose, avec des lunettes fumées cachant ses yeux. Lorsque le couple s'approche de lui, il se lève du banc pour s'asseoir d'une manière tout à fait polie et leur dit avec un anglais impeccable : – Monsieur et Madame, pouviez-vous me dire où suis-je ?

Jim lui répond : – Monsieur, vous êtes dans le parc de Grandview.

Mélinda remarque Christian assis à côté de l'homme. L'âme errante dit : « Mein Sohn Radimir ! Schön dich zu sehen ! [Mon fils Radimir ! Content de te voir !] » Puis il répète les mêmes phrases en russe. Un autre esprit se tient près du banc, silencieux. Il confirme en opinant du chef puis disparaît sans ajouter un mot. L'homme fait semblant de ne pas avoir entendu ou vu les esprits autour de lui et remercie son interlocuteur de sa réponse. Malgré qu'il feint d'ignorer les esprits errants, Mélinda comprend pendant une fraction de seconde qu'il les a bien vu et entendu. Le couple entend des pas derrière eux : c'est Paul et Élizabeth Eastman qui se promènent dans le parc. Mélinda les apostrophe en russe : – Père et mère, que faites-vous ici ?

Paul répond : – Pour régler certains détails d'histoire de famille.

Puis les parents de la jeune femme passent devant elle et Paul s'adresse en allemand au quinquagénaire. Les deux hommes parlent à voix basse pendant quelques minutes, puis Paul et Élizabeth rejoignent leur fille et leur gendre. Par un seul geste du policier, ils comprennent que Radimir Christianovitch Eastman est revenu de son « exil » et que la vengeance contre Yaromir est prête. Il ne manque plus qu'à montrer toutes les cartes et le tour est joué ! « Au moins, » pense Mélinda Irina Pavlovna Eastman-Clancy, « tout s'éclaircirai et je comprendrai enfin pourquoi mon père a passé trois ans de sa vie en prison ». Paul, comme s'il a lu sa pensée, confirme en opinant discrètement du chef. Il demande à sa fille et à son gendre s'ils peuvent les accepter comme invités chez eux lors de leur passage à Grandview d'une semaine. Jim Clancy accepte la proposition de ses beaux-parents ; il n'aura qu'à leur improviser une chambre d'invités au salon. Le jeune couple accompagne le couple plus âgé dans leur maison. Paul Eastman, une fois qu'ils s'assoient sur des chaises autour de la table dans la cuisine, prend la parole. Juste pour préciser, Paul et Élizabeth sont côte à côte, faisant face à leur fille et à leur gendre. Le policier dit en russe : – Vous avez très bien compris. L'heure de la vengeance est sonnée ! Voilà huit ans que Radimir nous a manqué. Et bien, il est de retour ! Ma fille bien-aimée, je t'expliquerais une fois la vengeance faite, pour ne pas crier trop tôt victoire. Ensuite, je t'expliquerais les derniers éléments me concernant ; ainsi, tu comprendras toute l'histoire de famille.

Mélinda commente : – Surtout pour mieux comprendre certains événements du passé.

– Oui.



Après cet entretien, Mélinda ne revoit ses parents que trois mois plus tard. le 23 juillet 2002, ils téléphonent à leur fille pour savoir s'ils peuvent venir lui rendre visite afin de lui dire de vive voix les dernières nouvelles. Ils se donnent rendez-vous le lendemain en après-midi. Le 24 juillet, vers 13h00, Paul et Élizabeth Eastman arrivent chez leur fille. Ils la saluent, elle et son mari. Une fois installés autour de la table, Paul prend la parole et dit en russe : – Nous sommes maintenant tranquilles avec Yaromir. Au mois de mai, nous avons révélé à Sonia et à lui que Radimir est bel et bien revenu. Inutile de te dire son étonnement. À la mi-mai, comme j'ai dressé toute l'évidence de sa trahison par Yaromir, ma mère à rédiger son testament. Il est question d'un partage de l'héritage paternel, mais notre mère habite dans la maison jusqu'à sa mort. Après, elle est partagée entre Radimir et moi. Maintenant que ce trouble-fête est vengé, et que notre mère à briser ses sorts, Marianna est partie dans la Lumière. Seul Christian reste encore ici pour te protéger, ma fille bien-aimée.

À ce moment, Christian apparaît à côté de la table.

Paul continue : – Maintenant que nous avons une âme errante de moins, Mélinda Irina, je réponds à la question qui t'intéresse, à savoir pourquoi j'ai passé trois ans en prison de 1982 à 1985.

Mélinda le remercie.

Après une profonde inspiration, le policier débute son récit : – J'étais dans la prison de Verylongview en raison de fausse accusation de meurtre sur un petit garçon qui s'était perdu dans les bois. En réalité, c'était le procureur à l'époque, Monsieur Thomas Gordon, qui était malintentionné et qui désirait ainsi se rapprocher de ta mère. Si j'ai retrouvé le corps du gamin, c'est parce que son esprit m'a guidé jusqu'à son corps. Lorsque j'ai mentionné ce fait dans ma défense, Thomas Gordon m'a tenu pour fou ; heureusement, mon avocat était bienveillant. De plus, Élizabeth a essayé de convaincre Monsieur Gordon de mon innocence, en vain. C'est pourquoi j'ai dû passer trois ans en prison. Entre-temps, je gardais l'espoir que ta mère m'a été fidèle, mais j'ai compris dans un rêve qu'elle a eu une aventure avec Thomas Gordon...

Élizabeth à ces mots, baisse ses yeux ; elle rougit et n'ose pas regarder sa fillle, son mari ou son gendre.

Paul poursuit son récit : – Inutile de dire que je suis jaloux, mais j'ai pardonné à Élizabeth lorsque je suis sorti de prison. Comme elle n'est pas revenu avec lui après, je ne voulais pas divorcé.

Jim intervient : – Avez-vous plus d'informations concernant Thomas Gordon ?

Paul répond : – Non. Et, d'ailleurs, comme je suis personnellement impliqué, je ne peux pas mener l'enquête sur cet homme. Pour disposer de plus d'informations, je vous recommande d'engager un bon détective. Je fais confiance à votre jugement.

Puis ils se saluent et les parents de Mélinda quittent la maison de leur gendre, pour revenir chez eux, à Verylongview.

Jim Clancy, lui, se charge de trouver le détective qui pourra aider sa femme dans cette enquête. Il consulte, pour ce faire, la liste des policiers du Département de Grandview. Il repère le nom de Carl Neely. Il décide de lui faire une visite à son bureau. Heureusement, le policier s'y trouvait. Il est un homme vers la trentaine, remarié en secondes noces depuis un an à Marianne Bazra, qui traîne avec elle sa fille du premier mariage, Caitlin Mahoney.


Lorsque le mari de Mélinda expose à Carl Neely l'objet de sa requête, à savoir une enquête sur le cas du procureur Thomas Gordon, le policier accepte. Il assure à l'ambulancier de lui revenir avec les résultats de ses recherches au plus vite qu'il peut. En effet, comme il met rapidement la main sur les documents dans les archives de la ville de Grandview et de Verylongview, le policier communique les résultats au mari de Mélinda après deux mois de recherche. Les voici en résumé : Thomas Gordon est réputé pour porter des fausses accusations contre des policiers honnêtes (en les mettent derrière les barreaux), en particulier si leurs femmes étaient à son goût. Ainsi, il connu de nombreuses relations avec des femmes mariées, malgré qu'il soit lui-même marié à Dianne Sretkovitch de son nom de jeune fille. Ainsi, Mélinda, à la suite de quelques rêves, elle comprend que c'est le don de sa mère qui intrigua Thomas Gordon et qui la lui rendait intéressante.




Mélinda Irina Pavlovna Eastman-Clancy et Jim Clancy, contents de résoudre une histoire de famille (entrecoupée de cas banaux d'esprits errants), pensent naïvement qu'Andreï Platonov et Andréa Marino ont abandonné leur idée de les avoir pour amants... Sont-ils encore naïfs ou n'est-ce qu'un calme avant une tempête ?


À suivre.

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