Dollhouse

Chapitre 30 : Noël chez les Malefoy

16063 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/01/2024 16:24

Theodore et moi étions arrivés au manoir Malefoy en fin de journée, nos animaux sous les bras tandis que Mint, notre principale elfe de maison, nous accueillait avec un sourire au portail. 

-       Maître Drago ! me salua-t-elle avec soulagement, Maître Theodore ! 

-       Bonsoir Mint, lui rendis-je avec un sourire tandis que Theo lui passait une main sur la tête. Tu peux t’occuper de nos affaires ? 

-       Bien sûr ! s’enquit-elle alors qu’elle les téléportait dans nos chambres mutuelles. Maîtresse Malefoy attend dans le séjour ! 

-       Merci Mint, répliqua Theo. 

Nous pénétrions le manoir qui, contrairement aux autres années, n’avait pas été décoré pour Noël, tout du moins pas de l’extérieur. Ma mère aimait beaucoup Noël, c’était une occasion durant laquelle mon père ne travaillait pas, du moins la plupart du temps, et un moment où nous nous retrouvions en famille pour manger, célébrer, et se chérir mutuellement. La plupart du temps, les Zabini se joignaient à nous, et plus tard, à partir de notre quatrième année, les Parkinson avaient pris pour habitude de venir également.  Le père de Theo, lui, n’était jamais convié. Pour l’occasion, ma mère chargeait les elfes de maison de décorer l’intégralité du manoir, intérieur et extérieur, de milliers de petites lumières flottant partout autour de nous. Cette année, il n’y avait rien. Ni Theo ni moi ne commentions cela, mais je savais pertinemment qu’il l’avait noté autant que moi. 

Ma mère nous attendait dans le hall d’entrée, un sourire plein de larmes dessiné sur son visage abîmé par la douleur. Elle était parfaitement coiffée, comme à son habitude, magnifiquement habillée d’une longue robe noire distinguée et maquillée comme elle l’était toujours, un peu de rouge décorant ses lèvres. Mais elle portait le deuil sur elle, son corps affaiblit et ses traits affinés. Elle nous ouvrit ses bras et nous la serrions tous les deux : 

-       Mes garçons, chuchota-t-elle en nous embrassant. 

-       Bonsoir maman, la saluai-je chaleureusement, inhalant son odeur caractéristique de lilas.

-       Tu es magnifique Narcissa, la complimenta Theo alors qu’il l’embrassait à son tour. 

-       Laissez-moi vous regarder, ordonna-t-elle doucement en se reculant un peu pour pouvoir nous inspecter. 

Elle faisait cela depuis que nous étions entrés à Poudlard. Lorsqu’elle avait commencé à le faire, elle inspectait combien nous avions grandi depuis la dernière fois qu’elle nous avait vus. Désormais, elle vérifiait si nous étions toujours en vie, sains et saufs. Elle fronça les sourcils en inspectant mon visage. Elle passa sa main sur mon visage, dégageant le maquillage que Pansy avait appliqué sur mon œil au beurre noir et ma pommette encore violette. 

-       Qui t’as fait ça ? demanda-t-elle soudainement bien plus tendue. 

Je lui souris tendrement. 

-       Vraiment personne dont tu dois t’inquiéter. 

-       Qui que ce soit, cette personne a abimé le visage de mon fils, donc je crois que j’ai le droit de m’inquiéter, répliqua-t-elle alors que la colère grandissait en elle, réanimant ses yeux par la même occasion. Qui ? répéta-t-elle alors. 

Je fis non de la tête en souriant, mes yeux posés sur elle soudainement attendris. Elle regarda Theodore gravement, et ce dernier lui adressa le même sourire que le mien : 

-       Si tenté que nous puissions qualifier cette personne de problème, ce problème a été réglé, lui assura-t-il alors. Rien qu’une éternelle querelle Gryffondor/Serpentard, la routine, ajouta-t-il. 

Elle inspecta mon visage une nouvelle fois : 

-       Mmh, souffla-t-elle. J’espère que son visage à lui est pire. 

Theodore acquiesça en sa direction avec le même sourire encré sur ses lèvres. 

-       Bien, conclut-elle. Rentrez donc vous mettre à l’aise, proposa-t-elle en se dirigeant vers le salon. 

Notre salon se tenait dans l’aile gauche du manoir, au rez-de-chaussée, juste après le hall d’entrée. La décoration était sombre, mais la globalité du manoir était plutôt lumineuse, d’importantes verrières composant la plupart de nos murs. Notre salon familial était orné d’un parquet en chêne, un imposant tapis vert et argenté recouvrant l’espace habité de canapés et fauteuils en velours verts, marrons et noirs. Les murs étaient peints en un marron si foncé qu’il en était presque noir, et des chandeliers imposants reposaient sur la cheminée pour illuminer la pièce lorsque la nuit était tombée. Au fond de la pièce, face au canapé, un jardin d’hiver était fait d’une coupole de verre qui arrondissait la pièce, un piano en bois disposé en son centre. Parfois, Pansy en jouait pour nous, mais souvent c’était là qu’elle s’asseyait pour nous jouer du violon, lorsqu’en certaines occasions elle nous faisait cet honneur. C’était une pièce du manoir qui n’avait jamais été tâchée par la présence du Seigneur des Ténèbres. Sur la table basse en verre qui résidait sur le tapis entre le canapé principal et les fauteuils, deux verres de whiskey pour Theodore et moi, et une coupe de champagne pour elle étaient déjà disposés. Il n’y avait aucune décoration de Noël. Kira, qui avait été amenée par Mint, reposait déjà au pied du canapé à la place habituelle de Theo. Ma mère s’approcha d’elle et caressa sa tête un instant avant de prendre place sur l’un des deux fauteuils face au canapé, l’autre étant autrefois occupé par mon père lorsqu’il était là. Theodore et moi prirent place côte à côte sur le canapé, nos verres en main. Je défis le nœud de ma cravate d’une main alors que je demandai : 

-       Comment tu vas maman ? 

-       Je fais aller chéri, répondit-elle à voix basse avec un sourire feint qui n’avait rien d’encourageant. Je m’occupe de la maison, et puis je maintiens nos relations sociales du mieux que je peux. Et je reçois, ajouta-t-elle doucement, quand il me faut recevoir. 

Elle parlait là des réunions, rencontres ou massacres du Seigneur des Ténèbres qui avait décidé que notre maison serait son quartier général. Mon estomac se noua dans mon ventre. 

-       Tu as beaucoup reçu depuis que nous sommes partis ? demanda alors Theo. 

Elle lui adressa le même faux sourire qu’elle m’avait donné. 

-       C’est variable, une fois toutes les trois semaines, parfois une fois toutes les deux semaines, quelques fois sans prévenir, nous apprit-elle à voix basse. La prochaine réception officielle est la soirée de la Saint Sylvestre. 

-       Nous serons là cette fois, lui dis-je avec conviction. 

Ses yeux brillèrent alors qu’elle se força à sourire : 

-       Est-ce qu’on peut parler d’autre chose ? Vous venez de rentrer, donnons-nous un peu de temps. Comment ça se passe à Poudlard ? Comment vont Blaise et Pansy ? demanda-t-elle alors. 

Elle était épuisée. Abîmée par la vie que le Seigneur des Ténèbres nous avait imposée. Elle le portait sur son visage, sur son corps et dans l’entièreté de son énergie. Je forçais un sourire rassurant en sa direction alors que je changeai la tonalité de ma voix pour lui transmettre un semblant de normalité, un semblant de ce que nous avions avant tout cela :

-       Blaise est à son prime, tu ne devineras jamais avec qui il a eu un deuxième, puis un troisième rendez-vous galant. 

-       Blaise a vu la même fille pendant trois rendez-vous consécutifs ? s’étonna-t-elle déjà. 

-       Essaye de deviner, lui lança Theo avec un sourire malicieux. 

-       Ça veut dire que je la connais, ou tout du moins que j’en ai déjà entendu parler, réfléchit-elle en se prêtant au jeu. Flora Carrow ? demanda-t-elle alors. C’est la plus jolie des deux jumelles. 

-       Err, maman ! m’exclamai-je alors. C’est peut-être la moins moche des deux, mais quand même ! 

Les épaules de Theodore sursautaient alors qu’il déclara : 

-       Oh, je vais devoir dire à Blaise que t’as dit ça Cissa. 

Elle rit, elle aussi, et un peu de chaleur remplit mon cœur. 

-       Quoi, on ne sait jamais ! se défendit-elle. Bon, reprit-elle, et la fille Beauregard ? Elle est splendide cette enfant. 

Les yeux rieurs de Theo se tournèrent vers moi et un sourire pincé se dessina sur mes lèvres. 

-       Ah ? questionna ma mère en me regardant avec un sourire intéressé. 

-       Non, répliqua Theo avec malice, Beauregard n’a pas eu la chance de passer une soirée avec Blaise. 

Je tournai des yeux noirs vers lui : 

-       Je vais te tuer. 

-       Ouh, s’emballa alors ma mère, est-ce qu’une fille a finalement réussi à voler le cœur de mon fils ?! 

Les lèvres pincées de Theodore tentèrent de retenir le rire qui l’animait. 

-       La ferme, le coupai-je alors. Non maman, repris-je vers elle, je suis juste allé à un bal avec Beauregard, et elle s’est avérée n’être… pas très intéressante. 

-       C’est-à-dire, pas très intéressante ? questionna alors ma mère. 

-       Oui Drago, appuya Theo, c’est-à-dire ? 

Je suçais l’intérieur de mes joues en la direction de mon frère avant de me retourner vers ma mère : 

-       Elle…, ne parlait pas assez à mon goût. 

-       Il les aime bavardes, chuchota Theodore vers ma mère. 

Theo n’était aussi détendu, aussi libéré et aussi taquin qu’avec nous, ma mère et moi. Sa famille. Même avec Pansy et Blaise, il ne se permettait pas d’être aussi libre dans ses paroles et ses positionnements. Cela nous était réservé, à nous. 

-       On s’écarte du sujet, rappelai-je. Blaise, nous recentrai-je alors. 

-       Je n’ai plus d’idée, céda alors ma mère. 

-       Daphné Greengrass, lui appris-je alors avec un sourire. 

-       L’aînée ?! s’étonna-t-elle. Je croyais qu’elle l’avait baffé devant toute votre classe l’année dernière ? 

-       Oh elle l’a bien fait, confirma Theo en sirotant une gorgée de son verre. 

-       Mais visiblement ça ne voulait pas dire qu’elle était fermée à l’idée de remettre ça un jour, soulignai-je avec un sourire. 

-       C’est une jeune femme magnifique, commenta alors ma mère, et elle est d’excellente famille. J’ai entendu dire qu’elle était aussi très intelligente. 

-       C’est pas encore très clair ce qui fait qu’il accepte de continuer de la voir elle, mais en tout cas il se trame quelque chose de ce côté-là, lui répondis-je avec un sourire. 

-       Je dois avouer que celle-là je ne m’y attendais pas, dit-elle alors. 

-       Je pense qu’il ne s’y attendait pas lui-même, lui cédai-je. 

-       Et Pansy ? demanda-t-elle en jetant un coup d’œil vers Theo. Elle se porte bien ? 

Je me tournai vers Theodore avec un immense sourire : 

-       Oui Theo, Pansy se porte bien ? 

Il me rendit mon sourire et ses yeux amusés se posèrent sur ma mère qui comprit immédiatement. Elle se leva soudainement de son fauteuil, ses yeux grands ouverts et ses deux mains sur sa bouche. 

-       Non ?! s’exclama-t-elle alors. 

-       Si, acquiesça Theo avec un sourire qu’il ne pouvait retenir. 

-       Oh mon chéri ! s’exclama-t-elle alors débordante de joie alors qu’elle s’approchait de lui avec ses bras grands ouverts. 

Theodore se leva du canapé pour lui permettre de l’enlacer un moment. 

-       Oh je suis tellement heureuse pour toi mon ange ! continua-t-elle alors que la joie était effectivement lisible sur son visage. 

Cette vision me fit sourire. Un peu de joie dans tout cela. Un peu de bonheur pour nous tous, grâce à eux. 

-       Raconte, s’emballa-t-elle alors qu’elle reprenait place sur son fauteuil, comment ça s’est fait ?! Est-ce que tu l’as invitée à sortir ? Tu lui as fait une déclaration ? 

C’était à mon tour de pincer mes lèvres pour retenir mon rire alors que je fixais le tapis sous nos pieds. 

-       Euh…, hésita Theodore, pas vraiment. 

-       Est-ce que c’est elle qui t’a fait sa déclaration ? continua-t-elle. 

Si l’on considérait le fait de lui demander de la faire jouir afin que tout le château l’entende comme une déclaration, alors d’une certaine façon, j’imaginais que oui. 

-       Disons que ça s’est fait…, tenta-t-il alors avec un sourire, plus naturellement. Mais si l’on devait se demander lequel est plutôt venu vers l’autre, continua-t-il alors qu’il tentait lui aussi de ne pas rigoler, je suppose qu’on peut dire que c’est plutôt elle qui a fait le premier pas. 

-       Oh je suis si heureuse pour vous ! continua-t-elle. Il était temps, par Merlin ! Voilà une excellente nouvelle, vous êtes faits pour être ensemble ! 

-       Merci, lui dit Theo en souriant tendrement. 

-       Ses parents m’ont d’ailleurs confirmé leur présence à Noël, ajouta-t-elle alors. 

-       Tu as vu Alexa récemment ? demandai-je avec plus d’inquiétude. 

Elle fit non de la tête, et l’ambiance changea. 

-       Pas depuis un bon mois, expliqua-t-elle alors, mais elle a répondu à mon hibou et elle m’a dit qu’elle et Blaise seront bien là pour Noël aussi. 

Theo et moi acquiescions sans un mot. Ni lui, ni moi ne considérions qu’il était bienvenu de lui mentionner la visite que nous avions rendu à la mère de Blaise. 

-       Mais j’imagine que vous avez également appris la nouvelle, à propos de son dernier mari, dit-elle doucement. 

-       Oui, confirma Theo, nous avons appris. 

-       Je lui ai proposé de lui rendre visite, mais elle m’a dit avoir besoin d’un peu de temps, et je peux le comprendre, chuchota-t-elle presque, alors je n’ai pas insisté. 

-       Tu as bien fait, dis-je alors sur le même ton. 

-       Et si nous passions à table ? proposa-t-elle alors. Vous devez avoir faim !

Nous la suivions dans la salle à manger qui se tenait dans l’aile droite du manoir, après le hall d’entrée, Kira restant endormie dans le salon, sachant son maître en sécurité. Une longue table rectangulaire habitait son centre sur un tapis rouge et blanc que mon père avait ramené à ma mère d’un de ses voyages. Trois assiettes étaient disposées, l’une pour ma mère en bout de table, et deux autres autours d’elle de chaque côté. Nous prîmes nos places respectives alors que Mint nous amenait l’entrée, une salade de choux, en nous souhaitant bon appétit. 

-       Pour une autre bonne nouvelle, repris-je alors plus joyeusement, Theodore est devenu un excellent occlumens, appris-je alors à ma mère qui s’étonna grandement. 

Nous lui expliquions comment nous y étions parvenus, en détail. Elle connaissait toute l’histoire, elle aussi. Nous avions simplement omis de mentionner la partie de l’histoire où c’était Granger qui trouvait la solution à notre problème existant depuis des années. Elle nous félicita d’avoir pensé à cela, et appuya à quel point cela avait été une idée brillante, et Theodore lança un sourire discret en ma direction. 

-       En parlant de ton père, enchaîna-t-elle vers Theo, il n’est… toujours pas mort, conclut-elle alors. 

Ce dernier acquiesça avec un faible sourire. 

-       Ça finira bien par arriver, répliqua-t-il. 

En vérité, nous attendions sa mort depuis des années. Il n’était pas malade et ne semblait pas prêt à passer l’arme à gauche, nous souhaitions juste qu’il crève depuis très longtemps, sans pouvoir ne rien faire à ce sujet, puisque lui aussi il appartenait au Seigneur des Ténèbres. Lui et Theodore avaient cessés de feindre d’avoir une relation père et fils depuis notre cinquième année, où Theo avait officiellement emménagé avec nous. Désormais, ils ne se voyaient que très rarement, au plus grand bonheur de tout le monde. 

-       Ta tante viendra vous voir demain matin, nous apprit-elle avec tension, pour…, vérifier que tout procède comme il se doit à Poudlard. 

Theo et moi échangions un regard grave, et nous acquiescions à ses mots. 

-       Très bien, confirmai-je alors. Restera-t-elle déjeuner ? Theo et moi pensions aller faire quelques magasins à Londres demain après-midi. 

Elle fit non de la tête. L’ambiance avait encore changée. 

-       Je ne l’y ai pas invitée, non. 

-       Comment ça se passe avec elle ? demandai-je en remettant les pieds dans le plat. 

Ma mère soupira. 

-       Comme d’habitude, elle s’impose quand elle le souhaite, m’explique que je suis faible et que je fais mal mon travail de mère, et vous menace la plupart du temps, la routine, dit-elle en feignant un sourire en notre direction. Elle s’en donne à cœur joie depuis que…, vous savez, depuis la dernière fois que vous étiez là, chuchota-t-elle presque sans oser regarder Theodore. 

Theodore qui avait été torturé par Pansy sur le sol de sa propre maison. Et elle aussi, elle avait dû assister à toute la scène sans ne rien pouvoir faire. 

-       Est-ce qu’elle a dit quelque chose d’important qu’on ne sait pas déjà ? questionnai-je gravement. 

-       Non, répondit-elle toujours aussi bas, mais ça ne signifie rien, elle ne m’a jamais rien dit à moi, c’est à ton père qu’elle parlait de ces choses-là. Elle m’a seulement dit que vous feriez mieux de bien faire attention, et de faire ce qui était attendu de vous, murmura-t-elle difficilement, étant donné que vous l’avez déjà déçu en vous impliquant dans cette histoire avec l’oncle de Pansy. 

-       Ce n’était pas nous, continua de mentir Theodore puisque le Seigneur des Ténèbres pensait qu’il avait agi seul, ce n’était que moi. 

-       Arrête, chuchota ma mère en levant des yeux pleins de larmes vers lui. Pas à moi. 

Il soutint son regard, mais il ne lui répondit rien. Une larme coula le long de la joue de ma mère alors qu’elle fixait une nouvelle fois son assiette à laquelle elle n’avait pas touchée : 

-       Je veux juste…, tenta-t-elle difficilement. S’il-vous-plaît, faites attention, murmura-t-elle en levant des yeux pleins de larmes vers nous. Je ne peux pas vous perdre, vous aussi. Et je ne sais pas si mon âme supportera encore une fois de voir l’un de vous être torturé de la sorte. 

Nous lui prenions chacun une main alors que nos yeux se remplirent également de larmes. Cette nuit-là, je m’étais assuré qu’elle ferait de beaux rêves, pour une fois. Quand j’étais retourné dans ma propre chambre pour trouver le sommeil, j’avais pensé à elle, Granger. Alors, j’avais ouvert mon cahier, et un sourire s’était dessiné sur mon visage quand je découvris son écriture sur la première page : 

« Tu es bien arrivé ? Ta mère se porte bien ? »

Le message s’était effacé dès que je l’avais lu, et j’attrapais ma propre plume pour répondre avec un sourire en coin : 

« Tout va bien Granger, tu es pire qu’une mère poule. »

Quasiment immédiatement, mon message s’effaça et son écriture se dessina sous mes yeux :

« Je préfère le terme de lionne. »

« Je t’accorde que tu es plus du genre à rugir, quand tu n’es pas trop occupée à jouir de moi. » répondis-je à mon tour alors que le sourire qui avait pris place sur mon visage ne s’effaçait pas. Elle mit quelques secondes à me répondre : 

« Bonne nuit, Malefoy. » 

Je riais alors que je répondais en retour : 

« Bonne nuit, petite sorcière. »

Le lendemain matin, Theo, ma mère et moi prenions notre petit-déjeuner, déjà habillés et préparés à la visite de Bellatrix dans notre salle à manger quand, effectivement, elle débarqua sans tarder. Elle afficha une moue de dégoût en constatant de la présence de Theo : 

-       Toujours là, toi, le salua-t-elle alors. 

Il ne répondit rien, et ne lui adressa pas le moindre signe ou sourire. Ma mère, lui et moi, étions tous tendus et sur le qui-vive depuis l’instant où elle avait passé la porte du manoir. 

-       Tu sais que tu as ta propre famille, n’est-ce pas ? continua-t-elle en sa direction. 

-       Que pouvons-nous faire pour toi, Bellatrix ? lui demandai-je alors sèchement. 

Elle tourna le visage vers moi en levant un sourcil sur son visage dur. 

-       C’est comme ça que tu salues ta tante ? 

Je lui retournai son geste. 

-       La dernière fois que je t’ai vue, tu me tenais de force alors que mon meilleur ami se faisait torturer sur le sol de ma maison, je dois t’avouer que te voir aujourd’hui ne me procure pas une joie débordante, répliquai-je sur le même ton fermé. 

Elle eut le culot de m’adresser un sourire aussi arrogant que dédaigneux.  

-       Je n’aurais pas été obligée de le faire si vous n’aviez pas trahi notre Maître, pesta-t-elle alors avec une rage grandissant en elle. 

-       Drago n’a trahi personne, trancha sèchement Theo. 

-       C’est une discussion en famille, personne ne t’a parlé Nott, le coupa-t-elle de sa voix criarde. Qu’est-ce que…, s’indigna-t-elle alors qu’elle lui saisit le poignet. 

Elle leva la main de Theo au niveau de son visage et inspecta sa chevalière, celle de mon père, avec dégoût et rage tandis que Kira, sur le sol à côté de Theo, commençait à souffler en la direction de ma tante : 

-       Où as-tu eu ça ?! s’énerva-t-elle alors. 

Theo récupéra son bras en un mouvement sec. 

-       Ce n’est pas à toi ! s’exclama-t-elle. 

Ma mère se leva soudainement de sa place en bout de table. 

-       Ça suffit Bella, coupa-t-elle froidement. Tu es la bienvenue dans cette maison pour conduire à bien les missions confiées par le Seigneur des Ténèbres au même titre que tous les autres qui ont répondu à son appel, mais si tu traites Theo comme s’il était un parasite une nouvelle fois, je vais devoir te demander de partir. 

-       Comment oses-…

-       … Et je suppose que le Seigneur des Ténèbres ne sera pas ravi d’apprendre que tu n’as aucune information à lui rapporter parce que tu auras eu l’impolitesse d’insulter ceux qui vivent sous mon toit avec ma bénédiction, conclut-elle alors. 

La mâchoire masculine de ma tante se contracta violemment tandis que son regard noir était fixé sur ma mère. Une moue enragée s’afficha sur son visage, mais elle se retourna vers Theo et moi :

-       Salle de réception, nous ordonna-t-elle alors, puisque quand bien même Cissy prête sa maison au Seigneur des Ténèbres, elle ne lui a toujours pas offert son âme, cracha-t-elle. 

Ma mère ne daigna pas lui répondre, et nous nous en allions en direction de notre salle de réception, à l’étage. C’était le souhait de mon père, en vérité, que ma mère ne rejoigne jamais les rangs. Il refusait qu’elle se mette en danger, et voulait être sûr que si les choses tournaient mal un jour, elle demeurerait protégée. J’imaginais que de bien des façons, ce plan avait échoué. 

-       Alors, nous avait-elle demandé une fois que nous étions tous les trois dans la salle, Kira aux pieds de Theo, où en êtes-vous ? 

-       Nous cherchons encore le moyen de réparer l’armoire, lui appris-je donc, nous avons interrogé un homme spécialisé à Préaulard, et il nous a dit qu’à sa connaissance, c’était quasiment impossible, mais nous continuons nos recherches. 

-       Vous n’avez aucune piste ? pesta-t-elle avec dégoût, ainsi qu’un peu d’inquiétude. 

Plus pour les plans de son maître que pour nous. 

-       Pas pour l’instant, non, avouai-je. 

Il ne servait à rien de mentir, nous n’avions rien à offrir de ce côté-là, pour l’instant.

-       Et Dumbledore ? J’imagine que nous en aurions entendu parler, s’il était mort ? 

-       Comme le Seigneur des Ténèbres aura pu le constater lui-même, il se trouve que ce n’est pas chose facile que de tuer cet homme, répondit alors Theodore. 

-       Ça a pourtant l’air d’être ta tasse de thé Nott, je me trompe ? lui lança-t-elle à voix basse. 

Theodore lui adressa un sourire qui n’avait rien d’amical, et répliqua à voix très basse :

-       Faut pas trop me tenter. 

Elle s’approcha doucement de lui et laissa une de ses mains osseuses caresser la joue de Theodore qui ne broncha pas d’un centimètre : 

-       Est-ce que tu me menaces, le bébé Nott au regard fuyant ? 

-       Je n’oserai pas, j’ai bien compris qu’il ne m’appartenait pas de décider du sort de ceux qui peuvent servir ton Maître de près ou de loin, chuchota-t-il avec un sourire. Mais je me demande simplement, reprit-il plus haut, est-ce que tu es aussi jalouse de moi parce que la famille Malefoy m’a accepté en son sein plus que tu ne l’as jamais été, ou parce que le Seigneur des Ténèbres nourrit des espoirs en moi qui dépassent en tous points tout ce que tu n'as jamais pu être pour lui ?

Je vis la rage grandir en elle alors que sa poitrine se souleva, mais elle lui adressa un sourire dédaigneux qui ne lui appartenait qu’à elle avant de s’éloigner de lui. 

-       Tu joues avec le feu mon enfant, et tu devrais faire attention à ne pas te brûler les ailes, chuchota-t-elle à son tour. 

-       Ça suffit, tranchai-je alors que je voyais que Theo était sur le point de lui répondre. Nous sommes là pour le Seigneur des Ténèbres, pas pour des querelles personnelles. 

-       Vraiment ? demanda-t-elle vers moi. Parce que de ce que j’entends, nous sommes plutôt là pour constater de votre incompétence. 

-       Nous vous avons obtenu le nom d’un éminent membre de l’Ordre, et nous en avons tué un autre dont l’importance n’était pas anodine, rappela alors Theo. 

-       Oui, lui céda Bellatrix, ce sont des miettes. Et le Seigneur des Ténèbres a très, très faim, souligna-t-elle froidement. Il ne va pas être content d’apprendre que vous n’avez pas plus avancé avec l’armoire à disparaître, il n’attend que ça pour déclarer officiellement la guerre. Alors si j’étais vous, je ne déferai même pas mes bagages, et je repartirai en vitesse à Poudlard pour régler ce problème, chanta-t-elle presque. Vous devriez être fiers d’avoir été choisi pour des missions aussi importantes, s’indigna-t-elle alors, et agir en conséquence. Le Seigneur des Ténèbres compte sur vous, appuya-t-elle avec force, et si vous voulez que Cissy puisse continuer de déambuler tristement dans son manoir, je vous conseille de vous appliquer à ne pas le décevoir. 

Elle s’approcha plus amplement de moi et chuchota gravement en ma direction : 

-       Le Seigneur des Ténèbres est en train de rebâtir son empire, et il n’a toujours pas remplacé ton père à ses côtés dans ses fonctions. Il souhaite… hésita-t-elle en jetant un coup d’œil à Theodore, il souhaite renouveler son commandement et la tête de ses armées avec du sang neuf, c’est une occasion en or pour notre famille Drago, alors si j’étais toi je commencerais à prendre les missions qu’il me donne avec très grand sérieux, insista-t-elle à voix-basse. 

J’acquiesçai, et elle s’en alla en jetant un dernier regard noir vers Theodore, qui le lui rendit bien. Quand elle fut partie, lui et moi nous permettions de prendre une profonde inspiration ensemble avant de poursuivre ce que nous avions prévu. 

Nous nous étions rendus à Londres en transplanant, cherchant tous deux quelque chose de précis pour des personnes particulières. Nous avions commencé par nous rendre chez la maison Cartier, une joaillerie d’apparence moldue et répandue pour ses bijoux luxueux dans leur monde, mais qui était en fait issue d’un sorcier, et de ce fait, reconnue également parmi la haute communauté magique. 

-       Alors, demandai-je à Theodore alors que nous pénétrions dans l’élégante bijouterie, tu es décidé ? 

-       Je le suis depuis des années, affirma-t-il, il ne me manque qu’une bague à sa hauteur. 

J’avais pris rendez-vous pour lui avec le directeur de la boutique, et mon nom nous avait permis d’obtenir une rencontre privée dans un de leurs salons au sein de leur boutique de luxe. Décidément pas moldu du tout.

-       Monsieur Malefoy, nous salua le sorcier, et Monsieur Nott je présume ?

L’homme d’une soixantaine d’année, aux cheveux blancs mi-longs et habillé d’un costume parfaitement taillé nous tendit une main pour nous saluer. 

-       Ravi de vous rencontrer aujourd’hui. Je suis Mr Evans, le directeur de notre maison. Suivez-moi je vous prie, nous enquit-il alors que nous traversions la magnificence de sa boutique aux couleurs rouge et or. 

Il nous fit entrer dans un petit salon luxueux dans lequel se trouvait trois fauteuils en velours rouge, et une table en verre entre eux supportait une boîte rouge Cartier encore fermée. Elle était trop grande pour ne contenir qu’une seule bague en son sein. 

-       Monsieur Malefoy ici présent m’a un peu parlé de la femme pour laquelle vous cherchez un bijou particulier Monsieur Nott, et j’ai pris personnellement la liberté de faire une sélection de nos bijoux les plus appropriés à vous proposer. 

Theo acquiesça, attendant de voir si enfin il trouverait une bague qu’il considérerait être assez bien pour sa bien-aimée. 

-       J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une femme assortie d’un tempérament de feu issue de la maison Serpentard, ainsi que d’une longue famille de Sang Pur, avança-t-il alors. 

Theodore ne put empêcher de laisser un sourire en coin prendre place sur son visage alors qu’il acquiesçait encore, explicitement fier qu’elle soit sienne, et pressé qu’elle le devienne officiellement. Le directeur ouvrit la boîte qui se tenait devant nous, cinq bagues se tenant à l’intérieur. Les yeux de Theodore ne mirent même pas deux secondes à se focaliser sur une seule d’entre elles, et un sourire en coin se dessina sur mon visage alors que je songeais autant que lui que c’était la bague de Pansy. Il tourna le visage vers moi pour me demander silencieusement mon avis, et j’acquiesçai en sa direction. Il la pointa du doigt, une splendide bague avec un imposant diamant coupé en émeraude en son centre, entouré de deux autres diamants plus petits. Elle était imposante mais pourtant distinguée, ses côtés coupés très clairement, tranchants comme Pansy pouvait l’être, mais parfaitement ordonnée. Parfaite. Le genre de bague qui, sur le doigt d’une femme, disait pour elle à toute personne la regardant « propriété privée de quelqu’un avec qui tu ne peux rivaliser même dans tes rêves les plus fous ». Theo prit la bague en question, et l’inspecta sous tous ses angles quand Evans commenta : 

-       Ah, c’est également l’une de mes préférées. Diamant de 24 carats, montée sur or blanc. 

Mais Theodore n’avait pas besoin d’être convaincu. C’était cette bague-là pour Pansy, et je l’avais vu autant que lui. Alors il dépensa une absolue fortune sans broncher, et le directeur de la maison Cartier nous offrit du champagne alors qu’il finalisait la vente avec mon ami qui était ravi d’avoir enfin, après tout ce temps, trouvé une bague qu’il estimait à la hauteur de sa moitié.

Alors que nous nous dirigions vers la boutique qu’à mon tour je voulais visiter, je lui demandai s’il s’était décidé sur le moment, et la façon dont il allait faire sa demande. 

-       Je ne suis pas encore décidé, déjà certainement pas à Noël devant ses parents. Son anniversaire arrive bientôt, et la Saint Valentin aussi, ce sont deux options possibles. Mais nous connaissant tous les deux, il est possible que la question sorte naturellement alors qu’on est au lit, ajouta-t-il avec un sourire en coin. 

Sa réponse m’avait fait rire, mais je savais tout aussi bien que c’était une possibilité. Theo n’était pas quelqu’un qui freinait ses impulsions dès lors qu’il avait pris la décision de les suivre, et je savais que dès l’instant où la question lui brûlerait les lèvres, il la poserait, même si à cet instant son visage était entre les cuisses de ma meilleure amie. 

Comme à son habitude, Theo eut l’élégance de ne pas me demander ce que nous faisions dans une papeterie de luxe au centre de Londres. Il me suivit en silence à travers les étages alors que je cherchais partout autour de moi sans trouver ce que j’étais venu chercher. Je finis par me diriger vers la caisse et demandai : 

-       Vous ne faites pas de cahiers Montblanc ? 

La vendeuse m’adressa un sourire désolé alors que la boutique était pleine à craquer, la queue derrière moi s’accumulant de personnes venues acheter leurs cadeaux de Noël à la dernière minute. 

-       Je suis désolée, nous ne sommes plus en partenariat avec les boutiques Montblanc depuis des années, ça nous coûtait trop cher de faire venir les produits de France et nous avions trop peu d’acheteurs. 

-       Vous êtes toujours en contact avec vos anciens fournisseurs ? demandai-je alors. 

-       Euh, hésita-t-elle, je ne travaille pas ici depuis assez longtemps, mais j’imagine que je pourrais retrouver ce contact pour vous une autre fois quand les fêtes seront… 

-       … Je veux que vous commandiez un cahier en cuir noir Montblanc pour moi, et je le veux livré chez moi dans 3 jours maximum. 

La caissière me regarda avec des yeux ahuris et pouffa. 

-       Monsieur je suis désolée mais non seulement c’est impossible en 3 jours, mais en plus ça coûterait très cher de faire venir un seul et unique cahier de la France, je ne peux pas vous…

Je sortais de mon manteau une liasse épaisse de billets moldus que j’avais échangés pour l’occasion, et la posait sur son comptoir dans un bruit sourd. Elle regarda la couche épaisse de billets faits de papiers, et pinça les lèvres quand elle releva le visage vers moi : 

-       A quelle adresse ? 


Theodore s’était réservé de se foutre de moi lorsque nous étions sortis de la boutique avec l’assurance que je recevrais mon cahier dans 3 jours maximum dès lors que je lui avais expliqué la raison de cet achat au prix déraisonnable pour un… cahier. En vérité il s’était réservé de se foutre de moi parce que nous savions tous les deux que lui aussi, il paierait une fortune pour faire venir d’un autre pays quoi que ce soit que Pansy désirait, sans une once d’hésitation. Nous étions rentrés ce soir-là à la maison satisfaits, et nos sourires s’élargirent lorsque nous trouvions ma mère en cuisine, en train de faire elle-même notre repas du dîner. Elle cuisinait très rarement, laissant les elfes de maison faire leur travail, mais parfois, lorsqu’elle désirait faire plaisir à quelques personnes qui comptaient vraiment pour elle, elle mettait son propre tablier, et elle remontait ses manches. Theodore se pencha par-dessus son épaule pour humer l’odeur du contenu de la casserole qu’elle touillait : 

-       Mmmh, commenta-t-il, ça sent divinement bon. 

Il embrassa sa joue avant de se reculer contre le plan de travail. 

-       C’est Noël avant l’heure ? demandai-je avec un sourire alors que je suivais derrière Theo pour embrasser ma mère. 

Elle était souriante. Sincèrement souriante. Cette vision m’apaisa. Theodore, assit sur le plan de travail derrière elle qui était en bazar de la cuisine qu’elle avait faite, ramassant les restes de pate dans le saladier qu’elle avait utilisé pour faire le dessert, et ma mère touillant le contenu de sa casserole, ses cheveux tirés en arrière, un tablier recouvrant sa robe élégante, un sourire sur ses lèvres. Ma famille. 

-       Je voulais faire plaisir à mes garçons, répondit-elle alors. 

Elle se retourna pour nous faire face et essuya ses mains sur son tablier. Elle tapota le dos de la main de Theodore : 

-       Attends donc que le dessert cuise au lieu de te goinfrer de pate crue ! 

Ses dents se découvrirent alors qu’il lui adressait un large sourire joueur. 

-       Tu préfères me gronder où voir la bague que j’ai trouvée pour demander à Pansy de m’épouser ?

La bouche de ma mère s’ouvrit aussi grand que ses yeux alors qu’elle lui frappa la cuisse et le pressa de lui montrer. Elle s’extasia devant le diamant, et nous nous autorisions un instant tous les trois dans la cuisine alors que ma mère rêvait d’un avenir où elle verrait les enfants de Theodore, ainsi que les miens, grandir sous son toit. Finalement, ma mère m’adressa un tendre sourire :

-       Tu as l’air bien, chuchota-t-elle. Est-ce qu’une fille est responsable de ça ? demanda-t-elle alors. 

Un sourire pincé discret se dessina sur le visage de Theodore. 

-       Oui, lui cédai-je alors avec un sourire charmeur, toi. 

-       Moh ! ri-t-elle alors. Tu me balades, mon fils ! 

-       Je n’oserai pas, répliquai-je sur le même ton alors que Theo riait également. 

-       Tu as les joues roses et les yeux brillants chéri, tu peux te taire si tu veux mais tu ne me tromperas pas, déclara-t-elle alors avec un sourire malicieux. 

Les épaules de Theo sursautaient alors qu’il se retenait de rire à haute voix. 

-       Arrête de rigoler toi, lui lançai-je alors. 

-       Ah les joues roses Drago, répliqua-t-il, comment veux-tu te défendre face à ça ?

-       Elles sont roses parce que vous m’emmerdez ! pestai-je alors sans pouvoir effacer le sourire sur mon visage. 

Elle acquiesça en la direction de Theodore : 

-       Il y a définitivement une fille, conclut-elle alors. 

-       Vous me fatiguez, déclarai-je alors qu’ils riaient tous deux. 

-       Oh aller, parle-moi un peu d’elle ! quémanda-t-elle alors. Divertis ta vieille mère !

-       Tu es tout sauf une vieille mère, répliquai-je à son encontre. 

-       Je ne te savais pas si timide pour aborder tes conquêtes, continua-t-elle en cherchant à me faire parler. 

-       Parce qu’il n’y a aucune conquête à aborder ! mentis-je alors. 

-       C’est parce qu’elle est laide ? demanda-t-elle alors. Tu sais il n’y a pas de honte à…. 

-       … Ça va pas non ? lâchai-je avant de m’en rendre compte. 

-       Aaaaaaaaah ! s’exclama-t-elle alors que Theo n’arrêtait pas de rire. Brune, blonde, rousse ? continua-t-elle. 

-       Cette conversation est terminée, dis-je alors que je quittai la cuisine encore bercée des rires de ma famille. 

Ce soir-là, après avoir mangé la délicieuse blanquette de veau de ma mère, Theo et moi avions proposé d’aller prendre un verre dans le salon pendant que nous faisions le sapin. Il était temps de mettre un peu de vie dans cette maison trop tâchée de magie noire, et nous célébrions Noël le lendemain soir. Ma mère avait retiré ses chaussures et elle s’était assise sur le canapé, ses jambes allongées à côté d’elle, fatiguée mais quelque peu en paix. Theodore lui avait servi un verre de son vin préféré alors que je commençai à décorer le sapin des ornements que nous collectionnions depuis des années. Elle nous avait dirigés depuis le canapé en tant que le leader né qu’elle était, nous suggérant de mettre telle décoration sur telle ou telle branche, et nous lui obéissions avec plaisir. Quelques minutes plus tard, nous n’entendions plus le moindre ordre sur la disposition des décorations, et nous nous retournions tous deux pour trouver ma mère allongée sur le canapé, endormie. Nous échangions un sourire apaisé, et Theodore approcha le corps de ma mère pour déposer sur elle un plaid qu’il somma en un accio silencieux. Nous finissions ensemble le sapin en silence avant d’aller nous coucher. 

L’an passé, Noël chez les Malefoy avait été merveilleux. Ma mère était en bonne santé, son corps au demeurant fin tout de même habité de vie. Elle s’était attachée les cheveux comme mon père l’aimait, en laissant sa frange noire retomber sur son front, mais ses mèches blanches plus basses apparentes par la finesse de son chignon. Elle portait une somptueuse robe vert émeraude, longue bien que taillée près du corps, sans que cela ne soit inapproprié. En bonne maîtresse de maison, elle avait accueilli chacun de nos invités avec un sourire enchanté sur son visage dans notre salon familial, et tour à tour, Pansy et ses parents, John et Pria, puis Blaise et Alexa, étaient arrivés et nous avaient rejoint Theo, ma mère, ainsi que moi. L’an passé, ni Pansy, ni Theo, ni Blaise, ni moi n’étions des Mangemorts. L’an passé, mon père était vivant. L’an passé, nous ne savions pas ce que les parents de Pansy avaient laissé arriver à leur fille. John et Pria avaient pris place sur le premier canapé aux côtés d’Alexa, et des sourires sincères avaient été dessinés sur leurs visages alors qu’ils échangeaient ensemble des dernières nouvelles. John et Pria Parkinson étaient aussi distingués qu’agréables à regarder. John était un homme d’une petite cinquantaine d’années qui commençaient seulement à avoir quelques mèches blanches dans ses autrement parfaitement noirs cheveux. Il portait une barbe de trois jours qui était toujours impeccablement taillée, et qui ne lui donnait pas le moins du monde un air négligé. Pour un homme de son âge, il était dans une forme incroyable, et ses muscles athlétiques se devinaient au travers de son costume taillé sur mesure alors qu’il souriait poliment à Alexa Zabini. Il travaillait en tant que conseiller du Ministre de la Magie, à un grade cependant moins important que celui de mon père, à l’époque. Pria Parkinson était également une femme splendide. Elle portait ses cheveux plus longs que sa fille, eux aussi noir corbeau, et aussi raide que des baguettes. Elle n’abordait en revanche pas la moindre frange pour cacher son visage, et les incroyables yeux verts de Pansy lui venaient d’elle, ceux de son père étant si bruns qu’ils étaient presque noirs. Sa peau était également très pâle, et elle était aussi de plutôt grande taille pour une femme, ainsi que tout aussi fine. Une femme magnifique de Sang Pur et spécifiquement éduquée pour être l’épouse parfaite. Elle jouait du piano, du violoncelle et de la harpe incroyablement bien, mais surtout elle était capable d’aborder le plus magnifique sourire hypocrite jamais rencontré. Cependant, les parents de Pansy semblaient réellement bien s’entendre avec les miens, ainsi qu’avec Alexa Zabini. John et mon père se côtoyaient beaucoup au travail, et d’autant plus depuis que Pansy était devenue notre amie, dès notre première année à Poudlard. Tous nos parents partageaient des positions politiques similaires, même si mon père était le plus extrémiste de tous. Il était cependant un politicien hors pair, et savait modérer ses propos en fonction des personnes qui se tenaient face à lui. Ma mère, elle, était probablement celle de tous qui partageait le moins ces points de vue. La plupart du temps, elle demeurait poliment silencieuse lors des discussions d’ordre plus politique, parce qu’elle avait été éduquée de la sorte. Alors, quand bien même ils n’étaient pas toujours en accord sur tout, et bien qu’ils soient tous habitués aux faux semblants de la haute société, il me semblait pourtant qu’au fond, ils s’appréciaient tous sincèrement. 

Alors, l’an passé, nous avions passé un merveilleux réveillon de Noël. John, Pria, Alexa et ma mère échangeaient joyeusement à propos des dernières nouvelles des uns et des autres, puis mon père nous avait finalement rejoint, et le visage de ma mère s’était magnifiquement illuminé lorsqu’elle l’avait vu passer la porte. Il l’avait embrassée sur la joue, comme il était convenu de le faire en présence d’autrui, mais la main qu’il avait posée dans son dos avait été posée trop bas pour être appropriée. Il était déjà épuisé, lui, l’an passé, alors qu’il gardait pour lui ce qu’il se passait du côté du Seigneur des Ténèbres. Il demeurait cependant capable de mettre cela en pause pour ma mère, et pour les moments où elle n’avait même plus besoin de réclamer sa présence pour qu’il soit à ses côtés. John et lui avaient été ravis de pouvoir discuter dans un contexte autre que le travail, comme à chaque fois qu’ils se voyaient, parce qu’ils étaient presque amis, quand bien même mon père ne faisait réellement confiance à personne, hormis nous, sa famille. Et à côté d’eux, sur l’autre canapé, Blaise et Pansy riaient alors qu’ils échangeaient à propos des derniers potins tels les deux infernales pestes qu’ils étaient, et moi je regardais Theodore qui souriait discrètement, encore incapable de regarder Pansy dans les yeux. Nous avions passé un réveillon formidable. Le repas avait été, comme à notre habitude, bien trop important en quantité, et autour de notre table à manger nous avions tous un peu trop bu, beaucoup trop mangé, et énormément rigolé. Blaise avait fait des blagues inappropriées qui avaient fait hurler de rire toute la tablée. Mon père, John et moi avions eu des échanges aussi musclés que passionnés sur notre politique actuelle. Alexa, ma mère et Pria s’étaient permis de critiquer des personnes avec lesquelles elles étaient autrement obligées de demeurer polies et convenables. Et Pansy avait posé une main douce sur le bras de Theo, en prétextant rire à quelque chose qu’il avait dit. Ce Noël avait été vivant. 

Alors, lorsque l’heure arriva d’accueillir nos invités dans le salon, ma mère impeccablement apprêtée d’une robe noire et argentée sur son corps plus mince d’une dizaine de kilos, seule en tant que maîtresse de maison, elle invita Alexa et Blaise à rejoindre Theo et moi. Theo et moi les enlacions tous deux comme nous en avions l’habitude, et je notai que la mère de notre ami semblait en bien meilleure forme que la dernière fois que je l’avais vue. Ses longs cheveux bruns pour lesquels elle était réputée tombaient magnifiquement dans son dos, peignés et brillants comme à leur habitude. Elle était maquillée comme elle l’était toujours, et portait une somptueuse robe verte qui mettait le noir de sa peau en valeur. Blaise, à son bras, était égal à lui-même, splendide et souriant. Mais lorsque ma mère et Alexa s’embrassèrent, le baiser qu’elles échangèrent était empreint de la douleur qu’elles ressentaient l’une pour l’autre quant à la perte de leurs maris respectifs. John, Pria et Pansy suivirent peu de temps après, et Theo, Blaise et moi nous tendions immédiatement. Contrairement à Blaise et moi, Pansy n’avait pas eu la chance d’avoir des parents qui débordaient d’un amour démonstratif pour elle, mais ils n’étaient pas non plus ni violents, ni maltraitants de quelque forme que soit. Du moins, c’était ce que nous croyions. Jusqu’à ce que l’on apprenne qu’elle avait été violée par son oncle, et que ses parents l’avaient su, et qu’ils n’avaient rien fait ni pour condamner cet acte, ni pour soutenir leur fille. Parce que cela n’aurait pas été très « parfaite petite famille » aux yeux des autres, qui que ces autres soient. Depuis l’an passé, Pria Parkinson avait par ailleurs été torturée par ma propre tante, lorsque le Seigneur des Ténèbres lui avait soutirer les informations sur ce qu’il s’était passé entre Allan, son agresseur, et Pansy. Tout comme Alexa, et tout comme ma mère, ni John, ni Pria ne faisait officiellement parti des rangs du Seigneur des Ténèbres, et contrairement à Alexa et ma mère, John et Pria ignoraient totalement que nous lui appartenions désormais. Cependant, les parents de Pansy se doutaient fortement que Theodore, qui était désormais le petit-ami de leur fille, avait tué un membre de leur importante famille, et cela se sentit dans le hochement de tête lointain qu’ils lui lancèrent en guise de salutation. Ce dernier répondit par le même geste, et autant Blaise que moi l’imitèrent. Quand Pansy rejoignit Theodore et l’embrassa de façon convenable, ses deux parents ne se donnèrent pas la peine de cacher une moue de désapprobation que je notai, mais aucun d’eux ne se permit de dire quoi que ce soit. Loki, le rat blanc de Pansy, sauta de ses épaules pour courir aux pieds de Theodore, ou Kira, son serpent, était en boule. 

-       Pansy, ma chérie, tu es sublime ! commenta ma mère en une tentative de détendre tout le monde. 

Pansy portait une longue robe d’un tissu fluide de couleur noire alors qu’elle prenait place à côté de Theodore, Blaise et moi sur le canapé faisant face à celui sur lequel les parents étaient installés. Notre amie adressa un sourire à ma mère et la complimenta en retour tandis que Mint fit apparaître sur notre table basse nos coupes de champagne et quelques petits-fours en guise d’apéritif.

-       Ne le serait-elle pas plus encore si elle acceptait enfin de se laisser pousser les cheveux ? lança alors Pria avec un certain dédain dans la voix. 

Theodore tourna le visage vers Pansy pour la regarder avec des yeux qui exprimaient l’amour qu’il ressentait pour elle, mit une mèche de ses cheveux derrière son oreille et dit à voix basse, bien qu’audible pour tous : 

-       Je ne crois pas, non. 

Pansy lui rendit son regard, ainsi qu’un sourire attendri. 

-       Je trouve que cette coupe va bien avec ton caractère ma puce ! continua Alexa avec un sourire sincère en sa direction. 

-       Merci Alexa, la remercia sincèrement Pansy. 

-       Peut-être que c’est justement son caractère qu’il s’agirait de commencer à changer, trancha alors John avec un sourire faux. 

Alexa se força à rire en une tentative de détendre l’ambiance explicitement glaciale.

-       Et avec qui je vais pouvoir me moquer de tout le reste de Poudlard ? tenta alors Blaise. C’est pas avec ces deux-là que j’vais aller bien loin, dit-il en désignant Theo et moi du menton. 

-       Ce serait l’occasion de commencer à vous inquiéter plus de vos avenirs professionnels que des vies de ceux qui vous entourent, répliqua un John toujours aussi tendu. 

-       C’est Noël papa, dit alors la voix aussi douce que fausse de Pansy, essaye donc de te détendre un peu. 

-       Tu as raison, intéressons-nous plus amplement à l’heureux détenteur du cœur de notre fille, amena Pria avec un sourire hypocrite. 

-       Je propose d’ailleurs que nous trinquions à cela, tenta joyeusement ma mère, depuis le temps ! 

-       Quels sont tes projets post-Poudlard, Theodore ? demanda alors Pria d’une voix provoquante bien qu’à l’allure non agressive. 

-       Maman, tenta de couper Pansy. 

-       On s’intéresse à ton ami ma chérie, défendit faussement son père. Il me semble savoir que ses résultats académiques ne lui permettront pas de décrocher un poste au Ministère, il est naturel que nous nous questionnions sur l’avenir qu’il propose de t’offrir.

Nous nous tendions plus encore que ce n’était déjà le cas. Theo était un Mangemort. C’était cela, son avenir professionnel, tant que le Seigneur des Ténèbres vivrait. Tout comme leur fille, par ailleurs, et tout comme Blaise et moi. Ma mère et Alexa se tendirent également, échangeant un regard appuyé. 

-       Voyons John, essaya encore ma mère avec un grand sourire, c’est les vacances, et c’est Noël par Salazar ! Laissons ces pauvres enfants respirer un peu, ils ont toute la vie devant eux ! 

-       A propos de vacances, enchaîna Alexa vers ma mère, tu sais si les Blunt sont rentrés des leurs ? 

-       Je crois qu’il est légitime que nous nous interrogions sur l’homme qui partage maintenant la vie de notre fille, continua cependant John sans perdre son sourire. Peut-être envisage-t-il une carrière de Mangemort, comme son père qui manque étrangement toujours à l’appel ? lâcha-t-il alors que tout le monde sembla cesser de respirer. 

Je crus voir le sang bouillir dans les veines de Theo, mais il resta de marbre, ses yeux froids enfoncés dans ceux du père de celle que nous aimions tous ici. Mais il ne dit rien, parce que justement, c’était le père de celle qu’il aimait plus que tout. 

-       Tu m’obliges à te rappeler de ne pas insulter les membres de ma famille dans leur propre maison, John, trancha alors ma mère soudainement bien plus sèchement, tout sourire ayant disparu de son visage. 

Même Kira et Loki cessèrent tout mouvement alors que l’air sembla stagner entre nous. 

-       Tout va bien Cissa, apaisa alors Theodore. 

-       Non, Theo, dit doucement ma mère sans animosité aucune. Je suis fatiguée que tout le monde ici se permette de juger les autres en fonction de leur rang social, de leur sang, et des occupations professionnelles de leurs parents. Mon très cher mari étant décédé, continua-t-elle froidement, c’est moi, appuya-t-elle, la maîtresse de cette maison désormais, et je ne tolérerai pas que Theo, qui est à ce stade autant mon fils que Drago, soit insulté dans ma maison. Insulté par ailleurs en utilisant contre lui le métier de son père comme si Lucius, qui était soit dit en passant ton très cher ami John, n’était pas un Mangemort tout autant que lui, si ce n’est plus, et tout le monde ici le sait très bien. Alors je conseille à bon entendeur de se détendre et de passer un magnifique réveillon de Noël comme nous en avons l’habitude depuis des années, et de laisser Theo tranquille avant que je ne vous montre pourquoi ce sont des dragons qui ornent le blason de la famille Malefoy. 

Elle inspecta de ses yeux froids la totalité de la pièce qui demeurait absolument silencieuse alors que ses mots tranchaient encore l’air environnant, puis elle leva son verre, et retrouva un sourire poli : 

-       Trinquons ! proposa-t-elle joyeusement. 

Theodore posait sur ma mère des yeux pleins d’amour et de reconnaissance, et je posai les mêmes sur elle. Je l’avais dit à plusieurs reprises, mais selon moi, entre mon père et elle, c’était elle la guerrière. 

Notre repas de Noël n’eut rien à voir avec celui de l’an passé. Certes, il y avait autant à boire ainsi qu’à manger, mais les discussions, les rires et l’entrain général s’était évanoui. Comme si la réalité nous avait rattrapée. Comme si la vie nous avait piégée. Comme si les masques étaient finalement tombés, et que nous étions désormais tous à visage découvert, quand bien même John et Pria ignoraient à quel point nous étions tous masqués à leurs yeux. Blaise tenta d’innombrables blagues et remarques que nous aurions tous d’ordinaire trouvées hilarantes, Alexa et ma mère essayèrent d’amener des sujets plus légers qu’à leur habitude, mais rien n’y fit. Jusqu’à la fin du repas, où nous avions tous un peu bu, et où nous commencions à rire aux blagues incessantes de Blaise. 

-       Vous avouerez tout de même qu’elle a un sacré balai dans le cul, cette Ombrage ! s’exclama-t-il en la direction de John qui riait. 

-       Blaise ! s’indigna sa mère avec un sourire. 

-       Il a raison, confirma John en riant. 

-       Et tout ce rose, ajouta Pria avec une moue de dégoût. 

-       Et vous, bande de lèche-cul, qui faisiez partie de sa brigade ! continua John vers nous alors que nous nous autorisions tous à rire. 

-       Eh, pour quelqu’un bien intéressé par nos avenirs professionnels, vous êtes bien placé pour vous foutre de ce qu’on est prêts à faire pour quelques points en plus à nos examens ! se permit encore Blaise en riant. 

Et tous les parents rirent. C’était l’effet que Blaise faisait aux gens. Si j’avais dit ces mots, l’ambiance serait probablement redescendue aussitôt. Mais c’était Blaise, et cela fonctionnait, d’une façon ou d’une autre. Cela fonctionnait toujours. 

-       Et si nous repassions dans le salon prendre un verre ? proposa ma mère en souriant. 

Nous nous levions tous en cœur pour y retourner avec une ambiance qui se rapprochait un peu plus de ce dont nous avions l’habitude, même si nous étions encore loin de ce que cela avait autrefois été. Mais je supposai que c’était déjà beaucoup.

-       John, tu veux continuer au champagne où tu préfères un whiskey ? lui demanda ma mère. 

-       Oh je vais accompagner les garçons, se laissa-t-il tenter alors que je nous ramenais une bonne bouteille. 

-       Je crois bien que je vais vous suivre, moi aussi ! s’exclama alors Alexa. 

Pansy se leva du canapé avec un sourire, et parti dans le hall d’entrée. Elle revint quelques secondes plus tard, son violon et son archet dans les mains. 

-       Oh ma chérie, continua Alexa, tu n’imagines pas comme ça me fait plaisir ça !

-       N’est-ce pas qu’elle devrait en jouer plus souvent ? renchérit Pria. Elle y est si douée, dit-elle avec une véritable fierté dans la voix. 

-       Il paraît que la musique apaise les mœurs, lança Pansy avec un sourire en coin qui lui était caractéristique. 

Nous rions tous alors qu’elle prenait place dans le jardin d’hiver, au fond du salon, là où notre piano était posé. Ma mère poussa un peu le piano de sa baguette, et Pansy s’installa confortablement alors qu’Alexa se leva, un peu titubante, pour se rapprocher d’elle et de sa musique, debout à quelques mètres d’elle. Theo et Blaise se levèrent également, mais restèrent plus en retrait, appuyés contre le mur du fond de notre salon. Je prenais place à côté de ma mère sur le canapé où Pria et John étaient également assis, et lui donnai silencieusement la main. Lentement, Pansy commença à jouer alors que tous les yeux étaient rivés sur elle, les vibrations de ses cordes raisonnant doucement dans le salon, apaisant ce qu’il restait d’aigri en chacun de nous. La mélodie était douce alors qu’elle commençait à nous hypnotiser, et je sentis mon corps se remplir de chaleur que j’attribuais plus à son talent qu’à l’alcool. Elle était sublime, au milieu de notre mur en verrière, vêtue de sa longue robe noire, son violon porté à sa nuque alors qu’elle laissait sa symphonie glisser sur nous en une vague magnifique. Alexa, qui se tenait à quelques mètres d’elle seulement, laissa son corps se balancer légèrement de gauche à droite au rythme que Pansy donnait à sa musique. Le bruit d’un souffle dévastateur retentit. Une traînée d’ombre noire traversa le salon. La musique de Pansy cessa brutalement. Et soudainement, le verre qui composait la verrière s’éclata violemment sur le sol. La main que je donnai à ma mère vint se placer instinctivement sur ses cuisses, comme pour l’empêcher de bouger, et avant qu’aucun autre de nous n’eut le temps de comprendre ce qu’il se passait, le Seigneur des Ténèbres, lui-même, seul, se tenait au centre de notre salon. Il inspira lentement, ses yeux fermés, et ne les rouvris que lorsque Theo, qui se tenait près de Blaise au fond du salon, tenta d’avancer pour rejoindre Pansy, qui se trouvait à l’autre bout de la pièce, et sur laquelle des débris de verre étaient tombés, coupant sa peau. 

-       Je vous conseille amicalement à tous de ne pas bouger, dit-il lentement de sa voix inhumaine alors que nous nous figions tous. 

Lui. Le Seigneur des Ténèbres. Il venait de faire irruption, seul, dans notre salon, le soir de Noël. Mon cœur battait violemment dans mon poitrail, ma main verrouillée sur les jambes de ma mère que je sentais trembler, tentant de garder un semblant de calme. Les parents de Pansy étaient là. La mère de Blaise était là également. S’il avait voulu nous parler d’affaires en cours, il ne se serait jamais exposé de la sorte. Je jetai un coup d’œil vers Theo et Blaise qui se tenaient sur ma droite, un peu plus derrière moi. Ils ne bougeaient pas. Que faisait-il là ? 

-       N’interrompez pas votre charmante soirée pour moi, lâcha-t-il alors que ses yeux rouges nous sondaient tous tour à tour. 

Il se retourna vers Pansy, sa longue cape noire flottant derrière lui comme s’il volait plus que comme s’il marchait. 

-       Miss Parkinson, lui suggéra-t-il alors que Pansy abordait son visage de Mangemort. 

Un visage fermé. Un visage fier et froid. Un visage qui ne trahissait pas la terreur évidente que nous ressentions tous, et que nous n’avions pas le droit de lui montrer. Quand bien même ses bras étaient mutilés des débris de verre qui lui étaient tombés dessus quand il était entré, elle ne broncha pas. 

-       Continuez, lui ordonna-t-il de sa voix de serpent. 

Elle releva la tête, porta à nouveau son violon à son cou, et approcha lentement son archet quand elle constata que certaines cordes de son violon avaient été coupées du verre qu’il avait explosé. 

-       Ah, consta-t-il lui-même alors qu’elle ne reprenait pas sa symphonie. 

Il tourna un instant sur lui-même, et sembla ne remarquer qu’à l’instant qu’Alexa Zabini se tenait à côté de lui, non loin de Pansy, plus à l’avant de la pièce. 

-       Bonsoir, Alexa, siffla-t-il presque lorsque ses yeux inhumains se posèrent sur elle. 

Le corps d’Alexa trembla discrètement alors qu’il se tenait à quelques centimètres d’elle. Lui. Le plus terrifiant mage noir de tous les temps. Nous demeurions tous figés, attendant de savoir ce qu’il se passait, et ce qui allait suivre. 

-       Comment se porte Finn ? lui demanda-t-il alors. 

Blaise fit un pas discret en direction de sa mère, et les yeux rouges du Seigneur des Ténèbres se posèrent immédiatement sur lui en une menace non-verbale. Mon cœur battait si fort dans mon poitrail qu’il m’en faisait presque mal. Finn était le dernier mari d’Alexa. Son dernier mari décédé. Son dernier mari dont nous avions fait disparaître le corps. Je dus faire un effort pour contrôler le rythme de ma respiration alors qu’il commençait à s’accélérer malgré moi. Que faisait-il là ? Pourquoi parlait-il de son dernier mari décédé ? Alexa avala distinctement sa salive, son corps tremblant encore malgré elle alors qu’elle se tenait difficilement debout devant lui. 

-       Quelqu’un a-t-il eu des nouvelles du mari de notre amie ici présente dernièrement ? dit-il avec un sourire en se tournant vers nous, nous sondant tous tour à tour.

Personne ne bougeait. Personne ne respirait. C’était comme si le temps s’était arrêté, et qu’il n’y avait que lui qui pouvait le relancer. Nous permettre de bouger à nouveau, et de respirer à nouveau. Kira et Loki étaient eux-mêmes immobiles. Le sang se glaça dans mes veines quand ses yeux s’enfoncèrent dans les miens le temps d’un court instant. 

-       Le contraire m’aurait étonné, puisque tu l’as tué, lâcha-t-il finalement en lui faisant face à nouveau. Vois-tu, reprit-il en s’approchant d’elle alors que le poitrail de Blaise se soulevait et s’abaissait visiblement, sa mâchoire violemment contractée, Finn travaillait au Ministère, certes, mais c’était également un de mes espions, nous apprit-il alors à tous. 

-       Je…, je l’ignorai, chuchota-t-elle si bas tandis que sa voix tremblait que nous ne l’entendirent presque pas. 

-       Mmh ? questionna-t-il en penchant son oreille à quelques millimètres de ses lèvres. 

-       Je l’ignorai, réitéra-t-elle un peu plus haut. 

-       Oh je n’en doute pas, puisque c’était un bon espion. Cependant tu comprendras que la perte de ce mari-là, en l’occurrence, n’affecte pas que toi. 

Mes yeux ainsi que ceux de Theo étaient rivés sur Blaise, tandis que ceux de ce dernier étaient fixés sur sa mère qui courait un grave danger. Je pouvais entendre mon cœur battre dans mes oreilles.

-       Et tu comprendras qu’un tel affront ne peut demeurer impuni, ajouta-t-il doucement. 

Les grands yeux marrons d’Alexa s’enfoncèrent dans ceux de Blaise, et ce dernier avala difficilement sa salive alors qu’il rencontrait le regard de sa mère. De celle qui l’avait mis au monde, et élevé durant toute sa vie. Mon estomac se serra dans mon ventre alors que la main de ma propre mère s’enfonça dans mon bras. Le Seigneur des Ténèbres approcha une main aussi pâle que fine de la chevelure d’Alexa, qu’il caressa alors qu’elle ne bronchait pas. Il saisit une importante poignée de ses cheveux, et tira d’un coup violent alors qu’Alexa hurlait. Blaise tenta de faire un pas vers eux, mais Theodore le retint de son bras. Les yeux de mon ami étaient mouillés de larmes. Le Seigneur des Ténèbres tenait en sa main une poignée de cheveux, en leur bout ensanglantés, qu’il avait arrachés du crâne d’Alexa. Elle porta une main à son crâne et reprit son souffle pour lui faire face à nouveau. 

-       Sublimes, en effet, commenta-t-il en caressant les cheveux qu’il tenait dans sa main. 

Il les fit voler jusqu’à Pansy, dont le visage était toujours aussi fermé quand bien même ses sourcils froncés trahissaient son état de tension interne. D’un coup de baguette magique, il fit disparaître les cordes du violon de Pansy, et les remplaça par les cheveux ensanglantés de la mère de son meilleur ami, les ensorcelant pour qu’elles puissent faire un son semblable. Pansy avala difficilement sa salive alors qu’elle ne bronchait pas, le bras qui tenait son violon tremblant discrètement. Une nausée monta en moi quand il ordonna : 

-       Joue. 

Les yeux de Pansy se posèrent malgré elle sur Blaise, dont les narines dilatées trahissaient la terreur qui montait en lui. Les grands yeux verts de Pansy se remplirent de larmes quand la baguette du Seigneur des Ténèbres se leva vers elle. Elle monta lentement son archet vers le violon qu’elle positionna contre son cou, son ventre tremblant sous sa robe, ses yeux fixés sur Blaise alors qu’elle faisait tout son possible pour ne pas pleurer. Quand son archet toucha les cheveux de la mère de Blaise, une musique plus stridente sorti de son violon, et alors qu’une larme dégoulina le long de sa joue, elle joua. 

Le Seigneur des Ténèbres se permit d’apprécier la musique d’un geste de sa main qui tenait sa baguette, et Blaise dont le corps tremblait intégralement de rage et de terreur ne quittait plus sa mère des yeux. Le Seigneur des Ténèbres se retourna finalement vers sa mère, et pointa sa baguette vers elle. Soudainement, elle ne respira plus, ses yeux perdus dans ceux du pire mage noir de tous les temps, et au bout de quelques secondes, l’intégralité de son corps se mit à trembler violemment. Elle tomba à genoux alors que la musique qui sortait du violon de Pansy continuait de retentir dans nos oreilles, Alexa à genoux devant le Seigneur des Ténèbres, qui tenait toujours sa baguette en sa direction. Une larme coula sur ma propre joue alors que la voix brisée de Blaise hurla : 

-       NON !

Mais Theodore le retint de ses deux bras. Le corps d’Alexa trembla devant le Seigneur des Ténèbres tandis que la musique de Pansy continuait de retentir dans nos oreilles, des larmes coulant sur ses joues pâles alors qu’elle ne pouvait s’arrêter de jouer sur les cheveux arrachés de la femme qu’il était en train de tuer. La mère de notre ami. La seule famille qu’il n’avait jamais vraiment eue. Blaise hurla dans les bras de Theodore quand le corps tremblant d’Alexa tomba sur le sol, du sang sortant de ses yeux. Il faisait bouillir son sang dans ses veines. Ma vision se brouilla alors que d’épaisses larmes coulaient de mes yeux tandis que je demeurai impuissant devant cette atrocité, encore. Il tuait la mère de mon ami. Il forçait ma meilleure amie à jouer de la musique pendant qu’il ébouillantait de l’intérieur une femme que nous connaissions tous parfaitement bien depuis nos onze ans. Et Blaise, qui regardait sa mère mourir sous ses yeux, incapable d’y faire quoi que ce soit, hurlait alors qu’il tombait à genoux sur le sol, Theodore avec lui, l’encadrant de ses bras forts. J’avais déjà vu la douleur sur le visage de Blaise, quand bien même toujours il riait. Je l’avais vu regarder Theo être torturé par Pansy. Je l’avais déjà vu souffrir, je l’avais déjà vu inquiet, et je l’avais déjà vu perdre le contrôle. Mais cette douleur-là, celle de devoir regarder sa mère mourir, ce type de douleur, je ne l’avais jamais vue sur son visage, et cela me brisa de l’intérieur. 

-       Ne fais pas ça, lui chuchota gravement Theodore alors que les yeux de Blaise étaient rivés sur le Seigneur des Ténèbres, sa mère agonisant à ses pieds, tandis qu’il hurlait de toutes ses forces. 

Du sang dégoulina du nez et des oreilles d’Alexa alors que son corps continuait de trembler sur le sol de mon salon, la symphonie de Pansy se faisant plus grave dans nos oreilles, mais ne pouvant masquer l’atrocité de la douleur qui raisonnait dans les cris et les sanglots de mon ami. De mon ami qui perdait sa mère. De mon ami qui perdait la seule famille qu’il avait. 

-       Ne fais pas ça, répéta fermement Theo alors qu’il retenait physiquement Blaise pour ne pas qu’il s’attaque au plus puissant mage noir de tous les temps. Il va te tuer, s’il-te-plaît, ne fais pas ça, lui chuchota-t-il gravement alors qu’une larme coulait sur sa propre joue tandis qu’il était forcé de retenir son ami d’essayer d’assassiner l’homme qui tuait sa mère sous ses yeux. 

Sous nos yeux à tous. La musique de Pansy continua de retentir dans le salon quand finalement le corps d’Alexa cessa de trembler, et qu’il reposa sur le sol, vide. Vidé de toute vie. Vidé de toute magie. Le dernier hurlement de Blaise se transforma en un sanglot déchirant alors qu’il baissait les yeux sur sa mère. Sur son corps mort. 

-       Garde-le à l’intérieur, le somma Theo avec force. 

Theo remonta son bras qui encadrait les épaules de Blaise, et le tint plus fermement.

-       Garde-le à l’intérieur, ordonna-t-il encore. 

Blaise mordit le bras de Theodore, et le bruit le plus atroce du déchirement absolu qu’un fils pouvait ressentir en assistant à la mort de sa mère fut étouffé dans le bras de Theo, mais sa douleur raisonnait tout de même en moi. Je connaissais cela. Je savais ce que c’était. Et mon ami était obligé de subir ça, à son tour. Lui qui n’avait que sa mère. Le corps de Blaise tremblait violemment contre Theodore qui ne le lâchait pas, et qui ne lâchait pas Voldemort des yeux. Il aimait cela. Il aimait entendre le désarroi, et voir la douleur sur le visage des gens qu’il torturait, et de ceux qu’il tuait. Il aimait cela, et il l’affichait explicitement tel le monstre qu’il était. Les joues de Pansy étaient mouillées de larmes alors qu’elle était forcée de continuer de jouer, et finalement, le Seigneur des Ténèbres fit face au fils qu’il venait de rendre orphelin. 

-       Je vous conseille de régler le problème de l’armoire à disparaître le plus rapidement possible, lâcha-t-il alors d’une voix basse. 

Il rencontra les yeux de Theodore avant de disparaître dans la nuit. Theodore qui tenait aussi fermement que possible le corps tremblant de notre ami qui venait de voir sa mère avoir ses veines ébouillantées sous ses yeux. Les yeux de Blaise étaient rivés sur le corps de sa mère, son corps sans vie. Ce corps qui lui avait donné la vie. C’étaient des yeux que je connaissais. Les yeux d’un enfant qui venait de perdre son parent. Les yeux de quelqu’un qui avait rencontré la mort de la pire façon qui soit. Ceux de Theo, eux, fixés sur Voldemort, exprimaient une rage meurtrière qu’elle aussi, je connaissais. 

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Nous avions dû organiser les obsèques d’Alexa Zabini en deux jours. Blaise était resté au manoir avec Theo, ma mère, Pansy et moi. Il avait été incapable de quoi que ce soit, et nous nous étions chargés d’organiser un enterrement certes discret, mais respectable. Pour la femme incroyable que la mère de notre ami était. Blaise n’avait ni parlé, ni mangé, ni bu, ni ri pendant ces deux jours. Lorsque le Seigneur des Ténèbres était reparti du salon, il s’était jeté sur le corps inanimé de sa mère, et il avait pleuré contre elle. Il s’était allongé sur elle, sa tête reposant sur sa poitrine, et il avait pleuré, encore et encore. Pansy s’était agenouillée près de lui, et elle avait pleuré avec lui, une main logée dans son dos. Choqués, les parents de Pansy avaient compris que leur fille trempait dans des affaires sordides, et ils s’étaient rapidement enfuis dès qu’ils en avaient eu l’occasion. Mais Pansy était resté, pour Blaise. Ma mère en avait fait autant qu’elle le pouvait, proposant à Blaise amour, écoute, nourriture et boisson. Ainsi que du temps. C’était ce dont il avait besoin, du temps. Mais alors que pendant deux jours je regardais les yeux de mon ami être dénués de toute vie, de toute passion, de toute lueur, et de tout humour, je songeais que le temps ne guérissait rien du tout. Le temps ne pouvait pas guérir une chose pareille. Le temps faisait simplement qu’un jour, nous décidions de continuer à avancer. Sans que rien ne soit guérit. Pas des atrocités pareilles. 

Blaise avait parlé à la fin du deuxième soir, alors que son visage reposait sur les genoux de Pansy, ses yeux pleurant encore des larmes qui ne cessaient de couler. 

-       S’il-te-plaît, lui demanda-t-il en un murmure, fais l’éloge funèbre de maman demain. Je… je ne peux pas, pleura-t-il sur ses genoux. Je ne peux pas…, répéta-t-il alors qu’elle caressait ses cheveux, et acquiesçai tandis qu’une larme coulait le long de sa propre joue. 

Alors nous nous étions tous tenu à côté de Blaise, Theo à sa droite, et moi à sa gauche, au milieu du cimetière et face au cercueil, quand il avait été temps de dire au revoir à Alexa Zabini. Pansy se tenait au centre de la cérémonie, face au cercueil. Peu de gens avaient oser venir, malgré la popularité sociale d’Alexa Zabini. Quelqu’un qui mourrait de la baguette du Seigneur des Ténèbres était quelqu’un pour qui l’on prenait des risques, en nous rendant à son enterrement. Mais malgré tout, un certain nombre de personnes avaient eu le courage de venir, malgré les risques encourus. Les parents de Pansy, eux, n’étaient même pas venus. Les yeux de Blaise étaient rivés sur le cercueil de sa mère quand Pansy commença difficilement : 

-       Alexa Zabini était une femme admirée et respectée. Je crois que tous et toutes ici ont déjà eu l’honneur de témoigner de sa beauté sans pareille, mais ce n’était pas là tout ce qu’elle était. C’était non seulement une femme magnifique, mais également brillante, avec qui les discussions politiques étaient aussi passionnantes que mouvementées, continua-t-elle avec un sourire dans la voix alors que son parchemin tremblait entre ses mains. C’était également une femme drôle, qui si elle était trop bien élevée pour dire des blagues inconvenantes, rigolait toujours joyeusement à celles de son fils, ou encore aux miennes. Alexa Zabini est la femme qui a mis au monde et élevé mon meilleur ami, pleura-t-elle en regardant Blaise, qui lui rendit son regard. C’est cette femme incroyable qui a fait de Blaise Zabini l’homme aussi gentil, aussi intelligent, aussi beau, et aussi drôle qu’il est aujourd’hui. Oui, Alexa était une femme impressionnante, et c’était également une maman formidable. Une maman qui a toujours été prête à tout pour son fils, et qui a toujours tout fait pour s’assurer qu’il grandirait dans les meilleures conditions possibles. Je sais que Blaise vous dirait qu’Alexa est certainement la femme la plus incroyable qu’il n’ait jamais rencontré, et que c’est probablement la raison pour laquelle il ne se mariera jamais, parce qu’aucune femme ne pourra jamais être aussi géniale qu’elle, alors je crois que d’une certaine façon, on peut dire qu’Alexa a réussi dans son rôle de mère, peut-être même un peu trop. 

Quelques rires retentirent dans l’assemblée, y compris un très faible pouffement de la part de Blaise, qui posait sur Pansy des yeux empleins de gratitude. Notre amie n’était pas la plus douée ni avec les sentiments, ni avec les jolis mots. Il me semblait cependant que ce qu’elle offrait là à Blaise, ainsi qu’à Alexa, c’était tout ce qu’elle avait en elle, et tout ce qu’elle portait de plus beau dans son âme. 

-       A titre personnel, Alexa m’a ouvert les portes d’une maison dans laquelle les enfants avaient le droit de rire aux éclats. Elle m’a offert la possibilité d’être moi-même, dans tout mon sarcasme, dans tout mon tempérament parfois bouillonnant, dans toute mon entièreté. Elle m’a donné soutien et amour quand parfois mes propres parents n’avaient rien d’autre à offrir que des critiques et du reproche. Alexa a également rempli mon assiette d’amour, encore et encore, quant à l’époque je ne pouvais rien avaler d’autre que cela, pleura-t-elle de plus belle. Mais surtout, Alexa m’a donné mon meilleur ami, sanglota-t-elle en levant les yeux vers Blaise. L’une des personnes les plus incroyables que je n’ai jamais rencontrée, et dont je ne pourrais jamais me passer. Et pour ça, murmura-t-elle difficilement, je ne pourrais jamais assez la remercier. 

Pansy abaissa son parchemin alors que des larmes perlaient sur ses joues. Elle s’approcha du cercueil, et posa une main dessus alors qu’elle chuchota : 

-       Merci de m’avoir donné le meilleur ami qui soit, Alexa. Je vous promets de prendre soin de lui. 

Les yeux de Blaise ne cessaient de pleurer alors qu’il regardait Pansy, et lorsqu’elle descendit nous rejoindre, il la serra de toutes ses forces dans ses bras. Elle prit place à ses côtés, et lentement, le cercueil d’Alexa Zabini s’enfonça dans la terre alors que nous la pleurions tous. Je regardai ce cercueil s’enfoncer, et je réalisai violemment. Je réalisai que c’était cela, le risque que toute personne qui m’approchait encourait. Que c’était cela, notre réalité désormais. Ma réalité. J’avais cru que peut-être que peut-être voulait dire oui. Mais en réalité, dans mon monde à moi, peut-être voulait dire six pieds sous terre. 


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