Ses yeux verts

Chapitre 7 : Chapitre septième - La parole du serpent

2385 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/08/2015 20:40

Installée dans le bureau du professeur Rogue, Ingrid reste pendue aux lèvres de ce dernier comme il vient de lui promettre quelques anecdotes sur sa mère, Lily Potter. Ne l'ayant pas elle-même connue, enfin seulement au cours de la première année de sa vie, l'étudiante a hâte d'en apprendre davantage au sujet de cette femme qui, comme elle aujourd'hui, a arpenté les couloirs de cette école allant de salle de cours en salle de cours. Découvrir quelque chose sur sa mère donne à l'étudiante l'impression de se découvrir elle-même.

 

"- Lily Evans habitait tout près de l'impasse du tisseur. C'est un coin... malfamé. Avec des pavés inégaux, des lampadaires cassés, des usines désaffectées." se souvient le professeur Rogue." Donc, elle n'habitait pas loin de là, avec sa sœur Pétunia. Quand je l'ai croisé, à l'âge de neuf ans, j'ai vu qu'elle était spéciale qu'elle était... comme moi. Une sorcière. Alors j'ai commencé à l'observer, à la suivre. J'ai vu les moqueries de son aîné, le comportement qu'elle avait envers Lily... Et puis un jour je me suis montré. De là a commencé... notre amitié."

 

Attentive, l'étudiante écoute son professeur mais ce dernier ne dit plus rien. Ses yeux sont clos, son visage peut-être plus blême que d'ordinaire si cela est possible. Comme si ces souvenirs lui faisaient de la peine. De fait, Ingrid hésite à l'interrompre, à lui épargner ce devoir dans lequel elle l'a lancé. Toutefois, la jeune femme a besoin de savoir. Aussi oublie-t-elle ses belles pensées, attendant simplement que l'homme reprenne le cours de ses propos.

"- Nous sommes entrés à Poudlard en même temps. C'est dans le train que nous avons fait la connaissance de Potter. Et de Black." reprend le professeur, taisant ses sentiments haineux pour James Potter et son acolyte, alors même que son visage le trahis. "Lily ne les as pas apprécié tout de suite, c'est venu après. Quoi qu'il en soit, nous avons atteint l'école. Elle a été envoyée à Gryffondor, moi à Serpentard."

Cela, la jeune femme le sait fort bien. Mais elle n'ose pas interrompre son professeur, ni le contrarier en se montrant trop empressé de découvrir des choses qui lui sont inconnu. Alors, elle respecte ses temps de pause, les silences qu'il instaure. Pourtant, son envie est folle de découvrir sa mère. Pas sa vie, mais des anecdotes la concernant. Des morceaux de vie, en quelques sortes. Des fragments, des pièces de puzzle. Et puis, elle n'y tient plus, en voyant qu'il ne reprend pas la parole, perdu dans ses souvenirs.

"- Mais encore, professeur ?" questionne-t-elle alors pour le sortir de sa léthargie. 

"- Que voulez-vous savoir exactement, Miss Potter ?" lui demande l'enseignant visiblement peu ravie de l'entendre couper le fil de ses réflexions. Son ton est acerbe. Nul doute qu'il a envie de la voir déguerpir à toute vitesse. Mais elle ne semble pas désireuse de combler ses vœux. 

"- J'aimerais... des anecdotes. Pas son parcours, mais des souvenirs d'elle. De ce qu'elle a pût vivre, faire... Je connais la matrice du puzzle de sa vie. Il me manque les pièces pour le remplir..." explique-t-elle alors, sans se démonter. "Je voudrais... Des manies, des situations, des réflexions..."Le regard acier croise les émeraudes de l'étudiante et l'enseignant frémit. Ce visage, ces cheveux, ces yeux... Tout en cette élève le torture et lui rappelle Lily. Et cette sotte, non-contente de sa perfidie, souhaite en prime entrer au plus profond de son être, de ses souvenirs, pour en déterrer les épisodes d'une vie qu'il ne souhaite pas voir ressurgir. Parce que ces images sont trop douloureuses. Il voudrait alors la congédié, lui dire de quitter les lieux. Mais le regard vert qui l'assassine l'enchaîne en même temps. Jusqu'à ce que la propriétaire des émeraudes mette fin à ce contact visuel. Et, même libéré de l'emprise des yeux d'Ingrid, Severus Rogue se sent presque désespéré de ne plus les voir. Il la déteste. Et en même temps, cette fille le touche. Elle veut seulement des repères, savoir d'où elle vient. Elle est orpheline. Un peu paumée peut-être. Un peu fracassée aussi. Un peu comme lui, dans le fond.

Elle a fermé ses yeux, pour penser, pour réfléchir. Et aussi, parce que le regard du professeur dans le sien devenait... dérangeant à son goût. Trop profond, trop insistant... trop triste et colérique en même temps. Oui, elle avait vu dans ses yeux une certaine dose de colère. Et ne tient pas à la voir se déchainer sur elle. La serdaigle réfléchit alors, pèse le pour et le contre. C'est peut-être la seule chance qu'elle a de faire parler son professeur au sujet de sa mère. Mais elle sent bien comme évoquer son passé blesse la chauve-souris des cachots, comme le surnomment les autres. Et elle n'est pas cruelle. Pas même avec un homme de cet acabit. Pas même avec un homme haït de tous, tant il est solitaire, asocial, injuste...

"- Je vais vous laisser professeur..." déclare-t-elle alors, surprenant le professeur Rogue qui porte sur elle son regard. "Je ne pense pas qu'il serait... élégant de ma part de poursuivre en ce sens ce soir aussi vais-je vous laisser... vaquer à vos occupation. En espérant pouvoir achever cette discussion... lorsque vous le voudrez." explique-t-elle en se levant. "Au revoir, professeur." 

En un instant, la jeune fille est dehors, au milieu des couloirs. Aussitôt, elle prend la direction de la grande salle où le souper doit être servit depuis un moment. Elle n'a pas conscience de l'heure et espère, en réalité, ne pas s'y présenter trop tardivement. C'est que cette heure de retenue en compagnie de l'ancien maître de potion lui laisse un creux à l'estomac. Heureusement pour elle, il n'est pas si tard que cela quand elle rejoint ses amies, qui commençaient à s'inquiéter sérieusement de ne pas la voir.

"- Mais bon sang où étais-tu Ingrid ? Nous nous faisions un sang d'encre !"

"- Avec le professeur Rogue Cho. Pour ma dernière heure de retenue."

"- Ah et tu n'avais pas finis les bocaux à l'heure ?" questionne Luna.

"- Exactement." ment l'étudiante.

"- Et Rogue est resté te surveiller ?"

"- Oui." 

"- Je ne pensais pas qu'il était du genre à louper un repas pour s'occuper d'un étudiant." renchérit Mandy."- Peut-être peur que je ne fasse du mal à un de ses amis à sonette..." répond alors la sorcière.

Immédiatement, Ingrid se mord la lèvre alors qu'elle regrette cette réflexion. Dire cela des serpents de l'enseignant, se moquer ainsi parce qu'il n'a pas d'amis, ce n'est pas très gentil de sa part. Honteuse de ses propos, la demoiselle fixe son regard dans son assiette et ne parle plus guère jusqu'à la fin du repas, tandis que ses amies discutent du cours du professeur Flitwick de ce matin. Enfin, le quatuor quitte la salle, Ingrid toujours perdue dans ses pensées.

"- Miss Potter !?"

Ingrid sursaute en s'entendant appeler et aperçoit le professeur Rogue non-loin. Aussitôt, son cœur se met à battre et l'étudiante espère que l'homme n'a pas entendu ce qu'elle disait de lui un peu plus tôt. En même temps, comment pourrait-il le savoir ? A moins que légilimencie marche de si loin ? Harry lui a parlé de ça il y a quelques jours déjà. Apparemment, Rogue lui a enseigné l'occlumencie pour fermer la connexion qui existe entre Voldemort et lui.

"- Suivez moi." 

La jeune femme ne se le fait pas dire deux fois, craignant d'aggraver son cas en opposant une quelconque résistance au professeur qui de toute façon, elle le sait très bien, aurait tôt fait d'obtenir ce qu'il souhaite. Elle lui emboite donc le pas et, bientôt, se trouve de nouveau dans le bureau de l'enseignant.

"- Asseyez-vous."

Encore une fois, Ingrid obéis en un instant à la requête de son professeur qui contourne la chaise sur laquelle elle a prit place, pour venir s'installer dans son fauteuil derrière son bureau. Il la fixe alors, avant de soupirer. Elle lui avait demandé quelque chose et il se sentait prêt à parler davantage au sujet de Lily Potter.

"- Elle voulait devenir médicomage, lorsqu'elle est entrée à Poudlard. Parce que j'étais maladroit et avait la fâcheuse manie de me blesser. Souvent." explique l'enseignant, en taisant toutefois que ce souhait venait surtout des traces de coups que la violence de Tobias laissait sur lui et que son amie avait remarqué."C'est sur le tard qu'elle a décidé de se tourner vers une carrière d'Auror." reprend-t-il, sans fournir aucune explication à ce choix. Peut-être n'en a -t-il pas à lui fournir. "Une après-midi de janvier, en troisième année, Lily a organisé un goûter près du lac. Ses parents lui avaient donnés des friandises moldus. C'était une jolie journée, mais Lily est tombée à l'eau. Elle est restée trois jours à l'infirmerie." 

La jeune femme frissonne en imaginant la scène. Le lac noir, début janvier. Et toutes les créatures qui vivent dedans... Non sans façon, elle n'a aucune envie de tomber là-dedans. Et, bien que souhaitant comme sa mère devenir médicomage, Ingrid ne supporte pas d'être dans un lit d'hôpital. Une infirmerie n'est à son goût pas plus réjouissant. 

"- Toutefois, Lily faisait rarement des bêtises. Elle a été préfète, puis préfète-en-chef, elle savait respecter la discipline..." lance le professeur, appuyant sur quelques mots, comme elle ou discipline. Comme si en disant cela il pensait à quelqu'un en totale opposition avec ce portrait qu'il dessine. La sorcière ignore qu'Harry est visé directement par ces propos. "Elle faisait parti du club de Slughorn, votre actuel professeur de Potion. Il fait collection de ses meilleurs élèves au sein de ce club..." 

Collectionner les élèves ? Voilà un passe-temps qui ne manque pas d'étonner l'étudiante, quoiqu'elle ne réponde rien à ce sujet devant son professeur de défense, qui semble vouloir reprendre le cours de sa conversation. Ou pas.

"- Il se fait tard Miss Potter. C'est assez pour aujourd'hui." dit-il brusquement. 

Un coup de baguette magique ouvre la porte, indiquant à l'étudiante qu'elle peut quitter les lieux. Si elle ne bouge tout d'abord pas, surprise du côté abrupt de cette sortie, elle finit par se diriger vers la porte ouverte néanmoins, tout en songeant que ce genre de chose, indélicate et grossière, entre bien dans la description que l'on fait, en temps normal, de la "chauve-souris des cachots". Pourtant, Ingrid n'est pas sûre que le personnage soit si noir que le laisse entendre les racontars, ou que ce dernier le laisse paraître. Comme Lily, la serdaigle voit ce qu'il y a de bien dans une personne. Quelque chose lui souffle qu'en fin de compte, cet enseignant n'est pas si terrible qu'il le dit, qu'il y a quelque chose à découvrir sous la surface. Parce qu'elle le sait bien, dans le fond : les apparences sont toujours trompeuses. 

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