Ses yeux verts

Chapitre 23 : Chapitre vingt-troisième - Hurricane

5288 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:54

Dix-huit heure. Il y a une heure qu'Ingrid a finit les cours, sur un enseignement en divination qui n'a pas arrangé son état, le professeur Trelawney lui ayant annoncé des soucis pour bientôt. Merlin que ce genre de nouvelle la rassure, juste avant une retenue en tête-à-tête avec le professeur qu'elle a le moins envie de fréquenter dans cette fichue école. Assise sur son lit en attendant l'heure fatidique, Ingrid tente de travailler un peu sans y arriver toutefois. Son esprit est ailleurs et il lui est impossible de se montrer concentrée. Si bien que finalement à dix-huit heure vingt, la jeune femme décide de ranger ses livres et sort alors de sa table de nuit un livre de photos qu'Harry lui a prêté et qui semble être un cadeau qu'Hagrid lui a fait en fin de première année. Avec un sourire, l'étudiante se perd dans la contemplation de ces visages heureux. Quand soudain, elle sursaute en entendant une voix. Regardant vers la porte, la jeune femme découvre avec angoisse que personne ne s'y trouve. Et la voix l'appelle encore. Posant les yeux sur son livre, Ingrid sursaute, le jetant un peu plus loin. La voix de sa mère continu alors de parler, un peu étouffée.

 

"- Ingrid ! Tu dois m'écouter..."

 

Avec prudence, la demoiselle attrape le livre et le retourne, le regardant avec méfiance. Les livres magiques n'ont pas bonne réputation dans son esprit. Harry a été manipulé par un d'eux en seconde année et au mois de novembre, suivant les directives d'un stupide manuel de potion, il a failli provoquer la mort de sa sœur. Cette dernière se montre donc prudente vis-à-vis de l'objet en question. Même si ce dernier appartient à Harry et se trouve être un cadeau fait par Hagrid, on ne sait jamais vraiment.

 

"- Ingrid je comprend tes inquiétudes mais..." recommence Lily.

"- Tu n'es pas réelle !"cri l'étudiante en sautant hors du lit. "Tu ne peut pas être là !" lance-t-elle angoissée, sur le qui-vive.

"- Pourtant, je suis là et je te parle..." poursuis Lily sans prendre ombrage de l'attitude de sa fille, qu'elle ne peut que comprendre. Elle lui ressemble bien en cela. Oui, Lily aurait probablement réagit de la même façon.

"- Mais... mais tu es morte ! Comment c'est possible !?" demande la demoiselle les larmes aux yeux.

"- Tu es dans un monde magique et tu es surprise de voir un portrait te parler, alors que les tableaux le font ?" argue Lily en levant un sourcil.

"- Les tableaux parlent depuis que je suis enfant mais toi... Pourquoi tu ne nous a jamais parlé ? Des photos de toi j'en avais, tu aurais pût..." lance la sorcière le cœur battant, en colère soudainement contre sa mère.

"- Ce n'est pas facile. Je n'ai jamais cherché à savoir avant comment parler en étant morte. Il m'a fallut un moment pour y arriver, c'est plus dur pour les clichés photographiés que pour les tableaux..." essaie de se justifier Lily.

 

Ingrid ne répond rien et se contente de regarder le portrait le visage baigné de larmes. C'est bien sa veine, elle a une heure difficile avec le professeur Rogue qui l'attend et sa mère défunte choisit précisément ce jour pour venir lui parler par photo. La Serdaigle est trop perturbée et chamboulée pour s'en réjouir et c'est les yeux écarquillés qu'elle regarde le bout de papier parlant. Sa mère voulait lui parler de quelque chose et la rouquine se demande bien de quoi, elle n'a pas beaucoup de temps devant elle en plus. Plus elle pense à cette heure de retenue et plus elle s'agace.

 

"- Je viens te parler de Severus." annonce Lily.

"- Ah  non ! Hors de question !" rugit Ingrid. "Si c'est pour me parler de lui je ne veux même pas t'entendre !" lance la jeune femme en bouchant ses oreilles avec ses mains, fermant ses yeux aussi pour ne plus voir le papier parlant.

"- INGRID POTTER !" gronde Lily, sachant son temps compté. "Ecoute moi, MAINTENANT !"

"- Je ne veux pas." répond l'étudiante qui se bouche toujours les oreilles sans que cela ne marche vraiment. "Et ne parle pas si fort, tout le monde va t'entendre en bas !" proteste la demoiselle.

"- Ingrid ! Je vais te parler de lui que tu le veuilles ou non ! Tu dois savoir... J'ai tout vu. Je sais ce qu'il se passe, ce qui t'arrives, ce qui lui arrive, ce qui vous arrive, je sais tout Ingrid." annonce Lily.

 

Le regard de l'étudiante s'ouvre, surprit, sur le visage de sa mère. Comment peut-elle tout savoir ? La demoiselle regarde le portrait sans comprendre, attendant que l'explication vienne, ce qui ne tarde pas. Ainsi apprend-t-elle que sa mère l'a épié depuis les appartements du professeur Rogue le jour où l'étudiante a découvert le mot de passe de ce dernier. Ainsi apprend-t-elle que sa mère est au courant des sentiments que Rogue lui porte, depuis toujours.

 

"- Mais c'est fini aujourd'hui Ingrid, il ne m'aime plus. Quelqu'un est entré dans sa vie. Quelqu'un l'a torturé, a tout chamboulé, a tout changé et cela lui permet aujourd'hui d'avancer. Tu dois me croire. Je ne peut pas t'en dire d'avantage Ingrid. Tu dois juste savoir, que l'amour de Severus à mon égard est du passé, de l'histoire ancienne. Maintenant, tu dois y aller. Je te conseille de mettre ton joli collier, celui que tu as reçut à noël." explique Lily avant de se figer.

"- Comment tu sais que j'ai un coll..." la demoiselle se coupe soudainement, comme elle comprend enfin. "Ne me dis pas que c'est un cadeau du professeur Rogue..."

 

Mais déjà, le portrait de sa mère ne parle plus et l'étudiante se trouve seule dans la pièce. Elle ne comprend rien à tout cela et les mots de sa mère ne la rassurent pas forcément, pas plus qu'ils ne la renseignent sur l'identité du quelqu'un. A vrai dire, la demoiselle essaie de ne pas se dire que peut-être il s'agit d'elle. Cela réduirai ses efforts pour lutter contre son amour à néant. Il ne doit pas l'aimer, surtout pas, ou elle ne pourra plus lutter, elle n'aura pas la force nécessaire pour cela. Fermant les yeux en accrochant son collier, la jeune femme essaie de chasser ses pensées. Elle ne doit pas songer à cela, pas maintenant. Et même jamais.

 

La jeune femme arrive aux cachots, il ne lui reste que cinq minutes pour rejoindre le bureau du professeur Rogue. Elle se sait dans les temps. Mais avancer lui est difficile. Chaque pas qui l'approche du bureau du professeur lui lacère le cœur. La demoiselle sent son cœur bondir dans sa poitrine, son pouls s'accélère, sa respiration aussi. La situation devient inconfortable et elle ne sait comment sa calmer avant d'entrer dans la pièce. Prenant une grande inspiration, elle toque alors à la porte et entre, quand la voix de son professeur - qui a fait frissonner de la tête aux pieds - l'invite à le faire. Paraissant devant lui, l'étudiante ne se sent guère rassurée.

 

Invitant l'étudiante à prendre place non-loin de sa personne, le potionniste lui jette un regard, la détaillant des pieds à la tête comme elle avance le regard rivé au sol. Sa robe de sorcière, sa cravate bleu et bronze, son collier... L'homme tique à la vision de ce dernier. De ce présent, elle ne lui a jamais parlé. Le serpentard se doute, de fait, qu'elle ignore la provenance de ce cadeau. Sa rose noire n'était de toute évidence pas une signature suffisante malgré les capacités intellectuelles qu'il accorde à la fille Potter.

 

"- Ce soir, vous allez m'aider à corriger  ces parchemins." annonce l'enseignant.

 

Il n'a rien trouvé d'autre. Si la demoiselle est ici, ce n'est pas pour une faute quelconque mais parce que son professeur a été courroucé de la voir ce matin recevoir un présent d'un ami à Serdaigle. En ce jour si spécial. Il se doutait bien qu'elle n'allait pas venir aujourd'hui lui faire une déclaration enflammée. Il se doutait même que peut-être, un amoureux lui ferait un cadeau. Mais le voir avait été insupportable. Aussi, en la croisant dans les couloirs, il n'avait pas pût résister à la punir pour le soir même, de sorte à ruiner tout projet romantique qu'elle aurait pour cette soirée spéciale avec son petit-ami, qu'il pense être Adrien Willow. Il avait pensé qu'elle protesterait, ce qui donnerait une bonne raison à cette retenue mais, contrairement à l'ordinaire, elle n'avait rien dit. Alors il n'a pas de veracrasse à trier, rien à nettoyer. Il n'a rien prévu. Si bien que la correction de copies lui semble être une bonne idée. Ou la moins ridicule qu'il ait en réserve, en fait.

 

S'attablant, la jeune femme prend une plume à son professeur, n'en ayant pas porté car ne s'attendant pas à devoir écrire. Il a d'ordinaire une préférence pour des punitions plus horribles, moins agréables, plus ragoutantes. Pour les trucs visqueux, gluants... crades. La demoiselle se plonge ensuite dans la correction des parchemins qu'il lui donne, des parchemins de première année qu'elle entreprend de corriger avec tout le sérieux et l'impartialité dont elle est capable, dans le silence troublant qui les enveloppe, seulement perturbé par le grattement des plumes sur le papier. Une heure passe ainsi. Et un plop sonore les tire de leurs corrections.

 

"- Le professeur Dumbledore m'envoie..." s'excuse Dobby.

"- Oui je sais, je ne suis pas au repas. Miss Potter n'a pas terminé sa retenue, nous viendrons plus tard." gronde le professeur, faisant se ratatiner l'elfe sur lui même.

"- Bien, maître Rogue.." s'incline l'elfe avant de disparaitre.

 

Il est donc déjà plus de vingt heure. Normalement, l'heure de retenue est terminée pourtant, la jeune femme continu de corriger les copies, comme elle n'obtient pas l'autorisation de s'en aller. De nouveau la pièce se plonge dans le silence, seulement troublé par la plume sur le parchemin. Ingrid ne comprend pas pourquoi il la retient, alors que son temps est écoulé. Mais elle ne dit rien, pour ne pas se confronter à lui. Et puis corriger les copies n'est pas désagréable, la jeune femme dirait même qu'elle aime bien ça. Comme si la vocation de professeur est une éventualité qu'elle peut envisager.

 

Le temps s'écoule encore, il est bien plus de huit heure maintenant. Ingrid ne saurait le dire avec exactitude mais il doit être presque vingt-et-une heure. Le professeur Rogue semble le remarquer aussi. D'un geste de baguette il semble demander quelque chose. Dobby apparait alors et le professeur Rogue formule une demande que l'étudiante n'écoute pas, concentrée sur la copie d'un cinquième année. Le professeur lui ayant donné le corrigé type, de sorte qu'elle puisse effectuer correctement la correction. Corrigé type qu'elle étudie en même temps, pour étoffer ses connaissances.  Dobby reparait bientôt, les bras chargés d'un énorme plateau. Ingrid le regarde sans comprendre mais l'elfe a tôt fait de disparaitre, son chargement posé sur le bureau.

 

"- Vous devez avoir faim." fait remarquer le professeur vidant don bureau d'un coup de baguette. Deux assiettes ainsi que des verres et des couverts s'installent alors sur la table. Ingrid regarde la scène, ayant peur de comprendre. Même si ce n'est sûrement pas l'idée de son enseignant, un dîner en tête à tête le soir de la Saint-Valentin ne lui dit rien qui vaille. Sa plume levée, laissant tomber une goutte d'encre rouge sur le bureau qu'elle occupe.

"- Je... Je ne peut pas professeur." proteste l'étudiante.

 

L'homme la regarde et elle ne voit pas dans ses yeux l'éclat douloureux. Elle le repousse encore. Merlin que cette fille est donc cruelle. L'enseignant a beau savoir que ce n'est pas bien, que ce qu'il fait n'est pas autorisé, qu'il joue avec le feu, il aurait quand même bien aimé voir Ingrid céder à ce repas. Mais peut-être qu'au final, cela lui aurait fait encore d'avantage de mal. Il pense cela mais ne peut s'empêcher de reprocher ce refus à la jeune femme.

 

"- Je vois. Est-ce si... dur que cela ?" interroge-t-il et comme la demoiselle le regarde sans comprendre il précise. "De me côtoyer ?"

"- Ah euh... Non mais..." commence l'étudiante, sans vraiment savoir quoi dire.

"- Alors pourquoi refuser un dîner ?" questionne-t-il.

"- Parce que c'est inconvenant et que..." tente de s'expliquer la demoiselle.

"- Il n'y a rien d'inconvenant, à manger quand vient l'heure du repas." affirme l'homme.

"- Oui mais..." se défend Ingrid.

"- Prenez place ?" propose-t-il en s'installant lui-même.

 

Abdiquant, la jeune femme range ses copies et s'installe plus confortablement, aux côtés de son professeur qui garnit alors son assiette. Gênée, la demoiselle n'ose pas trop y toucher, elle a l'estomac noué par la bizarrerie de cette situation. L'homme le remarque et, alors qu'il allait porter une fourchetée à ses lèvres, il la repose et regarde l'étudiante sans dire un mot. Elle observe la table sans lever le regard vers lui. Il la contemple en silence, détaillant son expression. Et puis sa parole brise le silence de la pièce.

 

"- Est-ce que je vous dégoûte, miss Potter ?" questionne-t-il alors.

"- Je vous demande pardon ?" répond la serdaigle sursautant surprise, les yeux écarquillés, tournant son visage vers celui de l'homme.

"- Est-ce que je vous dégoute ?" répète-t-il alors.

"- Je... non.." répond la demoiselle sans comprendre où il veut en venir.

"- Vous ne semblez pas très convaincu..." argue-t-il douloureusement. "Je sais que ce que j'ai fais... est probablement impardonnable."

 

Des excuses de Rogue, ou quelque chose qui y ressemble ? La jeune femme l'observe surprise. Non, elle ne l'imaginait pas être le genre de personne capable de présenter des excuses, de reconnaître ses tords. En effet, il n'aurait pas dût l'embrasser. mais Merlin, ce qu'elle a pût aimer ça. En repensant à ces mains, ce corps contre le sien, cette fièvre qui s'était emparée d'elle alors... Les joues de la sorcière se colorent de rose.

 

"- C'est... plus compliqué." répond évasivement la demoiselle.

 

La rouquine tente d'être le plus sincère possible dans sa réponse mais cette dernière ne peut pas dire à cet homme qu'elle est amoureuse de lui. Ingrid tient depuis un moment, elle réfrène ses sentiments depuis trop de temps pour lâcher maintenant. Alors elle évite soigneusement le regard de son professeur. Ce qui ne convient pas à ce dernier.

 

"- Miss Potter, la moindre des choses est de regarder son interlocuteur." la sermonne-t-il.

"- Je ne souhaite pas discuter professeur." répond sèchement l'étudiante pour lutter contre le trouble qui l'envahie.

"- Potter ne vous avisez pas de me parler de cette façon !" s'insurge l'homme.

"- Quoi ? Elle est trop James Potter à votre goût, cette façon de parler ?" le défie l'étudiante.

"- Potter !" lance l'homme d'une voix tonitruante.

 

La table est bousculée, la salière se renverse. Campée sur ses jambes, l'étudiante alimente une certaine colère contre les propos de son enseignant, colère qui lui permet de se dresser face à lui, même si elle ne sait quoi dire en fin de compte. Un flot d'émotion l'assaille. Un flot d'émotion qu'elle ne parvient pas à dompter et reçoit donc en pleine face, de toute leurs puissance. Le regard onyx la clou sur place. la douleur qu'elle y perçoit, ainsi que la rage, y sont pour beaucoup. Il en profite.

 

"- Cessez donc cela. Je n'aurai pas dût vous embrasser mais..." commence le Serpentard.

"- Arrêtez..." murmure l'étudiante

 

Sa voix est tremblante alors que l'homme se lève et s'approche d'elle. Prenant ses jambes à son cou, Ingrid lance la main pour ouvrir la porte, que Rogue verrouille avant que sa main ne se saisisse de la poignée.

 

"- Potter cette discussion n'est pas terminé !" lance l'homme en approchant d'elle.

"- Arrêtez, arrêtez !" demande la demoiselle avec un pas de recul, rencontrant le mur froid dans son dos. "S'il vous plaît." Que veut-il dire de plus ? Qu'il est désolé ? La jeune femme doute que cela soit ça.

"- Pourquoi ?" lance l'homme qui, depuis quelques minutes déjà, s'étonne du comportement de la sorcière et la retient alors à ce sujet.

"- N... Non..." gémit celle-ci comme le professeur Rogue n'est plus qu'à quelques centimètres.

 

Tout le corps de la jeune femme réclame à se presser contre celui de l'homme. Ses lèvres appellent les siennes. Merlin, pourquoi est-il si prêt ? Elle se sent prête à perdre la tête. Et sa voix, sa voix qui la fait frissonner. Ingrid se sent perdu et ne sait comment lutter encore. La jeune femme frissonne de l'entendre lui parler. Déjà, elle se sent faible, trop faible pour lutter contre elle-même.

 

"- Potter je ne comprend rien à vos jérémiades." assène-t-il.

"- S'il vous plaît..." demande l'étudiante en faisant un pas sur la droite.

"- Je vous révulse à ce point ?" demande l'homme sonné par l'éloignement souhaité par la jeune femme.

 

Non, mais comment le lui dire ? L'étudiante sent son cœur défoncer sa cage thoracique. Cette fois c'est sûr, il va prendre ses jambes à son cou. Ingrid a peur. Peur de lui. Peur d'elle-même. Peur de la réponse, peur des pensées qui se bousculent dans son esprit. Elle ne réalise même pas que des larmes roulent sur sa joue, que ses émotions prennent le dessus, que la folie l'emporte sur la raison. Elle ne se rend même pas compte que son souffle est court. En cet instant, elle est son principal danger, elle le sent bien.

 

"- Miss Potter, je vous révulse à ce point ?" répète-t-il encore d'une voix qui semble troublé aux oreilles de la demoiselle.

"- Non." réussit-elle à prononcer.

"- Décidément je n'y comprend rien." lâche-t-il. "Je ne vous ai rien fait ce soir et vous vous comportez comme... un détraqueur devant un patronus !"

"- Je... ECARTEZ-VOUS !" cri-t-elle alors, le souffle coupé. Il est contre elle maintenant, ou presque.

"- Miss Potter sur un autre ton !" rugit le potionniste.

"- Je..."

"- Je ne comprend pas Miss... Que vous ais-je fais enfin ? Si j'ai troublé votre honneur..."

"- S'il vous plaît. Stop. N'en dîtes pas plus." demande l'étudiante en pleurant carrément.

"- Miss Potter..." souffle-t-il, sans faire un geste. Mais son coeur se brise de la voir dans cet état. "Que se passe-t-il ?"

"- Mais vous ne comprenez pas ? Je vous aime ! Et je n'en ai pas le droit. Vous... Azkaban ! Je..." avoue la demoiselle en larme, avant de s'arrêter.

 

Le temps s'arrête. Pour lui comme pour elle. Un coup au cœur. Réalisant les propos qu'elle vient de tenir, chacun observe l'autre. Ingrid pleure carrément, se maudissant, et cache bientôt son visage dans ses mains. Comment a-t-elle put dire une chose pareille à son professeur ? Comment peut-il le prendre, après tout ce qui est arrivé jusqu'à maintenant ? Se laissant tomber au sol, l'étudiante abandonne toute résistance, se contentant de pleurer.

 

L'homme la regarde, interdit et son cœur bat la chamade aussi. "Je vous aime !" résonne à ses oreilles. Le ton de la Serdaigle était désespéré en disant cela et ce visage baigné de larmes... Azkaban... L'homme fixe sur elle un regard à la fois surpris et douloureux puis, comme elle se laisse tomber par terre contre ce mur, l'homme la rejoint, la prenant dans ses bras, la pressant contre lui. Il comprend peu à peu. Plus ou moins. Certaines choses peuvent attendre pour être expliquées. Il n'en a pas besoin maintenant, le principal est qu'elle confesse l'aimer.

 

"- Ingrid..." souffle-t-il, caressant sa chevelure.

"- C'est pour ça... que j'ai fuis... au nouvel an... Parce que... j'ai peur. D'Azkaban et... et vous aimiez ma mère en plus..." gémit-elle. La peur qu'il ne l'aime que pour sa ressemblance avec Lily Potter ne pourrait être plus évidente qu'en cet instant.

"- Ingrid..." souffle-t-il encore, berçant la jeune femme contre lui, la pressant contre son corps où elle s'abandonne. Lâchant toute sa résistance, la rouquine passe aux aveux.

"- Je... Je ne sais pas... Comment. Novembre j'ai... compris..."

 

Il sait de quoi elle veut parler, la demoiselle en est certaine. Il ne peut pas avoir oublié que ce jour là, dans sa détresse, blessée, elle l'avait appelé. Révélant ainsi qu'à ce moment-là, où elle risquait la mort, il était celui qu'elle voulait voir. Il semblait avoir occulté ce détail, pour se montrer si surpris aujourd'hui des aveux de l'étudiante. Mais elle-même en a occulté quelques uns dans le sens inverse.

 

"- Mais vous aimez ma mère..."  glapit-elle désespérément, se laissant aller à de nouvelles larmes.

 

Prenant le visage de l'étudiante entre ses mains, le professeur approche ses lèvres de celles de la jeune femme, pour rétablir une vérité qu'elle a besoin d'entendre, de comprendre, d'assimiler. Une vérité qu'elle n'a pas compris, ou pas voulu comprendre, face à sa mère quelques heures plus tôt. Une vérité qui lui éclate tout à coup en pleine figure.

 

"- C'est toi que j'aime Ingrid. C'est vous Miss Potter. Vous et votre insupportable caractère, vous et votre sale curiosité, vous et vos grands yeux verts... Ce n'est pas votre mère mais vous." murmure l'homme à son esprit. Et les pensées de la demoiselle assaillent alors l'esprit de l'homme. Ce n'est pas une très bonne occlumencienne ces derniers temps, comme elle est trop affaiblie, ce n'est donc pas difficile. "Et ce n'est pas votre mère que j'essaie d'aimer à travers vous... Je chéri davantage vos différences que les traits que vous partagez." confirme le sorcier dans un souffle.

 

Les lèvres de l'aigle rencontrent celles du serpent et le jeune corps d'adolescente se sent pressé contre le torse de l'homme. Ingrid se sent bien, incroyablement bien. Libérée après cette confession, même si quelques peurs persistent. Des peurs qu'elle ne veut pas évoquer maintenant pour ne pas troubler le bonheur qui illumine le visage et le regard de son professeur. Toutes les tensions accumulées au cours des dernières semaines viennent de se libérer. Peut-être n'est-ce pas plus mal. Enfin, il semble à Ingrid qu'elle y voit un peu plus clair, après avoir mis des mots sur ses pensées, même si elle n'a pas pût tout dire, tout exprimer. La prenant dans ses bras après quelques minutes, le professeur soulève l'étudiante, ouvre deux portes d'un sortilège informulé et l'installe finalement sur le canapé de ses appartements privés. Elle semble fatiguée. Il réalise comme elle parait bien plus chétive que quelques mois plus tôt. Et dans le regard de l'homme, Ingrid lit des interrogations. Ainsi avoue-t-elle avoir perdu l'appétit et le sommeil depuis le baiser qui lui a fait comprendre la dangerosité de ce qui se tramait. Elle avoue être partie à la dérive. Complètement. Assit à ses côtés, l'homme la presse contre lui, désireux d'effacer de ces souvenirs ces longues semaines qu'elle a passé à souffrir de son silence. Où il a souffert aussi, de sa fuite au soir de leur baiser. Severus presse sa belle contre lui, cajole ses cheveux, son visage, embrasse d'elle chaque centimètre carré qu'il peut atteindre de ses lèvres.

 

Est-il possible de ressentir sentiment pareil ? Pour la première fois depuis des années, peut-être même depuis toujours, l'homme se sent vraiment heureux comme il sait que la jeune femme entre ses bras l'aime. Il n'est pas sûr de le mériter, ou d'être à la hauteur d'une fille comme Ingrid, mais il se promet de la chérir et de faire ce qu'il faut pour transformer sa vie, pour un faire un long fleuve tranquille et heureux à compter de ce jour, elle qui a tant souffert dernièrement, par amour pour lui, pour le protéger de la prison. Ces pensées martèlent son esprit. Ingrid a souffert tout ce temps par amour pour lui. Que n'eût-il pas donné pour qu'elle se montre un peu plus égoïste ! La pressant un peu plus encore si cela est possible, l'homme réalise la chance qu'il a d'être aimé par une jeune fille si responsable alors même que lui n'a pas sût lutter et a laissé tomber les armes depuis un moment maintenant. Il sait qu'ils ne sont pas tirés d'affaire et que la discrétion s'impose, que tout est contre eux. Mais maintenant qu'il sait, que les choses sont dites, il est impossible pour lui qu'elles redeviennent "comme avant". Il n'en dit rien à Ingrid, la sentant épuisée par ses émotions. Mais il se promet de vivre, comme il l'a promis au portait de Lily quelques temps plus tôt. Quitte à flirter dangereusement avec le risque.

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