Ses yeux verts

Chapitre 26 : Chapitre vingt-sixième - Danger d'amour

2236 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:06

Le regard songeur perdu dans la braise, Ingrid n'a aucune conscience du rythme de l'écoulement du temps en cette nuit du 1er Mars. La salle commue, déserte, lui offre une certaine solitude jugée bénéfique par la sorcière. La jeune femme aurait dût être couchée depuis un moment mais le début récent de son histoire avec Rogue ne cesse de la travailler si bien que, même si ses amies ont essayés de la pousser à monter à l'étage, elle n'a pût leur emboiter le pas. Prise dans ses songes, épuisée, la serdaigle s'endort finalement devant le feu, dans une position totalement inconfortable. Demain serait un samedi et cette semaine de cours avait mis les nerfs de la demoiselle à rude épreuve. Rogue en avait d'ailleurs fait les frais un soir, comme il voulait la voir tandis qu'il avait donné un important devoir pour le cours suivant, sur lequel elle devait donc travailler. Ce jour-là, par hibou en réponse à sa requête, il avait entendu parler du pays, du travail des étudiants surmenés, des professeurs qui ne pensent qu'à leur matière, sans se mettre à la place de leurs élèves et tout un tas d'autres reproches qu'il n'était pas seul à mériter mais pour lesquels sa position toute récente le plaçait en première ligne.

 

S'éveillant tôt ce matin là, Ingrid réalise qu'elle a froid comme le feu est totalement éteint dans l'âtre. Esquissant un bâillement, la demoiselle se lève après quelques minutes d'hésitation, un massage à son cou douloureux ainsi qu'un frottement des yeux en bonne et dû forme, pour prendre la direction du dortoir des filles et plus particulièrement de la salle de bain. Entrant dans une cabine, la sorcière fait couler un bain chaud dans lequel elle se plonge, cherchant dans les senteurs florales une invitation au délassement, qui ne manquera pas de lui être utile, la serdaigle en a conscience. Ce n'est, du coup, qu'une bonne heure plus tard qu'elle se décide à quitter l'eau maintenue à température jusque là par sorcellerie, pour rejoindre la grande salle, afin d'y prendre son petit déjeuner, après quoi la sorcière songe à son plonger dans son travail, pour s'en débarrasser le plus rapidement possible. Et pourquoi pas, pouvoir passer un peu de temps avec son cher professeur. A défaut de sortir à Pré-au-Lard, la sortie initialement prévue ayant été annulée, à l'image de celle de décembre.

 

Arrivée avant tout le monde, la jeune femme déjeune seule, en compagnie de quelques lève-tôt mais, dans sa bulle, elle n'entend rien des rumeurs qui parcourent la salle de bouches à oreilles. Après quelques minutes, elle se lève, un air insouciant incrusté sur son visage et quitte la table, pour gagner la bibliothèque. Y dénichant une table libre dans un coin tranquille, ce qui est assez normal comme il est à peine plus de sept heure quarante-cinq. La rouquine se plonge alors dans ses devoirs et pour elle, plus rien n'existe alors, entre devoirs de potions, de métamorphose, de défense... Son amoureux, d'ailleurs, ne les a pas épargné cette fois-ci non plus, probablement agacé qu'Hermione Granger ai répondu à une de ses questions à la place d'Ingrid qui n'avait tout bêtement pas la bonne réponse.

 

Quand sonne onze heures, la demoiselle quitte enfin les lieux, comprenant qu'elle a besoin d'une pause. Son sac par dessus son épaule, Ingrid se dirige d'abord vers la tour des Serdaigle pour y poser ses affaires, pensant d'abord écrire du courrier à ses parents. Mais à peine arrivée à la salle commune, la demoiselle fait demi-tour, prenant instinctivement la direction des cachots, en espérant que le professeur Rogue y sera. Arrivée là, discrètement, elle tourne à l'angle du couloir privé, essayant d'agir rapidement pour ne pas être vue à fouiner près de la salle commune des serpentard, ce qui pourrait pousser à quelques interrogations. Mais, une fois devant l'entrée des appartements de l'homme, elle hésite un peu. Et s'il n'était pas là ? Et si quelqu'un était avec lui ? Personne ne comprendrait comment une étudiante peu avoir l'audace de venir aux appartements privés d'un enseignant... ou justement si, n'importe qui comprendrait trop bien.

 

"- Vous pouvez y aller, il ne va pas vous manger." s'amuse un portrait, faisant sursauter la demoiselle, qui porte une main à son coeur avant de se reprendre.

"- Pardon. C'est à dire que... il est bien là ?"

"- Oui Mamzelle. Depuis dix minutes à peu près."

"- Il est seul ?"

"- A ma connaissance oui. Personne ne vient jamais ici. Sauf vous, Mamzelle." répond le tableau avant de disparaitre de son cadre pour rejoindre des amis, dans l'aile est.

 

Rassurée, Ingrid prononce le mot de passe et s'engouffre dans les appartements de l'homme, qu'elle ne trouve pas dans le salon. N'osant s'aventurer plus loin dans l'antre privée de son amoureux, la jeune femme reste debout, attendant qu'il revienne dans le salon. Mais, s'il est dans son laboratoire, que la sorcière devine derrière l'une des portes se dessinant devant elle, il se peu qu'il en ai pour des heures. Aussi décide-t-elle de l'appeler. L'homme ne tarde pas, alors à ouvrir l'une des portes qui font face à Ingrid.

 

"- Bonjour Ingrid." sourit l'homme, la rejoignant et la prenant dans ses bras, l'attirant à lui.

"- Bonjour Severus..." chuchote la demoiselle en retour, la tête enfouie dans le creux du cou du professeur, dont elle hume le parfum qu'elle sait créé par l'enseignant lui-même, à l'image de ce dernier.

"- Tu va bien ?"

"- J'ai mal dormi."

"- Pourquoi ?" questionne le professeur Rogue, d'un air surpris et disons-le, quelque peu anxieux.

"- Je me suis endormie dans un fauteuil de la salle commune, très peu confortable et j'ai passé ma matinée penchée sur des parchemins, dont un sur les créatures maléfiques de l'Europe de l'est que je devais noircir, et pour lequel j'ai faillit maudire mon professeur, tu as eût beaucoup de chance, j'ai finalement crains que cette malédiction ne se retourne contre moi..." le taquine la jeune femme avant d'offrir ses lèvres à celles de l'homme.

"- Et pourquoi t'es-tu endormie dans ce fauteuil ?" interroge l'homme lorsqu'ils se séparent.

"- Je réfléchissais."

"- Ah ! Vous savez faire ça les Potter ?"

"- Severus !" le gronde-t-elle gentiment. "Je pensais à nous je... j'étais un peu perdu hier soir. La peur tu vois... Dumbledore est intelligent et... Je suis effrayée à l'idée qu'il puisse découvrir quelque chose à notre sujet. Effrayée à l'idée qu'il puisse faire quelque chose contre toi, qui nous séparerait..." avoue la demoiselle le regard légèrement humide.

"- Ingrid. Je t'ai déjà dit de ne pas y penser." soupire le sorcier en faisant asseoir sa douce dans le canapé, sachant néanmoins que ce comportement est plus fort que la jeune femme, de toute évidence.

"- Oui mais..."

"- Chut." la coupe-t-elle alors, avant de l'embrasser de nouveau.

 

Caressant les cheveux roux de sa compagne, l'homme la presse un peu plus contre lui à l'aide de son autre bras, de sorte à profiter simplement du bonheur de la sentir là tout près, proche de lui. Ils restent ainsi un bon moment, l'un contre l'autre dans le canapé, sans rien dire et sans bouger, à contempler le feu qui brûle dans l'âtre. Chacun sent en ces instants son cœur battre la chamade, une sensation qu'ils trouvent l'un comme l'autre délicieuse. Rogue, surtout, apprécie la présence de l'étudiante à ses côtés. Lui qui n'a jamais mené qu'une vie désordonnée, sombre et dangereuse, ne peu qu'apprécier le bonheur pur qui l'inonde à sentir la douceur des cheveux de la demoiselle sous ses doigts, l'odeur sucrée de sa peau. Des souvenirs qu'il cherche à imprégner dans ses souvenirs, pour l'accompagner dans les moments les plus sombres de son existence. Des moments qu'il  lui cache, dont la jeune femme entre ses bras n'a tout bonnement aucune idée, un secret pour lequel l'homme s'en veux mais il sait qu'il ne peut pas faire autrement. C'est mieux pour elle. Mieux qu'elle ignore tout de l'avenir qui se dessine à l'horizon. Severus est décidé à la tenir à l'écart de tout cela autant qu'il le pourra, désireux de la protéger, quand bien même il ressent parfois le besoin de se délester de son fardeau, le besoin d'être franc avec l'être qu'il aime davantage que lui-même.

 

***

 

Dans l'infirmerie de Poudlard, Ingrid qui a quitté Rogue une heure plus tôt, après avoir réalisé une potion en sa compagnie dans l'après-midi, observe Ronald, endormi. Il y a dix minutes, elle a entendu parler de l'empoisonnement de Ron au détour d'un couloir. Aussitôt, elle a accouru pour constater cela d'elle-même et soutenir son frère ainsi que ses amis. C'est ainsi que la voilà auprès du lit du patient, à discuter avec Harry, Hermionne et quelques Weasley, de ce qui a bien pût se produire. Discuter ou produire des hypothèses rocambolesques. Ingrid ne peut s'empêcher de songer que les jumeaux font fausse route en pensant que Slughorn a pût vouloir empoissonner Ron ou Harry.  L'idée  de Ginny lui parait plus probable, l'idée que quelqu'un veuille empoisonner le professeur de potions semblant plus probable.

 

Comme ils sortent avec Hagrid à l'arrivée des parents Weasley, pour retourner à leurs dortoirs, la demoiselle est encore moins ravie d'entendre que Dumbledore est en colère contre "Ro" qu'Harry assimile immédiatement, bien entendu, au professeur Rogue. Tendant l'oreille davantage à la conversation du semi-géant et de son petit frère, la demoiselle découvre ainsi qu'une discutions très animée a eut lieu entre le directeur et son professeur Rogue. Mais n'entendant pas tout les détails de l'affaire, la jeune femme s'imagine, paniquée, que Dumbledore se doute de quelques chose - sans toutefois voir en cela un rapport avec les attaques récemment survenues - ce qui serait dramatique pour Severus.

 

Tombant sur Rusard, qui commence à se disputer avec Hagrid, Ingrid, Hermione et Harry se séparent, pour retrouver leur salle commune respectives. Courant à perdre haleine, Ingrid se presse et atteint bientôt la salle commune des Serdaigle dans laquelle elle se réfugie, à l'abri de toute punition pour brûlure de couvre-feu. Elle n'avait pas vu que le temps avait passé si vite, a vrai dire. Montant se coucher, la jeune femme s'endort rapidement avec, pour seul regret, de ne pas sentir autour de sa taille les bras de l'homme à l'élégant virevoltement de cape.

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