Ses yeux verts

Chapitre 33 : Chapitre trente-troisième * Lonely in Darkness

1848 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 08:48

Le dimanche qui a suivi, Ingrid n'a pas quitté son lit de toute la journée, se murant dans un silence dont personne n'a pu la sortir. Boudant la grande salle, la sorcière a déclenché l'inquiétude de tous. De son frère, ses amis, même ceux qui ne sont pas de Serdaigle, tout le monde se demande ce qui lui prend, surtout Adrien Willow qui, même s'ils ne se parlent plus depuis la saint Valentin, éprouve à l'égard de la sorcière les même sentiments qu'autrefois. Il en est un toutefois, installé à la table des professeurs l'air plus maussade que d'ordinaire, qui n'est pas surpris de l'absence d'Ingrid, qui ne s'en inquiète pas. Lui-même ne serait pas ici si le professeur Dumbledore ne l'avait pas obligé à y être, pour que personne ne face le rapprochement entre leurs deux absences. S'il fait acte de présence physiquement, le professeur de défense contre les forces du mal est pourtant très loin en cette soirée. Les mots qu'Ingrid lui a jetés en pleine figure la veille résonnent encore dans son esprit. Elle l'a traité de lâche. Tous ses mots sous-entendaient cela. Il a senti en elle tant de colère, une colère noire comme il n'en a jamais vu ailleurs que chez le maître des ténèbres. Oui, il en avait pris pour son grade et la voir dans cet état, à ce point perdu, l'avait déjà mis à mal. Elle était la seule à vouloir le voir vivre pour lui et par lui-même. Qui d'autre se souciait de cela ? Sûrement pas Voldemort et Dumbledore ne valait pas mieux sur ce coup là. Pour exiger de lui un service potentiellement mortel, le directeur de Poudlard savait où le trouver. Mais pour le reste, pour permettre à l'enseignant de sortir un tant soit peu des ténèbres qui l'entouraient depuis ses dix-sept ans, il n'y avait plus personne.

Soudainement, l'homme met un terme à cette mascarade en se levant et quittant prestement les lieux, malgré l'appel de Dumbledore, qui veut sûrement le retenir. Il n'en est pas question. Le maître des cachots n'a peut-être pas le droit d'être heureux, mais il a encore la liberté de jouir de sa solitude. Et s'il n'en a pas le droit, et bien il le prend. Ce n'est pas le directeur de l'école qui pourra lui dire quoi que ce soit là-dessus. A vrai dire, Dumbledore a plutôt intérêt à se faire oublier pour quelques jours, le professeur Rogue n'est pas d'humeur à faire des mondanités vis-à-vis de ce monsieur.

***

Se trainant en cours le lundi matin, Ingrid arbore un air fatigué pour sa double heure de sortilèges, suivie de deux heures de métamorphose. Néanmoins, elle a fait l'effort de se rendre plus ou moins présentable, de manière à éviter un maximum de questions qui lui seront tout de même posées par ses amis. Elle sait très bien qu'elle ne va pas y couper après l'état dans lequel elle s'est trouvée. Et elle n'a aucun mensonge de prêt à leur servir pour les sustenter. Si elle n'avait pas avoué à Mandy l'absence de petit copain en France, elle aurait pu prétendre à une rupture, mais cette option ne lui est plus possible. Sinon, elle peut prétendre au décès d'un membre de sa famille, c'est une possibilité aussi. Mais quelque chose lui dit que ça ne marchera pas. Non, elle n'a aucun scrupules à mentir. En même temps elle ne peut pas dire que le professeur de défense contre les forces du mal l'a quitté sur obligation de Dumbledore, le but étant quand même d'éviter tout scandale. Elle ne veut pas causer le moindre tort au maître de potion.

Sa matinée passe horriblement, pressée entre les questions des uns et des autres. La perspective d'un cours de défense contre les forces du mal dans l'après-midi est encore moins encourageante et finalement, la demoiselle ne s'y rend pas. Comme une grande comédienne, à la fin du cours de métamorphose la jeune femme met sa stratégie en place, arborant un air malade, simulant une incroyable migraine. Si bien que Mandy la conduit à l'infirmerie sans poser de question, sans même supposer un quelconque jeu de la part de son amie. Par chance, Mme Pomfresh étant dans son bureau, la demoiselle quitte à pas de loup l'infirmerie après quelques minutes et part en direction de la salle sur demande où elle reste jusqu'au soir pour poursuivre avec plus ou moins de rigueur la lecture de ses livres.

Pendant ce temps, pas un bruit ne se fait entendre dans la salle du cours de défense contre les forces du mal, sinon celui des sortilèges qui s'entrechoquent. Le professeur arbore ce jour-là un air encore moins engageant que d'ordinaire. L'absence de l'étudiante de Serdaigle le contrarie plus encore, parce qu'il sait que cela signifie que cette dernière ne va pas bien, qu'elle ne s'est pas sentie la force d'affronter ces heures de cours. Merlin sait qu'il aurait voulu la voir, constater son état par lui-même. Comme il ne s'est pas présenté au déjeuner, il ne l'a pas vue. Maintenant il regrette de ne pas y être allé. Il s'en sermonne mentalement. Et les élèves en pâtissent dans les remarques qu'il leur fait. Plusieurs élèves essaient de se faire oublier dans un coin de la pièce, mais Cho moins chanceuse que d'autres écope elle d'une heure de retenu pour avoir été "dangereuse dans la réalisation de son sortilège".

***

Le soir venue, toujours dans la salle sur demande où la jeune femme décide de rester pour échapper à ses amis, elle s'installe devant un feu de cheminée, le regard perdu contemplant les flammes qui brûlent d'un crépitement joyeux. Elle voudrait tant se confier, parler à quelqu'un, dire ce qu'elle a sur le cœur. Mais personne n'est là pour elle et personne ne peut entendre ce qu'elle a à dire. C'est là qu'une idée lui vient et que, bondissant vers la cheminée, elle attrape un peu de poudre de cheminette non pas pour pouvoir quitter le château mais pour rendre une petite visite virtuelle à son parrain avec qui elle a besoin de discuter. Elle reste un petit moment dans la cheminée de la demeure de son parrain sans que ce dernier ne se montre. Mais enfin, après un quart d'heure à l'appeler, le loup-garou finit par se montrer.

"- Oh Ingrid... Bonsoir."

"- Bonsoir." répond le visage dans les cendres rougeoyantes.

"- Tu voulais me parler ?" interroge l'homme intrigué.

Question idiote, mais la sorcière ne le lui fait pas remarquer. Au lieu de cela, elle raconte ce qui lui est arrivé depuis le 14 février dernier, son histoire avec Rogue, et leur rupture toute récente du fait de Dumbledore. Son parrain lui avait plus ou moins fait comprendre, au nouvel an, qu'il n'avait rien contre cette relation qui était après tout entre adulte consentants et la demoiselle s'attend à trouver auprès de lui un peu de soutien. Il lui avait dit de choisir Rogue, si ce dernier pouvait faire son bonheur. Son instinct de loup lui avait permis de ressentir leur amour. Tout du moins la partie physique de celui-ci. Malgré les espoirs de la jeune femme, ce n'est finalement qu'un peu de réconfort que lui accorde son parrain, comme il ne peut rien faire pour changer les choses, pour aller contre Dumbledore. Après un moment, l'homme rejoint Tonk qui vient de rentrer et Ingrid sort la tête de sa cheminée. N'ayant pas faim et ne voulant pas croiser ses amis, la jeune femme ne met pas le nez dehors, boudant la grande salle, pour s'endormir assez vite le visage humide.

Dans la grande salle justement, le professeur Dumbledore annonce aux élèves la tenue d'un bal de Pâques le 29 Mars, à la veille du week-end Pascal, pour tout les étudiants ne rentrant pas chez eux à l'occasion des vacances. Naturellement, cette nouvelle déclenche l'effervescence de tous et déjà, tout le monde parle de ce bal, de la personne qu'il va y inviter. Dans son coin, un jeune homme compte bien, cette fois que sa douce n'est pas déjà prise par un hasard malheureux, se donner une chance de l'avoir à son bras. Même si elle a dit, c'est vrai, avoir quelqu'un en France. Et à la table des professeurs, un homme tout de noir vêtu de sent bouillonner à l'idée de voir son Ingrid se rendre à cette fête accompagnée d'un de ces cornichons de son âge qui ne la méritent pas. Même si elle-même ne mérite pas d'être affligé d'un sorcier de son âge, elle reste son aimée. Même s'il a dû la quitter, le professeur n'est pas certain de pouvoir accepter une telle chose. Par avance agacé de cette perspective, l'homme quitte la table notant une nouvelle fois l'absence d'Ingrid à la table des Serdaigle.

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