Ses yeux verts

Chapitre 36 : Chapitre trente-sixième - Le cri du coeur

2291 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:31

Assise face au bureau du professeur Dumbledore, dévisagée par ce dernier et par Severus qui vient de les rejoindre, Ingrid perd un peu de sa force de volonté, un peu de sa détermination, consciente de se trouver face à l'un des sorciers les plus grands. Face à lui, la demoiselle se sent bien petite et pourtant, elle sait qu'elle va devoir lui tenir tête, parce qu'elle ne peut tout simplement plus reculer à présent qu'elle est venue dans ce bureau. Elle sait qu'elle doit dire ce qu'elle a sur le cœur. Mais la présence de Rogue, au lieu de la soutenir, la déstabilise quelque peu. Pourtant, après quelques hésitations, elle finit par se lancer.

 

"- Je... je ne suis pas d'accord avec vous, monsieur. Avec votre décision. Je... Nous... Je... Je suis majeure ! Je suis parfaitement capable de faire mes propres choix, de... de prendre mes propres décisions. Je..." au plus elle essaie de parler et bute sur ses pensées, cherche ses mots, au plus la jeune femme s'agace, son émotivité prend le dessus et sa gorge se sèche. Sa langue lui donne l'impression d'être pâteuse, collée à son palet. Pourtant, elle doit continuer. De  leur côté, ni Rogue ni Dumbledore ne cherche à l'interrompre. "Ce que je veux dire professeur Dumbledore c'est que... Vous vous mêlez de quelque chose... qui ne vous regarde pas. Vous dîtes à Harry que le plus important c'est l'amour et d'un autre côté vous... Je ne comprend pas votre démarche."

"- C'est immoral Ingrid. Si le ministère l'apprenait... Je cherche à vous protéger." argue le directeur d'un air compatissant pour la jeune demoiselle.

"- Personne ne pourrait se douter de quoi que ce soit professeur. Vous l'avez découvert je ne sait comment. Mais personne d'autre... n'en est capable. Qui pourrait ? Qui pourrait imaginer que le professeur Rogue puisse..." répond-t-elle, se coupant pour chercher ses mots. Devant le silence des deux homme, la jeune femme se jette de nouveau à l'eau. "Je vous demande juste... S'il vous plaît... Vous ne comprenez pas je ne peut pas je... Ces derniers jours ont étés..."

 

La jeune femme se sent pitoyable, les yeux humides face au directeur de Poudlard, tandis que de son côté le professeur Rogue, resté debout malgré l'invitation à s'asseoir, reste muet. Le regard du directeur passe de l'un à l'autre des deux amoureux et un soupir lui échappe bientôt. Il sait pourtant que son professeur mérite largement le bonheur qu'une relation pourrait lui procurer. Mais il ne peut pas laisser faire cela, au risque d'attirer des ennuis aux deux jeunes gens. Hors, pour servir ses plans, il ne peut prendre le risque de voir le professeur Rogue contraint à quitter Poudlard.

 

"- Je suis désolé Ingrid, ce n'est pas possible. Ce serait trop risqué si par malheur le ministère venait à le découvrir. Tu es encore jeune Ingrid, tu as tout le temps pour cela..." soupire Dumbledore.                

"- Mais vous ne comprenez..."

"- Il a dit non, Ingrid. NON." répond sèchement Rogue face à la persistance de la demoiselle. Tout d'abord soufflée, cette dernière le regarde bouche bée. Pour le soutient, on repassera. Un flot d'émotions contraires la submerge.

"- Alors quoi ? Tu suggère quoi ? Vous ne comprenez rien ! Ni lui, ni toi " se tournant vers le professeur Dumbledore, le visage mouillé de quelques larmes, elle poursuit. "Nous n'avons pas le temps professeur. Moi pas plus que les autres. Je n'ai peut-être plus que six mois, un, deux, trois ans peut-être. On ne peut pas être sûr d'être encore là dans dix ans. Non professeur je n'ai pas toute la vie devant moi, pas aujourd'hui, pas dans les circonstances actuelles. Je refuse de mourir après avoir vécut un simulacre de vie ! Je refuse de mourir sur une mascarade ! Je refuse de le perdre  maintenant, je refuse de le perdre plus tard et je refuse d'avoir des regrets s'il venait à disparaitre !" se tournant de nouveau vers le maître des potions, la jeune femme continu sa tirade. "Je t'aime Severus ! Et je ne renoncerai jamais à toi ! Je ne te laisserais pas tomber, je ne nous laisserais pas tomber tu m'entends ? Voldemort se moque bien de ton sort, Dumbledore se sert de toi, ma mère a épousé mon père et j'ai lu... des choses horribles dans son journal, de ce que ton père a fait. Tu as toujours été seul. On t'a toujours abandonné. Je ne compte pas t'abandonner Severus, met toi ça dans la tête ! C'est peut-être stupide, c'est peut-être complètement fou mais je te l'ai dit hier et je le redis encore. On ne sait pas de quoi sera fait demain. N'importe lequel de nous peut périr de la simple décision de Voldemort et je ne veux pas, au moment de mourir, regretter de ne pas avoir profité. Je veux pouvoir, dans mes derniers instants, voir ma vie défiler devant mes yeux et je veux t'y voir !" lance la demoiselle avec conviction.

 

Figé sur place, le professeur Rogue observe, abasourdi, la jeune femme qui se tient devant lui. Si quelques instants plus tôt elle bégayait devant le directeur, c'est maintenant une jeune dame forte et décidée qui s'exprime. Et ses mots vont droit au cours de l'être solitaire qui, pour la première fois peut-être, prend la mesure de l'amour éprouvé par Ingrid pour lui. Après quelques instants passés à la regarder, oubliant l'homme témoin de cette scène, il brise la distance le séparant d'elle et la prend contre lui, la pressant avec tendresse. Son cœur bat la chamade. Jamais personne n'a parlé de lui ainsi et jamais personne ne lui a témoigné tant d'amour. La pressant un peu plus, Severus glisse une main dans la chevelure de la demoiselle, où il a caché son visage et, par la même occasion, ses émotions. Il y a quelques mois, il se serait détesté d'une telle marque de faiblesse, de laisser ainsi une si jeune femme le réduire au silence, le mettre dans un état pareil. Il se serait agacé, profondément énervé. Parfois, cela le tiraille un peu, cette idée de faiblesse à ne pas faire le poids face à elle, à la savoir plus forte que lui.

 

"- Albus nous avons un problème." finit-il par dire en sortant sa tête de la chevelure rousse pour plonger ses iris noir dans les deux émeraudes humides. Se détachant de la demoiselle et se tournant enfin vers le directeur, le professeur de défense contre les forces du mal reprend. "Parce que je ne renoncerai jamais à elle." déclare t'il en pressant la main de la Serdaigle dans la sienne.

 

Derrière son bureau, depuis quelques minutes Dumbledore ne dis plus un mot, observant seulement les deux jeunes gens lui faisant face, qui se déclarent l'un à l'autre, qui s'apprivoisent. L'homme sent entre eux de la tension, l'idée que tout ne sera pas toujours facile, qu'il y aura des hauts et des bas, que beaucoup de choses jouent contre eux. Mais il sent aussi l'amour profond, pur. Un amour comme celui qu'il prône et qui fait défaut au seigneur des ténèbres. Il mesure la détermination des deux amants à être ensemble, à s'aimer malgré tout, malgré le temps lancé à leur poursuite. Ingrid a raison, dans le fond. Qui dit qu'ils ont le temps ? Le vieil homme pose son regard sur le visage déterminé de son professeur et espion. A-t-il le droit de lui faire courir tant de risque, de le conduire à la mort, en le privant du peu de bonheur qu'Ingrid peu lui apporter avant cela ? Il court tant de risques à chaque nouvelle réunion... Dumbledore pousse un soupir. On le voit comme un sage pourtant, le voilà déraisonnable tout à coup.

 

"- Très bien. Très bien. Mais je vais vous demander... la plus grande discrétion. Dans vos intérêts Severus et dans les votre, Ingrid. Personne ne doit être au courant. Si Voldemort l'apprenait... Vous imaginez la suite Ingrid..."

"- Oui mais... Lupin sait, professeur. Il l'a senti !" se défend-t-elle comme Severus lui jette un regard intrigué. "Il l'a sentit à noël. Instinct de loup, apparemment." explique la demoiselle. "Et puis..."

"- Oui ?" demandent deux vois à l'unisson, poussant Ingrid à se tourner vers Severus.

"- Il y a deux semaines quand... Enfin j'ai utilisé le réseau de cheminée pour lui parler et... et je lui ai tout raconté..." avoue la demoiselle. "Depuis la saint-Valentin jusqu'à notre... rupture." raconte la serdaigle penaude et gênée de devoir se confier face à ces deux paires d'yeux. "Mais il ne dira rien, n'est-ce pas, professeur Dumbledore ?"

"- Bien entendu, Ingrid. Il ne m'en a rien dit, il n'irait pas le raconter ailleurs." lance d'un air pensif le directeur.

"- Et comment... a-t-il prit la chose Ingrid ?" questionne Rogue.

"- Tu veux savoir si tu va prendre un pain à ta prochaine visite au square Grimaud ?" plaisante la jeune femme avant de reprendre son sérieux. "Le soir où il m'a dit qu'il avait compris ce qui se passait... Il m'a dit que si tu pouvait me rendre heureuse... je ne devais pas hésiter. Il considère que je suis majeure et suffisamment mature pour décider de cela. Et puis... Il pense que personne ne pourrait te soupçonner de m'avoir drogué ou quelque chose comme ça." lance-t-elle avec amusement.

"- J'ai toujours rêvé de droguer mes élèves et de m'attirer des ennuis... Seigneur..." souffle le professeur de défense contre les forces du mal, déclenchant un rire de la jeune femme à ses côtés. "Si vous voulez bien nous excuser Albus... Nous allons vous laisser..." déclare-t-il en se tournant vers le directeur.

"- Faites donc. Et rappelez-vous bien... soyez prudent. Ne prenez pas de risques inutiles, ne vous faites pas remarquer... Je compte sur une discrétion sans faille de votre part Ingrid, Severus..." les prévient encore le directeur, leur jetant un regard bienveillant.

"- Oui, professeur." répond la demoiselle comme le professeur Rogue acquiesce.

 

Tout deux se dirigent alors vers l'entrée du bureau du professeur. Nichés au sein de l'aigle, leurs mains se séparent, et un masque impénétrable couvre alors leur visage, pour le cas où des étudiants traîneraient dans les parages. Ils ont bien fait, deux-trois élèves trainent dans les couloirs.

 

"- Attention Miss Potter." déclare l'homme de sa voix habituelle. "Je ne serai pas si clément que le directeur, si je vous y reprend !" déclare-t-il pour donner le change.

"- Ou... oui professeur." murmure la demoiselle d'un air faussement apeuré avant de murmurer "Salle sur demande. 10 minutes. Tu sais ce qu'il faut demander."

"- Et bien, ne restez pas planté là enfin !" lance l'homme, jouant toujours son jeu.

 

Alors la jeune femme s'empresse de s'éclipser, donnant l'air d'être une étudiante en tord réellement terrifié par la menace planant au-dessus de sa tête.

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