Ses yeux verts

Chapitre 39 : Chapitre trente-neuvième - Teste-moi

2139 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:53

21 Avril 1997. La fin de l'année approchait à grand pas. Le soleil était revenu et le parc était bondé, à chaque pause des étudiants. Quelque fois, Ingrid avait un regard pour le lac et soupirait. Elle aurait aimé traîner là-bas un soir avec Severus, au coucher du soleil. Naturellement, ce n'était pas possible. Elle avait bien pensé à un sortilège de désillusion mais cela comportait quand même quelques risques. Des risques qu'elle ne voulait pas faire courir à son compagnon. Et puis il trouverait cela trop fleur bleu. Amoureux d'elle, le sombre professeur n'en restait pas moins renfermé au niveau romantique. Il trouverait ce genre d'envie stupide et, pour ne pas lui déplaire ou paraître trop gamine, la jeune femme préférait se taire. Il lui faudrait encore un moment pour apprivoiser totalement l'homme. De fait, comme souvent ces derniers temps, Ingrid s'arrache à la contemplation de ce spectacle depuis une fenêtre du deuxième étage et reprend sa route dans les couloirs déserts pour rejoindre la bibliothèque où elle espérait travailler.

 

«- Je l'ai Ingrid, je l'ai !» lance tout à coup une voix masculine qui la fait sursauter.

 

Harry arriva au niveau de sa sœur aîné, le souffle haletant et le visage affichant un air visiblement fier de lui. Il a quoi ? La jolie rousse ne comprend pas grand chose à tout ce remue-ménage mais vu l'air excité de son frère au milieu de ce couloir désert, la chose a probablement une certaine importance. Le regardant donc, la demoiselle espère en apprendre rapidement davantage pour pouvoir se réjouir avec lui. Toutefois, l'explication ne venant pas, elle finit par l'interroger, un sourire aux lèvres.

 

«- Tu as quoi, Harry ?»

«- Ce que voulait Dumbledore. La raison pour laquelle nous devions être agréable avec le professeur Slughorn !»

«- Mon Dieu, dis-moi que notre calvaire est fini, que nous n'avons plus l'obligation de nous rendre à ses soupers ?» demande la demoiselle d'un air implorant.

«- Tu as deviné. Plus besoin de supporter Slughorn, McLaggen ou toute cette bande d'idiot !» lance Harry d'un air enchanté. «Je cours de ce pas le montrer à Dumbledore, il est justement rentré de son voyage aujourd'hui !» lance le sorcier en s'éloignant déjà.

«- Attends ! Comment tu as fais ?»

«- Felix Felicis !»

 

Il en avait gagné un flacon lui-aussi alors... Le voilà qui s'enfuit de nouveau. Amusée de l'excitation de son cadet, Ingrid laisse échapper un petit rire. Il lui manque un peu ces derniers temps. Ils ne se voient pas souvent entre les cours, les rendez-vous de l'un avec Dumbledore et avec Rogue, pour l'autre. La sorcière espère rattraper cela dès que la situation sera plus calme. Les vacances d'été lui donneront peut-être une occasion de se rapprocher de lui. Même si d'avance, elles représentent un soucis : elle ne pourra jamais passer deux mois sans voir Severus. Donc la jeune femme sait déjà qu'elle va devoir se débrouiller de dégager du temps pour le voir. Or elle ne sait pas encore comment elle pourra faire. Et puis avec l'été, la mort prochaine de Dumbledore s'annonce. Et la potion de la jeune femme est au point mort, comme elle n'en est encore qu'au stade de la recherche. Le cheminement de ses pensées la fait soudain frissonner. Elle ne doit pas songer à cela mais se hâter au contraire de travailler, pour pouvoir tenter quelque chose. Avec un soupir, la jeune femme se dirige finalement vers les appartements de Rogue, oubliant ses devoirs scolaires. Tout à coup cette potion lui apparaît vraiment comme une priorité.

 

Sans prendre la peine de toquer, Ingrid donne le mot de passe et entre dans les appartements du professeur. Ce dernier est là, installé dans son canapé, un manuel de potions entre les mains. Alors la sorcière pose son sac dans un coin de la pièce et le rejoint, s'installant à côté de lui en adressant son plus charmant sourire.

 

«- On ne m'avait pas dit que mes appartements étaient un véritable moulin...» grogne l'homme, perturbé par les apparitions incessantes de la demoiselle dans son intimité. A vrai dire, il ne se sent plus tout à fait chez lui. Quelques fois, il aime ces arrivées inopinées. Et d'autres fois, il les aime un peu moins. Un reste de son ancienne vie de célibataire endurci.

«- C'est pour avoir plus de chance de vous prendre sur le fait si vous veniez à m'être infidèle...» le taquine la demoiselle, le vouvoyant exprès en prime, et l'homme lève alors les yeux au ciel.

«- J'ai tellement d'occasions c'est vrai. Entre des étudiantes idiotes et des mangemortes... Mon dieu, quel choix de premier ordre !»

«- J'avoue. Bon, je ne viens pas pour discuter jupons. Je viens pour notre potions Severus. Je n'en suis encore qu'au stade des recherches.»

«- Et tu n'avances pas. Je sais.» grogne le maître de potion. «Parce que ton ambitieux petit côté Potter s'attaque à quelque chose d'infaisable.» se moque-t-il.

«- Tu préfères peut-être que je te regarde mourir, t'incinère puis épouse McLaggen ?» questionne-t-elle d'un air vexé, pour bouger son compagnon.

«- Touché. Tu as besoin d'aide pour quoi ?»

«- Pour trouver le dosage et les ingrédients de la préparation. J'ai lu un tas de bouquin sur les divers ingrédients, mais je ne sais pas comment... créer cette potion.»

«- Il n'y a pas trente-six solutions...» se moque-t-il encore. «Viens avec moi.» annonce-t-il en se levant, la conduisant vers le laboratoire. «Il va falloir préparer des potions et les tester. Sur n'importe quoi. Araignée, souris... Mais tu ne peux quand même pas être sûre qu'une préparation qui fonctionne sur les bêtes sera efficace sur un humain.» l'avertit l'homme. «Montre-moi tes ingrédients.»

 

Alors qu'elle énonce la liste des ingrédients auxquels elle a pensé et les raisons de son choix – autant joindre deux utilités entre elles – Rogue les note sur un morceau de parchemin après quoi il analyse la composition, rajoute ou retire des ingrédients.

 

«- On va essayer avec ça. Il faudra peut-être changer des choses après. Inventer une potion est très long Ingrid.» soupire-t-il.

«- Nous sommes deux.» fait remarquer la demoiselle. «Je propose de travailler tous les soirs. On a qu'à faire chacun une potion avec des grammages différents ?» propose la sorcière d'un air décidé.

«- Oh bien sûr... comment expliqueras-tu à tes amies que la chauve-souris des cachots t'accapare autant de temps ?» questionne-t-il.

«- Ah tient... Tu es au courant de ça ?» s'étonne la jeune femme.

«- Comment ne pas l'être... les étudiants sont d'une discrétion...» argue-t-il, d'un ton qui ne permet aucune réflexion de la part de la jeune femme.

«- Bref. Je me débrouillerai pour les filles. On commence ?»

 

Avec un soupir, l'homme allume un feu et place un chaudron dessus. Il prend un recueil de parchemin neuf, où il commence à notifier les dosages de ce premier essai et ses remarques. Ingrid l'observe faire, fascinée. Il agit méthodiquement. Elle enregistre alors cette méthodologie, pour plus tard. Quand elle-même créera des potions. Sait-on jamais. L'idée de faire peut-être une découverte majeure lui est plaisante. Plus que jamais, la demoiselle sent qu'elle a envie de travailler dans cet univers-là. Celui des potions. Avec un maître comme Rogue, elle a sa chance de devenir une très bonne potionniste.

 

Malheureusement, comme on aurait pu s'y attendre, ce premier essai testé sur une souris est un échec. Rogue attrape ses notes, indique ses remarques de nouveau, ce qui a pu ne pas marcher, ce qui doit être modifié en vu de la prochaine fois. Il explique en même temps ses choix à Ingrid, de sorte que cet essai soit pour la sorcière un enseignement profitable.

 

«- Tu as cours après-midi ?» demande-t-elle à la fin de la pause déjeuner.

«- J'ai toujours cours, MOI.» fait remarquer l'homme. «Il y a sept niveaux d'études dans cette école, au cas où ton cerveau Potter l'aurait oublié...»

«- Dommage. Je serai bien restée ici avec toi. Bon. Je vais te laisser travailler alors. A ce soir, Severus !» lance-t-elle d'un petit air joyeux, sans laisser à l'homme l'occasion de protester.

 

Déjà, elle a quitté le laboratoire et rejoint le salon, où elle récupère ses affaires pour aller à la bibliothèque. L'homme lance un sort de nettoyage au chaudron, range ses ingrédients d'un coup de baguette et la retrouve sur le point de partir. Venant vers elle pour l'empêcher de continuer à avancer, l'homme la fait se tourner vers lui, l'observe un instant, plongeant ses pupilles noires dans les deux émeraudes de la sorcière. Puis leurs lèvres se rencontrent quelques instants. A la fin de ce baiser, Rogue est le premier à parler.

 

«- Tu te rends compte à quel point tu es...»

«- Désirable ? Oui je sais, merci, une robe est parvenue à te torturer. A Pâques.» plaisante la demoiselle.

«- Non. Enfin oui. Mais je veux dire... J'allais dire que tu es une petite peste envahissante.» avoue le sorcier.

 

Forcément, c'est moins sympa que ce qu'avait dit la jeune femme mais cette dernière, partant du fait que Rogue ne l'a pas encore planté, en conclu que cela ne doit pas le déranger tant que ça non plus. Lui adressant un sourire qui le déstabilise, la jeune femme renchérit.

 

«- Je vais prendre cela pour... un compliment. Cela veut dire que je sais ce que je veux. Et que de ton côté, tu peux être sûr que je ne t'abandonnerai pas.» explique la demoiselle. «Et puis quelque part, j'imagine que ça ne te dérange pas tant que ça non plus, que je sois envahissante.»

«- Et qu'est-ce qui te fait croire ça ?»

«- D'une part, tu me dis cela après un baiser. D'une seconde, malgré mon côté... peste envahissante, comme tu dis, tu ne m'as toujours pas quittée. Alors...»

«- Cinq points pour Serdaigle...» grogne l'homme en s'avouant vaincu, percé à jour.

«- Allez. A ce soir...»

 

Un nouveau baiser, de l'initiative de la bleu et bronze cette fois, puis elle disparaît.

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