Ses yeux verts

Chapitre 40 : Chapitre quarantième - Accidents

3050 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:56

Le mois de mai vient tout juste de commencer et les étudiants de cinquième et septièmes années sont pour le moins stressés, faisant régner dans les couloirs de Poudlard une atmosphère tendue à l'approche des BUSEs et ASPICs. Ingrid, loin de ces préoccupations, était heureuse pour Ron et Hermione qui de leur côté avaient réussi leur permis de transplanage le 21 Avril dernier. Date à laquelle en prime Ron avait quitté Lavande, pour le plus grand bonheur d'Hermione et Ginny s'était séparé de Dean, ce qui n'avait pas manqué de satisfaire Harry. Il n'en avait rien dit mais sa sœur avait remarqué, le lendemain, son petit air heureux au déjeuner et Hermione un peu plus tard, en annonçant la rupture de la cadette des Weasley, avait confirmé les doutes d'Ingrid.

 

En ce 7 mai, Ingrid quitte la bibliothèque où elle travaillait avec ses amis. Remontant à la salle commune, ses livres sous le bras, la jeune femme les dépose sur son lit, avant de filer à la salle de bain pour se donner un petit coup de fraîcheur en se remaquillant un peu, se recoiffer et vérifier sa tenue. Cela fait, la sorcière quitte la chambre précipitamment, désireuse de se rendre aux cachots. En ce moment, elle ne cesse de travailler avec Rogue, sur cette fichue potion qu'elle souhaite créer et qui, pour l'heure, en est toujours au point mort, si l'on juge le résultat des tests.

 

Alors qu'Ingrid est pressée et s'apprête à sortir de la salle commune, une main se ferme sur son bras, la stoppant dans son élan. Se retournant, la jeune femme remarque ainsi Adrien, à qui elle n'avait guère reparlé depuis Pâques. L’événement de la Saint-Valentin avait vraiment fichu leur amitié en l'air et le bal auquel ils s'étaient rendu ensemble n'avait finalement pas véritablement arrangé les choses entre eux, même s'ils se revoyaient désormais un peu plus.

 

«- Tu dois être sacrément dans la lune, tu ne m'as pas entendu t'appeler. Tu penses à ton Français ?» interroge le jeune homme d'un air peiné.

«- Oh euh... non, j'avais la tête dans les devoirs. Je viens d'arrêter de travailler je pensais aller retrouver Harry pour décompresser un peu.» ment-elle.

«- Ah mince... En fait, je voulais te demander si tu accepterais de travailler le devoir de défense contre les forces du mal. Rogue a vraiment été pourri sur ce coup-là !» explique le jeune homme sans remarquer le sourire légèrement crispé de la sorcière à l'entente de la critique proférée à l'attention de son compagnon.

«- Pas plus que le professeur McGonagall ou le professeur Flitwick. Simplement comme personne n'aime Rogue, on se sent victimisé par les devoirs qu'il nous donne. Enfin, ce n'est pas possible pour ce soir. Je suis très occupé en ce moment mais une après-midi à l'occasion, si on a des heures de libres en commun, on peut voir ça ensemble. Le devoir n'est à rendre que la semaine prochaine je crois, non ?»

«- Euh oui. Si tu veux. Allez, bonne soirée.» lance le jeune homme visiblement déçu et légèrement agacé par le refus de la demoiselle.

 

Levant les yeux au ciel devant le comportement de son ex-ami, la demoiselle hausse les épaules et quitte finalement la pièce, en courant presque pour rattraper le temps qu'elle vient de perdre. Rogue a fini sa journée de cours depuis un moment maintenant et il tarde à la sorcière de le retrouver. Non seulement pour travailler la potion qu'ils essaient de concevoir mais aussi, simplement, pour le voir. Profiter de lui, de sa présence à ses côtés, son parfum, son air sombre et brisé qui la fait totalement craquer, l'air sûr de lui qu'il arbore lorsqu'il prépare une potion... En songeant à cela, la rouquine presse le pas et sent son cœur faire littéralement des bonds dans sa poitrine.

 

Le mot de passe et Ingrid entre dans les appartements du professeur, à la recherche de ce dernier. Rapidement, elle se rend compte que les lieux sont vides. Poussant un soupir après avoir vérifié qu'il ne soit pas dans le laboratoire de potion, la jeune femme décide de se lancer toute seule, le temps que l'homme arrive. Sortant le cahier d'étude du maître de potions, Ingrid suit alors les directives et constatations notifiées la veille par son partenaire. Assez vite, la chaleur monte dans la pièce, étouffant presque la demoiselle alors que le liquide violâtre se couvre de grosses bulles. Réalisant qu'il y a probablement une erreur dans sa préparation ou dans la composition de la nouvelle recette, la rousse décide de jeter un sort de stase à la potion, de sorte que Severus puisse la juger plus tard, l'étudier, comprendre ce qui n'allait pas dans cet essai.

 

La tête de la jeune femme lui tourne, alors qu'elle se dirige vers la sortie, après avoir inhalé probablement trop de vapeurs de la potion. Un mal au cœur terrible s'empare d'elle. Rejoignant le canapé, Ingrid s'y allonge en espérant aller rapidement mieux, ne pensant pas avoir suffisamment respiré la mixture pour que l'effet sur sa santé soit réellement nocif. Ils ne peuvent pas, surtout lui, s'être trompé à ce point. En quelques instants pourtant, la demoiselle s'effondre dans un sommeil sans rêve, duquel Severus la tire une vingtaine de minutes plus tard, en la découvrant étendue dans ses appartements.

 

«- Mais qu'est-ce qui vous prend aujourd'hui les Potter ?» demande-t-il furieux, en revenant du laboratoire d'où s'échappait une odeur pestilentielle, qu'il chasse à coup de baguette.

 

Le regardant sans comprendre, la jeune femme se doute qu'Harry a probablement fait une bêtise, mais elle n'en a pas entendu parler. Était-ce là la raison de l'absence de Severus dans ses appartements à cette heure avancée ? Se relevant en position assise, Ingrid pose son regard sur son compagnon, comme pour demander plus d'informations. Mais au regard qu'il lui adresse, c'est à elle d'en donner la première.

                         

«- J'ai essayé la potion d'après tes annotations d'hier soir. Ce n'était pas très concluant et quand j'ai vu que quelque chose n'allait pas, j'ai jeté un sort de stase pour que tu puisses l'analyser. Harry a fait quoi encore ?» questionne alors la jeune femme.

«- Il a jeté un maléfice à Drago. Celui que tu avais déjà reçu. Un sort de magie noire. A croire qu'il le fait exprès. Sur toi c'était un accident mais sur Drago, il savait que ce sort était dangereux !» siffle l'homme furibond entre ses dents. «C'est arrivé au repas tout à l'heure. Potter a écopé de retenus tous les soirs jusqu'à la fin de l'année. Il a de la chance d'être protégé par le directeur, ce qu'il a fait est absolument intolérable !» persifle-t-il entre ses dents.

«- La véritable question serait... où a-t-il découvert un sort pareil ?» fait remarquer l'étudiante.

«- J'ai bien ma petite idée.» avoue l'homme d'un air penaud, qui ne manque pas d'éveiller la curiosité de la demoiselle.

«- C'est-à-dire ?»

«- Que j'ai inventé ce sort.» crache l'homme. «Il a dû découvrir mon livre de sixième année. Il n'est plus dans l'armoire, j'ai vérifié. J'aurai dû le faire après ton accident et le récupérer.» marmonne le sorcier.

«- Tu as... inventé ce sort ?» demande la demoiselle mi-choquée et mi-intéressée.

«- Je n'étais pas très fréquentable à cette période.» reconnaît l'homme.

«- C'est le cas de le dire mais comment tu en es arrivé à créer un truc pareil ? Puis ça fait mal !» lance la demoiselle, la chair soudainement sensible à la douleur ressentie sous ce sort des mois plus tôt.

«- Crois-moi, quand je t'ai vu étendue, j'ai bien regretté mon invention.»

«- Tu ne devrais pas... c'est ce jour là que j'ai compris que j'étais amoureuse de toi... Je t'ai même appelé dans ma demi-conscience je crois, non ?» avoue la sorcière, enlaçant le sorcier qui l'a rejoint sur le canapé.

«- Oui tu m'as appelé...» se souvient Severus. «Tu étais si faible... j'ai cru que j'allais réduire Potter en bouillie ce jour là.»

«- Tu sais que... Potter c'est moi aussi ?» s'amuse l'étudiante, adressant un sourire à son cher et tendre.

«- Evite de me rappeler que tu es la fille de James...» souffle l'homme à son oreille, en la prenant dans ses bras à son tour.

 

Ingrid ne répond pas, se laissant bercer par son compagnon alors qu'elle se sent beaucoup mieux maintenant. Posant la tête sur l'épaule de Severus, elle sent un sursaut surprit de ce dernier, qui ne dit pourtant rien, ne la repousse pas non plus. Un sourire se dessine sur les lèvres de la rousse. A la longue, il finira par être heureux d'être "faible". C'est en tout cas la promesse que la jeune femme s'est faite comme elle sait qu'il a encore un peu de mal avec ça.

 

«- Et moi ?» demande-t-elle tout à coup.

«- Quoi toi ?»

«- Pour avoir failli faire exploser ton laboratoire, tu me donnes quelle punition ?»

 

Elle aurait aimé qu'il rit, devant son petit air dépité de chien battu. Il ne riait presque jamais. Ce soir ne faisait pas exception à la règle. Elle ne reçut qu'un coup d'œil neutre. Ce n'était déjà pas mal. L'apprivoiser serait long, elle le savait dès le départ.

 

«- J'ai bien une idée mais je la garde pour plus tard. En attendant je te condamne à aller dîner, tes amies doivent se demander où tu es.» fais remarquer le maître des potions. «Et après cela je souhaiterais te punir en t'imposant de revenir dormir ici ce soir.» murmure-t-il à son oreille avant de la presser contre lui, humant le parfum floral de sa chevelure.

 

Le cœur battant, à regret, Ingrid se sépare du sorcier et quitte ses appartements pour rejoindre la grande salle où elle retrouve ses amies. Prenant place à leurs côtés, la demoiselle bavarde joyeusement. Rogue ne paraît à la table des professeurs qu'une dizaine de minutes plus tard. Tout au long du repas, la demoiselle ne peut s'empêcher de jeter de petits coups d'œil furtifs dans sa direction que seule Luna, face à elle, remarque. Quand vient la fin du repas, Ingrid cherche une excuse pour s'échapper, en vain. Le groupe l'entraîne vers la porte, puis vers les étages. Et elle ne trouve rien pour leur fausser compagnie. C'est finalement Luna qui, au troisième étage, se tourne finalement vers la rousse.

 

«- Oh Ingrid, j'oubliais. Je pourrais te parler un instant ? Allez-y, on vous rejoint !» lance-t-elle au reste du groupe. Et quand celles-ci se sont éloignées, Luna murmure, avec un grand sourire. «Allez, va le retrouver. Je vais attendre quelques minutes puis je les rejoindrai, je dirai que tu m'as parlé d'allé voir Harry et qu'ensuite tu voulais dormir à la salle sur demande. »

«- Tu es effrayante Luna. Adorable, mais terrifiante. Ma vie privée dans tout ça ?» rit la jeune sorcière, déjà prête à quitter les lieux.

«- Ce n'est pas ma voyance cette fois. J'ai juste entraperçu des regards dans sa direction, de plus en plus désespérés. j'imagine que tu avais peur de ne pas arriver à te débarrasser de Cho et Mandy. Elles sont parfois un peu... Au fait, tu connais Lily R. ? C'est une étudiante de quatrième année ! Elle a vu des nargoles dans la grande salle ! »

«- Non je ne la connais pas. »

«- Dommage. »

«- A demain Luna.»

«- A demain !»

 

Aussitôt, Ingrid emprunte la direction des cachots, le plus discrètement possible pour ne pas se faire repérer alors que de ces heures, beaucoup de Serpentard quittent leur salle commune ou y retournent. Croisant le professeur Slughorn qui ne la remarque pas, Ingrid marche derrière lui, le suivant, comme s'il la guidait. Et puis, au dernier moment, elle lui fausse compagnie, se hâtant. Le mot de passe. Et la voilà à l'abri. Prenant place dans le canapé, elle lit un peu, en attendant que le maître des lieux arrive. Ce qu'il fait dix minutes plus tard. La laissant continuer de lire, il s'installe à ses côtés pour corriger quelques copies. Ce n'est qu'une bonne heure plus tard que la rousse manifeste sa fatigue. Rogue repose alors sa plume et ses copies, l'invitant à aller se coucher.

 

«- J'ai oublié ma tenue de nuit. Enfin, Luna m'a aidé à me faire la belle, parce que je n'arrivais pas à me débarrasser des filles mais du coup, je n'ai pas pris le risque de rejoindre ma salle commune.... »

 

Sans un mot, le maître des potions se lève et l'entraîne vers la chambre où, se dirigeant vers son armoire, il attrape un vêtement, qu'il lui tend. Une chemise, noire. Et qui sent un parfum que la demoiselle reconnaîtrait entre mille.

 

«- C'est la tienne... »

«- Vois-tu beaucoup d'autres personnes ici à qui elle pourrait être ? Bien sûr que c'est la mienne. » réplique l'homme, narquois.

«- Je risque de ne pas te la rendre, attention. »

«- Merlin, cette sensiblerie... » lance-t-il en levant les yeux au ciel. Mais la jeune femme perçoit dans ses propos plus de plaisir et de fierté que d'agacement. Au fond, il doit aimer ce plus ou moins compliment qu'elle lui fait. «Garde-là si ça te fait plaisir. Mais évite de te pavaner dans ton dortoir avec...»

«- Tu me prends pour une idiote ? Evidemment que je ne vais pas l'exposer dans la salle commune ! Ceci dit, personne ne t'approche d'assez près pour savoir que c'est ton parfum...» objecte la jeune femme en filant vers la salle de bain, pour se préparer.

 

Quand la jeune femme reparaît  vêtue de la chemise noire, le sorcier détourne son regard d'elle par respect, après avoir aperçu ses cuisses. Il aurait pensé que le vêtement en cacherait davantage. Mais sa compagne ne semble pas y faire attention. Naturellement, elle se glisse dans le lit, du côté qu'elle occupe d'ordinaire et Severus gagne alors la salle de bain, à son tour, le temps d'enfiler un sous-vêtement pour la rejoindre. Alors Ingrid se serre contre lui et ne tarde pas à s'endormir, paisiblement.

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