Ses yeux verts

Chapitre 46 : Chapitre quarante-sixième - La marque du serpent

2374 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:49

«- Mademoiselle Potter puis-je savoir ce que vous faites dans le couloir de ces heures ? Vos cours sont terminés depuis vingt minutes, vous devriez donc être dans votre salle commune ou à la bibliothèque depuis longtemps déjà, au lieu de fureter partout !»

 

En entendant la voix d’Amycus Carrow résonner ce jour-là dans le couloir désert, Ingrid Potter se sent, déjà, perdu. Avec la discipline, les Carrow ne rient pas et la jeune femme s’attend déjà à être punie pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. A vrai dire, si quelques élèves peuvent s’en sortir bien, parce qu’ils n’intéressent pas les jumeaux mangemorts, ce n’est pas le cas de la sorcière aux longs cheveux roux, évidemment. Quand on est la sœur d’Harry Potter, la sœur du soi-disant ennemi public numéro un, on doit en assumer les conséquences, c’est une leçon que la jeune femme doit apprendre depuis quelques temps. Les Carrow sont souvent sur son dos, à croire qu’il y en a toujours un pour l’observer, ce qui rend plus difficile les expéditions vers les appartements de Severus Rogue pour retrouver le sorcier. Et plus difficile également ses petites visites à la salle sur demande pour préparer des potions pour l’AD qui se reforme, Neville, Luna et Ginny ne voulant pas qu’un flot d’élèves débarque chez Miss Pomfresh. Ou pour travailler sur son grand projet, sa potion. Parce que la jeune femme est sûre et certaine qu’elle doit réussir, qu’elle peu réussir, si Severus l’aide un peu dans ce projet. Lui, lui il est assez bon pour l’aider, assez bon pour y arriver, la sorcière en est persuadée. Ensemble ils seront plus forts.

 

«- Navré Monsieur Carrow, j’ai simplement discuté avec le professeur Slughorn après le cours j’avais des AAAAAAH ! »

 

La rousse s’effondre sur le sol sans avoir le temps de terminer de parler, alors qu’elle dit pourtant la vérité. Le professeur Slughorn l’avait bien reçu après le cours pour répondre à ses questions de la rouquine. Mais ceci n’intéresse pas les Carrow. Ce qui les intéresse, c’est la cruauté et la douleur, c’est le mal qui ronge. Ils aiment torturer les élèves depuis le début de l’année et Ingrid en fait les frais aujourd’hui. Mais c’est bien la première fois que la sorcière est ainsi attaquée par un sortilège de doloris.

 

Elle a mal à pleurer, mal à en hurler et c’est d’ailleurs ce qu’elle fait en se tortillant sur le sol. Malgré cela, la jeune femme a trop de fierté et de respect pour elle-même, pour ses valeurs, pour oser demander le pardon de l’homme qui l’attaque. Non, elle doit se montrer forte. Aussi forte que Severus l’est face à ses responsabilités, aussi forte qu’Harry l’est devant Voldemort. Alors Lullaby supporte le sortilège qui lui donne l’impression de lui broyer les os. La sorcière a envie de mourir, afin que la douleur cesse. Cette idée devient fixe dans son esprit. Et pourtant, ça ne fait que quelques secondes qu’elle est sous l’emprise du sortilège.

 

Au bout du couloir, Luna passe, cherchant ses chaussures qu’on lui a encore une fois volé. De fait, ses pieds nus ne font pas de bruits sur le sol. Amycus de toute façon ne l’entendrait pas, avec les cris de sa victime. Comprenant ce qui se passe en avisant l’aiglonne au sol, Luna fait volte-face, se mettant à courir. Non pas pour échapper au sortilège que le Carrow pourrait lui lancer, non. Luna cours vers le bureau du nouveau directeur. Malgré tout ce que l’on dit sur lui, elle se fit à ses visions. Elle atteint l’aigle, monte, essaie de signaler son arrivée. Elle frappe de toutes ses forces contre la lourde porte en répétant le nom du professeur.

 

«- Miss Lovegood puis-je savoir quel mauvais vents vous amène ? Venez-vous encore vous plaindre des actions des serp...»

«- Il lui jette un doloris ! Il jette un sortilège interdit dans l’école !»

 

L’homme soupire. C’est tout ? Il sait très bien que des mangemorts, dans l’école, vont torturer les élèves mais il ne peut rien faire sans dévoiler ses allégeances ou égratigner sa couverture. Alors il soupire d’un air ennuyé et va pour fermer la porte quand des mots de l’étudiante l’interpellent.

 

«- Ingrid ! Carrow, il… il...»

«- Où ?» demande le sorcier en semblant aussi neutre que possible.

«- Cin… cinquième étage» répond Luna.

 

Sans demander son reste, Rogue quitte le bureau à la hâte, s’enfonce dans les couloirs et emprunte les escaliers pour trouver le cinquième étage. Là, un grand silence l’enveloppe et l’homme ne sait où chercher jusqu’à ce que les hurlements de la rousse reprennent alors qu’Amycus l’attaque de nouveau. Le cœur battant à l’idée de l’état dans lequel il va la retrouver, l’imaginant déjà comme Frank et Alice Londubat, le potionniste à la cape noire presse l’allure, se laissant guider par les hurlements de la sorcière.

 

«- Ah Potter tu finiras par nous dire où es ton frère...» susurre Amycus, penché au-dessus de la rousse. «C’est pas comme si tu allais avoir le choix.. Allons allons petite gourde, pourquoi es-tu restée au château ? A croire que tu avais envie d’être un jouet...» siffle l’homme en éclatant d’un rire joyeux, continuant d’un rire sinistre, qui ferait trembler la sorcière si elle en avait encore la force.

«- CARROW !» lance la voix rugissante de Rogue depuis lui bout du couloir, alors qu’il se rapproche d’eux. «Je crois vous avoir déjà dit ce matin que Miss Potter ne doit pas être… abîmée.» lance le sorcier en arrivant près d’eux. «Que le maître me l’a donné, en récompense pour Dumbledore.» grogne le nouveau directeur.

«- Mais le maître veut trouver Potter.»

«- Sauf qu’elle ne sait pas où il est. Ne pensez pas que le maître ne m’a pas déjà donné ses consignes et le droit d’utiliser sur elle de tout les moyens en ma possession pour la faire parler.» dit-il en fusillant Carrow du regard.

«- Mais...» proteste le mangemort

«- Pas de mais, Carrow. Considérez que vous n’avez pas le droit de blesser Miss Potter, est-ce bien compris ? Je tiens à ce qu’elle puisse encore… m’offrir un peu de rêve.» dit-il avec un tel sourire que sa compagne, encore sur le sol, en aurait des frissons si elle n’était pas au courant de l’amour du sorcier pour elle, lequel sous-entend plus ou moins qu’elle n’est ni plus ni moins qu’un jouet entre ses mains, jouet pour adulte. Elle suppose bien qu’il n’y a pas trente-six manières de donner quelqu’un à une tierce personne, chez les mangemorts. Elle en frissonne un peu.

 

Comme Amycus part en marmonnant des paroles incompréhensibles, Rogue s’adresse à Ingrid d’une voix sèche et sarcastique pour ne rien laisser paraître. Mais dès que le mangemort est suffisamment loin pour ne plus les entendre, après avoir tourné à l’angle d’un couloir, probablement pour aller torturer un autre élève ou se plaindre à Alecto, Severus s’agenouille. Aidant Ingrid à se relever, il se montre prévenant avec elle et l’aide à marcher jusqu’à ses appartements.

 

«- Comment tu te sens ?» demande-t-il inquiet pendant le trajet alors qu’elle avance difficilement. «Je ne peut pas te porter si… si on croisait quelqu’un tu comprend...»

«- Plus ou moins bien. J’imagine que ça passera. Oui oui je comprend. Je vais… seulement mettre un peu de temps.»

«- Je t’avais dis d’être prudente...»

«- Je le suis. Je te le promet ! J’ai simplement posé des questions à… au… au professeur Slughorn et… je traînais trop tard dans les couloirs apparemment…»

«- Une excuse. Il ne leur faut pas grand-chose tu sais ? Sois prudente malgré tout.»

«- Alors je… je suis à toi c’est ça ?»

«- Mais tu l’as toujours été...» fais remarquer le sorcier avec un exceptionnel sourire en coin.

«- Je voulais dire pour les mangemorts.»

«- Je sais. Et oui. Officiellement tu es… à moi. Sous ma garde pour être surveillée. Mon rôle veut aussi que je vérifie si tu n’apprend rien sur Harry.» dit-il avec calme.

«- Je vois. Quand tu disais donné je pensais que...»

«- Mhh dans ce sens-là aussi. Tu te doute que les dons de… Tu-sais-qui en manière d’êtres humains ne sont pas innocents. Pour eux tu es ma propriété, avec tout ce que cela implique.» indique le sorcier et la rouquine acquiesce.

 

En arrivant dans ses appartements l’homme fait asseoir la sorcière dans un fauteuil et s’éclipse avant de revenir avec un baume. Doucement, il déshabille la rousse et pose ses mains sur elle, appliquant sur son corps endoloris un peu de la mixture pour la soulager. Effectivement, la douleur s’apaise alors qu’il n’omet aucune parcelle de la peau de sa douce. Son œuvre finit l’homme la regarde.

 

«- Tu es prête ?»

«- A quoi ?»

«- Être à moi.» répond simplement le sorcier.

«- Je le suis déjà.» répond la rousse un peu surprise.

«- Pas comme ils l’entendent. Tout les mangemorts ne le savent pas forcément.»

«- Et donc ?»

«- Et donc est-ce que tu es prête ?»

«- Je ne sais pas à quoi mais disons que oui.»

 

Severus s’éloigne, revenant avec une lame. Plongeant son regard dans celui d’Ingrid, l’homme entaille sa main droite avant de faire de même avec celle de la rousse qui grimace. Et puis il attrape sa main avant de réciter une formule, après lui avoir intimé de ne pas le quitter des yeux.

 

«- Je ne vois pas ce que ça change...»

«- Tu t’attendais à ce que toute l’école sache que tu es à moi ?» demande le sorcier sarcastique. «C’est pas que l’idée me déplaise mais la sœur de Potter avec le prétendu meurtrier d’Albus, ça jaserait...» fait-il remarquer en la toisant et elle rougit au souvenir de la mort d’Albus, un voile passant dans ses yeux. «C’est juste une légère aura verte que les mangemorts pourront voir. C’est inventé par lui. Pour que les mangemorts puissent marquer leurs… propriété.» dit-il en tiquant sur le mot.

«- Je vois.»

«- Mais tu dois avoir un signe de moi quelque part.» objecte le sorcier en observant son corps ce qui la fait rire.

«- Je sens que c’est juste un prétexte pour me regarder.»

«- En partie…» répond le sorcier en glissant une main dans le dos de sa douce. «Trouvé…» murmure-t-il.

«- C’est quoi ?»

«- C’est un S. Il est au niveau de tes reins... Pour le moment il fait un relief. Quand ça aura cicatrisé ce sera… comme… tu sais quoi.

«- La marque ?»

«- Oui.» se contente de répondre le sorcier alors que sa main glisse de nouveau sur le corps de sa partenaire.

«- C’est particulier comme magie.»

«- Oui. Je dois dire que la magie noire est… malgré tout ce qu’elle représente, fascinante.»

«- Je n’y toucherai pas mais… probablement…» elle s’arrête quelques instants avant de reprendre. «Severus ? Tu as quelque chose dans ton dos.» fait remarquer la rousse comme elle glisse sa main sur lui.

«- Je sais. C’est un I.» répond l’homme d’un ton détaché.

«- On t’a donné à quelqu’un ?» demande la rousse surprise avant de comprendre, rougir et lâcher un petit «O».

«- Si tu es à moi alors il est normal que tu dispose du même… privilège.»

«- Mais ils vont le voir !?» proteste Ingrid inquiète.

«- Absolument pas. Je sais ce que je fais, quand-même… Ce n’est pas tout à fait pareil. Moi je n’ai pas d’aura. Alors à moins que quelqu’un regarde mon dos...»

«- Hors de question ! Je me réserve ce privilège !» répond jalousement l’aigle en venant au-dessus de lui.

 

Souriant au sorcier, la jeune femme le regarde quelques minutes en souriant et se mordant la lèvre. Et puis elle vient voler les lèvres de son partenaire, lequel loin de s’en plaindre lui rend son baiser, en refermant ses bras autour d’elle pour l’attirer un peu plus à lui. Et puis il renverse la situation, change les rôles, et sa douce se retrouve sous lui.

 

«- C’est bon...» souffle la jeune femme en se mordant la lèvre et rougissant.

«- Je sais… Laisse-moi faire...» répond le legilimens en s’insinuant dans l’esprit de la rousse pour découvrir ce qui lui plairait.

 

Alors que la nuit tombe en ce soir d’automne, que la lune commence doucement à baigner le parc de sa clarté, que les élèves terminent leurs devoirs, Ingrid sourit à Severus, dont la main glisse encore sur son corps. Doucement, il prend son temps. Le temps de la regarder, de la laisser apprécier alors qu’elle fait de même pour lui, le temps d’aimer les réactions de sa partenaire et les expressions de son visage. Ce soir ils ont le temps. Tout leur temps devant eux, comme si aucun danger ne rôdait tout autour.

 


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