Moi, la méchante sorcière.

Chapitre 10 : Greystone Cottage

2344 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:20

Pendant toute la traversée de la gare, j’évitai le regard de papa. Je faisais mine d’être intéressée par les gens, les boutiques et les vitrines qui défilaient devant moi en rythme continu. Je savais toute fois que je ne tiendrai pas muette jusqu’au prochain relais de cheminée. Je poussai un grognement lorsque je m’aperçus, à la sortie, qu’une pluie battante tombait sur Euston Road.

  • Oh, notre Vanessa est toujours vivante. Quelle bonne nouvelle. Déclara mon père sur un ton faussement sérieux.

Bien trop occupé à me vêtir de ma parka à fleurs je ne pris pas le temps de lui répondre quoi que ce soit. De plus, il avait l’air en grande discussion avec Myriam. Toutefois, malgré son semblant de détachement son regard avait l’air perturbé. Je me sentais idiote. Je savais que connaitre l’existence de ma relation avec Scorpius ne lui faisait pas du bien. Comment pouvait-il en être autrement ? Le père de Scorpius avait surement été quelqu’un de mauvais au collège, bien plus que ne pouvais l’être James avec moi. James n’était qu’un ado narcissique et cruel. Les Malfoy avaient été des mangemorts. C’était tout de même bien différent. Ils avaient souhaité, et surement provoqué, la mort de tellement de monde…comment cela pouvait-il être comparable ? Je ressenti un immense sentiment de culpabilité que je tentais de chasser : Scorpius n’avait pas à subir les erreurs de son grand père ou de son père. Ce n’était pas juste. Je devais défendre cela.

J’aimais marcher dans les rues de Londres, malgré la pluie. J’aimai cette ville ou j’avais habité pendant mon enfance. Papa avait accepté de quitter Edinburgh pour que ma mère travaille à Londres. Bien que mon père doive se rendre régulièrement au ministère pour son travail il avait tous les moyens sorciers à sa disposition pour le faire rapidement. Ce n’avait pas été le cas de ma mère. J’avais donc grandit dans un petit appartement à Fitzrovia. Un an après la disparition de ma mère, mon père retourna dans notre belle maison familiale en Ecosse. Je ne sais pas comment nous avions fait pour survivre à ça. La disparition de ma mère était une question qui pesait sur toute mon existence. Inconsciemment peut être, elle guidait et motivait chacun de mes choix. J’étais devenue une petite fille qui ne supportait plus les questions et qui adorait les réponses. En réalité, ma mère avait surement fait de moi une serdaigle.

Après quelques minutes de marche nous entrâmes dans une station de métro. Glissant un regard autour de moi je m’avançai vers les bornes, attendant que le touriste français devant moi réussisse à faire marcher sa carte moldue. Après cela, je sorti une carte un peu différente de ma poche ou était écrit en lettre doré : Firleplace Card au-dessus d’une photo de moi un peu boudeuse. Je la passai à la borne. La barrière s’ouvrit et le décor changea : les escaliers moldus avaient laissé place à un grand escalier de pierre qui descendait sur un long hall ou s’alignait des cheminées aux flammes verdâtres. Un panneau indiquait : «  Cheminées Londoniennes. Euston Station ». La station magique de Saint Pancras était saturée à ces horaires. Papa, qui avait horreur des bains de foule, préférait marcher un peu et éviter ainsi de se faire piétiner par des sorciers pressés ou des gobelins grincheux. J’étais tout de même soulagé d’être arrivée. Ma valise et la cage de Perny était plutôt lourdes. Nous nous dirigeâmes vers une cheminée de libre. Elle était suffisamment large pour faire voyager au moins huit adultes. Papa prit une grosse poignée de poudre de cheminette et déclara d’une voix claire et forte : Greystone Cottage, Kingsand., puis il lâcha la poudre. Je senti alors un coup de vent traversé mon estomac. Je fermais les yeux par reflexe. La première chose que j’entendis était un petit cri de stupeur lancé par une voix aigu. C’était ma grand-mère. La cuisine sentait la brioche et les fruits confis, comme d’habitude. J’ouvris les yeux et aperçu une vieille dame un peu bossue, penchée sur des aubergines qu’elle était en train de couper manuellement. Elle leva ces yeux bleus sur nous.

  • Vous êtes déjà là ? Je n’ai pas vu l’heure passé. Elle se leva un peu tremblant pendant que nous sortions de la cheminée.

Ma grand-mère s’appelait Marina. Quand on la voyait comme ça elle nous paraissait être une vieille fleur délicate. En réalité elle était bien moins délicate que nous tous. Je l’admirais sous certains aspects. Elle n’était pas tendre avec ces enfants mais elle se vantait de les avoir bien éduqués. Elle s’attarda à complimenter Myriam sur sa croissance et ces bonnes notes puis pensa enfin à me dire bonjour.

  • Toi mon père m’a encore dit que tu étais une vraie chipie à l’école.

Je foudroyai mon père du regard qui se contenta de m’adresser un sourire fier quelque peu puéril.

Mes grands-parents avaient déménagé huit ans avant cela pour ce beau cottage en bord de côte. L’endroit était charmant. Nous n’avions qu’à sortir dans le jardin pour admirer les falaises et les vagues qui venaient s’y écraser. La maison avait l’avantage d’être un peu isolée du village qui, surtout l’été, était pris d’assaut par les touristes moldus. J’entendais du brouhaha dans les pièces d’à côté : ma famille n’était pas des plus calme. Ma grand-mère retourna à ses aubergines tant dis que nous passions dans la pièce d’â côté : le salon. C’était une pièce de bonne taille, encombrée de tout un tas de meuble : un vaisselier en bois sombre, une grande table à manger, une large armoire, une autre cheminée ou trônait cette fois si un feux chaleureux,  deux canapés, une télévision moldu, des tapis au sol, des guéridons en faux marbres (tout à fait affreux) dont l’un laissé trôner un menorah en argent. Ma grand-mère était la plus religieuse de toute la famille, et la dernière à se rendre régulièrement à la synagogue. Quant à moi et mes sœurs, nous nous contentions de fêter les grandes fêtes juives, par amour des traditions. Ma grand-mère avait un peu eu du mal accepté l’union de son jeune fils avec une anglicane. Mais ma grand-mère ne pouvait pas se permettre d’avoir peur des différences : elle avait épousé un sorcier. Mais elle devait se l’avouer, Claire, ma mère, avait été un ange de plus dans cette maison. (Selon ces mots). Des voix commençaient à s’élever depuis le couloir qui menait à l’escalier. Je croisai le regard de Myriam et nous levèrent les yeux au ciel. Ma tante étaient, comme toujours en train de crier sur quelqu’un : surement Papy. Nos soupçons furent confirmer quand nous virent une grande femme entrer dans le salon chargé d’un plateau couvert de vaisselles, les sourcil froncés et l’air furieux. C’était une dame âgée d’une cinquantaine d’année, au corps rond et à la chevelure frisée et blanche. Elle était habillé d’une veste en laine bouille, couleur verte olive et d’une jupe fourreau noire. Elle prenait toujours le soin de se maquiller avec élégance. Ses lèvres étincelaient d’un rouge pourpre et je ne me souvenais pas les avoir déjà vu au naturelles. Ma tante était une femme très extravertie qui voulait tout diriger d’une main de maitre. Elle était divorcée d’un monsieur Crockfort dont je n’avais pas beaucoup de souvenirs qui travaillait à la Gazette. Elle avait eu deux fils : Isaac et Georges.

  • Maggy ! Toujours en pleine forme. Déclara mon père en embrassant sa grande sœur.

Ma tante me claqua deux énormes bisous sur la joue.

  • Ton papa nous a expliqué à Hanoukka que tu avais donné une bonne leçon au fils Finnigan à l’école. Je te félicite. Me dit-elle d’un ton enjoué et en m’adressant un clin d’œil.

J’échappai un petit rire, sentant le regard de mon père foudroyer celui de sa sœur. Je me demandais si ma grande sœur, Rachel, était déjà ici. J’avais hâte de la voir car je me confiais souvent à elle de manière très naturelle. Et j’en avais des choses à lui dire. Je sentis Perny passer entre mes jambes en miaulant. Il avait faim. Je les laissai au salon et pris la porte en face : elle m’emmena dans un petit hall étroit mal éclairé, occupé par un massif escalier de chêne et un porte manteau, accroché au mur, vers la porte d’entrée de la maison. Je pris mon courage à deux mains et monta ma valise à l’étage. La maison sentait le vieux bois ciré et l’humidité.  J’atteignis un autre escalier que j’empruntais et qui m’emmena à un couloir, je pris la première porte à droite et entrais dans une chambre, sous les toits. Le parquet grincé. La pièce contenait deux lits simples couvèrent de couettes en plumes moelleuses. Une armoire en sapin et un bouquet de pervenches étaient les seules choses qui complétaient la chambre. Je posai ma valise sur mon lit et ouvrit les rideaux de la petite fenêtre. Je pris de quoi nourrir le chat, et posa sa gamelle dans le couloir puis sortie de la pièce. Je jetai un coup d’œil à la porte d’à côté : la chambre de Rachel. Je frappai : personne. Elle devait être encore au travail. Je redescendis les deux escaliers. Retrouver cette maison m’apaisait beaucoup. Je pense que voir ma sœur, mon père, ma famille… me faisait un peu oublier que je n’avais pas de mère. Ou tout du moins que je devais vivre sans qu’elle soit réellement présente auprès de moi. Parce que ma mère n’était jamais absente de ma vie : elle était toujours dans mon esprit, dans mes mots et dans mes actes. En arrivant au res de chaussé je croisai mon grand-père qui sortait de sa chambre. Mon grand-père était un petit homme souriant à la démarche hésitante. Il m’adressa un sourire et poussa sa main tremblante sur mon épaule.

  • Vanessa. Tu es tellement gigantesque. On dirait ta mère.

Ca remarque me fit sourire, je lui embrassai la joue.

  • Bonjour Papy. Je suis contente de te voir.  
  • Vanessa tu ferais mieux d’aller dans le salon avec moi. Ta tante à quelque chose à vous dire, à ton père et à Myriam aussi.

Il se tourna vers moi avec un regard d’une gravité que je ne lui avais jamais connu. Cette vision me serra la gorge et j’abaissai la poigné du salon avec une appréhension énorme. 

Laisser un commentaire ?