Moi, la méchante sorcière.

Chapitre 12 : Eleanor Brook

2697 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/01/2018 14:41

Quand la brise du bord de mer se calmait, j'aimais me rendre le long des falaises. Elles trônaient fièrement, ne cédant pas sous le coup des vagues grises qui s'échouaient à leurs pieds. Le spectacle était beau. Un vent calme soufflait sur ma peau. Je me cachais sous ma grande écharpe, regardant l'horizon comme si quelque chose aller y apparaître. L'endroit était calme, loin de l'agitation de la ville. Les bateaux paraissaient minuscules. Je m'assaillais par terre, seule. J'aimais voir ma famille mais j'avais besoin de quelques moments de respiration. Je sortie un petit carnet noire de la poche de mon long manteau, je griffonnais quelques mots maladroits que m'inspirait le paysage. Mais j'étais ailleurs. Tout un tas de scénarios se dessinaient dans mon esprit sur ces mystérieuses sœurs Brook, sur la disparition de maman, sur les visiomages. Qui pouvait leurs en vouloir ? Tous nous pensions instinctivement à des adeptes de la théorie du sang pur : si les moldus était une abominations, qu'en était il des visiomages ? Monstres incompréhensibles qu'ils étaient. Cette pensée me fit frissonner. Je pensai subitement à la famille de Scorpius mais je balayai vite cette pensée de mon esprit, par peur qu'elle ne s'attarde trop. Le soir allait bientôt tomber. J'avais envoyé un hibou à Scorpius en début d'après-midi, peut être par peur qu'il ne m'envoi pas le premier. Je feuilletât les pages de mon carnet et tomba sur un dessin de mon loup griffonné rapidement. Il me hantait. Il planait tel une ombre sur mes rêves et mes cauchemars. J'avais l'impression qu'il était la clé. Je ne rêvais plus que d'une chose, être une nouvelle fois face à lui. Je ne voulais pas le fuir, le détruire. Je ne le craignais pas. Je craignais justement de ne plus jamais le voir. Parce que je savais qu'il était la clé.


Deux jours passèrent et aucun hibou n'apparut pour moi. Je passais quelques heures de mes nuits à guetter l'horizon depuis ma fenêtre, espérant voir un hibou apparaître. Celui de mon père était revenu sans rien. Je m'inquiétais. Je repensais aux mots de Scorpius, me promettant de m'écrire chaque jour. Qu'est ce que les hommes pouvaient baratiner parfois ! Rachel avait l'air un peu méfiante, et aussi dépité de me voir attendre, impatiente et morose, un signe de vie de celui qui était censé être mon petit-ami. Nous passions nos journées à jouer aux cartes avec grand-mère, à réviser, à faire des promenades le long de la côte. Mes cousins étaient là pour nous divertir, même si Myriam ne manquait pas d'humour aussi. Elle avait développé un talent particulier pour l'imitation de nos professeurs. Papa ne voyait pas ça d'un bon œil, lui qui avait décidé de paraitre plus sérieux que de raison. On ne le voyait pas beaucoup. Rachel le soupçonnait de s'enfermer au travail pour échapper au dernières révélations au sujet de maman. Moi et mes sœurs avions décider de réagir tout à fait différemment. Les mains un peu tremblante Rachel tapotait sur son smartphone. Nous étions toute les trois enfermées dans une chambre. Nous avions décider de mener notre propre enquête en empruntant des moyens tout à fait moldus. Rachel entra le nom de Jennifer Brook sur un moteur de recherche.


- Son profil facebook...rien de bien important. Juste une photo.


Jennifer avait été une belle jeune femme de 18 ans. Elle affichait un gigantesque sourire écalant. Elle tenait une bière à la main et devait se trouver dans un pub à Londres.


- Elle doit avoir 10 ans de plus maintenant...si elle n'est pas morte. Murmura Rachel.


- Ca me faut des frissons. Répliqua Myriam, serrant mon bras.


- Université d'Oxford ? Me demandant en lisant sa description.


- Oui...elle étudiait la biologie apparemment. Il n'y a rien d'autres...même sur d'autres sites. Rachel fronça les sourcils. Non...rien, a part une autre photo. C'est un article de presse. Apparemment Jenny était une bonne élève. Regarde là.


Rachel me tendit son téléphone. Je lus les quelques lignes de l'article. Elle avait gagné un concours organisé par l'université. Mais c'est la légende de la photo qui me fit frissonner.


- Putain, c'est quoi ce bordel ? Mes mains tremblaient.


La photo était ainsi légendé "Jennifer Brook et le professeur Jack Killian Hamilton."


- Qu'est ce qui se passe ? Me demanda Rachel.


- J.K. Hamilton. C'est le nom qu'il y'a avait sur la blouse qu'on a retrouvé dans la forêt. Le même.


Mes yeux ne pouvaient pas se détacher du visage du professeur. C'était un homme au cheveux grisonnants qui affichait un faible sourire. Il portait une veste en tweed brune trop petite pour la grande taille de l'homme. Quel pouvait être le rapport ? Pourquoi la disparition des visiomages seraient liés à cette blouse, et donc à l'apparition du loup ? Je n'y comprenais rien. Rachel entra le nom du professeur sur internet. Il était bien docteur en biologie à Oxford, c'était un spécialiste de l'étude des gênes. Il avait quitté l'université depuis quatre ans déjà pour un module de recherche basé au Mexique. Nous ne trouvions aucune information sur ce module. Si le professeur était au Mexique, qu'est ce que sa blouse faisait dans une foret magique écossaise ?


- Je vais écrire à Hagrid. Et après je prendrais les coordonnées de cette Eleanor Brook. Si Papa n'est pas près à savoir la vérité, moi je suis prête.


- Cela n'a peut être rien à voir...balbutia Myriam.


- Peut être. Mais je veux en être certaine.


Je ne perdis pas de temps et envoyai tout de suite une lettre à Hagrid. Je lui expliqua tout ce que j'avais appris depuis le départ de l'école : la mystérieuse affaire Brook et son lien évident avec J.K.Hamilton. Je n'osai pas demander à Papa les coordonnées de Miss Brooke que ma tante lui avait donné. Alors qu'il s'occupait du bois à l'extérieur, j'entrai dans sa chambre à la recherche du papier. Je fouillai son bureau et son armoire mais ne trouvai rien. Je finis par le trouver dans la poche d'une de ses vestes. Il y'avait une adresse. J'avais un plan : je prétexterai devoir sortir pour aller au marché de Noël de Plymouth et me rendrait en fait à Londres avec la complicité de Rachel qui, elle, avait son permis de transplaner.

Ma grande sœur fut catégorique : il était impératif qu'elle m'emmène là-bas. Seule Myriam était réticente et elle préférât rester auprès de papa. Notre petit périple à Londres fut ainsi organisé. Crockfort avait eu la bonne idée de prendre également le numéro de téléphone d'Eleanor; ainsi nous étions sur de ne pas faire la voyage pour rien. Nous avions rendez vous à 15h. Enveloppées dans nos manteaux Rachel et moi nous nous éloignèrent de la maison familiale. Une fois à bonne distance, Rachel m'agrippa le bras.


- Prête ? Me demanda t'elle.


J'étais anxieuse. Ce n'était pas la première fois qu'elle me faisait transplaner, mais j'avais déjà perdue un petit doigt à cause de cela, l'année dernière. J'hochai la tête doucement, pas très convaincue. Je senti alors un tourbillon m'emporter. Nous atterrîmes dans une petite rue près de Piccadilly Circus. Mon souffle était coupé et je tremblais de la tête au pieds mais aucun de mes membres n'avait disparus.

Il neigeait à gros flocons sur Londres. Les rues étaient pleines de passants venus acheter leurs cadeaux de Noël. Nous essayâmes de nous frayer un chemin, maladroitement. Au bout de quelques minutes de marches nous arrivèrent au pieds d'un immeuble. C'était là. Cette miss Brook ne devait pas être à plaindre niveau argent. La rue était magnifique. Je respirai un grand cout et sonna à l'interphone.


- Bonjour Miss Brook, c'est Rachel et Vanessa Goldstein.


La porte de l'immeuble s'ouvrit sur un grand hall en marbre. Les yeux rivés vers le plafond nous marchions jusqu'a un grand escalier sombre. Nous montâmes jusqu'au deuxième étage. Rachel sonna à la porte. Une femme d'une trentaine d'année vint nous ouvrir. Elle ressemblait beaucoup à Jennifer, avec ses longs cheveux bruns et son visage pâle. Mais elle n'affichait pas un grand sourire. Un faible sourire polie tout au plus. Elle nous invita à poser nos manteaux sur un perroquet en bois tropical puis à rentrer et à nous installer dans son salon. La décoration était très froide et moderne. Rachel et moi nous nous assîmes sur un canapé en cuir blanc, légèrement angoissé par la situation. Eleanor Brook nous servis un thé sans même nous demander si nous en voulions. En réalité, la jeune femme avait l'air très angoissée à l'idée de recevoir des gens. Elle n'avait pas l'air très à l'aise avec les rapports humains, et moi non plus. Eleanor décida enfin à s'assoir en face de nous.


- Alors vous...vous êtes des sorcières ?


Mon regard croisa celui de Rachel.


- Oui. Effectivement. Je suis Rachel, j'étudie à l'université d'Edimbourg. Et voila ma petite sœur Vanessa, elle étudie à Poudlard. Vous savez...l'école de magie.

Eleanor hocha la tête sans rien répliquer. Je décidai de prendre les devants.


- Miss Brook. Nous sommes venus vous voir dans un but bien précis. Je crois que...nous sommes dans la même situation.


- Comment ça ?


- Notre mère. Elle est visiomage. Et...elle a disparue aussi. Il y'a une dizaine d'années. Comme votre sœur.

Je ne pouvais décrire avec précision le regard qu'avait Miss Brook à cet instant précis. Tout ce que je savais, c'est que moi et mes sœurs devions avoir eu le même lors de la révélation de notre tante. Un mélange entre une peur immense et un profond soulagement. Ce dire que nous n'étions pas seuls. Il n'y a rien qui fait espérer autant que cela : savoir que cela était arrivé à d'autres. Même si cela ne réglait absolument pas le problème, même si cela ne garantissait pas que papa était en vie.


- Nous voulons vous aider. Avez vous déjà entendu votre sœur parler de notre mère, Claire ? Claire Goldstein ? Demanda Rachel.


- Je suis désolé...ce nom ne me rappelle rien. Répondit Miss Brook, tremblante en posant sa tasse de thé sur le guéridon.


- Notre mère était aussi dans un groupe de parole. Cela lui faisait du bien de savoir qu'elle n'était pas seule, qu'elle n'était pas...folle.


- Ma sœur était pareille. J'avoue que j'étais...plus réticente. J'avais du mal avec tout ça. Jenny l'acceptait d'avantage, elle était même parfois...euphorique. Je pense qu'elle aimait se sentir spéciale.

J'observais la pièce attentivement. Tout était d'une sobriété exemplaire, a part quelques meubles en bois riches qui trônaient comme des trophées dans l'immense salon blanc. Un buffet attira mon attention. Il y'a avait des photos. D'Eleanor et de d'autres personnes. Mais aussi une photo de sa sœur, je la reconnut tout de suite, avec sa mâchoire carré et ses yeux en amandes. J'avais envie de poser à Eleanor des questions à propos du professeur Hamilton, mais je n'osait pas avouer que je m'étais renseigné sur sa sœur. Miss Brook se tourna vers l'objet de mon attention. Elle se leva et toucha le cadre de la photo du bout de ses longs doigts. Elle était pâle et maigre, elle semblait flotter au dessus du sol tant sa démarche était légère.


- C'était une fille merveilleuse. Elle avait son caractère mais...elle était brillante. Elle est allée à Oxford vous savez, étudier la biologie.


Je croisai le regard de Rachel, hésitant totalement à lui parler du professeur, mais il le fallait.


- Miss Brook...connaissait vous le professeur Hamilton ? Demandai-je d'un ton faussement léger.


La jeune femme me jeta un regard d'effroi qui me fit quasiment sursauté.


- Qu'à t'il avoir la dedans ? Qu'est ce qu'il à fait ? Elle répéta plusieurs fois ses questions sans me donner le temps d'y répondre.


- C'est une longue histoire. Tout ce que nous savons c'est que cet Hamilton à eu affaire au monde des sorciers. Nous avons vu sur internet..une photo de votre sœur avec cet homme à l'université. On c'est dis que cela ne pouvait pas être une coïncidence. S'il vous plait que savez vous de lui ? Rachel avait parlé de façon très apaisante et diplomatique. Cela m'étonnait beaucoup d'elle et de son mauvais caractère.


- Je ne comprends rien... Jenny adorait Hamilton. Elle ne jurait que par lui. Elle l'admirait tellement que...je les soupçonnait de partager un peu plus qu'un laboratoire. Je ne sais pas...il avait une telle emprise sur elle. Elle était amoureuse. Quand elle à disparue je n'ai plus jamais eu de nouvelle de lui. Mais c'était il y'a tellement longtemps. Bien sûr j'étais très inquiète de cette relation...il avait 20 ans de plus qu'elle.


Je ne compris pas pourquoi mais alors qu'Eleanor parlait mon esprit se mit à penser à Monsieur Lupin. Un frisson parcouru mon corps des pieds à la tête. Je cligna des yeux une demi seconde comme pour chasser son visage de ma tête. Il fallait que je me concentre.


- Il est partie au Mexique il y'a 4 ans, pour une étude très secrète apparemment. Mais tout laisse à penser qu'il n'est pas au Mexique en ce moment. Répliquai-je.


- Je vais me rendre à Oxford et tâcher de savoir ou il peut être. Proposa Eleanor.


- Nous allons continuer nos recherches aussi et surtout...tenter de mobiliser les instituions magiques. Si quelqu'un en veut aux visiomages, ils doivent les protéger.


- A ce propos...rajouta Eleanor soudainement mal à l'aise. Je n'ai jamais parlé à personne de mon...don. Dans mon témoignage pour la gazette j'ai dis que j'étais également visiomage et je le regrette. En réalité j'ai peur qu'il m'arrive quelque chose. Si quelqu'un de mal intentionné veut s'en prendre à moi...vous comprenez.


- Nous nous occupons également de ça. Nous connaissons un des rédacteurs. La rassura Rachel.

Nos tasses de thés étaient vides. Le temps était passé. Ils faillaient ne pas tarder. Nous nous dirigeâmes vers l'entrée, priant Miss Brook de faire attention à elle. Nous échangeâmes nos coordonnées pour pouvoir toujours nous joindre. J'enfilai mon manteau jaune.


Eleanor poussa un cris de stupeur puis partie dans une autre pièce avec une rapidité déconcertante, faisant claquer ses talons sur la parquet de l'appartement. Elle revint et cria :


- Votre manteau !


Je n'en revenait pas. Avait elle vraiment craquer sur mon manteau au point de crier et de courir partout ?


- Votre manteau jaune. Elle me tendis son téléphone.


C'était une photo. C'était Jenny souriante sur une banquette de bar. Dans le fond des personnes étaient assises au comptoir, de dos. Je ne comprenais pas pourquoi elle me montrer ça. Puis mon œil fut attiré par une tâche jaune au second plan. Ce qui semblait être une femme était assise sur le tabouret du bar. On ne voyait pas sa tête ni le haut de son torse. Mais elle portait mon manteau. Mon long manteau jaune. C'était maman.


- C'est la seule photo que j'ai de Jenny pendant ses réunions. Elle ne m'en a jamais envoyé d'autres. Je ne pouvais pas reconnaitre ses gens, ont ne voit pas leurs visages. Mais ce manteau vous le tenez de...


- De ma mère oui. Je frissonnai en regardant le manteau sur la photo. C'était maman. 


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