Comme la glace

Chapitre 7 : La tempête dans ma tête

1527 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/05/2017 21:40

Drago parcouru les couloirs du château sans vraiment savoir où il allait. Les traits tirés, il repensait à la scène qui venait de se dérouler. Le jeune homme ne montrait que rarement ses sentiments. Mais la colère était trop intense. Non, pas la colère, la rage. Une rage qui bouillonnait dans chacune de ses veines. Personne n’avait jamais tenu tête à Drago Malefoy. Les gens avaient bien trop peur de lui. De sa réputation. Une réputation que son cher père avait pris soin de lui fabriquer et qui ne devait en aucun cas s'effriter. Son paternel n'était pas un père très aimant, très attentionné à son égard. Tout ce qui comptait pour lui, c'était le pouvoir. Et sans peur dans le regard des autres, il ne peut y avoir de pouvoir. Drago avait grandi dans la crainte de son père, cette crainte qu'il faisait désormais naître chez toute personne qui ne se pliait pas à sa volonté.

Sauf qu’aujourd’hui quelqu’un l’avait remis à sa place. Lui, le fils du célèbre mangemort Lucius Malefoy. Cette petite sang-de-bourbe n’avait visiblement pas froid aux yeux. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle avait frappé juste. Elle avait frappé juste et elle avait frappé fort. Sans détours, sans faux-semblants. Elle avait su trouver les mots exacts qui l’avaient percuté comme une lame au creux du ventre. Et ça, Drago ne le supportait pas. Personne n'avait jamais résisté à son charisme digne des plus grands mages noirs. Personne n'avait jamais osé lui parler comme elle lui avait parlé. Avec autant de franchise. Avec autant de spontanéité.

Lui n’avait pas répondu avec autant de justesse, il ne savait que terroriser. Alors c’est ce qu’il avait fait. Il l’avait senti trembler sous le poids de ses paroles. Trembler sous le ton menaçant de sa voix. Trembler sous son regard de glace. Elle était pétrifiée de terreur. Et pourtant elle n’avait jamais baissé les yeux. Elle avait soutenu son regard sans sourciller. Cette sang-de-bourbe avait du cran, il devait bien le reconnaître. Elle avait quelque chose de plus, quelque chose de différent. Mais il ne parvenait pas à définir quoi. Drago se surpris soudain à sourire. Pour la première fois de sa vie quelque chose d'inconnu était arrivé. Une chose qui l'intriguait au plus haut point, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.

A force d'arpenter les couloirs du château, le jeune Serpentard se retrouva au fond des cachots, sous le lac. Là se trouvait la salle commune de la maison Serpentard. C'était un peu un refuge pour lui, ce devait être pour ça qu'il y avait atterri sans même réfléchir à sa destination. Il se positionna en face de l'entrée, dit le mot de passe et la porte qui menait à sa salle commune s’ouvrit dans un léger grincement. Le petit salon était désert à cette heure, tous les élèves étaient partis dans les dortoirs. Enfin, presque tous. A moitié couchée sur le grand canapé en velours vert, une jeune fille aux cheveux de jais attendait. Elle fixait le feu qui crépitait dans la cheminée en marbre blanc tout en tortillant nerveusement une mèche de cheveux. Elle semblait impatiente. Lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir, elle tourna et un sourire malicieux apparu sur son visage.

« Ah, Drago, te voilà enfin ! lui dit-elle en soupirant de joie.

- J'étais convoqué dans le bureau de McGonagall. Que veux-tu, Pansy ? demanda le jeune homme d’un air distant.

- Oh Drago, je t’en prie, ne fait pas l’innocent. Je t'attends depuis tellement longtemps que j'en ai oublié le temps qui passe. J'ai ordonné aux autres élèves de partir dans leur dortoir. Tu sais pourquoi n'est-ce pas ? »

Elle se leva du canapé et s’approcha de lui comme une lionne de sa proie. Lentement, mais sûrement, elle se positionna derrière lui. La jeune fille passa un bras autour de la taille de Drago et lui murmura à l'oreille.

« Tu m’as manqué cet été Drago. Ton corps m'a manqué...

- Pansy, quelqu’un pourrait nous surprendre. Tenta d’esquiver Drago qui n'était pas sûr de vouloir la même chose qu'elle.

- Aucun risque, tout le monde sait ce qu’on est toi et moi, s’amusa la Serpentard. Et puis comme je te l'ai dit, j'ai donné des ordres stricts. Les menaces habituelles. »

Drago devait bien avouer qu’après cette soirée, il avait besoin de se détendre. Et même si Pansy n’était pas l’amante parfaite, elle faisait l’affaire. Elle avait fait l'affaire depuis bien des années. Le jeune homme avait toujours eu ce qu'il voulait. Il savait obtenir tout ce qu'il désirait obtenir. Pansy Parkinson n'était qu'une potiche. Mais Drago avait désespérément besoin d'une sortie de secours. Le jeune homme se retourna alors, et un petit sourire en coin apparu sur ses lèvres. Il allait enfin pouvoir se sortir Hermione Granger de la tête. Il s’avança lentement vers la jeune fille, il aimait jouer à ces jeux-là. Il s'en délectait à chaque fois. Drago Malefoy pouvait avoir toutes les filles qu'il désirait. De n'importe quelle maison de Poudlard. Toutes. Sans exception. Pansy se mordit la lèvre inférieure avant de se jeter sur Drago en l’embrassant sans aucune retenue.

Dans un dernier gémissement, Drago se laissa tomber sur la moquette. Ça n’était pas la première fois que le corps de Pansy Parkinson lui servait d’exutoire, pourtant cette fois-ci il ne se sentait pas mieux. La jeune fille, en revanche, était aux anges. Elle affichait un sourire béat et se colla à Drago comme une huître à son rocher. Le Serpentard savait très bien ce que la jeune fille ressentait pour lui, mais il n’en faisait aucun fi. Elle était comme toutes les autres : hypocrite et opportuniste. Elle n’en voulait qu’à son argent et sa réputation. Lui, n’en voulait qu’à son corps. Tant qu'elle se taisait et faisait ce qu'il lui disait de faire, il pouvait faire abstraction de son insupportable personnalité. Il ne l'aimait pas. Il n'avait jamais aimé personne. Pas d'un amour romantique. De toute façon le jeune homme n’avait jamais ressenti quelque chose ressemblant de près ou de loin à de l’amour. Même l’amitié lui était inconnue.

A mesure que ses paupières se fermaient une silhouette se dessina dans son esprit. Une jeune fille. Elle était belle. Il lui semblait la connaître mais sans parvenir à la reconnaitre. Des yeux noisette, des cheveux châtains. Un petit tatouage en forme de triskèle au-dessous de l'oreille droite. Le jeune homme ouvrit les yeux en grands et se redressa d’un bond, écœuré par ses pensées. Sa respiration s'était accéléré et son cœur ne parvenait pas à reprendre un rythme régulier.

« Mais qu'est-ce qui m'arrive bon sang ?! Reprend toi Drago! »

Le jeune homme remit rapidement son jean et se dirigea vers la salle de bain.

« Où tu vas Drago chéri ? se lamenta Pansy.

- Ça ne te regarde pas Parkinson. Et appelle-moi encore ne serait qu’une fois « chéri » et je te le ferais amèrement regretter », menaça-t-il sans même se retourner vers son interlocutrice. 

Il avait besoin de se retrouver seul pour remettre ses idées en place. Il se déshabilla et entra dans la douche. Il tourna le robinet et un jet d’eau glaciale se déversa sur son corps en sueur. Il ne frissonna pas. Qu’avait-il bien pu se passer dans ce couloir pour que sa tête soit à ce point-là embrouillée ? Il n’en avait pas la moindre idée mais il savait qu’il devait y remédier. Il ne pouvait pas se permettre de perdre son sang-froid. Il devait rester de marbre. Toujours.

Il y avait des années, lorsqu'il était petit, son père lui avait appris à refouler ses sentiments. Pas besoin de sortilège. Simplement la puissance de l'esprit. La puissance de son esprit. En se concentrant suffisamment il parvenait à visualiser ce qui le perturbait. Puis il faisait en sorte de ranger les pensées parasites dans une minuscule boite qu’il fermait à double tour. Cette boite, ne s’ouvrait jamais plus. Alors Drago fermât les yeux, et se concentra. Il visualisa le déroulement de sa soirée. Puis il visualisa ce visage si horriblement parfait. Hermione Granger.

Lorsqu’enfin il sortit de la cabine de douche, son esprit était vidé de toute émotion. Il était redevenu lui-même : froid comme la glace.

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