Comme la glace

Chapitre 12 : La tentation de son souffle

1272 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/05/2017 21:43

Drago avançait tel un prédateur. Il approcha si près d’Hermione qu’il pouvait sentir sa poitrine se soulever à chacune de ses respirations. Il plaça ses mains de chaque côté de la tête de la jeune fille pour l’empêcher de fuir. Il savait qu’elle avait peur, pourtant son corps ne tremblait pas. Elle ne dit rien, ne fit rien. Elle était tétanisée. Le Serpentard savait qu’il avait une pleine et totale emprise sur elle. Il avait le pouvoir de faire ce qu’il voulait d’elle. Il était clair qu’elle avait pris confiance en elle durant toutes ces années, mais visiblement pas assez pour le défier jusqu’au bout.

Le jeune homme plaqua son corps contre celui de sa douce et fragile petite proie pour mieux contrôler l’instant. Son visage était si près de celui d’Hermione qu’il pouvait ressentir son souffle irrégulier sur son menton. Il attendit, se délectant de chaque moment. Il adorait avoir le contrôle. Savoir qu’il était le maître du jeu. Ce jeu qu’ils ignoraient avoir mis en place le premier soir de la rentrée. Dans ce couloir imprégné dorénavant d’une atmosphère si particulière.

Le Serpentard approcha lentement sa tête de l’oreille droite de la jeune fille. Il y aperçut son tatouage. Ce petit rien qui avait brusquement fait une différence. Lorsqu’il l’avait entrevu dans le train, il avait su. Cette jeune fille n’en était plus une. C’était une femme. Il en avait soudainement pris conscience et l’avait trouvé particulièrement attirante. Bien sûr, il s’était bien vite trouvé écœurant d’avoir ce genre de pensées à l’égard d’une sorcière aussi impure qu’Hermione Granger. Il avait tenté par tous les moyens de la regarder de nouveau comme il l’avait toujours fait. Sang-de-Bourbe. Sang impur. Rien n’y faisait. Dès qu’il était près d’elle il ne pouvait s’empêcher de la détailler. Subtilement, presque inconsciemment.

« Tu as peur Granger ? » lui susurra-t-il à l’oreille.

Il avait posé sa question comme une évidence. Elle était purement rhétorique. Il ne s’attendait pas le moins du monde à obtenir une réponse de sa part. C’est pourquoi il fut plus qu’étonné lorsqu’il entendit Hermione répliquer.

« Non. Je n’ai pas peur. Je n’ai jamais eu peur de toi », murmura-t-elle doucement.

Sa voix était pâle mais ferme. Elle était sincère. Peut-être n’avait-elle jamais été aussi sincère. Un sourire apparut sur le visage de Drago. Un sourire qu’il n’avait que rarement. Décidément cette fille ne finissait pas de l’étonner. Comment avait-il fait pour ne pas s’apercevoir avant de qui elle était réellement. Elle était tout ce que le jeune homme avait toujours voulu. Une adversaire à sa taille. Même Potter n’avait jamais su tenir la distance face à lui. La jeune femme prit une dimension encore différente aux yeux du Serpentard. Elle n’était plus la souris et lui le chat. Ils étaient tous les deux des lions.

Pour lui, qui s’ennuyait tellement à n’être que le chef de file d’une maison n’inspirant que la terreur, elle était un mystère. Il ne parvenait pas à la décrypter. Elle avait des amis qui lui étaient fidèles, une famille aimante, une facilité déconcertante à étudier et elle était admirablement belle. Mais par-dessus tout, elle était libre. Magnifiquement et formidablement libre. Elle n’avait aucune obligation, aucune règle à suivre. Personne ne lui imposait quoi que ce soit. Elle pouvait décider elle-même de la voie qu’elle allait emprunter. Etait-ce cela qui attirait le Serpentard plus qu’autre chose ? Lui qui n’avait jamais connu autre chose que le diktat imposé par son père. Lui qui avait toujours suivi les ordres qu’on lui donnait. Lui qui n’avait jamais pu être autre chose que ce qu’on lui avait dit d’être. Au fond de lui il ne savait pas vraiment qui il était. Il n’avait jamais été libre de ses choix.

Drago approcha ses lèvres si près du délicat triskèle que la jeune fille crut qu’il l’embrassait. Un frisson parcourût le corps d’Hermione. Elle ne parvint toutefois pas à en comprendre la raison. Sentant la jeune fille frémir à ce simple contact, le Serpentard colla son corps encore plus près du sien. Il replaça son visage en face de celui d’Hermione et planta son regard de glace dans ses yeux si chaleureux. Comme pour arrêter le temps, le feu dans la cheminée mourût. Il n’y avait plus que la lumière de la Lune, brillant à travers la petite lucarne, pour éclairer la scène surréaliste qui se jouait.

A présent Drago ne distinguait plus que la silhouette de la jeune femme qui lui faisait face. Si ce n’avait pas été elle, si cette personne qui lui faisait face n’était pas Hermione Granger, il aurait probablement sauté sur l’occasion. Les plaisirs de la chair étaient la seule chose qui lui permettait de tenir. La seule chose qui lui permettait de survivre. C’était inconvenant, presque pathétique. Il savait à quel point ce seul plaisir était impudent. Mais dans le monde où on l’avait élevé il fallait survivre. Ou mourir.

Pourtant il ne fit rien. Il ne bougea pas d’un centimètre, comme figé dans le temps. Il n’osait pas s’approcher encore plus près de son visage. C’était lui qui avait peur à présent. Il sentait chaque respiration, chaque battement de cœur. Il aurait pu prendre entièrement possession du corps de la Gryffondor. Il en avait envie. Une envie irrépressible. Alors pourquoi ne parvenait-il pas à bouger ? Le souffle si chaud, si attirant d’Hermione réchauffa un peu son cœur de glace. Peut-être même le fissura-t-il. Une fissure imperceptible. Une faille indécelable, même pour Drago. Jusqu’à ce qu’elle fasse le geste de trop.

Hermione ferma les yeux et approcha ses lèvres de celles du Serpentard. Pourtant, au moment où elles auraient dû se rencontrer, les deux bouches pleines de désir ne firent que s’effleurer. Hermione fût soudainement libérée de l’emprise que Drago avait sur elle. Les deux corps se séparèrent brutalement et la jeune fille ouvrit les yeux d’incompréhension.

Dans la pâle lumière de la lune, Hermione eût juste le temps d’apercevoir la silhouette de Serpentard s’échapper jusqu’à la porte. Celle-ci s’ouvrit à la volée et se referma aussitôt dans un claquement qui fît sursauter la Gryffondor. Le souffle court, elle glissa le long du mur et se retrouva assise par terre. Hagarde, elle se repassa la scène en boucle dans sa tête. Avait-elle rêvé ? Peut-être que tout ceci ne s’était passé que dans sa tête ? Elle ressentit une douce brûlure là où il avait posé ses lèvres. Elle posa ses doigts tremblant sur le délicat petit triskèle puis sur sa bouche encore gonflée de désir. De l’eau se déversait sur ses joues. Elle pleurait. Non, ce n’était pas un rêve. C’était un cauchemar.

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