Comme la glace

Chapitre 20 : La flamme de l'espoir

1828 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/05/2017 20:41

« Que penses-tu d’un bal masqué Granger ?

             - Tu m’épates Malefoy ! Ça fait une heure que je m’épuise à te proposer des idées de thème pour ce bal de malheur, une heure que tu rejettes tout en bloc, et voilà que tout d’un coup tu trouves la solution idéale ! Non vraiment, c’est prodigieux. »

             La journée était passée aussi vite qu’elle avait commencée. Les deux préfets n’avaient fait qu’une pause lors du diner et avaient enchainé le travail. Ils alternaient entre leurs devoirs personnels et la préparation des festivités d’Halloween. Hermione s’était même surprise à apprécier cette collaboration. Derrière ses apparences de fainéant, le Serpentard était en réalité tout sauf oisif. Ils avaient même pu se faire réviser mutuellement comme s’ils avaient toujours fait ainsi. Cette coopération avait définitivement celé la trêve entre les deux opposés.

             « Je sais que je suis épatant. Ce qui m’intéresse c’est de savoir si cette proposition te convient ? reprit Malefoy.

             - Je dois avouer que c’est loin d’être une mauvaise idée. Je suis même étonnée de ne pas y avoir pensé plus tôt…

             - Que veux-tu Granger, tu n’es pas aussi douée que tu le crois, dit-il pour la taquiner sans vraiment en avoir l’air.

             - En fait c’est bizarre que cette idée soit la tienne, poursuivit Hermione un demi-sourire aux lèvres.

             - Continues comme ça et tu te passeras de mon brillant cerveau pour le reste du travail !

             - Des menaces, toujours des menaces… »

             Ils s’étaient pris tous les deux au jeu des plaisanteries taquines. Sans l’avouer ni à l’autre ni à eux-mêmes, ils adoraient ce nouveau passe-temps. Hermione préférait largement ça à leurs prises de bec habituelles.

             « Alors ? s’impatienta Malefoy.

             - Alors c’est décidé, on garde le bal masqué, confirma la jeune fille.

             - Magnifique, y a plus qu’à faire passer le message alors ! »

             Leur discussion fut interrompue par léger bruit. Quelqu’un frappait à la porte.

             « Hermione tu es là ? C’est Harry, je dois te parler. C’est urgent. »

             La Gryffondor se leva et sortit de la pièce tandis que Malefoy reprit son travail. Debout devant la porte de la Salle sur Demande se trouvait Harry, le regard triste. Une ombre passa sur son visage et il baissa légèrement la tête. La jeune fille fronça les sourcils d’inquiétude.

             « Harry ? Qu’est-ce qu’il y a ?

             - Hermione, je… je suis désolé. On a… On a fait tout ce qu’on pouvait mais ses blessures étaient trop grave.

             - De quoi tu parles Harry ? Qui est blessé ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? l’interrogea la Gryffondor de plus en plus inquiète.

             - Pattenrond… »

             Hermione chancela et se rattrapa de justesse au mur de pierre. Harry devait se tromper. Il ne pouvait pas en être autrement. A l’expression compatissante de son ami, Hermione pâlit. Elle devait en avoir le cœur net.

             « Raconte-moi, lui ordonna-t-elle.

             - On était dehors avec Ron, près de la forêt interdite. On se promenait quand on a entendu un vacarme monstrueux. Une horde de Sombrals courrait à toute allure, ils semblaient complètement terrorisés. On n’a pas eu le temps de faire quoi que ce soit, Pattenrond se trouvait sur leur chemin et… Tu sais ce n’est pas de leur faute, ils ne l’ont pas vu…

             - Où est-il ? Harry, où est mon chat ? articula Hermione avec toute la difficulté du monde.

             - A l’infirmerie, Madame Pomfresh essaye de… et bien… d’améliorer son état… »

             La Gryffondor était tétanisée. Elle ne parvenait plus à bouger. Même les larmes ne vinrent pas. Elle resta statique, sans pouvoir faire le moindre mouvement. Pattenrond signifiait tellement pour elle. Lorsqu’elle avait reçu sa lettre pour Poudlard elle avait tout de suite voulu avoir un chat. Lorsqu’elle était arrivée dans la ménagerie magique il était là. Mi chat, mi Fléreur il n’était pas particulièrement beau ni particulièrement futé. Mais pour Hermione ça avait été une évidence, ce serait lui et aucun autre. Il était sa fierté, le symbole de sa nouvelle vie de sorcière. Elle lui avait donné tout son amour et il le lui avait si bien rendu. Il était le meilleur compagnon qu’on puisse rêver d’avoir. Il avait été le meilleur compagnon qu’elle pouvait rêver d’avoir. A présent il était parti.

             « Hermione ? Tu veux… tu veux aller le voir ? lui demanda Harry. »

La jeune fille leva la tête vers son ami et répondit par la négative. Elle n’en était pas capable. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. Elle refusait de constater l’horrible vérité. Elle ne se sentait pas la force de le voir. La Gryffondor se retourna lentement sans dire un mot à Harry et repartit vers la porte de bois.

Hermione rentra dans le petit salon en tremblant. Lorsqu’elle s’assit sur le canapé elle sentit ses yeux la piquer. Une larme roula sur sa joue. Puis une autre. Et encore une. Elle renifla bruyamment ce qui alerta Malefoy. Il redressa la tête et leva un sourcil en voyant le flot ininterrompu de larmes se déverser le long du visage de la jeune fille lui faisant face. Il soupira légèrement et une moue réprobatrice se dessina sur son visage.

             « Qu’est-ce qu’il y a Granger ? J’ai fait un truc qu’il fallait pas ? »

             En guise de réponse il n’obtint que des sanglots. Et un torrent de larmes.

             « Arrête de chialer t’es ridicule. »

             La jeune fille ne répondit toujours pas. Agacé il se leva de son canapé et vint s’asseoir à côté d’Hermione. Maladroitement il passa un bras autour de son cou. Puis un second autour de sa taille. Il la serra si fort que la jeune fille eut l’impression qu’il absorbait toute sa tristesse. Un dernier sanglot la secoua puis elle se calma miraculeusement. D’une voix faible elle murmura à l’oreille du Serpentard qui ne l’avait pas lâché.

             « Co… comment tu as fait ça ?

             - C’est une technique qui permet de détendre ton système nerveux. J’ai lu ça quelque part. Je crois.

             - Merci, lui répondit la jeune fille avec toute la sincérité dont elle était capable.

             - Ne me remercie pas Granger, tu m’empêchais de me concentrer. Il fallait bien que je fasse quelque chose. En plus je déteste t’entendre renifler ainsi. C’est insupportable. » ajouta-t-il en détournant le regard.

             Hermione se détacha doucement de ses bras protecteurs et plongea ses yeux rougis dans ceux de Malefoy. Il n’était peut-être pas celui qu’il paraissait être. Peut-être y avait-il du bon en lui. Même s’il ne voulait pas l’admettre.

             « C’est bon ? demanda le Serpentard. Je peux te lâcher ou tu vas recommencer à sangloter ? »

             Pour toute réponse Hermione s’agrippa à la chemise du jeune homme, posa sa tête contre son torse et ferma les yeux. Comme un réflexe, il referma ses bras autour d’elle. La lueur des lumières du petit salon décrut progressivement, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un souvenir. Au creux d’une douce étreinte qui dura toute la nuit, naquit quelque chose. Quelque chose d’inexplicable, qui n’aurait jamais dû naitre. Une petite flamme dans un cœur de glace.


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