Comme la glace

Chapitre 21 : Un couple officiel

1637 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/05/2017 20:48

Lorsqu’Hermione ouvrit les yeux, les premières lueurs du jour traversaient la petite lucarne du salon. Elle était confortablement allongée sur le canapé acajou. Quelqu’un l’avait recouverte d’une couverture et avait placé deux coussins sous sa tête. La fatigue qu’elle ressentait depuis plusieurs jours s’était évaporée. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois qu’elle avait si bien dormi.

             La Gryffondor se redressa et parcourut la pièce de ses yeux embrumés. Elle était seule. Sur la table basse trônait son sac de cours dans lequel toutes ses affaires avaient été soigneusement rangées. Elle se leva et fouilla la besace à la recherche d’un mot qu’il aurait pu lui laisser. Elle ne trouva rien. Malefoy était parti. Elle ne se souvenait pas à quel instant il avait quitté le petit salon en la laissant seule, mais il était parti.

             Elle se leva, prit ses affaires et sortit de la Salle sur Demande. Elle parcourut le château jusqu’à son dortoir, y déposa son sac et partit prendre une douche. Une fois lavée, habillée et coiffée, la jeune fille descendit jusqu’à sa salle commune. La tour de Gryffondor était parfaitement silencieuse. Les élèves dormaient pour la plupart, tandis que certains lisaient en attendant l’heure du petit déjeuner. Parmi ceux-là se trouvait Ginny, plongée dans un livre de sortilèges.

             « Salut Hermione, lui chuchota la jeune fille. Tu vas bien ? »

             Aucun son ne sortit de la bouche de la Gryffondor. Elle se remémorait depuis son réveil les paroles d’Harry. Pattenrond était parti. Définitivement parti. Elle ne reverrait jamais sa petite frimousse orange si expressive, n’entendrait plus ses miaulements lorsqu’il l’implorait de lui donner quelques miettes de son petit déjeuner. Il ne sauterait plus sur ses jambes pour lui signifier qu’il avait besoin d’affection, ne grimperait plus sur son lit le soir en prenant toute la place. Il n’était plus là. Hermione en était anéanti.

             « Je suis désolée tu sais… pour ton chat. Je sais qu’il comptait énormément à tes yeux, reprit la jolie rousse.

             - S’il te plait Ginny, pas maintenant. Je… je ne suis pas prête à en parler.

             - Oui, pardon… Alors parlons de ce que tu as fait cette nuit.

             - J’ai dormi ailleurs, c’est tout.

- Ça non plus tu ne veux pas en parler c’est ça ?

- C’est ça. »

Hermione tira un bouquin de son sac et tenta en vain de se plonger dedans. Elle n’arrivait pas à se concentrer. Les lignes dansaient sur les pages de son livre. Sa vision était floue et ses pensées embrouillées. Un nombre incalculable d’émotions la submergeait. Elle était triste pour son chat, angoissée pour ses cours, mais par-dessus tout, elle était perdue. La jeune fille ne comprenait plus la relation qui la liait à Malefoy. Il changeait d’humeur comme de chemise. On ne savait jamais sur quel pied danser avec quelqu’un comme lui. Pourtant, cette nuit, Hermione avait senti un voile se déchirer. Une carapace se fissurer. Comme si cette simple étreinte était parvenue à percer la coquille du Serpentard. Il avait été doux et attentionné. Ce ne pouvait qu’être lui qui l’avait laissé aussi confortablement installé sur le canapé du petit salon.

Pourtant, il n’était pas resté. Il était parti avant qu’elle ne se réveille. Une fois de plus. Comme s’il n’assumait pas ses petits moments de pure générosité. Comme s’il n’assumait pas la gentillesse qu’il cachait en lui. Comme s’il n’assumait pas qui il était réellement. Hermione était incapable de dire si le Serpentard s’était déjà comporté ainsi avec quelqu’un d’autre qu’elle. Secrètement, elle espérait être la seule.

« Hermione ? dit une voix masculine dans son dos.

- Bonjour Harry, lui répondit-elle en se retournant.

- Hermione il faut que tu y ailles. Il faut que tu ailles voir Pattenrond. Madame Pomfresh ne peut pas prendre de décisions à ta place. »

Au fond d’elle, la Gryffondor savait que son ami avait raison. Plus elle attendrait et plus elle aurait mal en le retrouvant. Elle devait affronter la réalité. La jeune fille se leva, prit la main d’Harry et l’emmena hors de la salle commune. Sans un bruit ils parcoururent le chemin qui les séparait de l’infirmerie. Hermione s’arrêta devant la porte, hésitante. Voyant sa détresse, le Gryffondor lui prit la main et l’entraina à l’intérieur. Au fond de l’infirmerie, à l’abri des regards, se trouvait un lit. Caché par des rideaux, il était isolé du reste de la pièce.

« Miss Granger, les interrompit l’infirmière. Je suis heureuse de vous voir et je suis profondément navrée pour votre chat. Malgré tous nos efforts, nous n’avons rien pu faire. J’ai cependant fait mon maximum pour qu’il soit dans le meilleur état possible lorsque vous viendriez. »

Hermione la remercia d’un signe de tête et tira le rideau. Il était là, couché sur le lit. Il semblait dormir avec ses yeux clos et ses moustaches tombantes. Il était paisible, presque heureux. Seul son immobilité totale permettait de distinguer son véritable état.

La jeune fille s’assit près de Pattenrond et le caressa comme elle avait toujours eu l’habitude de le faire. Du bout des doigts, elle effleura son museau. Il était froid et sec. Toute vie avait déserté le corps du petit chat. Une larme roula sur la joue d’Hermione, emportant avec elle toute la tristesse qu’elle ressentait. Aussi étrange que cela lui paraissait, Hermione n’était pas triste. Elle ne l’était plus. Elle avait beaucoup de chagrin, un chagrin qui ne s’en irait sans doute jamais, mais la tristesse de la veille avait disparu.

« Voulez-vous le garder Miss ? lui demanda Madame Pomfresh.

- Le garder ? Non.

- Que dois-je en faire dans ce cas ?

- Incinérer le. Comme les rois de l’ancien temps. Il le mérite, il en était un pour moi. »

Sans un mot, l’infirmière prit Pattenrond dans ses bras et l’emporta loin des deux amis. Harry serra l’épaule d’Hermione et l’invita à se lever. Tous deux quittèrent l’infirmerie et descendirent les escaliers jusqu’à la Grande Salle.

Assis autour de la table des Gryffondor, les amis d’Harry et Hermione s’étaient installés. Parmi eux se trouvaient Sarah et Ginny, mais pas la moindre trace de Ron.

« Tout va bien ? s’inquiéta Sarah en apercevant son amie.

- Ça va mieux, lui répondit-elle avec un léger sourire.

- Tu souris, c’est déjà bon signe, l’encouragea la Serdaigle.

- Manges quelque chose, lui proposa Ginny. On t’a gardé des tartines et de la confiture.

- Avec plaisir, merci, répondit Hermione »

À l’opposé de la Grande Salle la Gryffondor aperçut Malefoy. Debout près de la table des Serpentard, il n’était pas seul. A ses côtés, Céleste lui tenait la main. Elle riait aux éclats tandis que lui la dévorait du regard. Tous deux discutaient avec un petit groupe d’étudiants visiblement très excités. La discussion était animée mais plutôt dans le bon sens du terme. Tous semblaient recevoir une nouvelle des plus enthousiasmante. A l’écart du groupe, Pansy Parkinson était assise sur le banc de bois, bras croisés. Elle paraissait très contrariée. Hermione interrogea ses amis du regard. Personne ne semblait savoir ce qu’il se passait, mais, de toute évidence, il se passait quelque chose.

« Vous n’êtes pas au courant ? dit Sarah en voyant les visages interrogatifs de ses amis.

- Au courant de quoi ? lui répondit Ginny avec impatience.

- Ça y est, c’est officiel ! lui répondit-elle. Drago Malefoy et Céleste Beauchamps sont officiellement en couple ! C’est étonnant pour quelqu’un d’aussi indépendant que Malefoy… Je n’ai d’ailleurs pas le souvenir qu’il se soit officialisé avec qui que ce soit jusqu’ici. »

A l’annonce de son amie, Hermione avait cessé de bouger. Immobile, le souffle court, elle accusait le coup. Elle n’y croyait pas réellement. Après tout, ils ne faisaient que se tenir la main. Comme l’avait souligné Sarah, Drago Malefoy tenait trop à son indépendance pour accepter toutes les conditions qu’imposait un couple. Il n’avait jamais apprécié l’exclusivité.

Elle baissa la tête pour tenter de se reprendre. Réfléchissant à toute vitesse elle essaya de retrouver ses esprits. Lorsqu’elle se redressa, elle eût le souffle coupé. Droit devant elle, à la vue de tous, Drago embrassait Céleste.


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