Comme la glace

Chapitre 24 : Dans un baiser

1737 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/05/2017 20:39

Hermione ne parvenait pas à s’endormir. Depuis des heures elle se tournait et se retournait dans son lit. Elle avait tenté de fermer les yeux le plus longtemps possible en priant pour que le sommeil la gagne, elle avait même essayé les techniques de relaxation que sa mère lui avait enseigné. Malheureusement, il était 2 heures du matin et la jeune fille ne dormait toujours pas. Dans un soupir d’agacement, elle se redressa. Elle descendit de son lit aussi discrètement que possible, prit quelques affaires et sorti de la Tour de Gryffondor.

             Hermione descendit les escaliers du château et s’arrêta au cinquième étage. Là, elle parcourut le couloir et interrompit sa progression lorsqu’elle atteignit la quatrième porte à droite, après la statue de Boris le Hagard.

             « Fraicheur des pins. », chuchota la Gryffondor.

             Aussitôt, la porte s’ouvrit. Elle pénétra dans la pièce luxueuse qui s’offrait à elle. Un magnifique lustre de chandelles doré berçait la salle d’une douce et très légère lumière. Tout était recouvert de marbre blanc, du sol au plafond en passant par l’immense baignoire rectangulaire au milieu de la pièce. Autour de la baignoire, qui était si grande qu’on aurait pu appeler ça une piscine, se trouvaient des centaines de robinets d’or ornés de pierres précieuses aux mille couleurs. Dans un coin, la jeune fille pouvait distinguer une petite pile de serviettes blanches soigneusement pliées.

             Eblouit par la beauté de la Salle de Bain des Préfets, Hermione en avait oublié de se dévêtir. Elle reprit ses esprits et se déshabilla entièrement. Elle rangea ses affaires sur un des petits bancs prévus à cet effet et entra dans l’eau. Elle s’étonna de constater que de la mousse, en quantité démesurée, avait déjà été versée dans le bain. Tant mieux, elle n’aurait pas à le faire. Elle plongea la tête sous l’eau pour se relaxer quelques instants. Elle remonta lentement et s’appuya contre le rebord de la baignoire. Elle parcourut une nouvelle fois l’immense salle des yeux.

De l’autre côté du bassin, caché dans l’ombre, elle distingua une silhouette. Elle devait rêver. Si quelqu’un s’était trouvé là, il aurait manifesté sa présence. Un doute l’envahit. Pour se rassurer, elle se rapprocha lentement de la silhouette. Une peau pâle et des cheveux blonds presque blancs. Hermione connaissait la personne qui se trouvait avec elle dans le bassin. Drago Malefoy. Paisible, il semblait endormi.

Paniquée, elle recula précipitamment créant des remous bruyants à la surface de l’eau. Elle recula de nouveau, le plus doucement qu’elle pouvait, vers le fond de la baignoire afin d’en sortir le plus discrètement possible.

« Non, ne pars pas. », lui interdit une voix masculine qu’elle reconnaitrait entre mille.

N’osant pas faire un mouvement, Hermione attendit. Que faisait-il ici à cette heure-là ? Pourquoi n’avait-il pas dit qu’il était là lorsqu’elle était entrée ? Et surtout, pourquoi voulait-il qu’elle reste ? Et elle, elle aurait dû partir malgré la demande du Serpentard. Elle aurait dû sortir de cette salle de bain dès qu’elle avait aperçu sa silhouette. Pourtant elle restait là. Immobile.

De l’autre côté du bassin, Malefoy bougea.

« Restes Granger, il y a assez de place pour nous deux.

- Je ne crois pas que ça soit une bonne idée, murmura Hermione.

- Pourquoi ça ? Tu as peur ?

- Je te l’ai déjà dit Malefoy, je n’ai pas peur de toi.

- Alors restes. S’il te plait. »

Elle ne l’avait jamais entendu être aussi poli. Son ton en était quasiment suppliant. La voix du Serpentard était douce, comme une caresse. Envoutante, comme un rêve. La tête d’Hermione lui hurlait de fuir, de retourner à son dortoir et de ne plus jamais penser à ce moment. Mais son cœur… son cœur lui chuchotait de rester. Rester le plus longtemps possible, malgré le danger. Elle ne tergiversa même pas. Elle se détendit légèrement et resta dans le bain.

« Tu avais raison, lui dit le Serpentard.

- C’est-à-dire ?

- Quand tu m’as dit qu’on a toujours le choix, tu avais raison.

- Bien sûr que j’avais raison. On a toujours le choix, en toute circonstance, il faut simplement assumer les conséquences de ces décisions. C’est à cette seule condition qu’on cesse d’être ce que les autres veulent que nous soyons et qu’on devient qui nous voulons être. C’est le prix de la liberté.

- J’aurais pu dire non à mon père. Depuis des années j’aurais pu m’imposer face à lui. Mais je n’ai rien fait. Ce n’est pas ma naissance qui m’emprisonne, c’est mon incapacité à m’émanciper de cette barrière. Je suis seul responsable des chaines qui m’enserrent jour après jour.

- Tu ne peux pas te rendre responsable de tous tes malheurs Malefoy. Ton éducation a fait que tu n’es pas capable d’être autre chose que ce qu’on a fait de toi. On t’a façonné à l’image de ta famille. Ça ne servira à rien de t’apitoyer sur ton sort. Maintenant que tu as ouvert les yeux et que tu sais qui tu n’es pas, essayes de devenir qui tu veux être.

- C’est plus compliqué que tu ne le penses. Je ne peux pas me permettre de changer. Je suis Drago Malefoy, fils de Lucius Malefoy, petit-fils d’Abraxas Malefoy. Les gens attendent de moi que je sois le digne successeur de mes ancêtres. Mon père lui-même ne me permettrait pas de faire ce que bon me semble. Il y a des règles.

- Ton père est la première personne dont tu dois te libérer. Il a sur toi une emprise malsaine qui ne fait que te rendre malheureux. Le reste du monde n’a pas à te dire qui tu dois être. Malefoy, si tu veux être libre, il faut que tu apprennes à te créer tes propres règles. Peu importe le regard des autres, peu importe les on-dit. Tu es le seul maitre de ton destin.

- Je ne suis pas prêt Granger. Je ne peux pas. Je ne suis pas aussi fort que ce que tout le monde pense. Personne ne comprendrait. Je ne peux être moi-même avec aucun d’entre eux. Aucun, sauf toi. »

Il ouvrait enfin son âme. Hermione le sentait du plus profond de son cœur. C’était comme si chaque morceau de la carapace qu’il s’était construite durant toutes ces années se détachait. A chaque mot qu’il disait, chaque parole qu’il prononçait, un éclat de ce bouclier de glace se transformait en poussière. Il devenait qui il était réellement. Petit à petit, pas après pas. Le chemin serait encore long, mais avec elle il avait su mettre des mots sur ce qu’il ressentait. Il avait pu exprimer sa détresse, et elle l’avait écouté. Personne ne l’avait jamais écouté auparavant. Il s’était toujours senti seul. Délaissé du reste du monde. Jusqu’à maintenant.

Le jeune homme progressa lentement dans le bassin jusqu’à arriver à un mètre de la Gryffondor. La profondeur du bain lui permettait de se tenir debout. Seul les trois quarts de son torse dépassait de l’eau. Dans la pâle lumière du lustre, Hermione le trouva particulièrement beau. Les gouttes d’eau et de sels de bain ruisselaient sur son torse parfaitement dessiné. Elle fixait ses pectoraux sans même s’en rendre compte. Il était divinement dessiné. Ses muscles formaient de somptueuses courbes que la jeune fille aurait voulu caresser de ses mains. Elle releva la tête et fixa les yeux gris qui lui faisaient face. Son regard n’était plus froid comme la glace. La chaleur qui avait envahi ses yeux leur donné une légère teinte bleutée les rendant encore plus majestueux. Hermione traversa d’un pas la distance qui les séparait.

Elle n’était plus qu’à quelques centimètres de lui. Qu’à quelques centimètres de sa peau. Comme elle était belle. L’abondante mousse permettait de cacher ses seins tout en dévoilant le haut de sa poitrine. Sa peau semblait d’une douceur infinie, il avait envahi de la couvrir de baisers. Pourtant il n’osait pas bouger. Les yeux si chaleureux de la Gryffondor réchauffaient son cœur si froid. Des années durant il avait souffert de ne pouvoir se confier à personne. Et puis elle était là. Attentive, presque compatissante. Elle ne le ménageait pas, elle lui disait seulement ce qu’il devait entendre. C’était grâce à elle qu’il avait enfin pu ouvrir les yeux. Elle lui avait montré le monde tel qu’il était et non tel qu’il pensait le voir. Elle était éblouissante, et tellement attirante.

Ce ne fut pas le Serpentard qui bougea le premier, mais bien Hermione. Sans une hésitation elle posa une main sur son torse et une autre autour de son cou. Le jeune homme prit la tête de la Gryffondor entre ses mains et lui caressa le visage du bout des doigts. Il détailla chaque partie de ce visage qu’il trouvait si magnifique. Personne ne rivalisait de beauté avec Hermione Granger, il en était certain. Puis, doucement, il rapprocha son corps du sien. Leur peau s’effleurait, presque pudiquement. Sans attendre davantage, Drago baissa la tête et approcha ses lèvres de celles de la jeune fille. Leurs bouches se rencontrèrent enfin, dans un baiser passionné.


Laisser un commentaire ?