Comme la glace

Hermione enfila son peignoir et se dirigea vers le miroir de la salle de bain. Il était enfin arrivé, le grand soir. Le soir du bal masqué. La Gryffondor avait prévu suffisamment de temps pour se préparer. Maquillage, coiffure et habillage. Elle s’avança jusqu’à sa trousse à maquillage et l’ouvrit en souriant. Elle attendait cette soirée depuis longtemps. Après y avoir consacré tant d’efforts, elle espérait que la nuit serait à la hauteur de ses espérances. Parfaite.

Elle sortit ce dont elle avait besoin et commença à peindre. Pour elle, le maquillage était un art. Il fallait beaucoup de minutie et de patience. Elle ne se maquillait pas souvent, mais elle adorait créer ses propres tableaux. Dessiner sur son visage, comme une artiste. Elle était à la fois l’auteure, le modèle, et l’œuvre. L’idée qu’elle pouvait devenir une autre personne à l’aide de simples outils de couleurs lui ouvrait d’autres horizons. Elle accentua son regard à l’aide d’une ombre à paupière d’un noir profond. Les yeux étaient le miroir de l’âme. Il lui fallait donc les souligner puisque ce seraient eux que les gens regarderaient ce soir. Elle les fit donc charbonneux et les sculpta avec du mascara de manière à les faire ressortir le plus possible. Elle avait le regard d’une femme. Un regard qui marquerait les esprits. Un regard qui traverserait les âmes. Un regard qui chavirerait des cœurs.

Puisque ses yeux étaient très marqués, ses lèvres ne le seraient pas. Elle les releva simplement à l’aide d’un gloss à la couleur rose pâle. Elle fit ressortir légèrement ses pommettes à l’aide d’un blush et estima que le tableau était achevé. Elle était exactement comme elle voulait être. Il ne restait plus que sa coiffure. Pour cela elle ouvrit un magazine rangé dans son vanity et en parcourut les pages. Elle scruta chaque détail de chaque coupe de cheveux. Des queues de cheval aux chignons, en passant par les tresses et les coupes naturelles. Elle s’arrêta finalement sur un chignon haut ; coiffé décoiffé. Elle tapota sa baguette sur la page qui l’intéressait et ses cheveux se mirent à bouger. Des boucles se formèrent, des mèches s’entortillèrent puis ce fut terminé. Sa coiffure était simple et pourtant très étudiée. Son œuvre était achevée.

Elle sortit sa robe de bal de sa housse de protection et l’admira. C’était ses parents que la lui avait envoyée quelques jours plus tôt. Hermione n’aurait pas pu rêver d’une tenue plus somptueuse. Elle avait imaginé des dizaines de fois ce qu’elle porterait le jour du bal masqué, mes aucuns de ses rêves n’atteignaient la majesté de cette robe. Rêveuse, la Gryffondor défit son peignoir et enfila la tenue. Elle mit ses chaussures et s’admira dans le miroir.

Sa robe était d’un bleu noir intense à en faire pâlir le ciel de cette nuit d’automne. Le bustier en taffetas drapé s’arrêtait au niveau d’une fine ceinture noire qui lui encerclait la taille. Le bas de la robe était asymétrique ; court devant et long derrière. Les multiples voilages en mousseline de soie formaient une traine qui flottait derrière elle à chacun de ses pas. Les talons de ses escarpins à brides en suédine étaient si fins qu’on aurait pu croire qu’elle volait. Elle ressemblait à un rêve. Irréelle.

Elle sourit à son reflet. Comme beaucoup de jeune filles, Hermione ne se trouvait pas forcément jolie. Elle avait des complexes, rien de plus normal. Pourtant ce soir-là, elle avait plaisir à se regarder. Elle se trouvait particulièrement belle. A cet instant précis, elle n’était plus une adolescente de 17 ans. Elle était une femme. Fière du travail qu’elle avait accompli, elle y ajouta tout de même quelques détails. Elle enfila de fins bracelets argentés à ses poignets et une longue paire de boucles d’oreilles qui tombait sur ses épaules. Elle laissa son cou nu et estima que rien ne manquait. Enfin prête, elle positionna le dernier élément. L’élément principal de cette soirée de bal.

Son masque était encore plus remarquable que sa robe. Tout en dentelle noire, il épousait parfaitement les courbes de son visage. Chaque détail avait son importance. Sur le côté droit se trouvait une imposante rose sombre, prolongée par une très longue plume de la même teinte. Il ne recouvrait que la partie de son visage où se trouvait ses yeux, jusqu’au milieu de son front. Ainsi, son regard charbonneux était merveilleusement mis en avant. Hermione était à la fois méconnaissable et complètement elle-même.

Elle était prête. La jeune fille sortit de la salle de bain et rejoignit Ginny dans la salle commune. Elle aussi était prête. Dans sa robe de soie verte, elle était éblouissante. La jolie rousse ressemblait à une reine des temps modernes.

« Par Merlin Hermione, ce que tu es belle ! s’estomaqua Ginny

- Oh je t’en prie Ginny, c’est le maquillage qui fait ça, répondit la Gryffondor en rougissant.

- Tu sais, le maquillage ne permet que de faire ressortir la beauté naturelle, ajouta la jolie rousse en lui adressant un clin d’œil.

- Merci, je dois admettre que tu es absolument divine toi aussi !

- Je te remercie, je fais de mon mieux, s’amusa Ginny.

- Alors, finalement tu y vas avec qui à cette soirée ? », la questionna Hermione.

Une ombre passa sur le visage de la jeune fille. Malgré tous ses efforts, elle n’était pas parvenue à parler à Harry. En réalité, c’était lui qui refusait de lui adresser la parole. A chaque fois qu’elle avait tenté une nouvelle approche, il s’était de nouveau renfermé. Les jours étaient passés et la situation ne s’était pas arrangée. A force d’échecs, Ginny avait fini par perdre espoir.

« Un garçon de Serdaigle m’avait invité lorsque j’étais encore avec Dean. J’avais refusé sur le moment mais heureusement, il n’avait pas trouvé quelqu’un d’autre. Il est charmant, tu verras, répondit la jolie rousse.

- Tu aurais dû persévérer avec Harry, lui fit remarquer Hermione. Je suis certaine qu’il aurait fini par t’écouter.

- Ecoute, ce n’est pas toi qui t’es faite ignorer pendant des jours et des jours par le garçon que tu aimes. Honnêtement, je n’ai pas envie d’en parler. Ce soir on doit s’amuser et d’ailleurs je crois que c’est bientôt l’heure.

- Je suis désolée Ginny, j’ai été un peu brusque.

- C’est rien, c’est pas ta faute. Tu voulais juste m’aider. Si j’en suis à ce stade avec Harry c’est uniquement de ma faute.

- Il a sa part de responsabilité aussi tu sais. Ne te mets pas tout sur le dos.

- Tu as sans doute raison…

- Aller ! s’exclame Hermione. Il est temps d’y aller. Nos cavaliers doivent nous attendre. »

Les deux amies échangèrent un sourire et se dirigèrent vers la porte de la salle commune. Cette soirée allait être très particulière, Hermione le sentait. Elle serait probablement l’une des meilleures de leur scolarité. Du moins, c’est ce qu’elle croyait.