Comme la glace

Chapitre 35 : Aux premières lueurs de l'aube

1452 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/07/2017 19:52

Comme un fantôme, Drago parcourait l’immense dédale de pierre que formaient les couloirs du château. Ses jambes avançaient indépendamment de sa volonté, tandis que ses yeux s’ouvraient et se fermaient mécaniquement. Il ne parvenait pas à se remettre des évènements qui venaient de se dérouler. Un instant, rien qu’un instant, il lui avait semblé apercevoir une étincelle de bonheur dans les bras de Céleste. Ses yeux océans lui avaient offert un peu de chaleur. Puis, la seconde d’après, l’étincelle s’était évanouie. Lorsqu’il avait vu le sang recouvrir le sol de la Grande Salle, son corps avait agi tout seul. Comme un réflexe, il s’était précipité sur Hermione et lui avait sauvé la vie. Il venait de lui sauver la vie. Ce qui incluait qu’il avait bel et bien faillit la perdre ce soir. Il ne comprenait pas pourquoi ses mains, trempées du sang de la Gryffondor, tremblaient encore. Etait-ce le choc d’avoir vu la vie s’enfuir de son corps inanimé ? Le monde lui avait appris à rester impassible face à ce genre de situation, à agir sans émotions, sans sentiments. Etait-ce la peur d’avoir senti son cœur s’arrêter brutalement de battre entre ses bras ? Il ne pouvait pas répondre à cette question, et cette idée le terrifiait.

Lorsqu’il eut atteint l’extrémité du couloir, il posa le pied sur la première marche et entama sa descente. Il lui sembla que l’escalier de pierre l’emmenait tout droit en enfer tant il lui parut long. Pourtant, après de longues minutes qui lui avait paru être des années, le jeune homme parvint enfin jusqu’à la salle de bal. La mare de sang formait encore une immense tache rouge sur le parquet de bois. Drago fut pris d’un violent haut-le-cœur lorsque des flashs de lumière vinrent lui rappeler le déroulement de la soirée. L’immense salle semblait rétrécir de secondes en secondes et l’atmosphère devint suffocante. Il ne pouvait pas rester là, ou il en mourrait. Le jeune sorcier tourna alors le dos et sortit du château.

Il monta les marches, une par une, et se retrouva au sommet du monde. Le haut de la volière lui offrait un point de vue sans égal sur le lac noir et l’immense château de Poudlard. Le vent s’infiltrait par les fenêtres sans carreaux et la nuit enveloppait encore le ciel de son manteau sombre. Lorsqu’il observait l’horizon du haut de la tour, Drago se sentait libre. Personne ne le savait, mais le jeune homme venait régulièrement se réfugier parmi les chouettes et les hiboux. Il s’asseyait au bord d’une des fenêtres et racontait ses angoisses aux étoiles. Il savait qu’avec elles, ses secrets seraient bien gardés. Elles étaient ses confidentes, depuis le premier jour.

Comme à son habitude, le jeune sorcier prit place sur le rebord de la plus grande des fenêtres et posa son regard de glace sur le château qui lui faisait face. La nuit était silencieuse. Malgré la pureté du ciel, Drago n’aperçut pas une seule étoile. La tempête qui faisait rage dans sa tête avait obscurci son horizon. Une fois de plus, il se retrouvait pris au piège de sentiments qu’il ne pouvait pas contrôler. Il sentait au fond de son cœur une épine profondément plantée. Il sentait le sang acide qui coulait dans sa poitrine, il sentait la douleur lui perforer la peau. Paradoxalement, il avait l’impression que cette épine diffusait une merveilleuse chaleur qui apaisait un peu la souffrance qui le dévorait. Il ne comprenait pas cette émotion si intense et si cruelle. Il ne l’avait jamais ressentie jusqu’à présent et il ignorait comment y faire face.

Sans qu’il ne puisse la réprimer, une larme vint glisser sur sa joue et mordre sa chair. La douleur s’intensifiait peu à peu et rien ne semblait être en mesure de l’arrêter. Soudain, un éclat d’une brillance divine transperça le ciel. Elle était là, Vénus, sa plus fidèle amie. Drago la fixa et il sentit sa lumière apaiser son âme. Il ferma les yeux et les larmes cessèrent peu à peu de couler. La solution se forma dans son esprit, évidente. Il devait prendre du recul sur la situation. Les vacances d’hiver étant dans plus d’un mois, le temps lui permettrait de réfléchir et de remettre les choses en ordre dans sa vie. Le jeune homme était décidé ; dès ce soir il écrirait à son père, et aux premières lueurs de l’aube, il partirait.

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Hermione écarquilla les yeux d’incompréhension sous les regards inquiets de ses amis. Harry et Ron étaient venus la voir à l’infirmerie et lui avait apporté des informations qu’elle ne parvenait pas encore à assimiler correctement. Sa tête continuait de la faire souffrir et son corps était encore endolori. Une semaine s’était écoulée depuis le bal d’Halloween et depuis sa chute mémorable qui était encore gravée dans les esprits.

« Comment ça Drago Malefoy m’a conduite à l’infirmerie ? s’interrogea Hermione.

- On… on pensait que tu t’en souvenais… marmonna Ron en regardant Harry du coin de l’œil.

- En réalité, la dernière chose dont je me souvienne distinctement c’est lorsque Terence est venu m’apporter le verre de Malefoy. Ensuite, tout est embrouillé et… »

La jeune fille interrompit sa phrase. Harry et Ron avait légèrement baissé la tête et ils s’observaient en silence.

« Quoi ? demanda-t-elle à l’intention de ses amis. Qu’est-ce que vous me cachez tous les deux ?

- Hermione, on…, commença Harry visiblement gêné.

- C’est Malefoy qui t’a drogué, souffla Ron sans hésitation. »

La jeune sorcière se figea de stupéfaction. Elle n’en croyait pas ses oreilles, il fallait qu’elle en sache plus. Comme aucun mot ne semblait vouloir sortir de sa bouche, elle lança un regard interrogatif en direction d’Harry.

« Ron ! s’exclama le jeune homme.

- Quoi ? C’est pas vrai peut-être ? se vexa-t-il.

- Nous n’en savons rien, tenta de le calmer Harry. Ecoute Hermione, lorsque tu étais… endormie, Madame Pomfresh a fait quelques examens médicaux et elle a trouvé des traces d’Adonis dans ton organisme. Apparemment tu as dû l’ingéré par le biais d’une boisson quelconque. Depuis, des rumeurs ont commencé à se répandre dans le château. Et…

- Tout le monde croit que c’est cet infâme serpent qui a essayé de te tuer ! termina Ronald. Et maintenant tu nous dis que la dernière chose dont tu te rappelles c’est qu’il t’a offert un verre ! Si ça c’est pas une preuve…

- Arrête Ron ! Personne ne peut prouver que c’est lui…, tenta de se convaincre Harry.

Hermione serra la mâchoire et une nouvelle décharge de douleur la fit grimacer.

« Les garçons, je vous ai dit de partir ! s’énerva l’infirmière. Vous voyez bien que ça n’est pas le moment !

- Pardon Madame, s’excusa Harry. On repassera plus tard Hermione, essaye de dormir un peu. »

Il lui offrit un dernier sourire et entraina Ron à l’extérieur de la salle.

« Vous devez vous reposez Miss, la semaine n’a été simple pour personne vous savez, lui ordonna Madame Pomfresh.

- Je ne peux pas croire ce qu’ils m’ont dit, murmura la jeune fille à elle-même.

- Et bien, pour la défense de Monsieur Malefoy, il a été épatant lorsqu’il vous a amené ici. Un vrai héros.

- Mmmmh, grommela Hermione dubitative.

- Peut-être n’a -t-il pas une très bonne réputation, mais il a fait preuve d’un grand courage cette nuit-là. Il vous a sauvé la vie Miss.

- Après avoir essayé de me la prendre, siffla Hermione entre ses dents serrées. Je dois lui parler !

- Oh ! s’exclama l’infirmière. Oui… vous n’êtes pas au courant évidemment…

- Au courant de quoi ? s’impatienta Hermione.

- Monsieur Malefoy a quitté le château. »

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