Comme la glace

Chapitre 41 : Promesse de mort

2682 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/08/2017 14:22

« Je savais pas que tu avais autant besoin de moi, murmura Drago après plusieurs minutes de silence.

             - T’es pas croyable, répondit Hermione en riant nerveusement. Tu te débrouilles toujours pour tout ramener à toi.

             - Je…, commença le jeune homme.

             - Je sais, tu es désolé, pas vrai ? Et bien laisse-moi te dire une bonne chose, je me fous de tes excuses. Tu pourrais t’excuser un millier de fois que ça ne changerait rien. Il serait temps que tu penses à autre qu’à ta petite personne. Le monde ne tourne pas autour de Drago Malefoy. Il ne l’a jamais fait. Chaque chose que tu dis, chaque chose que tu fais, a des répercussions sur les gens qui t’entourent. Peut-être que tu devrais commencer à penser avec ce que tu as dans la tête, si tant est qu’il y ait quelque chose entre tes deux oreilles ! »

             Le Serpentard baissa la tête pour dissimuler son sourire. Cette fille était incroyable, et plus le temps passait plus elle le surprenait. Il redressa la tête sans pouvoir effacer entièrement sa satisfaction. Au coin de ses lèvres, apparaissait fièrement un insupportable sourire en coin.

             « Tu…, entama la Gryffondor sur un ton agacé.

             - A mon tour de parler, l’arrêta-t-il. Tu ne t’es pas demandé pourquoi je suis parti ? Parce que quand Mademoiselle avait ses problèmes, moi j’avais aussi les miens. Tu n’es pas la seule à souffrir de la situation, Granger. Oui, je t’ai abandonné, c’est vrai, mais j’avais mes raisons. Et si tu t’en préoccupais un minimum tu saurais que j’ai fait ça pour… pour toi. »

             Hermione se tût, coite. Un malaise inexplicable s’installa entre les deux opposés sans que ni l’un ni l’autre n’ose briser le silence. L’atmosphère devint lourde et chargée d’émotions qu’aucun n’osait montrer. Drago, qui ne supportait pas d’être mal à l’aise, tenta un changement de sujet.

             « Raconte-moi, lui proposa-t-il.

             - Que je te raconte ? Ta chère Céleste ne t’a pas tenu au courant ? demanda la jeune fille pour le provoquer.

             - Même si ça ne te regarde pas, Céleste et moi ne sommes plus… ensemble, déclara le Serpentard.

             - Je sais, poursuivit Hermione sans montrer que cette confirmation apaisait une partie d’elle.

             - Alors tu dois aussi savoir qu’elle n’est pas du genre à abandonner si facilement. Elle m’a écrit un certain nombre de lettres ces dernières semaines. Je savais ce qu’il se passait à l’école, même si je n’en avais pas toujours envie.

             - Tu… tu es au courant des rumeurs ? s’estomaqua la jeune fille. Et tu n’as rien fait pour les faire taire ?! Tu savais ce que j’endurais et tu es resté les bras croisés ?!

             - Granger, ne le prends pas comme ça…, souffla Drago.

             - Et comment veux-tu que je le prenne ? s’énerva-t-elle. Tu sais ce que cet Adonis m’a fait ? Tu sais ce que j’ai enduré ?

             - Oui, je…

             - Non ! s’écria la Gryffondor. Non, tu ne sais pas ! Tu n’en as pas la moindre idée ! »

             Les yeux d’Hermione brillaient de rage autant que de déception. Au fur et à mesure de la conversation, elle avait serré les poings si fort que ses ongles rouge bordeaux avaient pénétré sa chair. Le Serpentard l’observa dans la pâle lumière de la lune de décembre. Elle était belle. Ses cheveux châtains étaient tirés en arrière dans un chignon parfait, laissant apparaître chaque détail de son visage. De ses yeux noisette surmontés d’un fin trait noir jusqu’à ses lèvres rouges qui attirait tant le regard. Elle était belle.

             Drago planta ses iris gris dans ceux de la jeune fille pour tenter d’apaiser sa colère. Et lorsqu’il vit les étoiles se refléter dans son âme blessée, un éclair déchirant éclata dans sa mémoire. Brusquement, une porte s’ouvrit dans l’esprit du Serpentard.

             « Cher Drago, je suis heureuse que tu ailles bien même si ce n’est pas auprès de moi. A l’école, les choses ne sont pas aussi simples. Après une enquête plus approfondie, Madame Pomfresh a découvert qu’Hermione Granger a été empoisonnée durant le bal d’Halloween. Une plante, nommée Adonis, serait à l’origine de son mal. Dans les couloirs, les rumeurs vont bon train. Pansy Parkinson déclare à qui veut l’entendre que tu as offert le verre contaminé à la pauvre Hermione et ce, en parfaite connaissance de cause. Pour ma part, je sais que tu n’y es pour rien. Tu n’es pas homme à agir avec autant de perversion et de lâcheté. Toutefois, j’aimerais entendre ta version des faits. J’espère que nous nous reverrons rapidement. Je t’embrasse. Céleste. »

             Le jeune homme vacilla et son souffle s’accéléra. Il avait été tellement occupé à chercher Hermione qu’il n’avait pas fait le rapprochement entre les différents protagonistes de cette histoire. La porte claqua. Eclair.

             « Tu sais ce que cet Adonis m’a fait ? Tu sais ce que j’ai enduré ? »

             Il avait la réponse, depuis le début. Tout était sous ses yeux mais il n’avait rien vu. Il s’était laissé accuser sans s’inquiéter des réelles circonstances du drame. Comment avait-il pu laisser ce crime impuni ? Il se reprit brutalement et leva la tête. Sur son visage, un rictus mauvais était apparu.

« Tu crois pas que je suis suffisamment dégourdi pour aller m’en chercher un tout seul, mon grand ?

             - Ouais, mais dans celui-là y a un petit truc en plus si tu vois ce que je veux dire.

             - Tu veux dire de l’Adonis, c’est ça ?

             - T’as tout compris, mon pote ! »

             Un grognement sourd retentit au fond de sa gorge et chaque muscle de son corps se tendit.

             « Zabini. » déclara-t-il dans un sifflement de rage.

             Rapide comme l’éclair, il fit demi-tour et partit d’un pas décidé vers le Manoir. Stupéfaite, Hermione avait observé la scène sans rien comprendre à la situation. Mais lorsqu’elle avait croisé le regard de Drago, ce qu’elle y avait vu lui avait glacé le sang. Dans le gris glacial de ses yeux, une funeste lueur était apparue. Porteuse d’une promesse tout aussi sinistre, une promesse de mort.

             La porte de la demeure s’ouvrit à la volée et les battants vinrent s’écraser contre les murs dans un épouvantable vacarme. Tous les yeux se tournèrent vers le jeune homme blond qui venait d’entrer et le silence se fit, mortel.

             « Zabini ! cria le Serpentard dans une rage non contenue. Zabini ! »

             Blaise sorti du rang sans s’apercevoir de son erreur. A l’instant où Drago le vit il se jeta sur lui. Les invités s’écartèrent sur son passage et tous semblaient terrorisés. Le jeune homme saisit l’encolure de son ennemi et le plaqua violemment contre le mur. Son regard n’avait jamais été aussi froid et aussi menaçant. Le sorcier, plaqué contre le mur, redescendit immédiatement de son nuage. Une peur panique s’empara de lui jusqu’à déformer ses traits.

             « M…Malefoy, bafouilla-t-il. Qu… qu’est-ce qui te prend ?

             - Ne m’adresse pas la parole, murmura sinistrement le Serpentard. Espèce de sale petite gargouille répugnante !

             - Je… comprends… pas, tenta d’articuler Blaise tandis que Drago resserrait la prise sur son cou.

             - Tu comprends pas ?! hurla le Serpentard qui appuyait de plus en plus fort. Tu comprends pas ?! Tu es un assassin !

             - Non… je… »

             Mais Zabini ne termina pas sa phrase. Malefoy enserrait si fort son cou que le jeune homme manqua d’air. Ses yeux se révulsèrent et il tomba inanimé avant de comprendre ce qui lui arrivait. Autour des deux garçons, les invités étaient restés parfaitement immobiles. Personne n’osait bouger, de peur de subir le même sort. Drago secoua sa victime afin qu’il reprenne connaissance, mais rien n’y faisait. Alors il employa une autre méthode.

             Le tenant d’une main, il serra son autre poing. Impact. Le visage de Blaise était sanguinolant. Son nez était cassé et ses lèvres profondément entaillées. Le Serpentard leva le poing à nouveau.

             « Non ! cria une voix féminine derrière lui. Arrête ! »

             Surpris, Malefoy lâcha sa prise sur Zabini qui vint s’écraser lourdement sur le sol. Plusieurs élèves de Serpentard vinrent s’agenouiller près du corps inanimé.

             « Il est vivant. », murmura un garçon aux yeux noirs.

             Drago n’avait que faire de l’état de santé de sa victime, si la voix ne l’avait pas interrompu, il l’aurait probablement tué. Il chercha du regard la jeune fille qui l’avait arrêté, mais c’est elle qui vint à lui. Elle sortit du rang, la tête haute. Pansy Parkinson.

             « Pansy ? s’étonna le Serpentard.

             - Tu aurais pu le tuer, lui dit-elle sereinement.

             - Qu’est-ce que ça peut te faire ? Il le mérite ! cracha Drago de toute sa haine. Il a essayé de…

             - Non, l’interrompit la jeune fille. Ce n’était pas lui. »

             Un silence de mort se créa autour des deux jeunes gens. Personne ne parlait, personne ne respirait. Pansy planta son regard vide de toute émotion dans celui si froid de son ancien amant. Puis elle fit un pas. Et un autre. Elle s’approcha aussi près du Serpentard qu’elle le put. Et dans un souffle, elle déclara fièrement :

             « C’était moi. »

             Malefoy recula et encaissa le choc. Il était tellement convaincu de la culpabilité de Zabini, qu’il n’avait pas pensé avoir pu se tromper. Le rictus sinistre qui avait tordu ses traits plusieurs minutes auparavant réapparu. Il serra les mâchoires si fort que Pansy entendit ses dents grincer. Pourtant, elle ne tremblait pas. Elle savait que le Serpentard n’oserait pas lui infliger ce qu’il avait fait endurer à son camarade. Mais ce qu’elle vit dans ses yeux bouleversa ses certitudes. Imperceptiblement, elle vacilla. Puis son cœur se serra et la peur commença à poindre. Elle recula plus franchement. Drago serra son poing et un grognement se fit entendre. Mais au moment où il allait frapper, Pansy était déjà à terre.

             A sa droite, se tenant la main rouge de sang, Hermione avait été plus rapide. Elle l’avait suivi lorsqu’il avait quitté les jardins et s’était retrouvée pétrifié devant la scène qu’elle avait observée. Puis la révélation était arrivée et sa fureur était revenue. Elle s’était précipitée et avait cogné, de toutes ses forces. Pansy était tombé violemment sur le sol, inanimée. Sur sa tempe gauche, un filet de sang s’écoulait. La Gryffondor était rayonnante de fierté, malgré la douleur vive qui provenait de sa main. Depuis qu’elle avait frappé Malefoy en troisième année, elle n’avait rien perdu de son crochet.

             Face à elle, Drago était estomaqué. Son visage avait perdu sa rage et ses yeux étaient redevenus sereins. Au coin de sa bouche pâle, trônait un satisfait et complice, sourire en coin.

Laisser un commentaire ?