Comme la glace

Chapitre 42 : Symbiose

2304 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/08/2017 14:23

« Tiens, lui dit le jeune homme en lui tendant un paquet de glaçons enroulés dans un torchon.

             - Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? s’étonna Hermione en saisissant le petit paquet.

             - Et bien, pose-le sur tes doigts. C’est pas comme ça que font les moldus ? »

             La Gryffondor fit les yeux ronds. C’était bien la première fois qu’elle voyait Drago Malefoy utiliser le mot « moldu » sans grimacer de dégout. Elle s’étonna encore plus qu’ils connaissent les méthodes des non-magiciens en matière de soins.

             « Tu connais les méthodes moldues ? Toi ? se moqua-t-elle gentiment.

             - Je… lis beaucoup. » conclut-il sur un ton montrant son refus d’aller plus loin dans cette conversation.

             En fine observatrice, la jeune fille n’enchaina pas. Elle sourit et posa le torchon sur ses doigts endoloris. Elle se rendit compte avec horreur que la totalité de sa main avait doublé de volume en quelques minutes. L’œdème ne l’aurait pas inquiété si ses phalanges n’affichaient pas cette horrible teinte violacée.

             « Qu’est-ce qu’il y a, Granger ? Tu ne t’es jamais battue ? la taquina le Serpentard en souriant discrètement. Pourtant je me souviens d’une jeune sorcière qui m’avait quasiment déboité la mâchoire il y a quelques années.

             - Arrête, je t’avais à peine touché ! lui lança-t-elle avec une certaine fierté.

             - Tu t’y prends mal, laisse-moi faire ! » fit-il semblant de s’énerver.

             Il saisit le petit paquet et attrapa délicatement les doigts d’Hermione. Cette-dernière n’osa plus faire un seul mouvement. Assise sur un immense lit à baldaquin trônant au beau milieu d’une pièce non moins impressionnante, elle retenait son souffle. Drago, accroupi devant elle, s’appliquait à ne pas la faire souffrir davantage. Il fronçait les sourcils et affichait malgré tout un air très détaché. Mais au fond de lui, derrière l’apparente barrière froide et distante, une flamme vive s’était allumée.

             Lorsque la Gryffondor avait frappé Pansy plusieurs minutes plus tôt, son poing fulgurant avait emporté avec lui toute la haine de Drago. Etrangement, il se sentait soulagé qu’elle ait été plus rapide. S’il avait fait subir à la Serpentard ne serait-ce que la moitié de ce qu’il avait envisagé, elle serait méconnaissable. Mais surtout, elle serait morte. S’il ignorait d’où cette rage meurtrière provenait, il savait pourquoi il l’avait ressentie. Ses amis, non, ses camarades, ils n’avaient jamais été réellement plus, avaient trahi sa confiance. En plus de l’avoir laissé s’accuser de tentative de meurtre, ils avaient voulu tuer la seule personne qui…

             « Monsieur ? demanda une voix féminine et timide derrière la porte de la chambre. Monsieur Malefoy ?

             - Entre, ordonna-t-il.

             - Excusez-moi de vous interrompre aussi grossièrement, mais faut-il amener vos amis à l’hôpital, Monsieur ? le questionna la servante en ouvrant délicatement la porte.

             - Ce ne sont pas mes amis, déclara le jeune homme en détachant chaque mot avec autant de froideur que de colère.

             - P… pardon…, bafouilla la domestique en baissant la tête.

             - Fais ce que tu veux avec eux, je ne veux plus les voir dans ma maison.

             - Bien, Monsieur. »

             L’employée s’inclina respectueusement et disparut de la chambre comme un courant d’air.

             « Tu ne veux pas savoir dans quel état ils sont ? lui demanda Hermione surprise.

             - Je me fous de leur état, cracha Drago.

             - Mais…

             - Arrête, Granger, tais-toi, s’il te plait.

             - Eh ! Je ne suis pas une de tes domestiques ! » s’exclama la jeune fille en reprenant le torchon des mains du Serpentard.

Malefoy se leva en soupirant d’exaspération. Ne pas s’énerver. Il ferma les yeux et inspira profondément. Ne pas s’énerver. Après quelques secondes les battements de son cœur récupérèrent un rythme normal. De nouveau calme, il ouvrit les yeux.

« Je ne dis pas « s’il te plait » à mes domestiques. » lança-t-il sur le ton de la provocation.

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« Mais qu’est-ce qui lui a pris ? demanda un garçon à la peau mate.

- Il est devenu fou, déclara une fille aux cheveux courts.

- Je savais bien que ce mec était pas clair…, lança une autre sur un ton méfiant.

- Il l’a sûrement cherché ! » s’exclama un Poufsouffle en parlant de Blaise.

Les murmures et les chuchotements prirent vite possession du Manoir. A peine Le Serpentard avait-il emmené Hermione à l’étage que les invités avaient repris leurs discussions. A la différence qu’elles tournaient toutes autour de l’incident. Certains défendaient Drago, d’autres plaider en faveur de Zabini. La plupart des élèves présents avaient compris le sujet de l’altercation ainsi que l’implication de chaque protagoniste. Même l’intervention d’Hermione n’avait pas été très souligné. Depuis l’incident du bal, les semaines s’étaient écoulées et chacun s’était forgé sa propre opinion, plus ou moins proche de la vérité. Mais, paradoxalement, à présent que l’affaire avait été dénouée, les rumeurs grondaient avec encore plus d’intensité.

« Pourquoi Hermione est partie avec ce serpent ? demanda Ron outré. Il est dangereux ce mec, il a presque tué quelqu’un !

- Arrête de réfléchir avec ce que tu as devant les yeux Ronald, penses plus loin pour une fois ! s’exclama Ginny agacée par l’attitude primaire de son frère.

- Y a pas à réfléchir des plombes sur le sujet. T’as vu l’état de Zabini ?

- Il l’a cherché, cracha Harry.

- Tu plaisantes ?

- Pas du tout. Le poison venait bien de sa réserve personnelle, non ? Alors il est autant responsable que Parkinson.

- Il l’a payé plus cher quand même, lui répondit Ron.

- Pansy va être jugée pour tentative de meurtre, peut-être même avec préméditation pour ce qu’on en sait, à mon avis c’est Blaise le plus chanceux dans cette histoire… soupira Sarah.

- Je crois qui si Malefoy n’était pas intervenu, j’aurais tué ces monstres moi-même, siffla Harry en serrant les dents.

             - Ça n’aurait fait qu’empirer les choses, tu le sais très bien, tenta de le résonner Ginny en lui saisissant délicatement la main.

             - Hermione aurait pu mourir ce soir-là ! s’écria-t-il plus fort qu’il ne l’aurait voulu. Ils méritent de subir le même sort. Tous les deux.

             - Peut-être, mais pas de ta main, déclara Sarah. Blaise et Pansy seront jugés et punis pour leurs méfaits, et Hermione va bien maintenant. Cette histoire se termine mieux qu’elle n’a commencé, Harry.

             - Tu trouves ? s’énerva-t-il. Alors, où est Hermione ? »

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« Tes doigts vont mieux ? demanda Drago en parcourant la chambre à la recherche de quelque chose dont la jeune fille ignorait l’existence.

- Ils ont dégonflés, c’est plutôt bon signe, déclara Hermione en observant ses phalanges. J’aurais peut-être dû frapper plus fort…

- Tu lui aurais décroché la mâchoire si tu avais frappé plus fort, Granger.

- Mais qu’est-ce que tu fabriques, Malefoy ? »

A quatre pattes derrière le lit, le Serpentard tentait d’attraper une masse à moitié cachée sous le lit. Assise sur un tissu de soie verte, la jeune fille ne distinguait plus que le dos de son acolyte. Bientôt, il se redressa, les cheveux en bataille. Les mains toujours cachées sous le lit à baldaquin, il semblait essayer de maintenir quelque chose immobile.

« J’ai une surprise pour toi, Granger, lança-t-il en soufflant sur une mèche blonde qui lui barrait le front.

- Tu m’as acheté un cadeau ? Pour Noël ? s’étonna-t-elle en écarquillant les yeux. Qui es-tu qu’as-tu fait à Drago Malefoy ?

- Hilarant, Granger, vraiment hilarant. »

La Gryffondor fronça les sourcils. Le jeune homme semblait en pleine bataille avec un objet des plus étrange.

« Aïe ! » s’écria-t-il en retirant ses mains.

A peine avait-il lâché la chose qu’une petite boule de poil sauta sur le lit en manquant de glisser plusieurs fois. Hermione retint sa respiration. Devant elle se tenait immobile un des plus beaux chatons qu’elle n’ait jamais vus. Ses gestes étaient vifs mais sa mine ébouriffée trahissait son réveil précoce. Ses yeux gris possédaient une légère teinte bleutée qui n’était pas inconnues à la Gryffondor. Le petit chat s’était assis, la tête penchée sur le côté et fixait la jeune fille de ses immenses iris. Après quelques secondes, elle comprit. Le regard gris qui la fixait avec attention était le miroir parfait de celui de Malefoy. Elle en fût estomaquée.

« Tu… ne dis rien ? » s’inquiéta Drago en voyant le visage immobile d’Hermione.

Aucun son ne put sortir de sa bouche. Le lien qu’elle sentait se créer entre elle et l’animal était unique. Une connexion parfaite. Une symbiose.

« Bon… continua le Serpentard gêné et un peu vexé. Il s’appelle Altaïr et il est…

- Magnifique, termina la jeune fille. Il est magnifique. »

Un sourire victorieux se dessina sur le visage de Malefoy. C’était la première fois de sa vie qu’il offrait un cadeau à quelqu’un, et, visiblement, il avait visé juste.

« Je… je ne peux pas accepter, s’excusa Hermione.

- Tu plaisantes ? lança le jeune homme. Il est pour toi, je l’ai acheté pour toi.

- Justement, moi je n’ai rien à t’offrir en retour. C’est trop, Malefoy.

- Tu n’as pas bien compris je crois, commença-t-il en essayant de garder son calme. Ce chat est pour toi, point barre. Je ne te laisse pas le choix !

- Je…

- Ecoute, je vais le faire nettoyer par un serviteur et ça te donnera le temps d’accepter la nouvelle. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Drago saisit doucement le petit animal qui miaula d’indignation, il sortit de la chambre et revint quelques minutes plus tard, seul. Toujours assise sur le lit, Hermione se tenait immobile, les yeux brillants. Lorsque le Serpentard entra dans la pièce, elle fixa sur lui un regard débordant d’un sentiment qui lui était inconnu. Le jeune homme ouvrit la bouche pour lui demander ce qu’elle avait, mais il n’en eût pas le temps.

« Tu te souviens de la Salle de bains des Préfets ? » demanda tendrement Hermione tout en se levant.

Un hochement de tête affirmatif lui confirma que ses souvenirs étaient intacts. Elle fit quelques pas et se retrouva à moins d’un mètre du Serpentard. Ses iris noisette le fixèrent avec envie et dans un souffle elle lui dit :

« Embrasse-moi. »

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