Comme la glace

Chapitre 43 : Lueur mortelle

2069 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/08/2017 18:12

« Embrasse-moi » souffla-t-elle.

Surpris, Drago hésita. Sa gorge se serra et son souffle se fit plus court. Il entendait cette insupportable voix résonnant dans sa tête, lui hurlant de résister, mais le doux susurrement de son cœur était bien plus intense. Il déglutit avec difficulté tandis que l’immense chambre se chargeait d’une atmosphère enivrante. Ne le voyant pas faire un pas vers elle, Hermione prit sa décision. Elle avança un peu plus, posa une main sur la nuque du Serpentard et écrasa ses lèvres gonflées de désir sur les siennes.

Le souffle du jeune homme en fût coupé et un brasier de flammes irrépressible éclata dans sa tête, balayant avec lui ses dernières défenses. Il ferma les yeux et referma ses bras sur elle, se laissant emporter par l’étreinte pressante de la Gryffondor. Il laissa ses doigts glisser avec sensualité sur le dos de la jeune fille tandis qu’elle faisait tomber sa veste de smoking au sol. Leurs baisers étaient intenses et brûlants, comme ils n’en avaient jamais connu auparavant. Drago parcourut le cou de la jeune fille de ses lèvres chaudes. Il effleura le petit tatouage, hésita un instant, puis l’embrassa avec appétit. Hermione sentit un frisson extraordinaire naitre au creux de ses reins et se répandre, vague de bonheur, dans chaque cellule de son corps.

Leurs souffles étaient courts et saccadés mais leurs actions étaient empreintes d’une volonté sans faille. Le Serpentard déposa délicatement la jeune fille sur le drap de soie et fit glisser la fermeture Eclair de sa robe jusqu’en bas. Elle défit les boutons de sa chemise et la retira d’un seul geste, la lançant nonchalamment vers le fond de la pièce. Hermione redécouvrit avec bonheur les traits parfaitement dessinés du jeune homme. Les muscles de ses bras, ceux de son torse, sa peau parfaitement lisse. Elle caressa ses pectoraux du bout des doigts tout en continuant de l’embrasser avec fougue. Drago se surpris à gémir au contact de la Gryffondor. Il ferma les yeux, profitant de chaque instant comme si c’était le dernier. Avec indécence il abandonna ses mains qui se perdirent dans les courbes voluptueuses de la jeune fille.

Ils laissèrent leurs bouches se retrouver dans une danse magique qu’aucun d’eux ne voulait interrompre. L’atmosphère se chargea d’une électricité nouvelle et le monde s’effaça peu à peu. Plus rien d’autre ne comptait que la peau de l’autre. Ils auraient pu mourir en cet instant, dans les bras l’un de l’autre, car aucun d’eux n’avait jamais ressenti un tel bonheur. Brusquement, un froid glacial parcourut la chambre. L’air devint acide et la température chuta brutalement. Les lumières de la pièce étaient si aveuglantes que les deux élèves ouvrirent les yeux. La porte claqua violemment, laissant apparaitre une silhouette noire et menaçante.

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« Monsieur Malefoy ! s’exclama un petit homme corpulent portant un original costume rayé. Mais que faites-vous ici à une heure pareille un 26 décembre ?

- Monsieur le Premier ministre, le salua l’homme aux cheveux blonds très clairs. Je croyais être attendu pour une réunion des plus importantes. Me serais-je trompé de jour, Monsieur ?

- Oh, non, non, vous n’avez rien à vous reprocher, c’est évident. Voyez-vous, mon second a engagé une nouvelle secrétaire et il semble qu’elle ait trouvé opportun de placer ladite réunion ce soir même ! Ce qui est ridicule étant donné que la plupart de nos collègues se trouvent être en compagnie de leur famille. Je l’ai donc chargé de transmettre nos excuses au personnel convoqué ainsi que de reporter la réunion à une date ultérieure. Ce qu’elle a dû faire, mais visiblement pas pour tout le monde…

- A-t-elle était châtiée en conséquence ? l’interrogea Lucius.

- Voyons Monsieur Malefoy, tout le monde a le droit à l’erreur n’est-ce pas ? déclara le Ministre en essayant de détendre l’atmosphère.

- Pour ma part, une erreur est une erreur. Or dans notre métier, les erreurs ne sont ni admises ni pardonnables.

- Euh, oui, enfin… je… euh… bafouilla Fudge. Que diriez-vous de boire un verre dans mon bureau ? Ainsi vous ne serez pas venu pour rien.

- Vous êtes bien aimable, Monsieur, mais mon épouse et mon fils m’attendent au Manoir.

- Une réception de dernière minute peut-être ? tenta de poursuivre le petit homme.

- En quelque sorte, conclut Malefoy d’une voix sèche. Monsieur ! »

Il salua le Premier Ministre et tourna les talons, sa cape noire flottant derrière lui. Lucius Malefoy n’avait jamais été homme à bavarder de la pluie et du beau temps avec ses collègues de travail. D’ailleurs il ne parlait pas avec grand monde. Ses paroles étaient précieuses, d’après lui, et il n’ouvrait la bouche que lorsqu’il le jugeait nécessaire. Il traversa l’atrium, le regard fixé devant lui, et se dirigea vers la sortie du bâtiment. Depuis quelque temps, le Ministère avait interdit le transplanage dans l’enceinte de l’édifice. Seules les cheminées étaient utilisées pour contrôler les entrées et les sorties. Lucius avait désapprouvé cette décision, mais son poste n’étant pas assez élevé pour entraver ce genre d’action, il avait dû se plier au règlement.

Le sorcier exécrait par-dessus tout obéir aux ordres, il se savait né pour diriger et mener les autres. Mais il devait bien admettre que son emploi au Ministère de la Magie lui offrait un salaire plus que confortable. De plus, il savait déplacer ses pions à son avantage et ce, depuis toujours. Lucius Malefoy s’était souvent montré généreux envers toutes sortes d’organismes, ce qui lui permettait de fréquenter les gens utiles et ainsi, de leur demander des services, tous à son avantage. D’une certaine manière, il était plus influant que la plupart des puissants du pays. Il ménageait ses relations, tant avec de l’argent qu’avec des promesses illusoires. Il avait du pouvoir, bien plus que ce que les gens pouvaient croire.

Il poursuivit son chemin d’un pas assuré, et à l’instant où il franchit la porte du bâtiment, il disparut. Quelques instants plus tard, il atterrit dans une allée bordée d’Ifs parfaitement taillés. Devant lui, se dressait une demeure de pierre, sa demeure. Il poussa nonchalamment les portes et se retrouva parmi une nuée d’adolescents qui ne firent aucun fi de son arrivée. Lucius souffla de colère et se dirigea, poings serrés, vers le fond du Manoir. Le brouhaha s’estompa lorsqu’il poussa les portes battantes des cuisines.

« Constance ! appela le sorcier d’une voix sévère. Constance ! Mais où est-elle encore passée ?... Constance !

- Oui, Monsieur, dit une domestique qui arriva essoufflée.

- Comment se fait-il que je doive m’égosiller pour que vous veniez ici ?!

- Pardon, Monsieur, s’excusa-t-elle d’une petite voix.

- Et comment se fait-il que personne ne soit venu prendre mes affaires lorsque je suis rentré dans ma maison ?

- Edmund est occupé auprès des invités de votre fils… Voulez-vous que je prenne vos affaires, Monsieur ?

- Vous êtes une bande d’incompétents ! s’énerva Lucius qui parla pourtant d’une voix calme. Dites-moi au moins où se trouve ma femme.

- Madame est partie se reposer dans sa chambre, je crois qu’elle s’est trouvée indisposé par la réception de votre fils.

- Développez, ordonna-t-il sèchement.

- Les invités n’étaient pas à sa convenance, Monsieur, déclara la servante en baissant la tête.

- Pourtant la liste de mon fils a été validé, qu’est-ce qui a changé ?

- Votre fils a pris la liberté d’y ajouter certains noms, Monsieur.

- Comme ? s’impatienta le sorcier en fronçant les sourcils.

- Monsieur Potter, les enfants Weasley et… euh…, hésita Constance.

- Qui ? Aller, dépêchez-vous !

- Miss Granger, Monsieur. »

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La silhouette noire bloquait la porte, laissant entrer un froid paralysant dans l’immense chambre. Drago se redressa d’un bond, torse-nu, cheveux en bataille.

« P… Père… » bredouilla-t-il d’une voix blanche.

La silhouette fit un pas en avant, sa longue robe noire trainant derrière lui. Son teint était pâle et ses yeux gris semblaient encore plus dangereux que ceux d’un Basilic. La ressemblance avec son fils était frappante. Bien qu’Hermione n’ait jamais perçu dans le regard du Serpentard une lueur aussi mortelle que celle qui brillait dans les yeux de son père.

« Père, je… » continua Drago en essayant de reprendre contenance.

Les éclairs que les yeux de Lucius lançaient réussirent à faire taire son fils avant qu’il ne poursuive sa phrase. Assise sur le lit, Hermione restait parfaitement figée. Elle espérait vainement que son immobilité fasse oublier sa présence au sorcier. Malheureusement il ne fallut pas longtemps à Lucius pour fixer son attention sur la jeune fille. Elle blêmit lorsque le regard mortel passa sur elle. Pour ne rien arranger, la bretelle de sa robe ouverte glissa de son épaule. Elle se sentit perdre pied.

Lentement, le père de Drago entra dans la chambre. Il écarta son fils sur le côté avec haine mais sans violence. Puis dans un geste de dégout, il saisit la Gryffondor par le bras et la plaqua contre le mur. Livide et à bout de souffle, Hermione le vit tirer un objet de sous sa robe de sorcier. Aux reflets argentés qui s’en dégageait, elle comprit rapidement qu’il ne s’agissait pas de sa baguette. Il bloqua la poitrine de la Gryffondor avec son avant-bras et appuya le bout de la lame d’un poignard sur son cou, contre sa jugulaire. La jeune fille sentit l’acier froid lui mordre la peau et s’enfoncer millimètres par millimètres dans sa chair.

« Vous allez sortir de cette chambre, chuchota Lucius en articulant chaque mot avec le plus grand soin. Vous allez retrouver vos amis et quitter cette maison pour ne plus jamais y revenir.

- Je… »

Hermione fut interrompue par une pression intense sur son cou. Elle sentit un liquide chaud couler le long de sa peau. Elle n’eut pas besoin de toucher pour savoir qu’il s’agissait de sang. Sa gorge la brûlait affreusement tandis qu’une peur irrépressible bloquait sa respiration.

« Si jamais je vous revois tourner autour de mon fils, poursuivit le sorcier menaçant, je vous tuerai de mes propres mains. Et je vous assure que vous quitterez ce monde avec le corps si meurtri, que personne ne vous reconnaitra à votre enterrement. »

Il appuya une dernière fois sur la jugulaire de la Gryffondor puis relâcha brutalement sa prise.

« Allez-vous-en. » lui ordonna-t-il sur un ton qui ne permettait pas le refus.

Hermione s’exécuta et disparut de la pièce en un clignement de paupière. Debout au milieu de sa chambre, Drago avait assisté à la scène, impuissant. Il tenta de se persuader qu’il n’aurait rien pu faire et que la volonté de son père dominait la sienne, mais en vain. Au fond de lui il savait qu’il aurait dû intervenir, pourtant il n’avait rien fait. Il avait eu peur. Il avait regardé le poignard s’enfoncer dans le cou de la Gryffondor, il avait vu le sang épais couler sur sa peau blême, il avait perçu la terreur envahir ses yeux, mais il était resté tétanisé. Terrorisé.

Lentement, son père se retourna vers lui, son regard sinistre bloqué sur son fils. Et dans sa main, tâché de sang, le poignard.


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