Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 3 : Costumes et ressentiments

2612 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 04:10

CHAPITRE 3

On a tambouriné à ma porte pour me signaler que c’était l’heure de dîner.

Je me levais donc pour aller dans la salle à manger et je séchais mes larmes rapidement pour ne pas laisser paraître mon chagrin.  

La table était dressée comme si le président allait venir pour manger avec nous. L’entrée était une sorte de soupe verte claire accompagnée par de petits bâtonnets de pain. Je pouvais également voir que le plat était déjà sur la table. Du gigot d’agneau accompagné de pommes de terre sautées et d’une sauce au citron. Et comme dessert, nous avions un gâteau au chocolat surmonté de fraises et de framboises. La vue de toute cette nourriture me donnait mal au ventre mais j’avoue que j’avais envie de manger jusqu’à la dernière miette de tout ce qu’il y avait sur la table.

Je m’asseyais à côté de Peter, en face de Bleight et je commençais à me servir. Vania est venue nous rejoindre et nous avons mangé en silence pendant un moment. Mais notre hôtesse a interrompu ce moment de calme pour commencer à parler stratégie.

« Alors, je devrais sans doute vous expliquer un peu ce qu’il se passera lorsque nous arriverons au Capitole, demain soir.

Peter et moi avons tourné notre regard vers elle pour écouter ses explications.

- Vous commencerez avec votre équipe de préparateurs. Ils s’occuperont de vous donner une allure plus… Inoubliable ! Et vous irez ensuite rencontrer vos stylistes pour vous faire habiller. Puis pour terminer, place à la cérémonie d’ouverture ! Vous défilerez avec tous les autres tributs devant les potentiels sponsors. Ce moment est très important vous savez car c’est la première fois que le capitole vous verra. Vous devrez leur faire une très bonne impression pour qu’il se rappelle de vous et pas des autres !

Je trouvais toujours cette cérémonie répugnante.  Comme si les tributs étaient des bouts de viande qu’on exhibait avant de les emmener à l’abattoir. Mais je savais que Vania avait raison sur au moins une chose. C’était le moment de se trouver des sponsors et nous devions être convaincants.

- Et vous ? demanda Peter en s’adressant à notre mentor. Vous n’avez aucun conseil ?

- Oh mais si ! J’en ai des tas et des tas. Mais j’attends le bon moment pour les dévoiler très cher Peter. Vous connaitrez mes conseils le moment venu.

Il se tourna vers moi et me demanda en me scrutant des yeux:

- Dis-moi, tu sais te battre ?

- Me battre ? Aucune idée, je ne le fais pas en général.

- Donc, tu ne t’es jamais battue ?

- Et bien, ça m’est déjà arrivé. Une fois.

Il me regarda comme s’il attendait une suite à ce que je venais de dire.

- Ce n’était pas un combat exceptionnel ! On m’a attaqué et je me suis défendue ! Rien à voir avec ce qui arrivera dans l’arène vraiment !

Blight continuait de me fixer et semblait chercher quelque chose. Comme si la réponse était scotchée sur mon front.

- Tu n’es pas trop mal et une fois passée dans les mains de tes stylistes, tu seras superbe. Si en plus tu arrives à bien te battre, tu pourrais être une bonne possibilité pour les sponsors.

- Vous croyez vraiment ce que vous me dites ?

- J’en suis même convaincu. »

Nous avons continué de manger sans parler et je pensais beaucoup à ce que Blight m’avait dit. Avais-je vraiment une chance d’être choisie par des sponsors ? Aucune idée. Mais j’avais remarquée que notre mentor n’avait pas beaucoup parlé à Peter depuis le début. Il ne s’intéressait presque qu’à moi alors que j’étais la moins amicale de ses tributs. Etrange… Mais peut-être que lui et Peter avait parlé pendant que j’étais dans ma chambre. C’était sans doute ça.

Le repas était maintenant terminé et je retournais dans ma chambre pour trouver un pyjama dans mon immense armoire avant de me glisser dans mes draps de velours. Puis, je m’assoupis et rêvais de la maison. Ma maison. Je savais que ce rêve serait plus que douloureux au réveil mais je continuais de rêver en souhaitant ne jamais me réveiller.

 

Le lendemain matin, Blight tambourina à ma porte en me disant de me lever. Je devais aller déjeuner avec lui, Peter et Vania. Je me levais donc et me dirigeais vers la salle à manger sans ma changer. Mon pyjama était confortable et je souhaitais le garder encore un peu. Sur la table on pouvait voir du pain beurré, du café, du thé, des fruits et autres victuailles. Tout était là, comme par magie. Alors je courais presque jusqu’à la table et je m’empiffrais encore une fois. Tout était rassemblé pour effacer le massacre auquel nous allions participer mais je n’oubliais pas. Je n’oublierais jamais. Cependant, je profitais de ce qu’ils avaient à m’offrir tant que j’étais en vie.

Nous n’avons pas parlé durant le petit-déjeuner mais je préférais nettement le silence à une conversation qui ne pouvait que mal tourner. Et après avoir mangé et mangé sans m’arrêter, je me dirigeais vers ma chambre et y restais jusqu’à la fin du voyage, le soir même.

Nous sommes donc arrivés dans le capitole et je ne suis sortie du train que lorsqu’on est venu me chercher. Je ne souhaitais voir aucun habitant du capitole et je restais donc le plus cachée possible. On m’emmena dans une pièce étrange où mes trois préparateurs m’attendaient.

La première était habillée avec une jupe de princesse rose et elle avait une sucette dans la main. On aurait dit les femmes dans les  mangas. Elle s’appelait Fraya. La seconde avait les cheveux rouges et avait au moins un kilo d’eyeliner et de mascara. On aurait dit que ses dents étaient limées en pointe. Son nom était Varla et le nom de ma troisième préparatrice est Trini. Elle avait les cheveux dégagés vers l’arrière et elle portait un grand chapeau ainsi qu’une sorte de cape.

J’avas donc une princesse, un vampire et une magicienne comme préparateurs Super… Rien ne me semblait normal ici. Mais je les laissais prendre soin de mon corps, de mes cheveux, de mes ongles.

Ils ont commencé par m’épiler chaque partie du corps et je souffrais le martyre. Chaque moment où une bande s’arrachait de ma peau, je retenais un flot d’insultes qui pouvait fuser à tout moment. Et après l’épilation venait les gommages. On m’exfoliait, on me ponçait et on m’enduisait de crème pour atténuer la douleur. Et ils ont continué en me coiffant les cheveux et en les enduisant de produit en grande quantité. Ils ont ensuite fini par mes ongles. Ils les ont limé et ont appliqué une sorte de produit dessus.

Après environ deux heures de torture, mes préparateurs m’ont enfin laissé respirer et m’ont emmené dans une nouvelle salle où je devais attendre mon styliste.

Ce styliste en question est entré dans la salle après une dizaine de minutes d’attente et ce que je découvris me donna une envie de hurler. Elle était habillée avec des vêtements très colorés et très serrés et elle portait une perruque violette avec une frange. Elle avait également sur ses bras et ses jambes des taches qui ressemblaient beaucoup à de la peinture. Comme si on avait pris un pot de peinture et qu’on l’avait jeté sur elle. Seul son visage était épargné par la peinture mais elle était maquillée avec des couleurs vives qui me donnaient mal aux yeux. Elle était exactement comme tous les autres habitants du capitole. Et je la détestais. Comme je détestais tous ceux qui étaient là.

Elle s’avança vers moi et me regarda de la tête aux pieds. Puis elle s’assit sur le canapé et m’indiqua le fauteuil en face d’elle pour que je m’asseye également. Mais je ne m’asseyais pas et je restais debout en face d’elle en la fusillant des yeux. Elle soupira et se présenta enfin:

« Je m’appelle Cléa et je suis ta styliste.

- J’avais deviné, oui.

- Et tu es Johanna c’est ça ?

- Oui, c’est mon nom.

Elle me regarda pendant encore un moment et je commençais à me sentir mal à l’aise.

- Tu es très jolie, me déclara-t-elle. Tu pourrais sans doute plaire aux sponsors. Il faudrait seulement que tu souries un peu plus.

- Le sourire n’est pas une chose qui me vient naturellement, désolé.

- On parlera de ça un peu plus tard, ne t’en fais pas.

Je hochais la tête et attendis la suite des évènements. Pendant ce énième silence, on nous a apporté notre repas qui comportait du poulet au champignon, une salade verte et une crème brûlée comme dessert. C’est vrai que j’avais faim mais je ne voulais pas le montrer alors j’attendais un peu avant de commencer à manger.

- Tu as une idée de ce que tu vas porter ce soir ? Ou tu attends la surprise ?

- Je n’ai pas vraiment eu envie d’y penser en fait.

- Et bien, tu n’as plus à réfléchir car je vais te dévoiler ta tenue dans très peu de temps. On va seulement attendre que tu te décides à manger et on s’occupera de ton maquillage et de ta coiffure avant de t’habiller. D’accord ? »

Elle me parlait d’une voix plutôt douce et bizarrement, dans ses yeux entourés de violet et de bleu, je pouvais discerner une petite lueur de sincérité. Je ne savais pas encore si je devais me méfier d’elle ou me fier à la sincérité que je croyais apercevoir mais en attendant, je m’apaisais un peu et consentais à manger.

Puis, après mon repas, on m’a emmené dans une nouvelle salle pour me coiffer et me maquiller. Mon équipe de préparateurs m’a fait un maquillage très sombre. Je portais un fard à paupières noirs accompagné d’eyeliner, de mascara et de quelques paillettes discrètes. J’avais également les traits de mon visage qui avait été accentués comme pour me rendre plus terrifiante et plus dangereuse. Et on m’avait également appliqué du rouge à lèvres rouge bordeaux pour amplifier cet effet. Puis on m’a également coiffé les cheveux  en faisant de très légères tresses sur chaque côté pour laisser retomber presque tous mes cheveux sur mes épaules.

Il ne restait plus que la tenue et Cléa me l’apportait justement. J’enfilais chaque vêtement et chaque accessoire en prenant mon temps et sans faire attention à ce que je portais. Puis à la fin de mon habillage, je respirais un grand coup et ma styliste me fit signe pour que je me regarde dans le miroir. Je me tournais alors vers la glace et je m’observais avec de grands yeux écarquillés.

Je portais un justaucorps fait de feuilles de lierres qui épousait à merveille la forme de mon corps. Une tige de lierre continuait de descendre le long de mon collant noir transparent et terminait sur mes cuissardes de cuir noir. J’avais également des mitaines de cuir noir, une feuille magnifique dans mes cheveux et je voyais également un motif d’arbre peint sur mon bras gauche. C’était vraiment magnifique et j’étais terrifiante. C’était absolument parfait. J’avais besoin de quelque chose comme ça pour me donner le courage d’affronter tous les autres tributs qui m’avaient sans doute vu pleurer dans les rediffusions du voyage en train. Je ne devais pas paraître faible ou angoissée. Je devais être aussi terrifiante que je le pouvais. Et avec ce costume, la tâche serait bien plus facile !

Je me retournais vers Cléa et étrangement, je lui dis:

« Merci, ce costume est parfait.

- Je savais que quelque chose d’imposant serait sans doute parfait avec ces yeux et ce comportement implacable. Tu peux rester toi-même et te montrer aussi déterminée que possible maintenant.

- J’espère que je serais à la hauteur de ce costume dans ce cas.

- Et n’oublies pas Johanna, tu es là pour gagner les jeux. Pas seulement pour y participer. Alors démarques-toi.  » 

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