Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 15 : Quelques cauchemar et un dilemme sans fin

2095 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/06/2016 23:38

Chapitre 15

Le trajet était silencieux depuis notre affrontement avec la créature des forêts. Et je pouvais comprendre pourquoi. J’avais tout de même failli me battre avec Anna. Mais je pensais toujours qu’elle le méritait étant donné sa faiblesse durant le combat. Elle avait failli nous tuer, tout les quatre. Elle aurait mérité cette gifle. Mais je n’avais pas pu la lui donner alors je continuais de marcher sans parler et en regardant droit devant.

« Vous pensez qu’on pourrait trouver un endroit pour dormir avant que le soleil se couche ? a dit Peter en interrompant le silence qui avait duré plus de 3 longues heures.

Mais je n’étais toujours pas vraiment décidée à répondre alors je laissais Alex le faire pour moi.

- On devrait peut-être commencer à chercher, tu as raison.

- Alors je pensais à une petite grotte, loin de tout. Des arbres, des carrières ou des monstres.

- Bonne idée ! a crié Anna.

Elle a évité mon regard en baissant les yeux et s’est retournée vers Peter.

- Je veux dire que c’est peut-être mieux de s’éloigner de tout ce qui peut nous tuer. Pendant un petit ou un long moment.

- Très bien, marché conclu ! Trouvons une grotte !

Super… Je n’avais pas eu mon mot à dire pour notre planque de la nuit. Même si je n’aurais sans doute pas vraiment parlé si on m’en avait laissé l’occasion. J’aurais sûrement remballé la première personne qui m’aurait adressé la parole. Alors je continuais à marcher tout droit et je cherchais une grotte du regard.

Je l’ai trouvé une petite heure après et je l’annonçais seulement en pointant notre future cachette du doigt.

- Super idée ! Merci Johanna, tu es géniale ! »

Nous nous sommes dirigés vers cette grotte et avons installé nos lits de camps. Quand à moi, je restais juste devant notre abri en mangeant quelques fruits séchés pour attendre l’hymne et voir qui était mort aujourd’hui. Après l’épreuve du monstre des forêts, nous méritions d’être débarrassés de l’un de nos adversaires non ?

Lorsque l’hymne se fit entendre, je levais vite les yeux et regardais le ciel avec espoir. Mais malheureusement, personne n’était mort aujourd’hui. Et nous avions donc toujours 9 ennemis tout autour. Et je commençais à saturer à cause de toute cette horrible aventure. Je souhaitais simplement rentrer chez moi et oublier tout ce qui se passait ici. Mais c’était purement impossible. Alors je me contentais de m’approcher de mon lit pour m’endormir le plus rapidement possible. Et malheureusement, mon sommeil s’est très vite transformé en cauchemar.

 

Le garçon du 3 se tenait devant moi, et il souriait. Je fronçais aussitôt les sourcils en me demandant pourquoi le garçon que j’avais tué me souriait à pleine dents. Je reculais un peu mais il s’avança encore plus. A chaque pas en arrière que je faisais, le garçon en faisait 2 en avant. Je ne pouvais pas lui échapper, à lui et à son sourire. Comment pouvait-il continuer à sourire encore et encore ? Je l’avais tué bon sang ! Je me retournais et commençais à courir vers la forêt mais après quelques foulées, il se tenait devant moi. Devant moi ! Je savais que ça ne servirait plus à rien de courir alors je me contentais de le regarder en me remémorant douloureusement ce que je lui avais fait.

« Je suis vraiment désolée de t’avoir fait ça.

Je m’apprêtais à prononcer son prénom mais je remarquais une chose. Je ne connaissais même pas son prénom. Je me sentais de plus en plus mal.

- Tu ne méritais peut-être pas de mourir. Même si je n’en ai aucune idée en réalité. Mais je veux vraiment que tu saches que je m’en veux vraiment, vraiment beaucoup.

Il fronça mes sourcils, sans cesser de sourire bêtement.

- Pourquoi tu es désolée ? Tout va bien pour moi ! Enfin, sauf à part ça peut-être…

Il baissa les yeux pour me montrer la plaie qu’il avait maintenant dans le ventre. La blessure que je lui avais faite. Mes yeux étaient figés sur cette blessure et je ne pouvais pas m’en détacher.

- Je suis vraiment…

- Désolée ? Je sais, tu me l’as déjà dit. Mais ne le sois pas. Tu m’as seulement tué.

Je commençais à reculer de nouveau.

- Ecoutes…

- Tu m’as planté ce couteau dans le ventre et tu es partie sans un seul regard en arrière. Sans regrets également apparemment.

- Non, ce n’est pas vrai.

Je me sentais presque sur le point de vomir à présent.

- Tu m’as laissé ainsi tout seul. Sans un seul mot pour moi. Le garçon que tu as tué.

- Arrête !

- Arrêter quoi ? De te dire enfin la vérité ? De te dire que tu es une meurtrière sans cœur qui a osé me poignarder sans un seul sentiment ?

- Arrête, s’il te plaît, ai-je murmuré doucement en tombant à terre avec les mains sur les oreilles. »

Mais il n’arrêtait pas de crier encore et encore les mêmes mots. Les mêmes mots qui résonnaient dans ma tête pour me montrer la personne que j’étais réellement. Un monstre.

 

Je me réveillais en sursaut et transpirante de sueur. Je ne savais pas combien de temps j’avais dormi mais je ne voulais plus me coucher à présent. En réalité, j’avais besoin d’air frais et cette grotte me rendait légèrement claustrophobe. Je sortais donc de notre abri et je restais juste devant en inspirant le plus d’air possible. Ça me faisait du bien et je me sentais un peu mieux. La lune éclairait plutôt bien les alentours mais elle projetait également des ombres étranges tout autour de moi. Cependant, je préférais rester dehors car l’intérieur de la grotte me donnait des envies de suicide. Je continuais de respirer à fond en regardant un peu les environs. Et une voix venue de l’intérieur de la grotte vint soudain briser mon moment de sérénité.

« Que ce passe-t-il Johanna ?

Je me retournais vivement et je vis Alex qui m’observait depuis l’entrée de la grotte. Il était appuyé sur le mur et ses yeux semblaient m’étudier scrupuleusement.

- Quoi ? Rien de spécial. Je ne suis plus du tout fatiguée, c’est tout.

- Mais la question est: pourquoi tu t’es réveillée ? Il s’est passé quelque chose ?

- J’ai…

Je me sentais vraiment idiote de le dire à voix haute.

- J’ai fait un cauchemar, avouais-je en baissant le regard.

- A propos de ton frère ?

- Non, à propos d’autre chose. A propos du gars du district 3.

- Celui que tu as…

- Tué ? Oui, celui que j’ai tué Alex ! Tu peux le dire à voix haute, rien ne va exploser !

- Wouaw, ne t’énerve pas ! Je veux simplement t’aider moi !

Le pauvre… Il voulait m’aider et je ne faisais que lui crier dessus.

- Je suis désolée. Je n’ai pas vraiment passé une super nuit.

- Tu pourrais peut-être le raconter. Sauf si tu me crie dessus encore une fois ! me dit-il en rigolant.

- Promis, plus de cri !

Je lui racontais mon rêve en tentant de ne pas paraître misérable. Même si c’était assez compliqué étant donné ma voix tremblotante. Mais Alex m’a écouté attentivement et n’a pas parlé une seule fois.

- Et voilà, terminais-je le regard plein de honte. Je ne suis pas un vrai tribut ! Je regrette à chaque fois que je touche quelqu’un, même du petit doigt !

- Tu avais promis de ne pas crier, observa-t-il en souriant toujours.

- Désolée, je ne suis pas douée non plus pour tenir mes promesses apparemment.

- Ecoutes Johanna, tu culpabilise pour ce garçon, j’ai compris. Mais je ne comprends pourquoi ça te dérange. Si ça ne te faisait rien, tu serais presque inhumaine ou au moins insensible. Le fait que tu y accorde de l’attention, ça montre que tu as un cœur.

- Un cœur qui va se faire arracher si je continue à jouer les chochottes.

- Ce que tu peux être têtue quand tu t’y mets !

Nous avons rigolé doucement devant cette vérité que je ne pouvais absolument pas nier.

- Ce que je veux te dire, c’est que c’est normal de penser à la première personne que tu as tué. Ça s’appelle être humain.

- Tu as raison. Je ne devrais pas en faire toute une histoire et je ne suis pas un monstre qui tue sans sentiments et sans regrets.

- Merci d’admettre que j’avais raison, me dit-il avec un sourire mesquin.

- Quoi ? Tu avais raison ? N’importe quoi !

- Bien sûr que si, j’avais totalement raison ! Avoue-le !

- Hors de question !

Il s’est  mis à me chatouiller un peu partout en répétant encore et encore:

- Avoue que j’ai raison ! Avoue-le !

Mais je refusais de céder aussi facilement.

- Je préférerais manger du singe !

- Avoue-le !

Il a continué de me chatouiller mais je ne voulais pas abandonner. Et lorsqu’Alex s’est finalement décidé à arrêter ses tortures, je remarquais que son visage n’était qu’à quelques centimètres du mien. Il m’a regardé pendant un long moment et je ne bougeais pas d’un cil. Pour ne pas mentir, je souhaitais qu’il m’embrasse. Et à mon avis, il le souhaitait aussi. Je n’avais plus qu’à attendre sa décision, mes yeux dans les siens. 

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