Chapitre 17

« Alex, si je me suis débarrassée de Anna, ce n’est pas pour que tu te mettes à parler à sa place tu sais.

- Tu ne veux pas que je parle ou tu ne veux pas parler de ce qui s’est passé hier ?

- Les deux.

- Johanna, s’il te plait…

- Non, ne me demandes rien s’il te plait Alex.

Il me regardait avec des yeux tristes et désespérés mais je ne voulais pas parler de ce baiser pour le moment. Je ne pouvais pas en parler pour le moment. 

- Je t’en prie Alex, pas maintenant.

- Très bien.

Il s’arrêta un moment avant que je me retourne pour le regarder. Il me regarda un moment dans les yeux avant de me déclarer:

- Mais ne comptes pas sur moi pour oublier. Je n’oublierais pas, ça je te le promets.

- Très bien.

Nous avons repris notre marche sans parler et je tentais de ne me concentrer que sur les gibiers que je devais tuer, pour enfin manger. Tous les animaux s’étaient éloignés à cause d’Anna mais ils commençaient à doucement revenir et je devais tendre l’oreille pour les débusquer.

Un bruissement de feuilles attira mon attention et je me retournais immédiatement pour voir un lapin s’échapper d’un petit buisson. Je m’emparais vite de mon couteau et le lançais dans la créature qui tomba à terre, sans vie. Je l’attrapais et l’accrochais à ma ceinture avant de continuer ma marche pour trouver encore plus de viande. Je sentais que la chasse était assez simple pour moi, étant habituée à tuer des animaux pour survivre dans mon district. C’était comme une partie d’échec. Je devais anticiper les mouvements de l’autre tout en restant précis dans mes gestes et dans mon esprit. Et j’étais très douée pour les échecs.

Au bout d’une petite heure, j’avais deux lapins et un écureuil accrochés à ma ceinture. Alex avait quand à lui un lapin et une sorte de petite bête étrange que je préférais ne pas manger pour être honnête. Je trouvais que c’était assez et nous avons donc décidé de retourner au ruisseau pour ne pas inquiéter les autres.

- Tu ne penses pas qu’on devrait faire chauffer la viande avant ? me proposa Alex.

- Oui, tu as sans doute raison. Nous serons partis avant que les carrières n’arrivent ici de toute manière.

- Alors, allons-y !

Je tentais de faire un feu mais je cassais tous les bâtons en les frottant les uns contre les autres. Alex prit le relai et il réussit à faire un feu si rapidement que j’étais tentée de faire la tête tant c’était vexant pour moi. Mais lorsque mon ventre se mit à gargouiller, j’avais déjà oublié le feu et mon incapacité à en produire un. Nous avons écorchés les bêtes et les avons placés sur une broche au dessus du feu. Tous à l’exception de la bête étrange d’Alex. C’était trop louche pour être mangé alors nous l’avons laissé sur le sentier. Si c’était immangeable ou mortel, un autre tribut pourrait s’en contenter et mourrais en nous laissant avec un adversaire en moins. Et tandis que la viande cuisait, nous avons fait un peu de cueillette pour accompagner le reste. Nous avons réussi à trouver des baies qui me semblaient plutôt normales. J’avais vu les mêmes durant les séances d’entraînements, et elles étaient donc tout à fait inoffensives. Et lorsque tout était cuit, nous avons tout emballé et tout mit dans nos sacs à dos. Et pour finir, nous avons prit la route vers le ruisseau.

Nous l’avons atteint peu de temps après mais il y avait un problème. Peter et Anna n’étaient pas là. Et ils devraient être là depuis très longtemps. Remplir une gourde était la chose la plus simple et rapide qui soit. Comment avaient-ils pu se perdre ?

- Où sont-ils ? demandais-je en regardant autour.

- Aucune idée mais ils ne devraient pas être très loin alors dépêchons nous de les trouver.

Nous avons avancé le long du ruisseau mais ils n’étaient toujours pas là. Et ça commençait à devenir inquiétant, même si je ne voulais pas le montrer.

- Toujours aucun signe d’eux, observa Alex en se retournant vers moi.

- Je le vois bien, répondis-je d’un ton un peu trop cassant.

Il haussa les sourcils, en se demandant bien évidemment pourquoi je m’énervais contre lui. Mais je n’avais pas de réponse en particulier.

- Je suis désolée, je ne devrais pas te crier dessus. Mais je ne sais pas où ils sont et je commence à m’impatienter.

- Tu ne pense pas qu’ils sont…

- Morts ?

- Les carrières ne sont peut-être pas loin.

- Non, ils sont en vie.

Je me remis à marcher tout droit, dans le même sens que le ruisseau. Ils ne devaient pas être si loin que ça.

- Ils ne peuvent pas être morts. C’est hors de question, terminais-je en ne m’arrêtant pas d’avancer.

Nous les avons cherchés pendant encore une demi-heure et toujours rien. Absolument rien.

- Mais où sont-ils bon sang !

- Calmes-toi Johanna, on va les retrouver.

- Mais bien sûr ! Et ils sont sans doute partis en vacances à Hawaii aussi !

- Je t’ai dis de te calmer. Pourquoi tu perds toujours ton sang-froid aussi rapidement ?

- Pourquoi ? Tu me demandes pourquoi ? Et bien, peut-être que c’est parce que je suis dans une arène rempli de gens qui veulent ma mort ! Ou peut-être parce que mes alliés qui sont aussi mes amis ne pourront pas survivre si je veux rester en vie ! Ou alors c’est parce que mon petit frère qui est beaucoup trop jeune est obligé de me regarder me battre pour ma survie, sans savoir si je pourrais le revoir un jour ! Peut-être que c’est pour ça que je perds mon sang-froid !

J’aurais pu continuer mon petit discours indéfiniment mais Alex s’est avancé vers moi et m’a serré dans ses bras. Et c’est vrai que ça m’a immédiatement calmé. Je sentais mon cœur qui recommençait à battre un peu moins rapidement et ma colère s’évaporait doucement. Je calmais ma respiration et ne bougeais plus pendant un petit moment. Puis je me détachais d’Alex (à contrecœur, je l’avoue) et le regardais pendant un petit moment en me demandant pourquoi il arrivait à me calmer aussi rapidement. C’était tellement étrange ! Comme si il pouvait aspirer toute colère hors de moi et la mettre dans un coffre fermé à clef qui ne s’ouvrirait que lorsqu’il s’en irait.

- Merci Alex, je sais que je ne suis pas toujours très agréable mais la chose à laquelle je pense, c’est mon frère. Mon frère que je ne pourrais peut-être jamais retrouver.

- Ne t’en fais pas, je comprends parfaitement. Et je voulais te dire quelque chose. Je…

Il ne termina pas sa phrase car une petite chose l’en empêcha. Un cri perçant à percé à travers les frondaisons et je reconnus immédiatement à qui appartenait ce cri strident et effrayé. Anna.

Nous nous sommes lancés un regard rapide avec Alex, puis nous avons immédiatement couru en direction du cri lancé par Anna. Je ne m’arrêtais pas de courir et je commençais à fatiguer mais ce cri était si perçant que je ne pouvais pas ralentir. Et j’avais raison de ne pas m’être arrêté.

Nous sommes arrivés dans un petit recoin de la forêt et ce que je vis me donna un coup de fouet. Peter et Anna étaient attaqués par les carrières. En tout cas, la moitié d’entre eux. Peter tentaient de protéger Anna des tributs du district 2. Mais il était en difficultés et ça se voyait. Peter ne pourrait pas tenir plus longtemps. Je décidais donc de foncer dans la mêlée.

Je courais vers la fille du 2 et sans attendre qu’elle me voie arriver, je lui frappais dans la nuque le plus fort possible. Elle tomba à terre mais se releva très rapidement et me fis face avant de me frapper dans le ventre. J’avoue que ce coup m’avait donné l’impression qu’on avait aspiré tout l’air de mon corps pour me narguer et laisser tenter de reprendre mon souffle. Avant que la fille ne me frappe de nouveau, Alex lui flanqua un coup de poing et elle s’attaqua donc à lui. Le garçon du 2 se dirigea vers Peter et les deux se sont également mis à se battre. Quand à moi, je me dirigeais vers Anna et l’aidais à se lever pour la mettre en lieu sûr. Elle s’est assise sur une pierre et semblait légèrement sonnée.

- Reste là et ne te fais pas tuer, lui dis-je en lui relevant la tête.

- D’accord, vas-y maintenant. »

Je hochais la tête avant de me rediriger vers le lieu de combat, quelques mètres plus loin. Le garçon appela sa partenaire pour qu’elle lui donne une meilleure arme. Elle s’appelait Clarisse apparemment. Je me dirigeais vers le garçon et lui lançais un coup de pied dans le genou. Il tomba à terre et je lui mis un coup de coude dans la nuque. Puis un coup de pied dans les côtes, et un autre dans le ventre. Il se mit à saigner de la bouche et je commençais à reprendre un peu confiance. Mais un coup m’a atteint sur la tête et je tombais à genoux. Puis un pied m’a atteint sur l’arrière du crâne et je tombais à terre. C’était la fille du 2 qui m’avait mise à terre. Alex lui attrapa le bras et la retourna pour lui mettre un coup en plein dans les dents. J’en profitais pour me relever et me rediriger vers le garçon. Mon genou atterrit dans sa tête et mon pied finit le travail en finissant sa course sur sa trachée. En commençant à s’étouffer, le garçon tomba à terre et avait du mal à se relever. J’en profitais pour m’emparer de mon couteau et le planter dans sa poitrine. Le tribut eu un soubresaut, puis émit son dernier soupir devant mes yeux, ceux de Peter, et ceux d’Alex. Je nous croyais presque tirés d’affaire mais un son glaçant s’est fait entendre et nous nous sommes retournés devant une vision d’horreur. Clarisse, la tribut du 2, venait de planter son épée dans le ventre d’Anna.