Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 19 : Après-coup d'une mort douloureuse

2069 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/06/2016 23:21

Chapitre 19

Alex s’approchais de moi et tendis la main vers moi mais je reculais, refusant qu’il me touche pour le moment. Il m’empêchait de réfléchir en étant là. Je me dirigeais vers un recoin du sentier, près d’un arbre, et je m’appuyais contre un arbre. J’étais épuisée. Ce combat m’avait vidé de toute énergie.

« Tu refuse toujours de parler ? me demanda Alex après avoir attendu pendant une longue et embarrassante minute.

- Oui, je le refuse toujours.

- Très bien, pas de problème. Et je peux te soigner alors ?

J’étais réticente à le laisser s’approcher. Sa présence me faisait vraiment dérailler et m’empêchait de réfléchir clairement. Et en plus de ça, je ne voulais pas qu’on me voie me faire soigner comme une petite chose sans défense. Mais d’un autre côté, mes blessures me faisaient un mal de chien.

- D’accord, tu peux venir.

- Merci. Je croyais vraiment que tu préfèrerais saigner jusqu’à la mort plutôt que de me laisser approcher.

- Je n’en suis pas encore à ce point-là, je te le rassure.

Il s’approcha et sortit sa gourde de son sac. C’était la gourde qu’Anna avait rempli. Je détournais le regard et laissait Alex s’humidifier les mains avant de commencer à nettoyer mon visage. Heureusement pour moi, je n’avais saigné que de la pommette. Mais le sang coulait tout de même à flot. Mais je commençais tout de même à moins sentir la douleur. J’ignorais si c’était le contact de l’eau ou celui de la main d’Alex mais je commençais à aller mieux. Vraiment mieux. Mes muscles se détendaient peu à peu et ma respiration se saccadait un peu moins. Je m’apaisais doucement et la douleur sur mon visage s’évaporait également de plus en plus.

- Tu sais que tu es très doué comme infirmier ? taquinais-je Alex en rigolant un peu.

- Je ne sais pas si je dois être flatté ou vexé, me dit-il en m’accompagnant dans mes éclats de rire.

- Je vais faire comme si c’était réellement un compliment !

- Merci d’avoir pitié de moi, me remercia-t-il sans cesser de rire.

- Mais je t’en prie !

Il avait réussi. Il m’avait remonté le moral en moins de quelques minutes. C’était incroyable comme il pouvait avoir un tel effet sur moi ! Je ne pouvais pas rester triste en sa compagnie. Ça m’était totalement impossible.

Il termina de me soigner et je me sentais bien mieux à présent. Il ne me restait qu’une entaille propre sur la pommette, qui allait bien cicatriser je l’espère. Je me relevais et me dirigeait vers le camp pour rejoindre Peter. Mais il n’était pas là.

Je ne le voyais pas, alors que son sac était presque au milieu du sentier. Je regardais autour mais il n’y avait rien. Absolument rien. Je commençais à sérieusement m’inquiéter et je n’arrivais pas à le cacher.

- Peter ? criais-je en continuant de regarder autour. Peter, où es-tu ?

Je n’avais aucune réponse.

- Peter, réponds-moi bordel !

Je n’avais toujours pas le droit à une réponse. Aucune.

- Peter je te préviens que si tu ne me réponds pas, je vais te…

- Mais pourquoi tu cries Johanna ? m’a demandé Peter, en sortant de la forêt. J’étais en train de cueillir des baies un peu plus loin.

Je m’avançais vers lui et le poussais si fort qu’il en tomba à terre.

- Tu es complètement cinglé ou quoi ? J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose espèce d’idiot !

- Mais je vais bien ! Qu’est-ce qu’il t’arrive bon sang ?

- Ce qu’il m’arrive, tu es sérieux ? La dernière fois qu’on vous a perdu de vue, toi et Anna, elle est morte ! Alors ne me demandes pas ce qu’il m’arrive compris ?

- Calmes-toi Johanna, s’il te plait. Je vais bien !

Je n’arrivais pas à me calmer et je sentais une larme couler sur ma joue. Pile sur ma blessure sur ma pommette. Je m’empressais de l’essuyer avant qu’on la remarque mais c’était un peu tard. Peter l’avait bien évidemment remarqué.

- Approche Johanna, m’a-t-il dit en avançant vers moi.

Je ne bougeais pas mais il m’a rejoint en moins de quelques secondes et m’a prit dans ses bras.

- Tout va bien se passer Johanna, d’accord ? Tout se passera bien, je te le promets.

- Et comment tu peux le savoir ? Au moins deux de nous trois vont mourir dans très peu de temps, alors comment tu peux me dire que tout ira bien ? 

- Calmes-toi un peu.

J’arrêtais de parler pendant un moment en sachant que rien n’irait bien, même si Peter affirmait le contraire. Et il continuait tout de même à me bercer entre ses bras et à me répéter que tout irait bien. Tout était atroce dans cette arène mais le pire, c’était de survivre. De survivre sans les autres. Je m’éloignais de Peter en me retirant de ses bras et je m’asseyais sur un rondin d’arbre pour me reposer un peu. J’étais si fatiguée ! Mais la journée n’était pas terminée alors je devais rester éveillée au moins pour quelques temps. Nous allions manger un peu et la nuit arriverait vite. Ainsi que l’hymne.

Je me levais et cherchais la nourriture dans mon sac. Je m’emparais d’un lapin et d’un écureuil et je sortis également les gourdes. Je coupais le butin à l’aide du canif d’Alex et distribuait notre repas.

- On devrait manger le plus possible pour reprendre des forces. On s’est beaucoup dépensé aujourd’hui.

- Surtout toi Johanna, tu as vu ton visage ! m’a dit Peter en s’approchant un peu plus.

- Je vais bien, ne t’en fais pas. Ça va vite cicatriser, c’est certain.

- Je l’espère. Tu dois manger et te reposer un peu.

- Je vais le faire. Mais vous aussi.

Nous avons mangé immédiatement, le lapin et l’écureuil en entier ont disparus en quelques minutes. Nous avons arrosé ça avec beaucoup d’eau et nous avons enfin pris un bonbon à la menthe chacun pour terminer le repas. Ça faisait longtemps que je n’avais pas mangé aussi bien. Depuis le début des jeux en fait.

Je m’asseyais ensuite de nouveau et ne bougeais plus. L’hymne se fit entendre quelques temps plus tard et je me préparais à ce que j’allais voir. Le premier tribut que nous avons vu était le garçon du un. Celui que nous avions tué. Je ne quittais pas le ciel des yeux et attendait la suite. Puis, je vis le visage d’Anna s’illuminer dans le ciel. Mes yeux me piquaient mais je ne voulais pas verser une seconde larme. Pas aujourd’hui.

Le ciel s’est éteint d’un seul coup et je comprenais que notre combat avec le district un était la seule source de divertissement que nous avions offert au public. Les juges allaient commencer à s’impatienter et nous allions le payer. Peut-être de nos vies s’ils le souhaitaient.

Une fois que le ciel s’était éteint, je commençais à me chercher un coin tranquille où me coucher. Les feuilles mortes semblaient la meilleure option et tandis que j’y réfléchissais, quelque chose attira notre attention. Un parachute était en train de descendre du ciel. Droit vers nous. Je me levais immédiatement et fonçais vers l’endroit où le parachute s’est posé. Les garçons se sont approché et une fois que nous étions tout les trois réunis autour de notre cadeau, je l’ouvrais et regardais à l’intérieur. Je pouvais y voir un petit pain. Un pain du district 4 je crois. Je levais les yeux vers Alex en sachant que ce pain lui était sans doute destiné. Je le sortis de la boîte et le tendis à Alex. Il le prit dans sa main et le regarda pendant un instant. Je supposais qu’il pensait à Anna, qui était sa partenaire de district. Elle était morte pendant la journée et maintenant, on recevait un pain qui était destiné à lui et sa partenaire. Je m’approchais un peu et pris Alex dans mes bras pendant un petit instant. Il avait besoin de réconfort et je ne lui en avais pas donné depuis la mort d’Anna. J’étais une piètre alliée, et surtout une piètre amie. Je me détachais de lui et le regardais encore un peu.

- Je suis désolée Alex. Pour Anna.

- Ce n’est pas ta faute. Ce n’est pas toi qui l’as tué et tu le sais. C’est juste que le pain me fait tout de suite penser à mon district.   

- Et donc, forcément à Anna.

- Oui tu as raison, un petit peu. Mais tu es là alors je vais bien.

Je détournais les yeux car je savais que ça ne suffisait pas. Ça ne suffirait jamais d’être simplement là alors que l’un de nous deux allait mourir. Et l’un de nous deux terminerait seul, sans ses alliés pour l’aider. Plus jamais.

- Johanna, regardes-moi.

Je levais les yeux vers lui et le regardais sans parler pendant un petit moment. Je ne savais pas si je devais le croire lorsqu’il me disait que tout allait bien.

- Je te promets qu’on s’en sortira Johanna, continua-t-il. C’est juré.

- Comment tu peux dire ça alors qu’un seul de nous survivra ? Comment tu peux dire que tout ira bien alors que deux personnes sur trois vont mourir ?

- Je le sais Johanna. Je le sais, c’est tout. »

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