Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 20 : Courir et courir encore...

2203 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:35

Chapitre 20

Au matin, je me réveillais sans problème et je vis immédiatement Peter, debout en train de tenir son tour de garde. Il avait des yeux si fatigués qu’il semblait manquer de tomber à terre. Je me levais sans le quitter du regard et mon mouvement attira son attention. Il se dirigea vers moi et me tendis la moitié du petit-déjeuner qu’il était en train de manger. Il s’agissait d’une patte de lapin et d’une pastille de menthe. Je mangeais le tout et n’en laissais pas une miette. J’avais tellement faim depuis le début des jeux ! J’aurais presque pu manger n’importe quoi ! Et en attendant qu’Alex se réveille à son tour, j’imaginais tout les plats que je pourrais manger une fois que je serais sorti de cette arène. La viande, le poisson, les fruits, les gâteaux et absolument tout le reste. Mon ventre ne cessait de se manifester pour me rappeler que j’avais besoin de nourriture. Comme si je ne savais pas que j’avais faim !

« Est-ce-que ça va Johanna ? me demanda Peter.

- Oui, je vais bien pourquoi ?

- Tu semblais ailleurs.

- Je pensais à de la nourriture, avouais-je en riant intérieurement.

- De la nourriture ?

- J’ai tellement faim ! me plaignais-je en me levant. Je n’arrête pas de penser à la nourriture du Capitole. Ils n’ont pas le droit de nous donner autant à manger pour nous affamer ensuite !

- C’est vrai que je ne refuserais pas un peu de ce poulet rôti, je l’avais tellement aimé !

- C’est vrai qu’il était délicieux ! Je pourrais donner n’importe quoi pour manger un vrai repas.

- Pareil pour moi !

Nous avons souri et je me rasseyais à terre en tentant de cesser de penser à toute cette nourriture. Cela ne me ferait que plus de mal.

- Vous êtes réveillés ? demanda Alex en se levant, doucement.

- Alex ! Tu ne dors plus ça y est ?

- Je viens de me réveiller. Et vous ?

- On attendait ton réveil pour déjeuner.

Je sortis le pain que nous avions reçu des sponsors et nous avons arrosé le tout avec beaucoup d’eau. C’est vrai que le pain avait apaisé ma faim mais je savais qu’elle allait revenir au galop. En attendant, nous devions nous bouger un peu car les carrières continuaient de ratisser le terrain à la recherche de nouvelle victimes.

- Levez-vous, on bouge ! déclarais-je en récupérant mon sac.

Les garçons se sont levés et nous avons commencé notre marche. Le soleil tapait plutôt fort ce jour-là et nous étions assez vite assoiffés. Nos gourdes étaient presque pleine et je craignais de les vider trop vite alors je me refusais à boire. Une gorgée devait suffire pour le moment. Je ne devais pas vider l’eau trop rapidement. Les garçons étaient aussi assoiffées que moi et buvaient un peu plus mais je préférais leur laisser l’eau plutôt que de la boire. Nous ne nous sommes arrêtés que pour manger et je récupérais le lapin que nous avions déjà cuit pour le partager en trois. Le jus de la viande était parfait pour notre soif et je mordais à pleine dents dans la viande. Mais une fois notre repas terminé, nous devions reprendre la route et ma soif a vite repris le dessus. Je m’imaginais de l’eau qui coulait à flot sur mon corps. Je vidais les dernières gouttes de la dernière gourde et me rendit ainsi à l’évidence.

- Il faut qu’on retrouve une source d’eau les gars. Sinon, on est mort.

- Tu as raison, m’a dit Alex en fixant la gourde vide pendant un long moment. Mais on avait déjà mis beaucoup de temps à trouver la rivière. Comment peut-on retrouver une source d’eau avant la nuit ?

- On peut chercher. Ou alors, on peut retourner au lac. Mais ça veut dire qu’on aura fait tout ce chemin pour rien.

- Notre survie, c’est le plus important. Et ça passe par de l’eau pour le moment. On devrait retourner à la rivière dès maintenant.

- Très bien, allons-y. Mais on devra faire attention si on ne veut pas croiser les carrières, les avertis-je en faisant demi-tour.

- Alors c’est parti ! a déclaré Peter en suivant mes pas.

Et nous avons repris le chemin en sens inverse tandis que je me demandais sans cesse pourquoi tout était aussi compliqué. Au moment où nous avions réussi à stabiliser notre situation, nous devions revenir sur nos pas une fois de plus.

Nous avons passé le reste de la journée à marcher et au soir, nous avions atteint notre ancien campement. La rivière. Je remplissais ma gourde et buvais jusqu’à ne plus avoir soif. Les garçons aussi ont bu encore et encore et on a fini par s’allonger à terre pour manger notre dîner. Nous avons mangé le dernier lapin et je voyais que notre réserve de nourriture était maintenant terminée. Nous devions chasser dès demain.  

Je regardais les étoiles en attendant l’hymne et il arriva lorsque j’eus terminé mon repas. Il n’y avait eu aucun mort aujourd’hui. Le capitole devait sans doute s’ennuyer depuis un long moment et nous allions bientôt en payer le prix. Je devais dormir le plus possible pour être en forme le lendemain. Mais les garçons étaient si fatigués et je voulais qu’ils puissent dormir un peu alors j’offrais de prendre le premier tour de garde. J’eus évidemment le droit à des petites protestations mais j’assurais à mes alliés que j’allais très bien. Même si en réalité, je tombais de fatigue. Je ne voulais pas leur avouer, mais mes yeux ne cessaient de clignoter. Je tentais tout de même d’oublier ma fatigue et je me dirigeais vers un arbre. Je voulais prendre un peu de hauteur. Les journées dans les arbres me manquaient un peu. Au travail, je passais presque autant de temps suspendue aux branches que debout sur le sol. C’est à cause de ça que mon père a commencé à m’appeler « mon petit singe » je crois. J’adorais quand il m’appelait comme ça. Et c’est en pensant à lui que je montais le plus haut possible dans les branches et m’assis sur la cime d’une branche pour contempler l’arène d’un peu plus haut. Les garçons étaient vraiment petits vu d’en haut. Comme si c’étaient des enfants. Des enfants que l’on devait à tout prix protéger. Je détournais les yeux et regardais un peu plus loin, en cherchant à voir tout ce qui pouvait se dissimuler dans la forêt.

Je ne devais pas m’endormir. Je ne devais pas m’endormir. Pas m’endormir. Pas m’endormir.

 

J’avais dû m’assoupir pendant une petite minute car mes yeux s’étaient fermés et j’étais en train de dormir à moitié. Je relevais vite la tête et regardais autour au cas où un assaillant soit dans les parages. J’espérais ne pas avoir dormi trop longtemps car c’était mon tour de garde. C’était mon boulot de protéger ceux qui dormaient. Et je m’étais endormi.

Je descendais de mon arbre et regardais un peu autour mais il n’y avait rien. En tout cas, je le pensais. Je continuais d’avancer un peu autour et je fouillais tout les recoins de notre campement mais je ne voyais rien. Et je n’entendais rien non plus. Absolument rien. Tout était parfaitement calme et uniforme. Totalement parfait. Trop parfait. D’habitude la forêt avait toujours un petit bruit pour l’animer mais à présent, tout était tranquille. Et cela m’inquiétait beaucoup. Je continuais d’avancer un peu et je ne voyais toujours rien autour mais je sentais le danger qui avançait vers moi comme pour me surprendre et en finir avec moi une bonne fois pour toute. J’avais commencé à transpirer et tous mes sens étaient en éveil. Rien ne devait m’échapper si je voulais débusquer le danger qui nous guettait.

Mais en attendant, je continuais de marcher en gardant les yeux grands ouverts. Mais je ne voyais rien.

Soudain, un grand bruit est venu attirer mon attention et je me retournais pour voir une tornade géante arriver droit sur nous. Je courus immédiatement vers les garçons et les secouais aussi fort que possible.

- Vite, levez-vous ! Une tornade ! »

Ils se sont levés le plus rapidement qu’ils pouvaient et ont jeté leurs sacs sur leurs épaules avant de courir loin de la tornade. Je les suivais sans regarder en arrière et tentais de faire abstraction de l’horrible bruit qui me talonnait juste derrière. J’avais l’impression que l’ouragan était à seulement quelques millimètres de moi et qu’elle pouvait me balayer en un instant. La peur me collait à la peau et je ne pouvais pas faire autre chose que courir sans m’arrêter. Ce genre de danger, on ne peut pas le combattre. On ne peut que le fuir. Alors c’est ce que je fis pendant autant de temps qu’il le fallait. Courir, courir, et courir encore. Je ne souhaitais que survivre et la seule façon de survivre était de courir. Il n’y avait pas vraiment autre chose à faire. Mais nous fatiguions rapidement et la rafale aurait raison de nous dans peu de temps si  elle ne s’arrêtait pas. Je risquais un coup d’œil derrière moi et je vis que nous n’avions que moins d’une dizaine de minutes pour nous enfuir. Après ça, la tornade aurait raison de nous. Et nous mourrions tous les trois sans personne derrière. Je murmurais le prénom de mon petit frère pendant que je courais et j’imaginais son visage en ne cessant pas de courir le plus vite possible. Mon frère était sans doute devant l’écran, en train de fixer cette tempête en priant pour que je lui échappe. Et je devais lui échapper. Nous étions en train de perdre de la vitesse et je me fatiguais de plus en plus. Il nous restait cinq minutes. Seulement cinq minutes et après ça, nous ne pourrions plus échapper à rien. Je ne m’arrêtais toujours pas et je ne comptais pas le faire tant que je respirais mais la tornade gagnait du terrain. Je ne pouvais que courir, encore et encore. Plus que trois minutes. Je courais et courais toujours. Rien ne pouvait plus nous sauver, il me semblait. Une minute. Ma respiration était si saccadée que je ne pouvais pas la stopper. Tout était flou autour de moi et je ne sentais plus mes jambes.

Temps écoulée. 

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