Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 21 : Le nouveau dormeur du Val

1733 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:43

Chapitre 21

L’air souffla dans mes cheveux et je fus projetée contre un arbre, en m’écrasant le dos sur la cime de l’arbre. J’avais l’impression que ma colonne vertébrale avait été broyée dans un rouleau compresseur. C’était atroce. Alex fut projeté juste à côté de moi, et disparu dans un buisson. Quand à Peter, je ne le voyais même pas. Je tentais de me lever mais c’était assez dur en réalité. Mon dos me faisait atrocement souffrir. Je continuais tout de même à me lever doucement et j’allais voir dans le buisson pour débusquer Alex. Il s’était égratigner le bras mais il semblait aller bien. Je lui tendais la main et il l’attrapa pour se lever. Une fois que je l’eus aidé, je me retournais face à la tornade pour continuer à m’enfuir une fois de plus. Mais elle partait. La tornade nous avait balayé dans son sillage et elle continuait son chemin jusqu’au bout de l’arène. Nous n’étions que des quilles qu’elle avait mis à terre et nous n’étions plus rien pour elle à présent. Le reste des tributs était tout aussi visée que nous et nous devions être plus tranquilles à présent.

« Tu vas bien Alex ? demandais-je en examinant sa blessure au bras.

L’entaille était plutôt profonde mais rien de vraiment grave. Il allait sans doute s’en remettre.

- Oui, je vais plutôt bien. Et toi ? Je vois que tu te tiens le dos, que ce passe-t-il ?

- Rien, ça va. J’ai percuté l’arbre en étant balayé par la tornade. Mais je vais bien, pas de problème. Le vrai problème est: où est Peter ? 

- Aucune idée, m’avoua Alex en regardant autour.

Je regardais encore et encore autour mais je ne voyais absolument pas où pouvait être Peter. Il avait… Disparu.

- Peter ? Peter, où es-tu ?

Je n’avais aucune réponse. Seulement le silence.

- Peter ?

Toujours aucun bruit.

- Peter !

Rien.

J’entendais l’air qui soufflait dans les feuilles des arbres, les cailloux qui crissaient sous mes pieds, mes cheveux qui volaient autour de mon visage et ma respiration inquiète mêlée à celle d’Alex. Mais je n’entendais pas Peter. Il n’était tout simplement pas là.

Je continuais de marcher et je regardais tout autour dans chaque parcelle de la forêt mais pour le moment, rien. Rien de plus que les bruits sans importance de la forêt. Et un bruit différent vint se mêler aux autres. Une troisième respiration, ajoutée aux nôtres. Une sorte de soupir qui annonçait une fin proche. Je marchais en direction de ce souffle et derrière une rangée d’arbre, Peter était allongé sur le sol, la main sur la poitrine.

Je courais vers lui le plus vite possible et comprenais immédiatement pourquoi sa main tenait son flan. Du sang coulait de ses mains jusqu’au sol et formait une flaque de sang dans l’herbe verte et claire. Comme un morceau d’enfer rouge dans un paradis vert. Je m’agenouillais à côté de Peter et lui attrapait la main. Il me serra le plus fort possible, au point de me faire assez mal.

- Peter, tout va bien se passez d’accord ? le rassurais-je en tentant de ne pas montrer ma peur et ma détresse.

- Vraiment ? me répondit-il en sortant un rire sarcastique. Je n’ai pas l’impression que quoi que ce soit ira bien à présent.

- Non, tu peux t’en sortir. Tu vas t’en sortir !

- Ce n’est pas la peine de me mentir Johanna, je ne suis pas idiot.

- Je ne te mens pas, le contrecarrais-je en secouant la tête.

- Alors, tu te mens à toi-même. Une blessure comme ça, on ne peut pas en guérir. Pas dans l’arène.

- Mais si, tu peux encore essayer de…

- Non, ne dis rien. Je n’ai pas l’espoir de survivre à ça. Je n’avais déjà pas l’espoir de survivre à l’arène.

- Ne dis pas ça. Tu es un combattant.

- Non, je ne le suis absolument pas. C’est toi la combattante ici. Tu es même plus qu’une combattante. Tu es une survivante.

- Je ne peux pas te laisser mourir. Pas comme ça.

- Bien sûr que tu peux. Une seule personne pourra gagner ces jeux. Et je veux que cette personne, ce soit toi. Tu peux faire ça pour moi ?

J’essuyais mes larmes, du revers de la main.

- Faire quoi ?

- Gagner.

Je ne savais pas quoi répondre. Je voulais évidemment gagner pour mon frère, pour moi et pour tout le reste. Mais je ne savais pas comment promettre à Peter que j’allais gagner et le laisser mourir.

- Je ne sais pas si je peux te promettre ça Peter. Pas lorsque tu es dans cet état, juste sous mes yeux.

- Tu peux et tu dois le faire. Je vais mourir dans très peu de temps alors tu dois me promettre de gagner. 

- Je…

- Pense à Matthew. Ton petit frère t’attend de l’autre côté des caméras et tu dois le retrouver. Pense à lui Johanna.

Mes larmes coulaient sur sa blessure et je ne savais absolument plus quoi dire. Je savais que je devais gagner. Mais avec Peter et Alex à côté de moi, je me demandais soudain si je voulais gagner. Mais le regard presque éteint de Peter m’a décidé.

- Je te le promets Peter. Je gagnerais.

- Merci Johanna. Tu mérite de gagner et je le sais. Je le sais depuis que j’ai posé les yeux sur toi. Et j’en ai étais certain lorsque je suis tombé amoureux de toi. »

Je levais le regard vers lui, trop étonnée pour parler. Je voulais lui demander quelque chose, comprendre ce qu’il venait de m’avouer. Mais son regard désormais vide m’a appris que c’était trop tard. Peter était mort. Et il m’avait aimé sans que je le sache.

Je me mis à pleurer à chaudes larmes sur le corps de Peter et je n’avais pas l’intention de le lâcher. Le canon résonna à mes oreilles et m’apprit ce que je savais déjà. C’était fini pour Peter. Je lui fermais les yeux et en regardant son visage serein dans la mort et sa blessure qui l’avait empêché de continuer à vivre, je me remémorais un poème. Un poème que j’avais étudié étant enfant. Nous l’avions étudié lorsque j’étais dans la même classe que Peter et que nous n’avions qu’une dizaine d’années. Je me souvenais que ce poème m’avait interpellé pendant un petit moment. Tout les autres élèves, Peter y compris, n’avait sans doute pas compris de quoi parlait ce poème mais moi si. Et je l’avais pourtant oublié jusqu’à maintenant. Je l’avais oublié jusqu’à ce que je voie Peter à la place du héros de ce poème.

 

C'est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

 

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

 

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.

 

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 

Je gardais le regard rivé sur Peter en l’imaginant entouré de glaïeuls, et souriant face à une mort qui pourrait le délivrer. Mais Peter n’était pas un soldat mort sur le champ de bataille, pour ses convictions et par choix. Il n’était un soldat qui avait choisi son camp et qui voulait mourir pour sa patrie et son pays. Il n’était pas un soldat. Il était un tribut. Un tribut mort dans l’arène, parce qu’on l’y a forcé. Et pour rien. Pour absolument rien. 

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