Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 23 : Comment revivre normalement à présent ?

2184 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 14:49

Chapitre 23

J’ouvrais difficilement les yeux, sans savoir si je ne voulais ou ne pouvais pas bouger. Je pensais toujours à Peter et ça m’empêchait de penser clairement. Les larmes me montaient immédiatement aux yeux mais je refoulais mes pleurs. Je ne voulais pas avoir l’air d’une lâche une nouvelle fois, alors je retenais les larmes qui se battaient pour sortir.

Alex dormait toujours et je préférais le laisser un peu. S’il pouvait dormir, tant mieux pour lui. Je me levais et marchait un peu pour laisser le soleil se poser sur mon visage. Il faisait doux et j’aimais le soleil sur ma peau. C’était plutôt agréable. Je pensais à chasser pendant la matinée pour ramener assez de nourriture pour les trois ou quatre prochains jours. Nous en manquions beaucoup et j’avais très faim. Il ne nous restait que quatre pastilles de menthe et ce n’était absolument pas nourrissant. Je récupérais mon sac ainsi que mon poignard et je secouais Alex pour le réveiller en douceur.

« Réveille-toi Alex, on doit aller chasser pour trouver à manger.

- Johanna ? Le soleil vient à peine de se lever et je n’ai dormi qu’une petite heure.

- Oui mais dormir sans personne pour faire le guet, c’est assez dangereux pour une seule heure. On arrête là.

- Mais je suis fatigué.

- Et nous sommes affamés. Tu feras une sieste cet après-midi, je te le promets.

Il se leva à contrecœur et s’empara de son sac et de son épée.

- Alors, allons chasser !

Nous avons commencé à marcher, avec une pastille de menthe à la bouche chacun. Je tentais de ne faire aucun bruit et je sentais les animaux qui grouillaient tout autour de moi. Ils étaient juste là, je devais juste les débusquer. Alors je continuais d’ouvrir l’œil pour trouver le plus de nourriture possible. Je parvins à débusquer deux écureuils et je ne comptais pas m’arrêter là. Je continuais à chercher, et chercher encore. Et je fus surprise et émerveillée lorsque je vis une biche. Une biche ! Assez de viande pour un certain temps, j’en étais sûr ! Je lançais mon couteau le plus fort possible et j’atteins l’animal juste en dessous du cou. Il tomba à terre et ne se releva plus. C’est vrai que je ne me sentais pas vraiment coupable d’avoir tué cette biche. J’avais si faim que je ne pensais qu’à assouvir ma faim.

- On devrait faire un feu maintenant non ? proposais-je. La bête ne peut pas être transportée alors on devrait la découper maintenant et laisser les os et tout le reste sous un rocher. Nous pourrons manger ici aussi.

- Tu en es bien sûr ? Les carrières pourraient voir la fumée.

- Ne t’en fais pas, on sera loin quand ils arriveront. Allons-y, faisons-le.

Alex s’occupa du feu et nous avons cuit toute la viande sur une broche. La biche nous a donné cinq gros morceaux de viande. C’était parfait pour plusieurs jours. En attendant que la viande cuise, Alex a cueilli quelques poignées de baies et je me suis occupée de quelques châtaignes que nous avons fait cuir au dessus du feu. Puis, nous avons tout mis dans nos sacs à dos et nous sommes dépêchés de partir loin de la fumée de ce feu.

Sur le chemin, nous avons terminé nos pastilles de menthe accompagnées d’une ou deux baies. Elles étaient délicieuses. Leurs jus coulaient dans la bouche et nous rafraichissaient en un instant. Mais malgré ce bon petit-déjeuner et le soleil qui nous recouvrait tout entier, je ne me sentais pas bien. Je pensais à Peter et ça m’empêchait de penser à quoi que ce soit d’autre. Je continuais de repenser à tous les bons moments que j’avais passé avec mon partenaire de district. Mon allié. Mon ami. Et tout ceci me donnait mal au ventre. Tellement mal que je ne voulais plus marcher.

- Et si on s’arrêtait un peu Alex ? Je voudrais m’asseoir pendant un moment si ça ne te dérange pas.

- Bien sûr, pas de problème.

Je me posais sur une buche, juste à côté du sentier et je tentais de ne penser à rien. A absolument rien. Mais c’était impossible. Tout dans cette arène me rappelait que je ne reverrais jamais Peter. Plus jamais. Et j’étais malade de savoir que c’était à cause des juges. Et du capitole. Toutes les morts qui étaient arrivées étaient de leurs fautes. Je voulais me venger et leur faire comprendre qui ils étaient, mais je ne le pouvais pas. Je n’étais qu’un tribut parmi tant d’autres dans cette arène. Juste une personne de plus à tuer. Absolument rien de plus qu’un pion, tout juste bon à mourir pour aucune raison. C’était absolument écœurant.

- Tu vas bien Johanna ?

- Oui, je vais bien. Mais je ne fais que penser à…

- A Peter. Je sais, moi aussi. Mais je suis là pour toi Johanna, d’accord ? Je sais que je ne peux pas te ramener Peter mais je suis là si tu as besoin de quelque chose. Tu le sais n’est-ce pas ?

- Je le sais. Et je t’en suis reconnaissante mais tu as raison sur autre chose. Tu ne peux pas ramener Peter.

- Je sais.

Il se rembrunit un instant et je voyais bien que quelque chose clochait.

- Que ce passe-t-il ? lui demandais-je en tentant de le regarder dans les yeux.

Il leva le regard vers moi et je voyais qu’il souffrait mais je ne savais pas pourquoi. Pas pour le moment en tout cas.

- Je… Tu étais amoureuse de lui ?

Je ne savais pas quoi lui répondre. Et je ne comprenais pas d’où venait cette question. Je ne me l’étais jamais vraiment posé en réalité.

- Je ne crois pas. Il m’était très cher, ça c’est certain. Mais je ne pense pas avoir été amoureuse de lui.

- C’est juste que… Cette façon que tu as de parler de lui. Tu n’as jamais parlé de moi ainsi.

C’était donc ça.

- C’est ça qui te perturbe ? C’est la façon dont je parle de Peter ?

- Non, c’est que j’aurais préféré te voir parler de moi ainsi, et non de lui.

- C’est différent. Je tiens à Peter c’est vrai. Je veux dire… Je tenais à Peter. Mais ce n’est pas de la même manière que toi. Je n’ai jamais parlé de Peter ainsi devant lui. Je ne suis pas douée pour exprimer mes sentiments en face des gens.

- Je ne te force à rien Johanna. Je voulais seulement savoir ce que tu ressentais pour lui.

Il s’approcha de moi et me caressa la main, doucement, avant de reprendre:

- Pour savoir ce que tu ressens pour moi, j’attendrais. »

Je le regardais un petit instant, et je ne savais pas vraiment quoi dire. Alors je ne disais rien, tout simplement. Je suis restée pendant un long moment, je ne bougeais pas et je gardais ma main en dessous de la sienne. C’était agréable et je ne souhaitais pas arrêter ce moment. Pas tout de suite.

Malheureusement, nous devions partir. Les carrières n’étaient peut-être pas loin et nous devions mettre le plus de distance possible entre eux et nous. Je ne supporterais pas la mort d’une autre personne. Pas pour le moment.

Sur le chemin, je sortis un écureuil de mon sac et nous l’avons partagé en deux. Puis, nous l’avons mangé en silence avec un peu d’eau et de baies. J’avais tellement faim que j’aurais voulu manger tout le reste de nos provisions mais je me retenais. Nous devions continuer de rationner nos provisions pour survivre. Même si j’avais toujours faim, encore et encore.

Nous avons réussi à avancer un peu plus pendant la journée et je ne parlais pas beaucoup. Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire et Alex ne parlais pas non plus. C’était un silence assez gênant mais aucun de nous deux ne pouvait le stopper. Il n’y avait aucun moyen de changer ce que nous avions dit ce matin. Et je n’en avais pas forcément envie. Ce que j’avais dit à Alex était la vérité. Alors je ne le regrettais pas.

La nuit pouvait tomber d’un instant à l’autre à présent. Je me suis assise près d’un arbre et je pris deux morceaux de la viande de biche pour en donner un à Alex. Nous l’avons tous les deux mangé et je m’allongeais à terre et fermais les yeux. Je ne voulais penser à rien. J’entendais Alex bouger dans tous les sens pour ranger quelques affaires et faire un feu. Il était toujours plus doué que moi pour en faire un. Je n’avais jamais réussi à en faire un, moi. Mais quelle importance ? Alex était là.

Le feu s’alluma et je me réchauffais instantanément. Ça me faisait du bien de sentir la chaleur me détendre les muscles, un par un.  Et lorsque j’étais enfin détendue, j’entendis l’hymne s’élever et je rouvrais les yeux et regardais vers le ciel pour voir le récapitulatif des morts. Le garçon du district 11 était mort. Un adversaire de moins dans ce cas. Je continuais d’espérer que je pourrais peut-être remporter les jeux. Ou au moins faire en sorte qu’Alex les remporte à ma place. Il le méritait autant que moi. Et même plus. Et c’est sur cette pensée que je me suis endormie.

Le lendemain, la même routine. Je me levais et nous avons terminé les baies. Puis nous avons marché et nous avons trouvé une autre source d’eau pas très loin. Nous avons donc rempli nos gourdes et continué le chemin. Le soleil était toujours là et nous marchions à une bonne vitesse. Nous avons fait beaucoup de chemin depuis la mort de Peter. Peut-être que nous avancions plus vite lorsque nous ne parlions pas.

Je n’avais plus qu’un objectif pour le moment dans cette arène. Survivre aux côtés d’Alex. Et pour réussir, je devais m’éloigner de tous sentiments qui pourraient me stopper dans mon objectif. Je devais oublier la peine, le remord, la culpabilité, la clémence et l’altruisme. Tout ceci devait disparaître. Mais honnêtement, je n’arrivais absolument pas à oublier mes sentiments. Et j’avais l’impression d’être une lâche à cause de ça. 

Laisser un commentaire ?