Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 24 : Une baignade et un baiser...

2128 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:02

Chapitre 24

Un nouveau jour se levait. L’hymne de la veille nous avait révélé la mort du tribut masculin du district 11. C’était toujours ça de moins mais ça ne nous annonçait aucune victoire pour le moment. Nous ne parlions toujours pas beaucoup avec Alex mais je n’étais pas motivé à entamer la discussion. Je ne savais pas de quoi parler. Et je n’en avais aucune envie.

Nous avons donc continué ainsi pendant toute la matinée, sans parler et sans s’arrêter de marcher. Je ne trouvais pas ça gênant car je ne pensais à rien. A absolument rien. Tous ces jeux commençaient à me donner envie de m’enfuir loin pour ne jamais revenir. Et voir toutes ces morts me donnait envie de rentrer chez moi et me jeter dans les bras de mes parents. Mais c’était impossible, bien évidemment.

« Combien de temps tu vas te taire et m’ignorer, dis-moi ? me demanda Alex en s’arrêtant de marcher.

- De quoi tu parles ?

- Tu sais très bien de quoi je parle Johanna. La dernière vraie discussion qu’on a eu, c’est quand on a parlé de Peter. Et depuis, tu ne m’as pas décroché un seul mot. Que ce passe-t-il ?

- Je n’ai absolument rien, me braquais-je soudainement. Tout va bien, d’accord ?

- Tu ne sais pas mentir et tu le sais déjà. Alors, dis-moi la vérité.

Je ne voulais pas vraiment répondre à cette question. Parce que la réponse était évidente et je ne voulais pas l’avouer. Je ne souhaitais qu’une seule chose en réalité.

- Je veux rentrer chez moi Alex. C’est tout ce que je veux maintenant.

Il me regardait avec des yeux si tristes que je regrettais immédiatement mes paroles. Je ne voulais pas qu’il me regarde comme il le faisait à présent. Avec des yeux qui montraient sa pitié.

- Ne fais pas ça Alex. Ne me regarde pas comme ça.

- Comment, comme ça ?

- Comme si j’étais une petite fille qui a besoin qu’on la protège. Je peux endurer ma cicatrice à la pommette gauche, mon mal de dos qui perdure depuis la tornade et même le fait de devoir tuer pour survivre. Mais ça non. Pas ce regard aussi triste et rempli de pitié. Non, tout mais pas ça. Désolé.

- Ecoutes-moi Johanna. Tu m’écoutes ? Je ne te regarde pas avec pitié. La tristesse est peut-être là mais ce n’est pas parce que je te trouve lâche ou quoi que ce soit d’autre. Je veux plus que tout te ramener chez toi mais je ne peux pas. C’est impossible et je m’en veux vraiment pour ça. C’est normal que tu veuille rentrer, et je le veux aussi. Et on y arrivera, tout se passera bien. Je te le promets.

- Peter m’avait dit la même chose. Avant de mourir.

- Je ne suis pas mort.

- Pour l’instant. Mais qui te dis que tu ne vas pas mourir aujourd’hui ? Ou demain ? Ou même dans quelques jours ? Tu vas mourir Alex ! Ou peut-être moi ! Et on ne peut rien faire pour rester sain et saufs tous les deux ! C’est la réalité et je m’y suis déjà faite ! Alors tu devrais t’y faire toi aussi !

- Non, ça c’est hors de question.

Il s’avança vers moi et me donna notre second baiser sans réfléchir. Je l’embrassais également en retour et pour la première fois depuis ces derniers jours, je me sentais bien. Je me sentais mieux. Tout ça grâce à lui, encore une fois. Cette manie qu’il avait de me remonter le moral en une seconde, c’était à la fois exaspérant et merveilleux. Et je me laissais abandonner à ce sentiment pour ne plus rien faire d’autre qu’aimer ce moment.

Et une fois que notre étreinte s’est arrêtée, je repris mon souffle et regardais Alex dans les yeux. Il avait le même regard que moi et ce moment était vraiment parfait. Peut-être à l’exception du fait que nous étions dans l’arène, mais ça n’avait aucune importance pour le moment.

- Tu vois Johanna. Pour le moment, ne pense qu’au moment présent. Nous sommes ensemble pour le moment alors arrête de te torturer. Compris ?

- Compris. Je ne pense qu’au moment présent. C’est ma nouvelle philosophie. 

- Merci beaucoup.

Il me prit dans ses bras et nous sommes restés ainsi pendant un long moment. Je me détendais enfin.

Nous avons mangé 2 morceaux de viande de biche avec quelques châtaignes. J’ai bu beaucoup d’eau et ma faim se dissipait doucement. Ça faisait du bien de manger un peu mais ce n’était toujours pas la nourriture du Capitole malheureusement. Je m’efforçais tout de même de manger le plus possible et je restais ensuite assise à profiter un peu du soleil et du vent sur mon visage. Et nous avons fini par nous lever pour marcher un peu et trouver peut-être une nouvelle source d’eau. Il faisait de plus en plus chaud et l’eau du lac ne pouvait pas nous désaltérer tout le long des jeux. Nous devions trouver un autre endroit pour nous procurer de l’eau. Et c’est pour ça que nous avons continué de marcher encore et encore jusqu’à trouver une nouvelle source.

Et c’est ce que nous avons trouvé. Un petit lac rempli d’eau fraîche et de nénuphars resplendissants. C’était parfait. Je pouvais voir des petits poissons qui nageaient doucement dans l’eau sans se soucier de nous. Je pourrais sans doute les pêcher sans problème et nous pourrions en manger des tonnes. Cette source d’eau était vraiment la bonne nouvelle de la journée. Je retirais donc mes bottes, mon manteau et mon pantalon pour ne garder que mon débardeur et mes sous-vêtements. Je plongeais ensuite dans l’eau et la fraîcheur du lac me donna un grand coup de fouet. C’était vraiment apaisant de pouvoir laisser l’eau courir sur moi. Je ne pensais plus qu’à ça.

Je tournais le regard vers la berge et je vis Alex qui semblait attendre, comme gêné.

- Qu’est-ce que tu as ? Tu n’as pas chaud toi ?

- Si mais je ne veux pas te déranger, j’irais me baigner après toi.

- Je crois que le lac est assez grand pour nous deux, lui répondis-je en riant.

- Tu en es bien sûr ? Peut-être que tu préfèrerais rester seule pendant un moment.

- J’ai été seule pendant trop longtemps Alex. Tu peux venir, ne t’en fais pas. Souviens-toi, je ne pense qu’au moment présent.

- Et c’est une très bonne idée ! acquiesça-t-il en me rejoignant dans l’eau, après avoir enlevé également ses chaussures, son blouson et son pantalon.

Nous avons continué à nous baigner ensemble et je me sentais plutôt bien. Je n’oubliais pas que nous étions dans l’arène mais je me sentais tout de même bien. Et c’était assez rassurant. Mais le danger nous guettait toujours alors je me contentais de sortir l’eau remettre mes vêtements. Ils étaient un peu mouillés mais le soleil pouvait les sécher rapidement. Alex fit de même et nous avons mangé un peu. Nous avons pris le morceau de biche restant et également le reste de châtaignes. Puis, la route devait reprendre. Une nouvelle fois. Nous avons pu continuer à marcher, sans nous arrêter. Je ne fatiguais pas vraiment vite alors je savais que nous pourrions marcher ainsi pendant encore des heures et des heures. Mais un petit détail nous en empêcha.

Nous marchions depuis un petit moment. Je n’étais pas très fatiguée alors je ne souhaitais pas m’arrêter pour le moment. Nous avons donc continué sans nous stopper et je pensais chasser le reste de l’après-midi. Je sortais mon couteau pour trouver de la nourriture. Mais il n’y avait aucun bruit malheureusement. Seulement le silence. Et la dernière fois que je n’avais entendu aucun bruit dans cette forêt, une tornade géante avait tué Peter.

- Alex, ne bouges surtout pas. Quelque chose ne vas pas, j’en suis certaine.

- Pourquoi ? Que ce passe-t-il ?

- C’est simple. Ecoutes.

- Je n’entends rien.

- Justement. C’est exactement ça. Il n’y a rien. »

Je marchais doucement et gardais tous mes sens en éveil. Mes pas faisaient crisser les cailloux mais c’était le seul son des alentours. Je n’osais pas le dire mais j’avais peur. Le dernier silence m’avait coûté un ami. Et je ne souhaitais pas perdre Alex comme j’avais perdu Peter. Alors je devais rester attentive à tous ce que j’entendais. Mais je n’entendais rien, et j’étais de plus en plus désespérée. Alors je pouvais continuer à avancer en gardant les yeux grands ouverts. Et Alex me suivait pas à pas, sans réellement comprendre pourquoi j’étais aussi inquiète. C’est vrai qu’il dormait la dernière fois, lorsque j’étais seule avec aucun bruit pour m’annoncer le début de cette horrible tornade. Il dormait à ce moment-là, et je n’avais pas pu le sauver. Parce que je n’avais pas tout de suite compris que quelque chose clochait. Mais maintenant, je le savais. Et je savais également que je devais trouver ce qui clochait ici. Je devais simplement trouver quoi à présent. Et je n’allais pas tarder à le découvrir.

Mais tout était parfaitement uniforme et semblait sans danger. Mais en réalité, le danger était présent partout. Dans l’air, dans la nature, dans chaque parcelle de cette arène. Et même en nous. Le danger était partout.

Alors je restais sur mes gardes, et je regardais. Je regardais encore et encore. Je ne cessais de regarder. Et un bruit vint attirer mon attention. Un bruissement de feuilles léger et presque imperceptible, mais je le remarquais tout de même. Je me tournais vers cet endroit étrange et j’avançais toujours. Et elles sont sorties. Nombreuses, terrifiantes, avec de la haine dans le regard.

Des mutations génétiques. 

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