Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 26 : Tue pour moi, pleures pour toi...

2133 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:46

Chapitre 26

Je me réveillais sans aucun souci en tête et c’était plutôt agréable. Lorsque j’ouvrais les yeux, je vis Alex qui montait toujours la garde. Il avait un visage assez fatigué et je me sentais tout de même un peu coupable de l’avoir laissé faire le guet toute la nuit. Mais il avait pourtant un visage heureux.

« Bonjour, lui dis-je en redressant doucement la tête.

- Bonjour, tu vas bien ?

- Parfaitement bien ! Mais toi, tu n’as pas dormi.

- Je vais bien aussi Johanna. Ne t’en fais pas.

- C’est promis ?

- Juré. J’adore les nuits que tu passes dans mes bras. Tu as l’air moins inquiète quand tu dors.

Je ne savais pas vraiment quoi répondre à ça, alors je me levais sans rien dire et rangeais nos affaires dans nos sacs. Alex s’est également levé et m’a aidé sans dire un mot.

- On va devoir chasser, et tout de suite. Il faut trouver de quoi manger pour midi.

- Tu as raison, nous devrions y aller dès maintenant.

- Alors, c’est parti !

Nous avons embarqué nos affaires et sommes partis à la chasse. Je restais sur le qui-vive mais je n’arrivais pas vraiment à me concentrer. Mon épaule me faisait trop souffrir pour que je pense à autre chose. Mais je ne pouvais pas rester ainsi. Il nous fallait de la nourriture. Et maintenant.

Je marchais à pas de loup et fixais la forêt avec des yeux de renard. Et je réussi à débusquer deux lapin. Mais rien de plus. Je ne débusquais rien d’autre que ces lapins et je trouvais donc ça suffisant pour le moment. Nous devions à présent nous concentrer sur la cueillette. Je m’occupais d’un buisson de baies et Alex a cueillit des mûres dans un buisson juste à côté. Nous en avions beaucoup ramassé et je pensais que ça nous suffirait.

- Nous en avons assez. Faisons un feu, et mangeons.

- Tu as raison, m’a déclaré Alex en se relevant. Je m’occupe du feu.

Il fit un feu en une petite minute et nous avons cuit les deux lapins. En attendant, nous avons récapitulé un peu nos adversaires restants.

- Alors, commençais en comptant sur mes doigts. Il reste les deux tributs du 1 et la fille du 2 bien sûr.

- Il reste également les deux tributs du 9, a ajouté Alex en les rajoutant à notre liste.

- Exact. Avec nous, ça fait 7. Il en reste ?

- Je crois, me dit-il en emballant les lapins désormais cuits. Mais je n’arrive plus à me rappeler qui.

Je refermais mon sac à dos et éteignais le feu du bout de mon pied.

- Moi non plus, je ne sais plus.

- C’est peut-être moi, nous a déclaré une voix derrière un buisson.

Je me suis retourné pour échapper de peu à une flèche lancée en direction de mon visage. Le tribut masculin du 5 tenait en face de nous avec une arbalète dans les mains et une lueur assassine dans le regard.

Je me jetais sur le côté avant qu’une flèche me perce la poitrine et Alex tenta de transpercer le garçon avec son épée. Mais il esquiva facilement et riposta d’un coup de poing dans l’estomac de mon allié. Je me relevais et lançais mon couteau sur notre adversaire, mais celui-ci termina planter dans un arbre. Je m’emparais d’un second couteau et m’approcha du garçon pour tenter le corps à corps. Mais mon premier assaut fut dévié par le bout de l’arbalète. Je n’abandonnais tout de même pas et retentais ma chance. Et j’arrivais à érafler mon adversaire à l’épaule. Mais je ne trouvais pas ça suffisant. Je relançais mon bras dans l’autre sens, sans parvenir à atteindre le tribut. Alex chargea également et fit tomber le garçon en avant. Je sautais immédiatement sur lui et lui plaquais les deux bras au sol pour l’empêcher de bouger. Il se débattait beaucoup mais je tenais bon. Je ne devais pas le lâcher, ça jamais. Alors je restais ainsi pendant une petite minute, le temps qu’il se calme un peu. Lorsqu’il s’est arrêté de bouger comme un fou, je me détendais doucement et tendais le bras pour qu’Alex me donne son épée. Je sentis le manche dans ma main et toujours sans regarder autre chose que le tribut, je ramenais l’épée contre sa gorge. Je m’apprêtais à le tuer lorsqu’il m’a déclaré:

- Attends, je peux t’aider à la tuer !

- Quoi ? demandais-je en hésitant un peu. De qui tu parles ?

- De Clarisse bien sûr.

- La fille du 2 ? Pourquoi est-ce-que je voudrais forcément la tuer ?

- Parce que elle, elle veut ta mort.

- Ne dis pas n’importe quoi. Elle ne me connaît même pas, et toi non plus d’ailleurs.

- Et pourtant, elle veut te tuer. Je l’ai entendu le dire.

Je ne savais pas vraiment quoi répondre à ça. Tout dans ce que j’entendais me semblait très étrange. Trop étrange. Ce garçon me disait sans doute ce qu’il fallait pour rester en vie, c’est tout. Mais une petite partie de moi se demandait si c’était la vérité. Une toute petite parcelle de mon être se disait : « Et si c’était vrai ? »

- Expliques-toi ! lui ordonnais en appuyant mon couteau sur sa gorge un peu plus fort. Tout de suite !

- Pour rester en vie ici, je me suis toujours dit qu’il fallait espionner le plus possible. Alors j’espionne toujours les gens dans cette arène. Et quand j’ai suivi les carrières dans la forêt, j’ai entendu cette Clarisse raconter son combat contre toi. Et apparemment, elle ne veut pas te voir survivre plus longtemps. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais elle a l’air en colère contre toi.

- J’ai tué son partenaire de district en fait. Ça doit être pour ça.

- Sans doute. Mais je l’ai espionné, je peux t’aider à la tuer.

- Le problème tu vois, c’est qu’on n’a pas besoin de ton aide, lui déclara Alex en s’approchant de lui.

Il prit son épée de mes mains et la planta dans la poitrine du tribut, et ni lui ni moi n’avons pu réagir. Le canon résonna presque immédiatement et ses yeux se sont fermés tout doucement. Je m’éloignais du garçon et vérifiais ce que je savais déjà. Il était mort.

- Pourquoi tu as fait ça Alex ? Il pouvait nous aider, au moins pendant un temps !

- Ce n’est pas la peine, et tu le savais. Il t’est juste arrivé la même chose que d’habitude.

- Ah oui, et c’est quoi ?

- Tu ne voulais pas le tuer. Tu déteste ça, et nous le savons tous  les deux.

- Tu me traite de lâche là ?

Je m’avançais vers lui, bien décidée à le frapper. Mais il me retint le bras presque immédiatement, comme s’il s’attendait à ma réaction.

- Je ne te traite pas de lâche voyons. C’est juste que je sais que tu as trop de cœur pour tuer de sang-froid.

- J’ai déjà tué, je pouvais le refaire si tu me laissais me débrouiller toute seule !

- Je t’ai épargné la tâche de tuer Johanna ! Je ne t’ai pas privé de quoi que ce soit !

- J’aurais pu le faire !

- C’est trop tard ! me cria-t-il sans me lâcher le bras. Je l’ai fait, et c’est fini pour lui.  Alors maintenant, on peut passer à autre chose s’il te plaît ?

Je ne répondais pas tout de suite, étant toujours trop frustrée pour accepter la fin de cette conversation. Mais je savais que je devais passer à autre chose pour continuer à avancer dans cette arène. Même si je voulais tout de même terminer cette querelle dans un esprit de vainqueur.

- Je peux me débrouiller toute seule, ai-je donc déclaré calmement en recommençant à marcher vers la forêt.

- Je le sais.

- Tant mieux.

Nous avons repris notre marche et je commençais doucement à me détendre. Alex ne parlait plus du tribut du 5 mais il entretenait tout de même la conversation. Je voyais bien qu’il voulait se faire pardonner de m’avoir contrariée. Je parlais également mais je ne savais pas si je voulais le pardonner. Ce qu’il m’avait dit m’avait vraiment blessé. Comme s’il ne me croyait pas capable de me défendre seule parce que je n’aurais pas le courage nécessaire. C’était frustrant, et assez humiliant.   

- Tu as envie qu’on s’arrête ? Pour manger et dormir ? me demanda Alex en me regardant pendant un moment.

- Oui, on devrait s’arrêter. La journée a été longue et nous avons marché tout l’après-midi alors mangeons maintenant. On attendra l’hymne pour dormir juste après.

- C’est une super idée. Et, Johanna ?

Je me retournais vers lui et le regardais avec un air interrogateur.

- Je suis désolé pour tout à l’heure. Sincèrement.

- Ne t’en fais pas, c’est déjà oublié, mentis-je en me retournant de l’autre côté.

Nous avons mangé un lapin avec quelques baies et je me suis allongé un instant, la tête sur un tronc d’arbre, en attendant l’hymne annonciateur des morts de la journée.

Il est bien sûr arrivé et je voyais seulement le visage du garçon du 5 affiché dans le ciel. Celui qu’Alex avait tué. Pour moi. Je détournais les yeux après quelques secondes et j’attendais la fin de l’hymne. Et lorsque le ciel s’est assombri, j’ai fermé doucement les yeux et je me suis endormie en attendant le lendemain matin, et en tentant de ne plus penser au garçon du district 5. En tout cas, pour le moment. 

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