Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 27 : Moi, parfaite ? Laisses-moi rire !

2295 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 14:50

Chapitre 27

J’ouvrais difficilement les yeux ce matin là. J’étais plutôt fatiguée et tout ce temps dans l’arène m’épuisait de plus en plus. Mais je ne devais pas faiblir. Ça, c’était hors de question.

« Comment tu vas Johanna ? me demanda Alex en s’approchant avec mon petit déjeuner.

Il me tendit ce qui me restait des baies et je dévorais le tout en buvant un peu d’eau avec.

- Je vais bien, merci. Et toi, ça va ?

- Moi, je vais très bien mais tu as l’air un peu fatiguée. Et par un peu, je veux dire beaucoup.

- Pourquoi tu me demandes comment je vais si tu n’acceptes pas ma réponse ? Si je te dis que je vais bien, c’est que je vais bien.

- Si tu le dis. Mais ce n’est pas pour autant que je te crois tu sais.

Je préférais ne pas répondre à ça et je me levais pour enfin enfiler ma veste et préparer mon sac. Alex fit de même et nous avons décidé de prendre la route sans vraiment se concerter au préalable. J’avançais d’un pas rapide et assuré et je ne parlais pas vraiment. Je ne parlais plus de ce qu’il s’était passé la veille mais ce n’est pas pour autant que j’avais oublié. Dans un coin de ma tête, je me demandais toujours si Alex ne me prenait pas pour une lâche qui n’ose pas donner le coup de grâce à un adversaire. Etais-je vraiment ainsi ? Non, je n’étais absolument pas comme ça. Je pouvais tuer de sang-froid, vraiment. C’est juste qu’Alex me voyait comme une personne différente. Une personne que je n’étais pas. Alors je restais silencieuse et je tentais de réfléchir à la situation. Une arène, cinq adversaires restants et un allié à protéger. Comment pouvais-je faire quoi que ce soit sans devenir complètement cinglée ? Je me doutais depuis longtemps que ces jeux étaient de la pure folie mais à présent, j’en étais certaine. Je devais trouver un moyen de rester moi-même sans devenir totalement folle. Et pour le moment, la seule chose qui me faisait tenir, c’était la personne qui marchait juste à côté de moi. Alex.

- Je voulais savoir quelque chose, me déclara Alex en s’approchant de moi.

- Je t’écoute.

- Tu as réfléchi à ce que t’as dit ce garçon hier ? A propos de la fille du 2 ?

- Clarisse ? Oui, j’y ai pensé un peu.

Je ne parlais pas davantage et je voyais bien qu’Alex attendait que je développe. Mais je n’en avais pas vraiment envie pour le moment. Cette fille m’inquiétait bien plus que ce que je montrais. Elle pouvait très facilement nous tuer, Alex et moi. Et je ne savais pas comment l’arrêter pour le moment.

- Alors ? demanda Alex en me ramenant à la réalité. Qu’est-ce que tu en penses ? Il mentait à ton avis ou c’était la vérité ?

- Je ne sais pas vraiment. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que nous ne devons pas prendre ces choses à la légère. Si jamais cette fille en a vraiment après moi, elle pourrait nous chercher, nous trouver, et nous tuer tous les deux. Pas seulement moi, toi aussi. Et ça, c’est hors de question.

- Je peux me défendre tu sais.

- C’est marrant, c’est ce que je t’ai dit hier mais tu ne semblais pas vraiment décidé à me croire.

- Tu trouves toujours le moyen de transformer une conversation en une bagarre tu sais.

- C’est mon côté charmeur, rétorquais-je en me tournant vers lui. Mais en attendant, je dois trouver un moyen de nous débarrasser de Clarisse.

- Et comment tu comptes faire ? A elle aussi, tu vas lui remettre en pleine face ce qu’elle t’a dit quelques jours plus tôt ? Et faire comme si tout le monde était contre toi ?

- Ou alors, je pourrais lui planter mon poignard dans le visage. Mais peut-être que tu me crois trop lâche pour le faire !

- Ne dis pas n’importe quoi Johanna ! Tu n’es pas une lâche et on le sait tous les deux !

- Laisse tomber, lui déclarais-je en recommençant à marcher. C’est sans importance.

J’accélérais le pas et ne regardais que devant moi pendant un moment. Honnêtement, je ne savais pas vraiment pourquoi j’étais autant en colère mais je ne pouvais pas m’en empêcher. C’était ainsi, j’étais sur la défensive et je demeurais agressive. Je ne pouvais pas changer juste parce qu’il le voulait, c’est tout.

- Je suis désolé, entendis-je derrière moi après une bonne heure de marche.

Je me retournais et arrêtais de marcher pendant un instant.

- Tu es désolé ? Et on peut savoir pourquoi ?

- Pour tout à l’heure, je n’aurais pas dû te dire tout ça et je le sais. C’était mesquin et pas vraiment sympa de ma part. Alors, je suis désolé.

J’attendis une seconde avant de comprendre ce que venait de me dire Alex. Venait-il de s’excuser ou je rêvais ? Mon cerveau tournait à cent à l’heure et je ne savais pas quoi répondre sans avoir l’air d’une idiote égoïste.

- Bordel de merde ! finis-je par crier après un moment de silence.

- Quoi ? s’étonna Alex en clignant des yeux.

- Tu as entendu ! Putain, je ne te mérite vraiment pas, murmurais-je en fermant les yeux.

- Je sais que je me répète, mais quoi ? questionna mon allié en s’approchant un peu plus de moi.

Je reculais loin de lui et ne parlais pas pendant un moment. Puis je repris la parole en parlant le plus calmement possible.

- Depuis le début de toute cette histoire, tu ne fais que t’excuser et me faire plaisir en acceptant tout et n’importe quoi. J’en ai marre de voir ta gentillesse envers moi jour après jour et de ne rien pouvoir te rendre. Je ne peux rien te rendre parce que je ne suis pas gentille ! Mais toi, toi tu es presque… Parfait ! Et ça me rappelle seulement à quel point moi, je suis horrible ! Et je déteste ça !

Je me retournais rapidement et frappais dans un arbre, le plus fort possible. Et une douleur atroce se propagea depuis mon poing jusqu’à mon cerveau.

- Merde, ça fait mal ! hurlais-je en tenant ma main.

C’est vrai, ce n’était pas la meilleure idée que j’avais eu mais une chose était sûr. Ça faisait un bien fou. Mis à part la douleur bien sûr, mais c’était vraiment parfait pour les nerfs.

- Johanna, est-ce que ça va ? me dit Alex en s’approchant de moi.

- Oui, c’est bon, ça va.

- Ne me mens pas parce que ça n’as pas l’air.

Il me fixa dans les yeux pendant un moment et j’eus le souffle coupé durant un court instant. Je détestais quand ce genre de choses m’arrivait.

- Tu saignes, observa-t-il en me tenant la main.

Je regardais mon poing et remarquais également les filets de sang qui coulaient depuis les jointures de mes mains. C’était douloureux, mais supportable.

Alex attrapa son sac et entreprit de me nettoyer la main. Je me laissais faire et ne parlais pas. C’était mieux pour le moment. Mais Alex n’était pas de cet avis et tandis qu’il continuait à me soigner, il commença à parler sans cesser de fixer ma main.

- Tu n’es pas horrible tu sais. Tu es tout sauf horrible en réalité. Et si je m’excuse sans arrêt, c’est parce que je suis un idiot. Je dis des choses que je ne devrais pas dire et je fais des choses que je ne devrais pas faire. Comme ne pas te laisser te débrouiller par toi-même par exemple. Mais si j’ai tué ce garçon hier, c’est pour toi Johanna. Je veux t’éviter de souffrir à  cause de ces jeux. Je ne veux pas qu’ils te détruisent ou qu’ils te changent en quelque chose que tu n’es pas. Seulement, j’avais oublié à quel point tu étais forte. Tu n’as jamais eu besoin d’aide en réalité et je n’aurais pas dû l’oublier.

- Mais je ne me suis jamais excusé moi, contredisais-je en insistant un peu plus. Alors qu’à plusieurs reprises, j’aurais dû le faire.

- Non, c’est faux, me reprit-il en gardant ma main dans la sienne. Et tu sais, je suis loin d’être parfait. Vraiment. Tu ne vois peut-être que mes bons côtés mais je suis loin d’être comme tu le crois. J’ai trop de défauts pour pouvoir les compter. Et si tu veux tout savoir, moi je te trouve parfaite.

J’émis un rire sans joie.

- Moi, parfaite ? Je peux te jurer que je suis tout sauf parfaite !

- Et bien moi, je te trouve parfaite ! me répondit-il en rigolant. Tu vois, on a tous les deux des visions bien différentes de la perfection !

- La tienne est complètement cinglée.

- Peut-être bien, rigola-t-il. Mais tu aimes bien les cinglés, non ?

Je le regardais pendant un moment et je me rendis compte qu’une fois de plus, il m’avait remonté le moral. Juste comme ça. Et il me trouvait parfaite. Mon cœur se gonfla et je voyais que je m’attachais de plus en plus à lui chaque jour. Ça me faisait peur mais c’était également magique et grisant. Peut-être qu’il était cinglé, aucune idée. Car il fallait sans doute ça pour m’aimer comme Alex m’aimait. Etre cinglé.

- Les cinglés ? Je les adore, répondis-je à sa question en regardant sa main dans la mienne. »

Il m’a regardé et nous avons ris l’un avec l’autre pendant un petit moment. Ça faisait du bien. C’était libérateur.

 

Après avoir mangé notre dernier lapin, nous avons un peu chassé et nous nous sommes retrouvés avec deux écureuils et un dindon sauvage. Donc, assez de viande pour plusieurs jours normalement. Alex s’est également procuré des marrons que nous avons cuits très peu de temps avec le reste de la viande. Parfait. Si tout se passait bien, nous n’aurions pas à chasser avant un bon bout de temps. Le soir, nous étions près d’une prairie et nous attendions l’hymne pour enfin dormir un peu. Et lorsqu’il arriva, le ciel nous a annoncé que personne n’était mort ce jour-là. Aucun mort. Les juges n’allaient pas apprécier à mon avis. Mais le sommeil m’a rattrapé avant que je puisse y réfléchir vraiment. 

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