Johanna Mason, 71ème Hunger Games

Chapitre 33 : Sentiments avoués,à moitié pardonnés

2115 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:07

Chapitre 33

Nous avons marché pendant un certain temps avant de reconnaître l’arbre où nous avions entendu Clarisse et le garçon du 1 se disputer. Nous n’étions plus très loin d’eux à présent. Je commençais à m’inquiéter mais Alex était à côté de moi et me rassurais à chaque fois que j’en avais besoin. Nous avons marché toute la journée en s’arrêtant seulement pour manger une orange et un peu de poisson chacun. L’après-midi allait toucher à sa fin dans quelques heures et je m’inquiétais de la tournure que prendrais ces jeux lorsque nous aurions trouvé l’un des carrières, en particulier Clarisse. Mais il était décidé et je savais que je devais l’être également alors je continuais d’avancer.

Nous avons donc continué à marcher un peu, sans trouver personne cependant. C’était désespérément vide dans cette arène. C’est vrai que nous n’étions plus que 5 alors ça ne m’étonnais pas vraiment. Nous devions simplement faire bien plus attention à tout. Tout ce qu’on voyait, tout ce qu’on entendait… Absolument chaque petite chose qui se produisait.

- Je pense qu’on ne trouvera rien aujourd’hui Johanna, m’a lancé soudainement Alex.

- Tu as raison je crois. On devrait sans doute s’arrêter pour la nuit à mon avis. Si rien n’arrives aujourd’hui, les juges s’en occuperont eux-mêmes demain.

- Oui, c’est vrai. Alors autant se reposer tant qu’on le peut.

Nous nous sommes donc installés près d’un arbre et nous avons immédiatement mangé notre dîner composé de ce qui nous restait du poisson et d’un petit pain chacun. C’était suffisant pour ce soir à mon avis. Nous nous sommes ensuite allongés tranquillement en attendant l’hymne qui ne nous annoncerait sans doute rien de plus que ce qu’on savait.

Après un petit moment, le sceau du capitole s’est élevé dans le ciel et l’hymne a immédiatement suivi. Personne n’était mort, bien évidemment. Le jour suivant, nous aurions évidemment le droit de voir un coup fourré des juges trop impatients pour nous laisser en vie.  Je devais me reposer au maximum à présent, c’était le plus important. Mais Alex semblait tout aussi fatigué que moi, alors je décidais de le laisser dormir un peu le premier. Après tout, il devait se battre tout autant que moi ici.

- Dors un peu Alex. Tu me remplaceras dans la nuit, d’accord ?

- Tu es sûr que tu ne veux pas dormir un peu avant ?

- Je le ferais après, pas de souci.

Il acquiesça doucement et s’allongea à terre avant de fermer les yeux. Je restais assise contre l’arbre à côté de lui, et je le regardais pendant un petit moment. J’aurais pu rester comme ça pendant un long moment. Le regarder ainsi, c’était comme arrêter le temps. Comme si tout autour se brouillait jusqu’à se détacher. Et c’était plutôt agréable.

Je suis resté ainsi pendant plusieurs heures jusqu’à être trop fatiguée pour garder les yeux ouverts.

- Alex, réveilles-toi. Je suis désolé mais c’est ton tour.

- Pas de problème, je me lève.

Il s’est assis juste à côté de moi, et je me suis enfin allongée. Mes yeux se sont immédiatement fermés et je me suis endormi sans attendre. Mes rêves étaient peuplés de journées ensoleillées avec mon frère, mes parents, et même Alex. Tout semblait si… Parfait !

J’aurais tellement aimé vivre réellement ce genre de journées. C’était l’une des choses que j’aurais seulement osé rêver. Et que je n’aurais pas pu vivre, même si j’y mettais toute ma détermination. C’était comme un rêve qui semblait réel sur le moment mais qui ne pourrais jamais l’être.

Le soleil a achevé de me réveiller et j’ouvrais les yeux, sans montrer à quel point mon rêve m’avait perturbé. Alex était dans la même position que celle que j’avais vue lorsque j’avais fermé mes yeux. Comme s’il n’avait pas bougé de toute la nuit.

- Tu vas bien ? m’a-t-il demandé en voyant que je m’étais réveillée.

- Disons que je pourrais aller mieux. Je suis l’arène je te rappelle.

- Oui, ce n’est pas la meilleure question à poser ! s’est-il exclamé en riant.

Nous avons ri tous les deux et je me suis enfin décidé à me lever. Puis Alex m’a tendu des baies qu’il avait cueillies pendant que je dormais et je les dévorais immédiatement. Elles étaient délicieuses. Et une fois que j’eus finie, je me levais pour reprendre notre route vers le cœur de l’arène, là où se trouvait tous nos adversaires.

Sur le chemin, nous nous sommes mis à discuter de tout et de rien, sans savoir ce que deviendrais notre conversation.

- Tu sais, commençais-je à dire en tournant la tête vers mon allié. Tu ne m’as jamais parlé de ta vie chez toi, dans ton district.

- Vraiment ? Je n’y pense pas autant que toi, tu sais.

- Oui mais j’aimerais bien connaître ta vie là-bas. Ta famille, tes amis et tout le reste.

Il inspira un grand coup et se lança.

- Fils unique. Peu d’amis depuis un certain temps. J’ai une mère, mais pas de père. Plus de père en fait. C’est à sa mort que je suis devenu ce qu’on pourrait appeler un idiot. Il était comme un modèle pour moi et maintenant qu’il n’est plus là, je n’ai plus personne pour me montrer l‘exemple sur ce que je veux être. C’est pour ça que j’ai perdu une grande partie de mes amis en fait. Je pêche beaucoup pour nous nourrir, ma mère et moi. Mais elle se demande presque tous les jours ce qu’elle va faire de moi. Ou en tout cas, elle se le demandait jusqu’à ce qu’on m’appelle pour participer à ces jeux.

Je ne savais pas vraiment comment réagir à ça. Tout ce qu’il me disait sur lui, sur sa personnalité, c’était…

- Ça ne te ressemble pas, lui dis-je soudainement en terminant ma pensée.

- Comment ça ?

- Tout ce que tu m’as dit. Que tu es un idiot et que tu as peu d’amis et que ta mère ne sait plus quoi faire de toi. Je trouve que ça ne te ressemble pas du tout.

Il émit un rire sans joie et me regarda avec un air amusé.

- Et pourtant… Tu sais, je suis légèrement différent de ce que tu as pu voir depuis que mon nom a été tirée au sort.

- Tu ne peux pas autant changer en une dizaine de secondes.

- Non, ce n’est pas à cause des jeux que j’ai changé.

Je fronçais les sourcils en réfléchissant.  

- Et qu’est-ce qui t’as fait changer alors ?

Il m’a regardé pendant un moment comme si j’étais une idiote. Pourquoi est-ce qu’il me regardait comme si la réponse était sous mon nez ? Et je comprenais doucement ce qu’il essayait de me faire comprendre.

- Non, tu n’essayes pas de me dire que…

- Et si Johanna. C’est grâce à toi.

Sa voix s’est immédiatement radoucie et je n’osais pas le regarder. Pas pour le moment.

- Depuis que je t’ai vu, beaucoup de choses ont changé. Je ne sais pas ce qu’il y a chez toi qui me force à toujours me surpasser. Quand tu me regardes, j’ai envie de faire les choses différemment. J’ai envie de devenir meilleur. Je veux devenir meilleur pour toi parce que tu le mérites.

- Ne dis pas ça Alex. Je ne mérite pas autant d’effort. Je ne te mérite pas assez.

- Et pourtant, je l’ai fait. Tu peux me dire que tu ne mérite pas ce que je fais, tu peux me dire que tu es juste une fille ordinaire mais c’est faux. Tu es exceptionnelle et tu ne le vois même pas. Ce qui te rend encore plus unique.

Il s’est approché de moi et m’a tenu le visage des deux mains.

- Je veux que tu le sache avant que quelque chose n’arrive à l’un de nous deux.

- Non Alex, ne dis pas ça. S’il te plaît…

- Je t’aime Johanna. Et je suis désolé mais je voulais que tu le saches.

Je ne savais pas quoi lui répondre. Il est le seul à avoir réussi à mettre des mots sur ses sentiments et moi, je n’y arrivais toujours pas.

Alors à la place, je me penchais vers lui et je pressais ma bouche contre la sienne sans réfléchir à autre chose. Et comme à chaque fois que ça m’arrivait, j’oubliais tout le reste. Il m’embrassait avec tendresse et tellement d’amour que j’en avais le tournis. Et pour la première fois, je savais que je ne regretterais pas ce baiser. Pas celui-ci. Nous ne nous sommes arrêtés que quelque temps après et je le regardais dans les yeux pour y voir la même chose que moi. De la magie.

Je le regardais encore un petit instant, et j’osais dire à voix haute ce que j’avais toujours su malgré moi.

- Je t’aime aussi Alex. »

Il a immédiatement souri comme si j’étais un immense cadeau et pas juste moi. C’était l’une des choses que je préférais chez lui.

Nous sommes restés dans les bras l’un de l’autre, sans parler. C’était agréable. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Jamais. 

Laisser un commentaire ?